Je ne t'ai pas choisi
Observer. Analyser. Conclure. C'est ce qu'on nous apprend à faire au lycée. Surtout dans les matières scientifiques, à vrai dire. Ce que l'école ne nous apprend pas, en revanche, c'est avec les relations humaines qui nous l'apprennent. Se méfier. C'est quelque chose qui m'a servi, qui me sert et me servira pour toute ma vie.
Ce que le lycée nous inculquait, je l'ai également utilisé pour le quotidien, en général. Aujourd'hui, j'observe et j'analyse bien plus que je ne parle. Évidemment, j'ai moi aussi mes exceptions.
La sonnerie annonce la fin des cours et également la fin de la journée. Je me lève et range rapidement mes affaires. Arrivée devant mon arrêt de bus, j'attends.
* * *
"Salut papa !" Dis-je joyeusement.
Je pose mon sac dans l'entrée. J'enlève mon écharpe et ma veste. Je vais dans la cuisine et dépose un bisou sur la joue de mon père.
"Ça va ma puce ?
-Oui et toi ? Ta journée ? Le travail ?
-Je m'en sors, t'inquiète pas. Bon je vais prendre un bain moi. Tu préparera le dîner ?" Demande t-il en relevant la tête vers moi.
"Oui. T'en fais pas.." dis-je avec un sourire.
Tellement faux. Je fais toujours ça et chaque soir il me le demande comme si je ne le faisais pas chaque soir. Comme si je n'avais pas pris cette habitude.
Mon père était un homme bon. Enfin, c'est ce que je croyais, jusqu'à un certain moment.
Malheureusement, la vie est cruelle. Il arrive souvent que les gens nous déçoivent, et c'est ce qui est arrivé pour mon père.
J'ai découvert qu'il trompais ma mère. C'est toujours le cas d'ailleurs. Mais pour ne pas s'embêter avec de simples papier, comme il aimé le dire, il fait du chantage à ma mère.
Du coup, ils restent ensembles, s'engueulent tous les soirs, et ma mère se noie dans l'alcool le soir. Mon père rejoint sa petite amie, le soir et il dort souvent à l'hôtel.
Souvent, je pleure le soir, à bout de nerf, cette situation n'est clairement pas supportable. Mais il y a ma soeur, ma petite soeur qui elle, à quinze ans. Je dois être forte pour elle car elle est tout ce à quoi je me raccroche.
À vrai dire, elle est toute ma vie.
Les gens nous déçoivent, et ce sentiment de colère m'empoisonne la vie. Je hais mon père de faire ce qu'il fait, de n'avoir aucun scrupule et de le montrer sans même une once de culpabilité. Je hais ma mère car elle nous a abandonné au moment où -justement- nous avions le plus besoin d'elle. Elle a sombré et j'ai dû garder la tête hors de l'eau.
Clairement, ce n'est pas une situation vivable.
Quelque fois, le soir je travail dans un café. Pour supporter. Le salaire que le patron me donne est bien trop grand par rapport aux peu de fois où je travail dans le mois, mais il a compris que c'était dur pour moi. Il essaie de m'aider du mieux qu'il le peut.
Ma mère rentre avec ma soeur, celle-ci monte directement dans sa chambre et elle claque la porte.
Je termine la préparation du repas et tout le monde mange.
C'est un silence de mort qui règne dans la pièce. Mon cœur bat vite, la tension est à son comble comme chaque soir et cela devient pesant. Mon estomac se contracte.
Je termine rapidement mon assiette. Et je me lève.
"Qu'est-ce que tu fais ?" M'interrompt sèchement l'homme assis en face de moi.
"Je monte ?
-Non. Tu restes ici, t'es parents doivent te parler. À toi aussi, Élodie."
Nous nous asseyons toutes les deux. La tension monte encore d'un cran.
Je ne sais jamais quoi penser de lui.
"Nous allons divorcer." Dit-il calmement.
"Vous avez commencé les démarches ?"
Je regarde ma soeur qui a la tête baissé. Elle réfléchit sûrement à cette situation.
"Oui et nous sommes d'accord sur tout les points. Enfin, presque. Vous êtes le seul point qui pose problème." Annonce t-il avec un petit rire.
Comment peut-il parler de ses filles ainsi ?
"C'est tout réglé. Je vais bientôt avoir la majorité donc je vais mettre de l'argent de côté et m'acheter un appartement et le permis." Dis-je aussi calmement que me le permet ma respiration.
"Et moi dans tout ça ?" Dit Élodie, en relevant la tête. "Je veux vivre avec Milena moi !"
Je regarde mon père droit dans les yeux. Il ne tique pas, ne réagit pas. Ma mère ? N'en parlons même pas.
"Vous ne réagissez même pas ?!" Je m'exclame.
"Parles moi sur un autre ton, Milena. Je n'apprécie pas ton petit jeu !" S'écrie t-il.
Je lève les yeux au ciel et je me lève. Il faut que je me calme, je monte dans ma chambre rapidement, et je claque cette pauvre porte qui n'a rien demandé.
Effectivement, le monde est parfois cruel.
Quelque minutes plus tard, j'entends que l'on toque doucement contre la porte.
Elle s'ouvre doucement et dévoile ma petite soeur. Ses yeux brillent et je devine qu'elle a pleuré et qu'elle va sans doute le faire devant moi.
Je lui ouvre mes bras et elle vient se blottir contre moi. Je caresse doucement ses cheveux.
"Qu'est ce qu'il y a ma puce ?" Je demande doucement.
"Tu m'abandonneras pas, tu le promets ?"
Mon cœur se serre. Je ne peux pas lui faire la promesse, et pourtant.
"Oui, Élo, je te le promets. "
* * *
Mon réveil sonne plusieurs fois avant que je me réveil brusquement.
J'ai passé une mauvaise nuit et de petits cernes presque invisibles le montre. Je me prépare machinalement et je m'en vais pour prendre le bus.
Après une trentaine de minutes j'arrive au lycée et bientôt, je disparais dans le CDI dans l'attente du début des cours.
Ceux-ci début et ne se terminent que quartes heures plus tard.
Je mange seule, généralement en dehors du lycée.
"Salut ! Je peux manger avec toi ?" Demande un garçon avec un sourire bienveillant.
Non merci.
"Fais comme tu veux." Dis-je, indifférente.
Je ne relève même pas la tête pour voir sa bouille d'ange et son sourire au coin des lèvres.
Il prend volontiers la chaise en face de la mienne et s'installe en face de moi, avec nonchalance.
"Au faite, tu t'appelles comment toi ?
-Aucune importance.
-T'es mignonne, Milena. Tu le sais ?" Dit-il de sa voix suave.
-Je me fiche de ce que l'on peut bien penser de moi, Allan." Dis-je.
Je me lève et je range mes affaires. Je prends mon dessert -un muffin au chocolat- et je mets mon sac sur mes épaule.
"Comment tu connais mon prénom ?" Demande t-il, surpris.
"J'ai mes sources. Chacun ses petits secrets, on dirait." Je lui souris, amusé et je sors du café.
Je termine ma journée de cours bien plus tôt aujourd'hui et j'en profite donc pour aller au café. Ce qui est bien c'est qu'il n'est qu'à une dizaine de minutes à pieds du lycée.
"Salut, jolie fleur." M'appelle Lucas, le patron et un peu comme mon confident. J'adore ce garçon.
"Tu vas bien ?" Je lui demande en passant devant les vestiaires.
Je pose mon sac de cours dans mon casier et j'enfile mon tablier.
Je fais le service jusqu'à 19 heures.
J'enchaîne les commandes, je sers les gens et leur souhaite un bon moment, je dois leur sourire.
"Milena ?" Je vois Lucas s'approcher de moi et me gratifier d'un sourire.
"Oui ?
-Le groupe là-bas attend que tu prennes leurs commandes.
-Hum, j'y vais."
Je prends mon petit carnet et mon stylo. Je m'avance vers la table et je reconnais certaines personnes du lycée.
"Vous avez choisi ?" Je demande poliment.
"Ouais, un café, un chocolat chaud, deux cafés au lait, et un cappuccino. Rapidement, merci." Répond sèchement l'un dès garçon sans relever la tête.
"C'est bizarre. Autant de politese cela m'étonne. " Je souffle.
Enfin, surtout venant de lui.
"Pardon ?" Demande t-il en me fusillant du regard.
"Tu as des oreilles et une ouïe correcte, il me semble. Je n'ai donc pas besoin de répéter." Je lui souris faussement.
Je regarde Lucas qui a tout entendu et il rit dans son coin. Quand j'arrive près du bar je lui tape l'épaule.
"Arrête de te moquer.
-Impossible, Lena." Rit-il doucement.
J'apporte les commandes rapidement les commandes et je surprends Allan qui ne me lâche pas une seule seconde du regard.
Quand je leurs ai posé le plateau du la table, ils n'ont même pas dit merci. Je déteste ces adolescents qui se croient supérieurs parce qu'ils sont un tant soit peu respecté dans notre lycée. Tout être humain devrait être respecté à sa juste valeur. Visiblement, ils n'ont pas les mêmes principes et valeurs que moi.
Deux heures plus tard, j'ai terminé mon service sous les yeux attentifs d'Allan. Ses amis sont partis bien plutôt mais lui, il est resté et il a pris deux autres cafés.
Lucas me fait une étreinte que je ne refuse pas et je lui fais un signe de la main. Je vois Allan qui fume une cigarette, adossé à un poteau, il fait mauvais garçon ainsi. Quand il me voit il écrase sa cigarette et vient me rejoindre.
"Attends je te raccompagne." Propose t-il gentiment.
"C'est pas la peine, je peux bien le faire toute seule.
-Hum, ce n'était pas une proposition ma belle."
Son sourire, ses yeux joueurs et ses surnoms, il devrait les garder pour lui. J'aime les clichés, je suis une fille qui aime bien rêver a de belles histoires d'amour improbables. Mais je n'aime pas ces clichés là, le beau garçon qui sourit, qui veut jouer et qui croit pouvoir me surnommer comme il le veut.
"Pas de ma belle, tu gardes les disquettes pour une autre fille.
-Tu croyais peut-être que j'allais t'écouter. T'es drôle comme fille, j't'aime bien !
-Pas moi. C'est bon, tu veux bien me laisser maintenant ?
-J'ai pas envie." Dit-il avec une moue.
Je lève les yeux au ciel et j'accélère la marche. Plus vite je serai arrivée chez moi et plus vite il arrêtera de me coller.
"On arrive bientôt chez moi, Alors c'est cool tu vas pouvoir partir et me laisser en paix. C'est pas une bonne nouvelle ça ?" Je m'exclame, faussement joyeuse.
"T'es pas une bonne comédienne hein ?" Sourit-il, amusé.
Je soupire d'agacement, ce qu'il peut m'énerver ! Je continue mon chemin et, arrivés devant ma modeste maison.
"Maintenant, tu me fiches la paix et tu apprends un truc à ton pote, dire merci. Sur ce, au revoir, bonne soirée." Je dis en me retournant pour rentrer chez moi, sans plus un mot.
Mon père n'est pas là et ma mère dors sur le canapé. Elle a un verre d'alcool dans la main.
Je vais auprès d'elle pour la couvrir un peu plus et lui enlever son verre d'alcool. Je m'aperçois ensuite qu'il y a une boîte de médicament. Je la prends et je vois que ce sont des somnifères.
Ma mère a voulu faire une overdose ! La boîte est presque vide !
Je prends mon téléphone en urgence et composé le numéro du samu. Je n'ai pas le permis, je ne peux pas l'amener aux urgences.
Je tremble et j'ai du mal à garder mon sang-froid, ma mère est en grand danger.
Comment vais-je faire ?
"Mademoiselle, essayez de garder votre calme. Nous arrivons très vite et nous prendrons votre mère en charge.
-Oui, je vous attends." Dis-je, angoissée.
Je compose ensuite le numéro de mon père. Cette fois-ci c'est la colère qui s'empare de moi.
"Oui ma chérie, qu'est ce qu'il y a ?" Me demande y-il paisiblement.
"Il y a que tu es une véritable enflure ! Ta femme est en danger et toi tu te la coule douce avec une pétasse qui pourrait être ta fille, bordel." Je m'exclame hors de moi.
"Je ne comprends pas. Arrête de me parler sur ce ton, je suis ton père, Miena."
Je ris amèrement.
"Tu as arrêté d'être mon père au moment même où j'ai appris que tu la trompais."
Je lui raccroche au nez. Je l'ai prévenu de la situation, libre à lui de venir voir celle qui est censé être sa femme à l'hôpital.
Quelques instants plus tard, les urgences arrivent.
"Qu'est ce qu'il s'est passé exactement mademoiselle ?" Me demande un homme.
Je ferme les yeux et lui décrit avec précision ce que j'ai vu et comment cela s'est passé. Je dis que j'ai mis mon père au courant de la situation mais je ne lui dis que ce qui est nécessaire. Il n'a pas besoin de savoir des choses privées non plus.
"Vous venez avec nous mademoiselle ?"
Je hoche la tête et je rentre dans l'ambulance.
J'envoie un rapide message à ma soeur.
«Coucou Élie, Maman, papa et moi ne serons pas à la maison avant un bon moment. Il y a de quoi manger pour ce soir donc je ne m'en fais pas pour toi. Je t'expliquerai tout quand je rentrerai à la maison ce soir. Fais attention à toi.»
C'est mon rôle d'avoir la tête hors de l'eau. Ma mère préfère se noyer et faire une overdose. Mon père profite d'un bateau qu'il partage avec une belle blonde. Ma soeur est sur un radeau et je suis dans l'eau, à nager du mieux que je le peux. Je pousse ma soeur et nous essayons d'atteindre une île.
C'est dur, de devoir gérer tout ça. Je dois y arriver mais ce n'est pas à moi de le faire, en temps normal.
Je vais faire des heures en plus au café. Pour le moment, c'est la seule solution que je trouve.
J'attends une trentaine de minutes dans la salle d'attente. Le médecin de l'ambulance arrive et je me relève brusquement.
"Elle va bien ? Elle n'est plus en danger. Oh mon dieu, dites moi qu'elle va bien !
-Ne vous en faites pas. Elle n'est plus en danger, nous lui avons fait un lavage d'estomac mais elle va devoir rester quelques jours en observation. De plus, elle va devoir voir un psychologue." M'explique t-il doucement.
Je hoche la tête, un peu rassurée.
"Vous devriez rentrer chez vous, mademoiselle. Allez vous reposer. Si il y a quoique ce soit le service de l'hôpital vous contactera directement.
-Merci." Dis-je.
Je prends mes affaires lentement et machinalement puis je rentre chez moi.
Je suis vidée de toute émotion et je suis surtout épuisée. Une vingtaine de minutes plus tard je rentre dans la maison, complètement épuisée. Je trouve la table mise pour deux personnes, ma soeur chante doucement dans la cuisine. L'odeur éveille mes papilles gustatives et mon ventre gargouille même.
"Salut." Je lui souffle.
Elle relève doucement la tête et me sourit légèrement. D'un signe de tête elle m'indique qu'il faut que je m'assois.
"J'ai appelé papa. Il m'a dit qu'il ne rentrerai pas, et j'ai entendu un cri féminin." Elle me regarde, dégoûtée.
Quel genre de père est-il, sérieusement ? Comment peut-il répondre à sa fille alors qu'il couche avec sa maîtresse ? Mais merde, il lui manque une cervelle !
"Il me dégoûte." Dis-je avec une grimace. "J'ai dit que je t'expliquerai alors, voilà. Quand je suis rentrée du café j'ai retrouvé Maman, endormie sur le canapé, un verre d'alcool à la main et une boîte de médicament pas loin."
Elle ouvre grand les yeux quand elle comprend ce que notre mère a voulu faire.
"Ils ne sont pas mieux l'un de l'autre." Répond t-elle simplement.
Ma gorge se serre. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle a surement raison.
La nuit fut difficile. J'ai essayé de résoudre nos problèmes. Sans trouver de solutions. Je vais devoir m'occuper des factures, des courses, de mes cours, de mon travail au café. Comment vais-je m'en sortir ?
En tout cas, aujourd'hui je suis tout simplement épuisée. Mais je dois aller au lycée.
Mes yeux sont cernés et j'ai du mal à suivre en cours. Les professeurs semblent le remarquer. Si bien que tous me demandent de venir les voir en fin de cours. Ils me disent plus ou moins le même discours.
Au final, la conclusion que j'en tire, après avoir analyser c'est : GARDE LA TÊTE HORS DE L'EAU !
Visiblement, j'ai beaucoup de mal à la garder à l'air libre, ma tête.
Ce soir je suis de service et je dois parler à Lucas. J'arrive un peu plus tôt pour pouvoir lui parler. La café est vide, cela tombe bien.
"Lucas, je dois te parler deux secondes ?" Je demande doucement, hésitante.
"Qu'est ce qu'il y a ma belle ?
-J'ai...j'ai besoin de faire des heures supplémentaires. J'assurerai la fermeture ? Je viendrais travailler les mercredis après midi ! J'ai vraiment besoin de faire des heures supplémentaires, Luke." Je suis clairement entrain de le supplier.
"On parlera de ça ce soir, après la fermeture." Dit-il avec un regard qui se veut rassurant.
C'est le seul qui peut m'aider à garder la tête en dehors de l'eau.
* * *
Allan est venu au café. Encore une fois il est resté jusqu'à la fermeture.
"Alors, tu veux donc des heures supplémentaires ?
-J'ai vraiment besoin de ça, Luke. Tu ne comprends pas.
-Si je comprends. Tu veux être augmentée pour des raisons qui me sont inconnues.
-Ouais.." dis-je maladroitement.
Je baisse mon regard vers mon tablier et mes mains deviennent moites. J'ai peur qu'il refuse.
"C'est d'accord, je veux bien. On va devenir les meilleurs amis du monde si ça continue." Il me pince le nez et me sourit. Je lui saute dans les bras.
"Merci, merci, merci, merci, mercii !"
Je pars me changer et je sors du café. Je retrouve le mauvais garçon et il me sourit dès qu'il me voit.
"Par le plus grand des hasard, tu voudrais pas te rendre utile ?" Je demande.
"Qu'est ce que tu veux, belle demoiselle ?
-Que tu utilises ta voiture pour me ramener, beau brun."
Ses yeux deviennent espiègles et un sourire vient se former au coin de ses lèvres. Je monte dans sa voiture, m'attache pendant qu'il fait de même et il démarre.
"Tu veux pas venir chez moi, boire un petit chocolat chaud ?" Demande y-il sans quitter des yeux la route.
"Non, je ne peux pas." Répondis-je simplement.
"Tu ne peux pas où tu ne veux pas ?" Il me jette un coup d'œil, comme pour m'analyser.
Je déteste que l'on fasse ça. M'analyser. Je peux le faire mais les autres n'ont pas le droit. La loi est injuste et dure, mais c'est la loi.
"Je dois rentrer chez moi. Donc je ne peux pas."
Je l'entends soupirer et grogner un peu. J'observe un peu plus le paysage pour éviter de le regarder, lui. Nous arrivons vite devant chez moi.
Alors que je m'apprête à lui dire au revoir, Allan sort de sa voiture. Attendez, qu'est ce qu'il fait là ?
"Pour me dire au revoir, tu n'as pas besoin de sortir de la voiture." Je hausse un sourcil.
Il me rit un peu, me pousse doucement sur le côté et il rentre. Je n'ai pas le temps de me rendre compte de ce qu'il se passe. J'ai un appel de l'hôpital.
Que s'est-il passé, cette fois ?
Il rentre dans le salon et découvre ma petite soeur endormie sur le canapé. Je dépose doucement un plaid sur ses épaules afin qu'elle n'ait pas froid.
Je rappelle l'hôpital afin de pouvoir savoir ce qu'ils veulent.
"Allô ?
-Bonjour, vous êtes bien mademoiselle Coop ?
-Oui oui, c'est bien moi. Il y a eu un problème avec ma mère ?" Je demande inquiète.
"Non, votre mère va bien. Cette après-midi elle a même vu un psychologue. Nous la gardons encore cette nuit en observation et demain elle sera libre.
-Merci monsieur. Je viendrai demain la chercher dans ce cas.
-Alors à demain. Bonne soirée."
Bon, au moins ça de régler.
J'entends des bruits qui deviennent de plus en plus aigus à l'étage. J'entends même dès gémissement. Mais c'est une blague ?!
C'est surement mon père et sa maîtresse. Il ne peut pas faire ça ici. Ce n'est plus sa maison, enfin, plus à nos yeux !
Je jette un coup dans le salon et je retrouve ma soeur réveillée, elle parle avec Allan. Ils ont l'air de bien s'entendre, cette idée me rassure quelque part.
Je monte d'un pas colérique en haut. J'ai peur de ce qu'il va se passer.
Je toque fermement à la porte et je hurle de colère.
"Allez à l'hôtel merde !"
Et justement, c'est ce qu'ils ont fait. Mon père m'a lancé un regard haineux, serait-il frustré d'être coupé en plein élan ?
Je les fusille du regard, lui et celle avec qui il était. Il me dégoûte tellement.
Je redescends en bas une fois qu'ils sont partis, la journée à été longue et j'aimerai vraiment pouvoir me relaxer.
Élie vient me faire un câlin dès qu'elle me voit et Allan me sourit.
"Il est génial ton petit copain." Rit-elle avec un énorme sourire sur les lèvres.
"Nous ne nous connaissons presque pas ! Ce n'est pas mon copain, Élie.
-On en reparlera dans deux semaines, d'accord ? " demande t-elle en souriant.
Bon, je préfère au moins leur bonne humeur.
J'écoute leur conversation sans vraiment y participer. Je sens même qu'Allan me lance des regards en biais pourtant je ne fixe que mes pieds ou le sol.
"Bon c'est pas tout mais il faut qu'on mange !" S'exclame Allan, avec un sourire.
"Tu restes dormir ?" S'enthousiasme Élie, tout excitée à cette idée.
"Non !" Je réponds à sa place.
"Tu nous excuses deux petites minutes ?" Déclare Allan à ma soeur.
Cette dernière hoche la tête et Allan me prends la main tout en allant vers la cuisine.
"Tu as besoin d'aide, Lena. Ne me dis pas le contraire."
Il a raison, c'est vrai. J'ai beaucoup de chose à gérer maintenant.
"Comment ai-je fait pour m'en sortir jusqu'à maintenant ?" Demandais-je.
"Oui, mais tu n'es plus toute seule."
Je ne veux pas de son aide. Mais je suis tellement fatiguée, j'aimerai prendre une douche, je dois faire la cuisine, terminer mes devoirs.
"D'accord...Seulement pour cette fois." Dis-je durement.
Allan s'approche doucement de moi et il me serre contre lui. Je pose ma tête contre son torse et je profite de cette étreinte.
"Je ne te demande pas de m'expliquer, seulement d'accepter mon aide." Dit-il doucement.
Je recule doucement de l'étreinte.
Nous sommes si proches. Nos nez se touchent presque. Nos lèvres ne sont qu'à quelques centimètres de distance.
"Dans ce cas, tu dois m'impressionner, beau brun." Dis-je doucement.
Je m'écarte de lui et je montre prendre une douche rapide. Ensuite je me dirige vers la chambre de mes parents et j'ouvre la commode de mon père. J'attrape un tee-shirt et un jogging trop petit pour lui. Ça devrait aller à Allan, ça. Je descends avec les vêtements.
Une douce odeur semble se dégager de la cuisine quand j'entre.
"Des pâtes à la bolognaises." Dit Allan en lisant dans mes pensées, un petit sourire en coin.
Je lui souris et je m'approche doucement de lui.
"Besoin d'aide ?"
Il hoche la tête et ensembles on fait des boulettes de viandes.
On termine de préparer le repars et on s'installe tous ensembles autour de la table.
"Bon appétit !" S'exclame Élodie.
On se souhaite mutuellement bon appétit et nous mangeons.
L'ambiance n'est pas froide, c'est plutôt l'inverse. Cette joie de vivre me fait du bien, ces derniers temps je n'ai pas vraiment pu avoir la tête ailleurs que dans mes problèmes et je n'ai plus vraiment d'innocence.
Comment est-ce possible que les adolescents aient des problèmes que les adultes sont censés gérer ?
Élodie ne tarde pas à aller se coucher parce qu'elle est tout simplement fatiguée. Heureusement demain elle va pouvoir se reposer car nous sommes en week-end.
"Tu peux rester dormir à la maison, si tu veux." Je lui propose doucement alors que je mets la machine à laver en route.
"Ouais, j'ai pas vraiment envie de rentrer chez moi. Je suis bien ici." Il s'adosse au plan de travail.
"Merci, pour ce soir." Je lui souris doucement.
"T'inquiète Lena." Il me fait un clin d'œil.
Nous avons passé la soirée devant des films. Et nous sommes restés collés. Pour ne pas avoir froid.
Il s'est endormi, sa tête est posé contre ma poitrine.
Allan est mon ami, Alors ce n'est pas dérangeant. Je caresse doucement ses cheveux et cette image me fait sourire.
Il est bien plus sage quand il dort. Et puis il est mignon comme ça.
Je pense que j'aurais perdu pied si ce soir il n'avait pas été là.
Évidemment je ne le laisserai pas entrer dans ma vie si facilement.
J'ai d'autres problèmes à gérer, j'en suis consciente mais..il me permet de me reposer.
Avoir une épaule sur laquelle pleurer fait toujours du bien. Allan est cette épaule.
* * *
Je me réveille doucement, encore habillée. Une petite couverture me recouvre et Allan dort encore sur moi.
J'entends du bruit dans la cuisine. C'est surement Élie. Je me dégage doucement de la chaleur d'Allan pour aller voir ce qu'il se passe dans la cuisine.
Effectivement c'est Élie qui prépare des verres de jus d'orange et des croissants, des pains au chocolat.
"Un ami hein ? Personnellement je ne dors pas comme ça avec un ami." Elle hausse un sourcil et un sourire se dessine au coin de ses lèvres.
Elle m'énerve. Allan n'est que mon ami enfin !
De toute façon il va devoir partir, je ne peux pas le laisser entrer autant dans ma vie. Il ne doit pas connaître tout mes problèmes.
"Tais toi." Je grogne.
Elle sourit et me donne mon petit déjeuner.
"C'est gentil d'avoir préparer." Dis-je.
"J'allais pas te réveiller, je peux te prouver que je sais me débrouiller. Aujourd'hui tu vas la chercher ?
-chercher qui ?" Demande Allan Alors qu'il rentre dans la pièce.
"Personne." Je m'empresse de répondre.
Qu'est ce que je disais ? Que je ne voulais pas qu'il entre dans ma vie hein ? Eh bien...c'est mal partit.
Je croise les bras sur ma poitrine.
"Je suis fatiguée." Se plaint-elle.
"Moi aussi je suis fatiguée, de tes conneries !"
Ses yeux s'écarquillent, elle est surement surprise de ma soudaine répartie.
"Tu as pensé à nous ? À aucun moment tu n'as pensé à nous. À tes filles ! Tu voulais juste prendre ces médocs et disparaître ?!"
Des larmes roulent doucement sur ses joues. Elle se sent mal ? Se sent-elle coupable ?
"Tu ne comprends pas ma douleur. Il me trompais pendant tout ce temps et je n'ai rien vu. Je l'aimais Milena." Elle hoquette, pleure et tremble.
"Tu ne dois plus aimer un type pareil. Il a tourner la page rapidement alors tu dois la tourner aussi. La vie, c'est comme ça. C'est fait de haut, de bas. C'est des montagnes russes. On doit monter de longues pentes puis redescendre trop rapidement parfois. On se fait mal, on a peur. Mais...à nos côtés il y a toujours cette personne qui nous tiens la main et qui nous soutiens." Dis-je plus doucement.
"Ce que je veux, c'est tout lâcher.
-Dans ce cas tu es lâches. Mais je ne te laisserai pas faire. Moi, je n'ai pas besoin de vous deux. Élie, elle, à besoin de toi. Et tu n'as pas le droit de lui faire ça. Pas à elle. Elle vit déjà mal le fait que Papa te trompe alors ne lui fait pas de sale coup." Je tourne les talons et je m'arrête avant de monter dans les escaliers.
"Au cas où tu aurais voulu retenter un suicide j'ai caché les médicaments afin que tu ne saches pas où ils sont. C'est triste, n'est-ce pas ? N'essaie pas autre chose. Je t'ai prévenue. Ne fais pas ça à ma petite soeur."
Je l'entends soupirer. Et moi je monte dans ma chambre pour faire les devoirs. Il est grand temps qu'elle assume ses responsabilités. Qu'elle retourne au travail et gère ce qu'une adulte doit gérer.
Je me prépare pour aller au café et aider Lucas.
Dès qu'il me voit, il me sourit.
"Salut toi. Dis donc, tu nous ramène toujours le même client." Rit-il.
"Oh c'est pas vrai. Il ne va pas me lâcher hein ?" Demandais-je doucement.
"Non. Il veut être présent pour toi et il t'aime bien apparemment. Toi aussi, je me trompe ?" Sourit Lucas.
Je relève mes yeux vers lui et mes joues deviennent plus rosées. C'est plutôt vrai.
"Yes !" Il s'écrit.
"Chut ! Il ne doit pas le savoir. Bon maintenant au boulot !" Je lui dis.
Je mets le tablier, prends mon carnet et direction les tables des clients.
"Bonjour ! Que voulez-vous ?" Je souris.
"Hum, vous savez faire les dessins sur les cafés ?" Demande le vieux monsieur en tenant la main de sa femme.
"Moi Non, mais lui oui. Vous voulez quel dessin dessus ?"
Ils me le disent et je donne les commandes que j'ai prise à Lucas.
"Go go go !" Me lance t-il en riant.
"Je dois vraiment aller à la table du fond ?" Je demande en le suppliant.
"Allez. Ils sont pas si méchants. Et il y a le beau Allan, Non ?
-Je te déteste, Lulu." Je ris.
Je hais doucement à la table et ils commandent comme la dernière fois.
"Rapidement je suppose ?
-Bah oui." Me répond l'un comme si c'était évident.
Eh bien Non. Ce n'est pas si évident que cela car il y a d'autres client et eux aussi aimerait que ce soit rapide.
"Je t'apporte ça quand j'aurai le temps." Je souris hypocritement.
Il souffle d'agacement et Allan rit.
Je lui apporte quelque minutes après.
"Merci." Dit-il avec un regard noir.
"Génial, tu sais maintenant être poli." Souris-je.
"Ça t'amuse ?
-T'imagines pas à quel point."
Je pars car je viens de finir mon service. Il est 20 heures et je commence à fatiguer un peu.
"Bisous Lulu. T'es sûr que tu ne veux pas que je reste pour t'aider ?" Je demande.
"Je ferme dans deux heures. Alors ne t'en fais pas." Il me fais un clin d'œil.
Je lui fais un signe de la main et je rentre chez moi, seule.
Quand je rentre ma mère et Élodie mangent ensembles.
"Qui a préparé le dîner ?" Je demande en arrivant dans la cuisine.
"C'est Maman !" S'exclame Élie, super contente.
"Merci."
Elle hoche la tête et e sert une assiette. Nous mangeons toutes les trois et les filles veulent regarder un film.
On toque à la porte, je vais ouvrir et je vois Allan.
"Salut." Dit-il timidement.
"Hey. Qu'est ce que tu fais là ?" Je demande.
"Je voulais savoir si tu pouvais sortir ?" Il se gratte la nuque.
Il est tellement mignon comme ça.
"Oui elle peut. Ça va lui faire du bien. Tu me la ramène demain matin vers 12h au plus tard. Compris ?" Dit ma mere en arrivant derrière moi.
"Mais...et toi et Élie ?" Je demande en me tournant vers elle.
Elle prends ma veste et mes converses puis me les donne.
"Ne t'en fais pas. Je pense qu'Élie sera contente de regarder un film avec sa mère. Tu m'envoies un message pour me dire si tu restes dormir chez lui. Capiche ?"
Je lui fais un petit câlin et lui fais un signe de main. Je mets mes chaussures et ma veste et nous partons.
"Tu veux qu'on fasse quoi ?" Je demande en passant mes mains sur mon jean.
"On va sur la plage ? Ca nous fera du bien Non ?" Demande t-il doucement.
Je hoche la tête. Il me prends la main et nous marchons en silence.
J'aimerai tout lui dire. Le faire et puis partir. Comme ça, juste le fuir. Parce que ce monde est tellement cruel.
Mon père trompe ma mère. Ma mère sombre dans les médicaments. Allan qui persiste à vouloir rentrer dans ma vie.
Le truc c'est que je ne réussi rien. Et je ne veux pas gâcher ça avec lui. Alors je mets des barrières. Pour me protéger.
"Dis moi. Raconte moi ton histoire, Lena. J'ai besoin de savoir." Dit-il quand on s'arrête de marcher.
Il colle son front contre le mien et nos corps se rapprochent tout naturellement.
"Te dire quoi ? J'ai une vie normale." Dis-je doucement.
"Ne me mens pas. Dis le moi. Libère toi de ce poids sur tes épaules. Pourquoi ta mère était à l'hôpital ? Pourquoi ton père était avec cette autre femme ?
Une larme roule le long de ma joue.
"Ne me juge pas. Ne me fais pas de mal. Je ne veux pas de ça. Pas de cette douleur."
Allan essuie doucement mes joues et il dépose un bisou sur mon front.
"Ma mère, Élie et moi avons appris il y a quelques temps que mon père trompais pas mère...Elle l'a plutôt mal pris..elle a voulu faire une...overdose. Et c'est pour ces raisons que je travail dur au café..j'en peux plus Allan..." je pleure et je hoquette.
Il me serre fort contre lui. Le temps que je me calme.
"Allan. T'es la seul chose qui soit bien dans ma vie. Je veux pas gâcher ça.." dis-je doucement.
"Si tu savais que tu es la seule chose qui compte pour moi ces derniers temps. Lena, je t'aime vraiment beaucoup." Dit-il.
Mon cœur se mets a battre rapidement. Aurait-il inconsciemment brisé ma roche ? Les barrières que je m'étais fixées ?
Je pose mes mains contre son torse et je l'embrasse sur bout des lèvres.
Nous sommes seuls sur la plage et nous en profitons pour agrandir ce baiser.
Je le repousse un peu. Je n'aurais pas dû l'embrasser. Je n'aurais pas dû rentrer dans sa vie. Rien de ce que je vis n'est positif. Je vais juste..Disparaître de sa vie.
C'est mieux pour lui, pour moi aussi.
Allan me lance un regard remplit de questions.
"On peut rentrer ?" Je demande, une boule se formant dans mon ventre.
Il devient froid et durant tout le trajet il n'a pas dit un mot, il est tellement distant.
Encore une fois, j'ai tout gâché.
Arrivé à l'appartement sa mère dort sur le canapé, donc nous sommes seuls.
"Je peux te parler deux minutes ?" Je demande, hésitante.
"Je t'écoute."
Il se trouve dans l'embrasure de la porte, et je ne suis pas tout à fait devant lui.
"Allan, t'es un gars bien, vraiment. T'es la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie ! Mais je ne peux pas gâcher ça. C'est trop rapide. On pourrait se brûler les ailes." Je dis doucement.
"Tu ne vois vraiment rien Milena ? Tu me plais ! Je me fiche de gâcher ou Non un lien avec toi, je t'aime vraiment bien et on pourrait prendre le temps de se connaître." S'exclame t-il.
"Rien de ce que je fais n'est positif, c'est véridique. Alors oui, moi aussi je t'aime bien. Moi aussi j'aimerai bien qu'on apprenne à se connaître. Mais c'est impossible." Des larmes menacent de sortir et je ferme les yeux.
Allan s'approche de moi et me caresse la joue.
"Pourquoi ?" Demande t-il doucement.
"Parce que..." Les larmes dévalent mes joues.
"Je ne t'ai pas choisi." Dit il
#E
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top