Chapitre 3 : Subir les conséquences
Face à moi, mon père paraissait immense. Je déglutis avec difficulté, les choses tournaient mal. Je n'osais pas imaginer la correction que j'allais prendre. Il était furieux, je le voyais à la flamme qui dansait dans ses yeux sombres. Il tendit le bras, m'attrapa par les yeux et me souleva. Les soldats ne bougeaient plus, leurs regards étaient tous braqués sur moi. Dans d'autres circonstances, j'aurais eu honte, mais pas aujourd'hui, j'avais des problèmes bien trop importants pour songer à quelque chose d'aussi futile. Mon père s'exclama, sa voix roc et puissante résonnant dans toute la place :
-Remettez-vous au travail !
Aucun n'osa tenir tête à mon géniteur et après un regard désolé pour ma misérable personne, ils se remirent au travail, silencieux. Il s'élança vers la sortie, me trainant derrière lui par les cheveux. J'avais du mal à suivre le rythme et mon cuir chevelu me faisait souffrir, j'en avais les larmes aux yeux. Pourtant, à aucun moment l'idée me vint de me plaindre, sachant parfaitement que ce n'était que le début. Que le pire était à venir.
Nous traversâmes le village jusqu'à la maison de cette manière. Les regards étonnés, choqués des passants ne troublaient pas le moindre du monde mon père. Le visage haut, il avançait, bousculant quiconque se trouvant sur son chemin. Il ouvrit la porte, l'arrachant presque au passage. Arrivés à la salle à mangé, il me balança, comme un objet, sur le sol poussiéreux. Je reculai le plus loin possible, jusqu'à ce que mon dos rencontre l'un des murs de la pièce. J'étais coincée, le regard de mon père sur moi était incendiaire. S'il avait le pouvoir de brûler, je ne serais plus qu'un tas de cendre fumant.
-Shirley, puis-je savoir ce que tu faisais dehors ?
Il avait parlé d'une voix calme, trop calme, les dents et la mâchoire serrés. Le calme avant la tempête, ça ne laissait augurer rien de bon pour moi. Je m'empressai de répondre d'une voix hésitante :
-Je ... C'est que ...
D'un mouvement de la main, il mit fin à mon incompréhensible baragouinage. Je me tus, me tassant sur moi-même.
-Pourquoi es-tu sortie ?
-Je suis désolée, je ne le referais plus, je ...
-Non, je t'ais demandé pourquoi tu m'as désobéies, je ne veux pas entendre t'excuser. Quoi que tu dises, ton comportement est inexcusable. Alors, réponds à ma question, tout de suite !
Dos au mur, je tentais de m'y enfoncer, de m'échapper, mais il n'y avait aucune issue, j'étais coincée. Je pris mon courage à deux mains et me lançais d'une voix piteuse :
-J'étais allée voir l'entrainement.
Il secoua la tête, les lèvres pincées, il s'élança dans ma direction, en deux pas, il fut devant moi. Il me gifla d'un revers de la main, mon visage suivit le mouvement et ma bouche se remplie de sang. Ma joue me brûlait et par réflexe, je portais ma main jusqu'à la zone meurtrie. Mon père était quelqu'un de violent, qui réagissait sans réfléchir à la portée de ses actes. C'était surement comme ça, sans penser qu'il avait tué maman. Je serrais les points et dis, les larmes aux yeux :
-Mais pourquoi je dois rester ici, pourquoi tu ne veux pas que je sorte ?
Il sembla étonné de mon audace, il fronça les sourcils semblant chercher ses mots :
-Tu n'es qu'un enfant, tu parles et agis en ne pensant qu'à toi. Essaie de voir un peu plus loin que ta petite personne !
Je tremblais de rage et ne pouvant contenir ma rage ou mes paroles, je lançais, hargneuse :
-C'est moi, l'égoïste ? Je reste enfermée dans ma chambre toute la journée et je ne me souviens même plus avoir vu la lumière du jour. Je n'ais jamais demandé quoique ce soit, alors non, je ne pense pas qu'à moi !
La réponse ne se fit pas attendre le choc sur ma joue fut encore plus violent que la fois précédente. Ma tête cogna contre le mur et je mis quelques secondes à reprendre mes esprits. La peau légèrement hâlé de mon père avait viré à l'écarlate, et ses sourcils formaient une barre jute au dessus de ses yeux, tant ils étaient froncés. Il me saisit le menton et plongea son regard noir dans le mien, il lança avec une moue proche du dégout :
-Ecoute, insolente petite gamine. Ta mère voulait que je m'occupe de toi, elle me l'a fait promettre. Ici, tu es nourrie et logée, elle n'a jamais rien demandé de plus. Alors tes petits états d'âmes à deux Kishus, ils me passent au dessus de la tête. C'est pas mes affaires, c'étaient celles de ta mère et elle n'est plus là pour s'en occuper, alors estime toi heureuse que j'ai tenu ma promesse. Ca n'aurait tenu qu'à moi, je t'aurais ...
-Quoi ? Tu m'aurais tué en même temps qu'elle ?
Je ne vis rien venir le point de mon géniteur atteignit mon ventre avec une puissance qui me coupa le souffle. Les yeux écarquillés, je ne bougeais plus, tentant de faire entrer de l'air dans mes poumons. Lorsque j'y parviens enfin, il s'était redressé. Me dominant de toute sa hauteur, il fit :
-Mesure tes paroles, n'oublie pas que ta mère n'est plus là pour te protéger et essuyer les coups qui devraient être les tiens. C'est de sa faute si tu es si mal élevée. Tu parles de chose qui te dépasse, que tu ne connais pas, alors tais-toi avant que je te fasse taire moi-même !
J'étais toujours pliée en deux, tenant mes côtes et mon ventre. Pourtant, malgré ma faiblesse, je rétorquais :
-Alors dis-moi, dis-moi pour quelle raison tu l'as tuée ce soir là ?
-Parce que tu n'es pas ma fille !
2 Accz;Ԃ
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