Découverte des lieux
Miranda regardait, depuis la fenêtre du car, le paysage morne qui s'offrait à elle. Les arbres gris et tordus, les corbeaux perchés sur les lignes électriques et un panneau indiquant BloodyRiver à moins de 50 kilomètre. Elle avait dû quitter la Californie pour la Pennsylvanie, à l'autre bout du pays. La jeune fille avait dû partir après le décès de ses deux parents. Il y a trois mois, sa mère était morte atteinte d'un cancer des poumons et son père s'était pendu soit disant pour soulager sa conscience, il n'y a même pas deux semaines. Miranda s'était bien demandée plusieurs fois pourquoi son père avait voulu "soulager" sa conscience en abandonnant sa fille, seule et sans famille. Elle allait vivre chez sa tante Lauren, qu'elle appelait aussi l'"exilée". Car Lauren étant plus jeune avait quitter la Californie pour avoir commis une grosse erreur que son père ne put tolérer sous son toit, alors elle était partie se réfugiée en Pennsylvanie, à BloodyRiver. Miranda n'avait avec elle qu'une valise et un calepin qu'elle emmenait partout. Elle écrivait dessus tout et rien, ses avis, ses pensées et peut-être même un jour, ses amours. Miranda n'était pas douée pour se faire des ami(e)s, elle était une fille assez renfermée. Ne sachant pas quoi faire dans ce bus vide et froid, elle mit son casque audio, la musique à fond pour ne plus entendre ni ce bruit de moteur insupportable ni ce chauffeur à la calvitie qui, à l'avant du véhicule fredonnait quelques morceaux de country. En d'autres circonstances, elle aurait peut-être murmuré quelques paroles mais la voix de cet homme était si fausse et grave, qu'elle n'eut même pas ce plaisir. Enfin le car s'arrêta à une station service, c'était son terminus. BloodyRiver étant une petite ville, elle n'avait pas de gare juste une grande station essence qui servait d'arrêt. Miranda attendait dehors, dans le froid depuis 20 minutes alors elle finit par entrer dans le magasin de la station. Elle prit une boite de Pringles et une bouteille d'eau puis se dirigea vers la caisse au-dessus de laquelle était accrochée une énorme tête de loup gris, lequel avait dans sa gueule un petit lapin blanc. Miranda eut un frisson en voyant ce terrible spectacle. Un homme sortit de dessous le comptoir, il faisait peur avec sa barbe en broussaille dans laquelle était coincée une petite branche, son gilet militaire et ses mains velus et recouvertes de terre. Elle lui donna avec hésitation les chips et la bouteille. Elle regarda par la porte de verre si sa tante n'était pas arrivée. Soudain l'homme la sortit de ses pensées:
-Vous venez d'arriver vous, j'vous ai jamais vu ici. Et pourtant tout l'monde me connait et je connait tout l'monde. T'vois ce que j'veux dire ... Hein?
-Euh...oui.
Elle n'osait pas le regarder en face de peur de croiser son regard fou et aussi mort que celui du loup.
-Faut pas avoir peur, ma ptite dame, j'appelle Fred mais tout l'monde dit le Barbu.
Il lui tendit sa main poisseuse que Miranda se sentit obliger d'accepter.
-Je m'appelle Miranda Gallows mais sinon c'est juste Miranda.
-Gallows? Comme la brunette, Lauren.
-Oui, c'est ça.
Ils discutèrent un peu. Elle se sentit mal d'avoir jugé cet homme sans le connaître même si cette tête empaillé la faisait toujours flippé. Elle sortit du magasin et au même moment un petite voiture jaune déboula dans la station service. C'était Lauren, alors Miranda se dirigea vers la voiture puis monta dedans. Pendant tout le trajet jusqu'à la maison de la "brunette" comme l'appelait Fred, il y eu un silence pesant. Une fois arrivé, Miranda descendit de l'automobile qui devait dater des années 80/85, prit sa valise et alla directement à la maison. Cette maison était plutôt une sorte de grosse cabane paumée dans une clairière ou un chalet dans une prairie. A côté de la "cabane", il y en avait une autre, un peu plus haute mais un peu moins large. Miranda ne put s'empêcher de la scruter dans ses moindres recoins. A une fenêtre, elle vit un jeune homme brun qui, lui aussi l'observait. Lauren s'approcha d'elle par derrière et lui chuchota à l'oreille:
-Lui c'est Kameron, le fils maintenant unique des Silverflakes, tes nouveaux voisins.
Miranda ne dit rien, elle se contenta d'avancer vers la porte, de l'ouvrir et d'entrer dans la maison. Elle avait sa chambre au deuxième étage, Lauren avait dit qu'elle l'avait faite juste pour Miranda, mais elle ne la crut pas. Elle était sure que c'était peut-être un grenier, un endroit qui ne servait pas et que sa tante avait juste peint en mauve, sa couleur préférée. La chambre de Lauren était un étage plus bas, au premier, et la seule chose qu'espérait Miranda de cette superposition des chambres, c'était que sa tante ne ronfle pas. Miranda descendit un quart d'heure plus tard au rez-de-chaussée, elle voulait visiter un peu les environs. Elle arriva dans la cuisine où elle vit Lauren discutant avec Kameron. Elle en resta figée, alors pour couper ce silence sa tante dit:
-Tiens, Miranda on parlait justement de toi, j'ai demandé à Kameron si il voulait bien te montrer les forêts et le Bloody. Peut-être que tu pourras prendre quelques clichés. Ta mère m'avait dit que tu aimais la photographie.
Elle se contenta d'acquiescer. Elle monta dans sa chambre pour aller chercher un petit appareil photo. Quand elle redescendit le jeune homme l'attendait devant la porte, elle l'évita et ouvrit celle-ci. Mais avant qu'elle n'eut le temps de sortir, Lauren lui cria depuis la cuisine:
-Miranda, je veux que tu soit rentrer avant qu'il fasse nuit. Miranda? Est ce que tu as compris?
-Hum hum...
Elle fut déjà agacée par l'attitude de mère poule que prenait sa tante, mais elle n'était pas sa mère.
les deux adolescents marchaient en silence sans aucune conversation, s'arrêtant quelques fois pour prendre une ou deux photos. Puis ils arrivèrent aux bords du Bloody. La jeune fille avait souvent entendu de sa mère, que le Bloody était effrayant, sombre et profond. Elle n'y croyait pas vraiment car sa mère ne disait ça que parce que Lauren lui envoyait des lettres pour lui parler de la Pennsylvanie. Mais quand elle le vit, elle n'en crut pas ses yeux. Un fleuve d'une couleur presque bordeaux, elle voulait voir ça de plus près mais elle se fit attrapée le bras par Kameron:
-Tu ne devrais pas trop t'approchée de ce fleuve, il est dangereux.
Il la regardait fixement de ses yeux bleus, qui firent reculer Miranda du rivage.
-Comment ça "dangereux", il ne va pas me sauter dessus.
Il sourit. Un sourire qui en disait peu mais beaucoup en même temps.
-Des enfants sont déjà tombé dedans, ils sont morts noyés.
-Vraiment ?
Miranda fut choquée de cette révélation, elle attendait d'en savoir plus mais le garçon se tut.
-Qu'il y a-t-il?
-Mon petit frère, Toby, il est mort noyé lui aussi.
-Mais comment c'est arrivé?
Tellement de question envahissait l'esprit de Miranda.
-Je ne sais pas mais mes parents lui disaient tout le temps que si il n'était pas sage, l'homme de la rivière viendrais le chercher et l'emporterait. Et bien en effet, la rivière l'a emporté en pleine nuit. On a retrouvé le lendemain matin son corps sur le rivage...
Il baissa la tête, les yeux brillant de leurs larmes. A ce moment, Miranda se sentit gênée, d'avoir été aussi curieuse et de ne pas pouvoir le réconforter de peur de se retrouver en situation encore plus gênante. Alors discrètement elle écrivit les quelques renseignements importants que Kameron lui avait fourni et lui proposa de rentrer avant qu'il ne fasse nuit. Une fois rentrée, Miranda monta dans sa chambre, ouvrit ses Pringles et commença à réfléchir. Un enfant ne se noie pas comme ça dans une rivière, pas en pleine nuit, alors Miranda se dit que peut-être l'homme de la rivière était réel et pas juste une histoire pour faire peur aux enfants. Elle se promit de trouver la cause de la mort du petit Toby Silverflakes...
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