8 : Méissane, la fille qui ne l'est pas entièrement
Nous dédions cette partie à notre lecteurice nanoboy Méissane ! Bien entendu, nous avons inventé l'histoire :) (en nous basant sur son témoignage)
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Je m'appelle Méissane.
J'ai quinze ans.
Je suis un nanoboy fille et garçon, et je suis née fille.
Mon orientation romantique change, et mon orientation sexuelle change.
Mon physique est féminin.
Et tout ça, ça fait mon identité.
Toute ma vie, on me reproche d'être une fille avec une petite partie de garçon.
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Aujourd'hui, Méissane va au lycée, avec cette désagréable impression de ne pas être "au complet". Comme si vous regardiez un puzzle où il manque une pièce. Juste une pièce, mais ça empêche la cohésion de tout le puzzle. Méissane enfile une robe, des chaussures féminines, elle se maquille. Mais elle n'aime pas ça. On lui a tellement dit qu'elle n'était pas assez féminine, qu'elle aimait trop les vêtements masculins, les jeux de garçons, qu'elle a décidé de changer. De parler mode, maquillage, de roucouler sur les stars pour adolescentes et de s'habiller comme "une fille", pour qu'on lui foute la paix.
Ses parents sont contents de la voir enfin comme "une vraie fille". Mais elle ne se sent pas bien. Son père dit qu'une fille doit avoir des cheveux longs, alors qu'elle les voudrait courts. Pourquoi être "une fille" implique tant de choses ? Et surtout, pourquoi a t-elle l'impression de ne jamais être complètement elle ? Quand elle en parle, on lui répond que c'est la crise d'adolescence, bien entendu.
Au lycée, ses amis se moquent d'elle, "pour rire" comme ils disent. Sur l'apparence, sur le caractère, mais vu que ce sont des amis, il faudrait qu'elle prenne tout bien, pas vrai ? Et surtout, il faut parler des sujets "de fille", sinon ils se vexent.
Elle n'a jamais aimé les jouets de fille, un vrai petit garçon manqué quand elle était jeune. En revanche elle collectionnait les poupées, parce que c'est joli. Mais sans jouer avec. C'était beaucoup mieux de grimper aux arbres avec un jean et un vieux pull ! Et que dire des jeux type dînette ou marchande... Non, décidément, un ballon et un arbre valent tous les jouets roses du monde. Mais ça ne plaisait ni à ses amis de l'époque ni à ses parents.
C'est au collège que tout s'est déclenché, quand la société et l'image renvoyée l'a obligée à être une petite fille modèle. Alors elle a joué le jeu. Elle le joue encore, mais ne comprend pas pourquoi elle doit le jouer. Et un jour, elle a décidé de mettre des mots sur son mal être. Elle s'est mise à chercher. Au début, en cherchant bien, elle a opté pour l'option genderfluid. Mais... non, ça n'allait pas. Ca ne changeait pas, c'était juste.. ça cohabitait. Alors, elle a dit demiboy. Mais non... toujours pas. Elle se sentait bien majoritairement fille. Une toute petite partie restait. Mais si c'est une toute petite partie, ça n'existe pas, bien sûr..
Et un jour, elle a trouvé nanoboy. Le mot qui lui correspondait. Comme si un poids tombait de ses épaules, le mot parfait, qui lui correspond totalement, qui explique tout. Méissane s'est sentie libérée, heureuse. Et elle a décidé de le dire. Pour s'assumer totalement.
Parmi ses amis, il y a des LGBT+. Ceux là n'ont rien dit, à part qu'elle devait s'assumer comme elle est. Mais parmi les autres...
"Tu veux juste sortir du lot."
Parce que c'est rigolo d'être discriminé.
"On ne peut pas être fille ET garçon."
Par contre on peut être bête ET méchant.
"Si t'es née fille, tu le restes."
Parce que ? Comment ça parce que quoi ? Mais parce que c'est comme ça, enfin !
"Ca existe pas, ton truc."
Dites ça aux milliers de demigenre.
"T'es juste un garçon manqué."
Admettons qu'une fille portant des jeans soit un garçon raté, et non pas une personne préférant les jeans, quel est le rapport avec son genre ? Ah, on me dit dans l'oreillette que tes habits déterminent ce que tu penses. Fallait le dire plus tôt.
"T'es pas juste lesbienne ?"
L'orientation détermine aussi ce que tu penses. Surtout que...
"C'est parce que t'as choisi d'aimer les filles que tu veux être un garçon."
Parce que là aussi, c'est un choix. Méissane n'aime en plus pas que les filles..
Elle a laissé tomber l'idée de leur expliquer. Mais pas à sa famille. Comment a-t-elle réagi, me demanderez-vous ?
"Tu ne peux pas être en partie garçon."
C'est interdit par la loi de... ben, une loi. On sait pas trop laquelle, par contre..
"C'est parce que tu te cherches."
On revient toujours aux fondamentaux.
"Déjà une lesbienne, mais en plus une trans..."
C'est pire d'être transgenre qu'homosexuel.le, selon une autre loi bien cachée. Et en plus, d'où sort le lesbienne ?
"Ca va passer."
Dans quelques années, grâce à la magie du temps..
"C'est cette nouvelle génération, de mon temps..."
Insérez une réponse du style "on était normaux".
"Peut être que tu es juste transsexuelle ?"
Sans commentaire.
Méissane en a assez. Pourquoi serait-elle obligatoirement une fille, hein ? Quelqu'un a décidé ça ? Mais qui ? Et pourquoi ? Pourquoi ne peut-on pas être un garçon avec un vagin ? Pourquoi ne peut-on pas être les deux ?
Tant pis pour ceux que ça dérange, Méissane va s'assumer telle qu'elle est. Le lendemain, elle remit un sweat, un jean et des baskets. Elle arrêta de se maquiller. Mais de temps en temps, parce qu'elle en a envie, elle remet une robe, et là...
"Tu vois, t'as mis une robe donc t'es une fille" !
Argh. Forcément.
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Je m'appelle Méissane.
J'ai vingt ans.
Je suis un nanoboy fille et garçon, et je suis née fille.
Mon orientation romantique change, et mon orientation sexuelle change.
Mon physique est androgyne.
Et tout ça, ça fait mon identité.
Toute ma vie, on m'a reproché d'être une fille avec une petite partie de garçon.
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Aujourd'hui, tout va beaucoup mieux. J'ai changé d'amis, parce qu'ils m'ont laissé.e, et je m'en suis refait des beaucoup mieux. Ma famille a fini par me laisser me couper les cheveux, porter des sweats et avoir un style bien plus androgyne. Souvent, les gens ne savent pas comment s'adresser à moi. Et ça me fait très plaisir.
Je me suis trouvé un.e petit.e ami.e qui est non-binaire iel aussi. Iel est libraféminine et s'appelle Lucy. Et man meilleur.e ami.e est non-binaire également, iel m'a beaucoup aidé à m'accepter. Iel s'appelle Camille, et c'est un.e libramasculine qui m'a présenté Lucy.
Je continue mes études, et tout le monde m'appelle Mei pour faire moins féminin. Je me maquille quand je le veux. Je porte les habits que je veux. J'ai des amis qui m'aiment, et j'ai participé à une gay pride, même si je préfère dire marche des fiertés. C'était le plus beau jour de ma vie, j'ai déclaré mes sentiments à Lucy. J'aime tellement ma nouvelle vie, je suis tellement heureuxe comme ça.
Il y a toujours des commentaires négatifs. Il y a toujours des jugements. Mais il y a aussi des bons moments, de joie, de partage, et surtout d'amour. Car n'oublions pas que c'est de l'amour. Et même si les gens nous fusillent du regard, même si les enfants nous montrent du doigt, même si parfois, c'est dur de se dire que ses propres parents ne veulent plus nous voir, on arrive toujours à être heureux.
Quand quelqu'un me demande "Monsieur ou mademoiselle ?".
Quand quelqu'un me genre au neutre.
Quand quelqu'un me dit qu'il connaît les non-binaires.
Quand quelqu'un m'invite pour une autre marche des fiertés.
Quand quelqu'un parle de Lucy et moi comme un couple et non pas un couple de lesbiennes.
Quand nous sommes acceptés, tout simplement.
N'oubliez pas qu'il y a toujours des moyens de s'assumer et d'être heureux. En même temps. Attendez de pouvoir être indépendant, et n'oubliez pas que la chance va vous sourire, à vous aussi. Que vous soyez homo, hétéro, transgenre, non-binaire, vous finirez par avoir droit à vos bonheurs et à vivre comme vous êtes.
Gardez espoir, un jour, vous serez heureux.
- Mei
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Merci à notre lecteurice adoré.e pour nous avoir donné un coup de main ! Après lae nanogirl nous parlerons de Lucy et Camille, bien entendu ;)
Rappel :
Libragenre : agenre avec un attachement à la masculinité ou la féminité.
Orientation fluide : ici, abroromantique/abrosexuel.le.
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