5 : Yasmina, la fille dont l'orientation n'existe pas
Ne cherchez pas la référence, c'est pour faire plaisir à Ann-Lorey ! c: Nous genrons Yasmina au féminin parce qu'elle est d'accord.
Vous allez avoir une partie bonus, courte, dès ce soir normalement.
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Je m'appelle Yasmina.
J'ai quatorze ans.
Je suis tous les genres à la fois, et je suis née fille.
J'aime tous les genres, et tous les genres m'attirent.
Mon physique est féminin.
Et tout ça, ça fait mon identité.
Toute ma vie, on me reproche d'aimer tous les genres.
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Yasmina va au collège, aujourd'hui. Comme tous les jours, elle y va avec le sourire, même si elle déteste y aller. Elle ne se démonte jamais, quel que soit l'obstacle, et elle en a tellement des obstacles...
Yasmina est pangenre, mais elle ne l'a pas encore dit. En revanche, elle a parlé de sa pansexualité, il y a six mois. Elle l'a d'abord dit à son père et sa belle-mère, car ses parents sont séparés. Mais il ne l'a pas très bien pris, disons. Pas bien du tout, en fait. Il lui a dit qu'elle s'inventait des mots et qu'elle était simplement bisexuelle, mais que ce n'était pas grave, qu'il acceptait. Malgré toutes ses explications, malgré les exemples d'Internet, il dit qu'on ne peut être que bisexuelle, homosexuelle ou hétérosexuelle. Asexuelle ? Non, même pas.
"L'asexualité c'est une maladie."
Mais c'est une autre histoire. Alors Yasmina l'a dit à sa mère. Enfin, elle a dit qu'elle était bisexuelle... Mais elle l'a encore moins bien pris. Parce que pour sa mère, c'est impossible d'aimer deux genres. Enfin...
"Tu peux pas aimer deux sexes, tu finiras par choisir !"
Deux sexes, pardon. Donc, elle n'a pas du tout accepté et a pensé sa fille simplement lesbienne. Mais Yasmina s'en fiche. Elle s'est acheté un t-shirt pansexuel et des bracelets roses, jaunes et bleus. Et elle les porte aujourd'hui, d'ailleurs, fièrement assortis au pin's pansexuel de son sac à dos.
Yasmina s'est découverte pansexuelle avec san petixe ami.e non-binaire, androgyne précisément, il y a un an. Elle a pris conscience de son désintérêt pour le genre de la personne, et a commencé à faire des recherches sur les autres genres qu'homme et femme ainsi que la pansexualité. Elle a aussi découvert à ce moment là qu'elle était polyamoureuse, mais c'est une autre histoire.
Elle n'a pas d'amis, au collège. Juste des "potes". Des potes qui ne comprennent rien et en qui on ne peut avoir confiance. Quand elle leur a avoué être pansexuelle, les réponses ne se sont pas faites attendre.
"Pansexuelle ? Arrête de te rendre intéressante, ça existe pas !"
"Tu te cherches, c'est tout !"
"Ca te passera !"
Notons que ces deux réponses sont communes à tous les genres et toutes les orientations. Yasmina s'est jurée de dire à ses amis "t'es hétéro mais c'est une passe, tu te cherches" histoire de voir le résultat auprès des autres.
"C'est pas naturel d'aimer autre chose que le sexe opposé !"
Avec la petite faute qui va bien.
"T'inventes des mots, y'a que homo et hétéro."
"Tu couches avec les animaux ?"
"T'es attirée par les objets ?"
"T'es lesbienne et tu t'assumes pas, c'est ça ? Tu devrais !"
"T'es la poubelle de l'humanité en fait, tu récupères tout ce qu'on veut pas."
Mina ne leur a plus jamais reparlé, et s'est trouvé un autre groupe de potes bien différent. En fait, ils sont les opposés.
"C'est trop cool, t'es comme un pokémon rare !"
"Pan pan boum !"
"T'as essayé avec tous les genres ?"
Elle reste avec eux pour ne pas être seule, mais les moqueries "gentilles" lui pèsent. Mais elle sourit quand même, elle sait qu'il y a tellement de critiques qu'elle ne peut pas toutes les fuir. Le pire a été au Noël de ses quatorze ans, quand elle a avoué à toute sa famille qu'elle était pan. Ca a commencé par une simple phrase, si souvent dite et si rarement considérée à sa juste valeur : homophobe.
"Alors, t'as un petit ami ?"
"Non, je n'ai pas trouvé l'amour, que ce soit une fille, un garçon ou autre chose."
A t-elle répondu. Mauvaise réponse. Passons le débat transphobe rejetant en bloc les non-binaires, la colère est vite revenue sur Yasmina.
"T'es zoophile, pédophile et fétichiste ?!"
"Comment tu peux aimer les filles et les hommes sans avoir essayé les deux ?"
"De mon temps, on était hétéro ou homo, la société crée des mots pour rien !"
"Mais tu sais, de mon temps on était juste homme et femme, on changeait pas et on était normaux, pas à se chercher des sexes qui n'existent pas ! Comment tu peux aimer ces dégénérés ?"
"T'aimes les hommes, les femmes, et les anomalies ? Genre ceux qui ont un pénis et un vagin ?"
"Mais c'est rare, ceux là, comment tu as pu essayer ?"
Yasmina s'est réconfortée sur internet, en cherchant des gens comme elle et en participant à des forums. Parfois, elle se fait insulter, comme les autres. Elle sourit quand même et se console en se disant que personne ne peut la frapper, sur internet. Pas comme en vrai où elle s'est fait pousser et chahuter. Certains essayent de lui toucher les seins ou les fesses pour la "rendre hétéro" comme ils disent. Yasmina en a assez, mais elle tient bon, espérant que tout s'arrange au lycée...
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Je m'appelle Yasmina.
J'ai vingt ans.
Je suis tous les genres à la fois, et je suis née fille.
J'aime tous les genres, et tous les genres m'attirent.
Mon physique est féminin.
Et tout ça, ça fait mon identité.
Toute ma vie, on m'a reproché d'aimer tous les genres.
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Effectivement, tout est allé mieux, au lycée. J'ai ouvert un groupe LGBT+ et j'ai rencontré mon petit ami, Caleb. Et mon autre petixe ami.e demiboy, Anna. Tous les trois, on est très heureux, même si Caleb et Anna ne sont pas en couple eux aussi. Caleb s'est assumé en tant que garçon et je suis très fière de lui. On est encore ensemble aujourd'hui, et avec Anna aussi.
J'ai agrandi le club LGBT+ à une association qui aide toutes les personnes qui sont perdues, et on a même ouvert un petit foyer de cinq chambres pour des adolescents jetés de chez eux. Ma mère a fini par comprendre, mais pas mon père. Je leur pardonne, ils n'ont pas grandi avec ces termes. Les repas de famille sont plus calmes, et j'ai reçu un sac à dos pan à Noël, à dix-huit ans.
J'ai participé aux Gay Pride chaque année, rencontré des tas de gens LGBT+, et j'ai toujours des amis hétéros et cisgenres bien entendu. Ils nous soutiennent, des fois ils nous donnent un coup de main pour le foyer. La vie est plus calme, j'ai eu mon bac et une licence de commerce, alors tout va bien pour nous. Je travaille à côté.
Il y a toujours des commentaires négatifs. Il y a toujours des jugements. Mais il y a aussi des bons moments, de joie, de partage, et surtout d'amour. Car n'oublions pas que c'est de l'amour. Et même si les gens nous fusillent du regard, même si les enfants nous montrent du doigt, même si parfois, c'est dur de se dire que ses propres parents ne veulent plus nous voir, on arrive toujours à être heureux.
Quand quelqu'un me dit "Ah, mais je connais la pansexualité !"
Quand quelqu'un me dit qu'il ou elle est pan.
Quand quelqu'un me sourit en disant que mon drapeau est très beau.
Quand un parent de l'association vient chercher son enfant en disant qu'il regrette.
Quand quelqu'un de ma famille me défend.
Quand nous sommes acceptés, tout simplement.
N'oubliez pas qu'il y a toujours des moyens de s'assumer et d'être heureux. En même temps. Attendez de pouvoir être indépendant, et n'oubliez pas que la chance va vous sourire, à vous aussi. Que vous soyez homo, hétéro, transgenre, non-binaire, vous finirez par avoir droit à vos bonheurs et à vivre comme vous êtes.
Gardez espoir, un jour, vous serez heureux.
- Yasmina
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