4 : Arya, le garçon qui aurait dû être une fille
Je m'appelle Arya.
J'ai quatorze ans.
Je suis un garçon, et je suis née fille.
J'aime tous les genres, et l'intelligence m'attire quel que soit le genre.
Mon physique est masculin.
Et tout ça, ça fait mon identité.
Toute ma vie, on me reproche d'être un garçon.
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Ce lundi matin, Arya dort. Elle n'a pas cours, elle n'a plus cours. Elle aimerait bien, pourtant, mais à son collège, c'est beaucoup trop dur de faire face aux stupides commentaires des adolescents. Alors depuis quelques mois, elle refuse d'aller à l'école.
Chez elle, ses parents ont eu un peu de mal, au début. Son père, surtout, qui refusait de l'appeler Caleb comme elle le demandait. Mais sa mère et sa soeur l'ont soutenue, et depuis, Arya s'appelle Caleb chez elle. Ses parents ont accepté de lui faire couper les cheveux, malgré les regards tristes des coiffeuses lorsqu'elles les ont coupés, et de lui acheter des habits plus "masculins". Le reste de sa famille en a fait un tabou. Ils n'en parlent pas, certains utilisent les bons pronoms, d'autres non. Arya les corrige à chaque fois, un jour, ils finiront par accepter, forcément.
Arya était un petit garçon manqué quand elle était petite. Ah, l'expression "garçon manqué", l'inverse de "pédale" dans l'imaginaire des gens, qui tolèrent une fille habillée en garçon mais pas un garçon habillé en fille. Arya n'avait de problèmes que lorsqu'on lui mettait des robes ou des jupes, elle s'y sentait mal. Ils essayaient de lui faire des anglaises, des couettes, jusqu'à ce qu'elle coupe accidentellement j'insiste ses cheveux avec les ciseaux de l'école.
Arya est venue au collège un beau jour, cheveux courts et habillée "comme un garçon". Mais dans son collège, ce n'est pas pareil. Déjà, il y a une cour pour les filles et une pour les garçons. La voilà obligée d'aller dans les toilettes des filles, alors qu'elle n'en est pas une. Forcément.
"Aaah, c'est une lesbienne refoulée ! Elle nous mate dans les chiottes !"
Arya aime les filles, Arya aime les hommes, Arya aime tout, mais ça n'a rien à voir avec le fait qu'elle soit un garçon.
Quand elle est arrivée au collège comme ça, toutes ses amies l'ont automatiquement agressée, et surtout rabaissée.
"T'es qu'une travelo !"
"Les transsexuels sont des malades !"
"Les filles ça a les cheveux longs !"
"Tu veux juste te démarquer !"
"C'est parce que t'aimes les filles ! C'est dégueulasse quand même, mais moins que d'être trans."
"T'es née fille, tu seras toujours une fille."
A chaque commentaire, c'est comme un couteau de poignard en plein coeur, mais surtout dans le dos, des filles qu'elle côtoie depuis dix ans. Aucune ne l'accepte, et toutes la font pleurer. Alors Arya s'est réfugiée dans un coin de la cour, là où personne ne vient l'embêter, d'habitude. Mais là... Les filles la prennent en photo, se moquent d'elle, et surtout se moquent sur les réseaux sociaux. C'est le début du cyber harcèlement, et même du harcèlement tout court, des filles qui essayent de la déshabiller pour vérifier "ce qu'elle est", de ceux qui la poussent, de ceux qui l'insultent, de ceux qui la frappent. Les professeurs ne disent rien. Le principal refuse de la passer dans le côté des garçons. Forcément.
Ses parents ont essayé de porter plainte, mais la plainte n'aboutit pas. Certaines publications sont retirées, mais le harcèlement continue. Alors Arya sombre peu à peu dans une dépression, avec toutes les conséquences qu'elle engendre, telles que la mutilation. Elle ne va plus au collège, et ses parents sont désespérés de la voir ainsi. Après tout, elle est juste un garçon ! Pourquoi tout ça ?
La psychologue a essayé de lui parler de trouble mental, qui nécessite un internement. Alors Arya a explosé. Elle a jeté ses habits de garçon. Elle est redevenue une fille physiquement, et elle a changé de collège. Arya a abandonné. Forcément.
Le temps hors du collège est passé vite. Elle y est retournée après quelques mois, mais dans un autre. Où elle espère que les gens seront moins transphobes et stupides.
Dans son nouveau collège, Arya a rencontré des gens bien plus ouverts, qui l'ont sortie de sa dépression. Elle a rencontré son actuelle petite amie, Yasmina. Yasmina est pan. C'est elle qui s'occupe du groupe LGBT+ du collège. C'est elle qui l'a convaincue de redevenir physiquement un garçon. La principale lui donne le droit d'aller dans les toilettes des hommes. Les professeurs l'appellent Caleb. Tout va mieux, forcément.
Seule la grand-mère paternelle, du côté de la famille, s'y oppose.
"De mon temps, on n'était pas comme ça, on était normaux."
"C'est une passe."
"Tu te cherches."
"Tu ne crois pas que tu es juste homosexuelle ?"
Heureusement, ses parents la défendent. Son oncle la défend. Ses autres grands-parents la défendent, et lui ont même offert un binder, à Noël. Arya va mieux. Grâce à tous ceux qui la soutiennent. Elle n'a pas laissé gagner les autres. Forcément.
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Je m'appelle Caleb.
J'ai vingt-deux ans.
Je suis un garçon , et je suis né fille.
J'aime tous les genres, et l'intelligence m'attire quel que soit le genre.
Mon physique est masculin.
Et tout ça, ça fait mon identité.
Toute ma vie, on m'a reproché d'être un garçon.
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Aujourd'hui, tout va bien pour moi. Je suis encore avec Yasmina, et on a ouvert une association officielle pour les LGBT+, les aider à avoir un bon passing et à se comprendre. Yasmina est polyamoureuse, elle a um petixe ami.e non-binaire, avec qui je m'entends très bien.
Tous les trois, on a plein de projets. Moi, j'ai décidé de ne pas changer de sexe, parce que ce n'est pas un pénis qui fera de moi un véritable garçon, je le suis déjà. J'ai opté pour un physique plus androgyne, du maquillage par exemple. Et je l'assume. Je suis maquillé, cheveux courts, teints, et j'ai des poils. Et les gens ne savent jamais comment m'appeler, c'est hilarant.
Je suis toujours un garçon, même maquillé. Je suis même un garçon heureux, qui a revu une de ses anciennes amies il n'y a pas longtemps. Elle est paraplégique, maintenant, parce qu'elle aussi a subi du harcèlement qui est allé trop loin. Je l'ai pardonnée bien sûr. Elle regrette sincèrement.
Il y a toujours des commentaires négatifs. Il y a toujours des jugements. Mais il y a aussi des bons moments, de joie, de partage, et surtout d'amour. Car n'oublions pas que c'est de l'amour. Et même si les gens nous fusillent du regard, même si les enfants nous montrent du doigt, même si parfois, c'est dur de se dire que ses propres parents ne veulent plus nous voir, on arrive toujours à être heureux.
Quand quelqu'un me dit que je suis beau.
Quand quelqu'un me parle de la transphobie, et me dit que les transphobes sont des cons.
Quand quelqu'un me dit que le genre ne fait pas le sexe.
Quand mon psychiatre m'a prescrit les hormones sans me demander si "je suis vraiment sûr d'être un garçon, parce que quand on est ado, des fois.."
Quand quelqu'un me dit que lui aussi est trans.
Quand nous sommes acceptés, tout simplement.
N'oubliez pas qu'il y a toujours des moyens de s'assumer et d'être heureux. En même temps. Attendez de pouvoir être indépendant, et n'oubliez pas que la chance va vous sourire, à vous aussi. Que vous soyez homo, hétéro, transgenre, non-binaire, vous finirez par avoir droit à vos bonheurs et à vivre comme vous êtes.
Gardez espoir, un jour, vous serez heureux.
- Caleb
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Caleb a eu une histoire plus triste, mais parfois bien plus proche de la réalité.
Je préviens que vous aurez une partie bonus après le prochain chapitre, celui sur la pansexualité.
Bisous bisous c:
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