Bonjour, bonsoir à tous !

Petite introduction pour expliquer le titre et les prénoms.

J'ai employé la phrase "aurait dû être un garçon" par rapport au regard de la société, mais bien sûr qu'on ne dit pas que Damien est une erreur... Je pense du coup changer les titres de Mary et Steve, parce que je préfère insister sur le côté négatif de la société à leurs égards. Aussi, vous allez me dire que je mégenre Damien pendant toute la première partie. Oui, et c'est voulu. Parce que j'insiste sur la souffrance liée aux mauvais pronoms. Mais vous verrez que Damien, ou plutôt Daphné, est bien genrée à la fin. Je sais très bien que Damien est une fille.

Quant au prénom choisi par Damien, Daphné, c'est une référence à une YouTubeuse trans qui fait face à de nombreux commentaires transphobes, et qui se fait mégenrer en permanence. On tenait à lui rendre hommage. Et aussi, Ananké fangirl dessus.

- Même pas vrai !

Menteuse. Bref, Daphnis, si tu passes par là.

Bonne lecture :)

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Je m'appelle Damien.

J'ai dix-huit ans.

Je suis une fille, et je suis né garçon.

J'aime les filles et les hommes féminin.e.s, et les filles et les hommes féminin.e.s m'attirent.

Mon physique est masculin.

Et tout ça, ça fait mon identité.

Toute ma vie, on me reproche d'être une fille.

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Aujourd'hui, Damien va au lycée, comme tous les lundis. Ce matin, il a pris le petit-déjeuner en compagnie de sa mère, de son père et de ses deux frères. Hier, il leur a dit qu'il était une fille. Mais ce matin, tout le monde l'appelle Damien. Puisqu'il est né garçon, il est un garçon. Forcément.

Hier, quand il leur a fait son coming-out par lettre, ses parents ont balayé ses mots et son mal-être d'une seule réplique.

"Tant que tu auras un pénis, tu seras un garçon. Arrête de te prendre pour ce que tu n'es pas."

Il est blessé, bien sûr. Sa mère ne voudra pas lui acheter d'habits un peu plus féminins, ni même lui laisser pousser les cheveux.

"C'est trop féminin, t'es pas une fille !"

Si, a t-il envie de lui répondre. Si, je suis bien une fille.

Si ses parents ne comprennent pas, c'est parce que Damien, quand il était petit, était un "garçon". Un "garçon" dans le sens où il était toujours dehors, à jouer au foot. Il se salissait, il avait des cheveux courts, des jeans déchirés, une bande de garçons, et il courait après les filles à la récréation. Mais Damien était un enfant. Et il ne voyait pas les problèmes de ces cases de "garçon" et de "fille". Il ne se demandait même pas s'il pouvait avoir un amoureux. Parce que Damien a été élevé comme ça, tout simplement.

Au collège, il a essayé de voler les habits de sa mère, parce qu'il se sentait mal dans ce corps. Ses parents, désespérés, l'ont amené à un psychologue pour le "soigner". Il leur a simplement répondu qu'il s'agissait d'une passe, et qu'ils n'avaient pas à s'inquiéter. Parce que c'est inquiétant que ton fils soit une fille. Forcément.

Damien est donc resté un garçon, à qui ses parents interdisent les vêtements "de fille", le maquillage et les cheveux longs.

"Tu n'es pas une fille, Damien !"

Même ses frères ne se privent pas pour se moquer. Et les parents rient avec eux, après tout, ils n'ont que quatorze et onze ans, ce sont des blagues d'enfant.

"Ouh, la princesse !"

"Ben alors, t'as oublié ton maquillage ce matin, grand frère ?"

Damien les ignore, mais il est terriblement blessé et surtout, terriblement seul. Heureusement, ses amis le soutiennent. Sa petite amie ne le sait pas. Et il n'ose pas lui dire, et si elle le quittait ? Il l'aime, qu'il soit un garçon ou une fille ! Il aime les garçons et les filles, tant qu'iels sont féminin.e.s. Mais c'est une autre histoire.

Au lycée, bizarrement, les choses ne sont pas trop mauvaises pour lui. Bien sûr, il se fait mégenrer en permanence. Et ça lui pèse, d'entendre les gens parler de lui au masculin, de devoir se genrer au masculin dans ses devoirs. Il a horreur de ça. Nous avons horreur de parler de lui comme ça, parce qu'elle n'est pas un "il". Mais la société veut ça, forcément.

Lorsqu'il a fait son coming-out à sa famille, le dimanche, au repas du soir avec ses grands-parents et ses oncles, tantes, neveux, nièces, cousines, réunis pour les 90 ans de son grand-père, Damien a lâché sa bombe, il est une fille. Et les réponses ne se sont pas faites attendre.

"Tu te cherches, bientôt ça ira mieux."

"Mais comment tu peux être une fille si t'as une bite ?"

"Tu seras toujours mon neveu, tu sais.

"Tant que tu changes pas de sexe, tu penses ce que tu veux."

Certains, peu au courant, posent les questions des gens qui ne savent pas.

"Du coup t'aimes les talons hauts, le maquillage à outrance et tout ?"

"T'es un travelo, ça veut pas dire que t'es une meuf."

"T'as un problème mental, ça se soigne tu sais."

"Y'a qu'un médecin qui peut dire si t'es une fille."

"T'es juste un gay refoulé."

Damien n'arrive pas à leur répondre à tous, il a juste envie de pleurer. Il se mutile depuis si longtemps déjà, il essaye de le cacher mais c'est si dur parfois, quand il croise d'autres filles, quand il entend les commentaires de sa famille, ou quand on l'insulte juste parce qu'il est une fille.

Une seule tante a réussi à comprendre. Mais pas totalement.

"C'est pas grave d'aimer les garçons et d'être transsexuel, tu sais !"

Damien n'a même pas envie d'essayer de lui expliquer la différence entre genre et orientation, ni qu'on ne dit plus transsexuel. Mais, juste une personne qui accepte, même si elle confond, c'est tellement agréable. Rien que pour ça, malgré ces erreurs, ses yeux brillent et une petite lueur d'espoir reste allumée. Forcément.

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Je m'appelle Daphné.

J'ai dix-neuf ans.

Je suis une fille, et je suis née garçon.

J'aime les filles et les hommes féminin.e.s, et les filles et les hommes féminin.e.s m'attirent.

Mon physique est féminin.

Et tout ça, ça fait mon identité.

Toute ma vie, on m'a reproché d'être une fille.

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Aujourd'hui, tout va mieux pour moi, ou presque tout. Ma famille accepte de bien me genrer. J'ai des cheveux longs, une apparence féminine et même un peu de poitrine ! Dans la rue, dans les magasins, partout, on me dit "bonjour mademoiselle". Dans ma fac, ils ont accepté de changer mon prénom en Daphné. Sur les papiers officiels, mon sexe est toujours masculin, mais quand je finirais ma transition, je demanderais un sexe féminin. Je serais bien Daphné.

Ma petite amie m'a larguée quand elle a appris que j'étais une fille. Mais j'en ai trouvé une bien mieux, lesbienne, et qui n'a pas rejeté le fait que je sois trans : Mary. Même si ça lui fait bizarre que mon corps soit encore celui d'un garçon, elle m'accepte. Elle m'a présenté son cousin Caleb, transgenre FtM, et on s'entend super bien, lui et moi.

  Il y a toujours des commentaires négatifs. Il y a toujours des jugements. Mais il y a aussi des bons moments, de joie, de partage, et surtout d'amour. Car n'oublions pas que c'est de l'amour. Et même si les gens nous fusillent du regard, même si les enfants nous montrent du doigt, même si parfois, c'est dur de se dire que ses propres parents ne veulent plus nous voir, on arrive toujours à être heureux. 

Quand quelqu'un nous dit qu'on forme un très joli couple de filles.   

Quand quelqu'un de ma famille m'appelle Daphné. 

Quand quelqu'un dans la rue, n'importe qui, me dit "elle" et "mademoiselle".

Quand Mary me dit que mon sexe, on s'en tape.

Quand quelqu'un dit que les personnes trans sont comme les personnes cis. 

Quand nous sommes acceptés, tout simplement.

N'oubliez pas qu'il y a toujours des moyens de s'assumer et d'être heureux. En même temps. Attendez de pouvoir être indépendant, et n'oubliez pas que la chance va vous sourire, à vous aussi. Que vous soyez homo, hétéro, transgenre, non-binaire, vous finirez par avoir droit à vos bonheurs et à vivre comme vous êtes.

Gardez espoir, un jour, vous serez heureux.

- Daphné

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Daphné soutient tous les trans qui existent.

Comme vous avez vu, on a décidé de ne pas oublier les personnes trans ET non-hétéro, qui existent et qu'on a un peu zappé avec Mary et Steve. On se rattrapera, n'oubliez pas qu'on doit représenter toute la diversité !

Bisous bisous.