1 : Mary, la fille qui aurait dû aimer les garçons

Chers SJWs, ne criez pas tout de suite. Quand on dit "aurait dû", c'est parce que c'est ce que la société voulait. Pas que c'est une erreur.

Bonne lecture !

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Je m'appelle Mary.

J'ai dix-sept ans.

Je suis une fille, et je suis née fille.

J'aime les filles, et les filles m'attirent.

Mon physique est féminin.

Et tout ça, ça fait mon identité.

Toute ma vie, on me reproche d'aimer les filles.

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Aujourd'hui, Mary va au lycée, comme tous les jours. Malgré le fait que la peur lui torde le ventre, qu'elle ne puisse rien avaler tellement elle a peur, et que ses parents ne sachent même pas pourquoi. Mary a fait son coming-out en seconde. Elle a embrassé sa petite amie devant tout le monde, et depuis, tous les jours, elle reçoit les moqueries et les insultes de bon nombre de stupides gamins. Forcément.

Le pire, c'est que ce matin, comme tous les lundis, Mary a sport. En sport, les filles la regardent de travers, certaines l'obligent à se tourner.

"Tu vas nous mater, sinon !"

Comme elles disent à chaque fois. Mary a bien essayé de leur expliquer que ce n'est pas son genre, rien n'y fait. Puisqu'elle aime les filles, elle les mate toutes et sans louper une occasion. Forcément.

Ses parents n'en savent rien. Quand Mary était en maternelle, elle a eu un amoureux, et toute sa famille lui disait qu'ils étaient trop mignons, qu'ils se marieraient et qu'ils auraient des enfants. C'était le projet parfait selon eux. Mais quand Mary a eu une amoureuse, leur discours a changé. Ils ont pris ces "bêtises d'enfants" pour une menace et ont interdit à Mary de revoir son amoureuse. Et Mary, même si elle n'a pas compris, a écouté ses parents et s'est convaincue qu'elle aimait les garçons. Puisque c'est la normalité. Forcément.

A tous les repas de famille, on lui parle de son futur, du gentil mari qu'elle pourrait rencontrer. Ses parents ne disent jamais "as-tu trouvé l'amour ?" ou simplement "un mari ou une femme !". Ce n'est pas concevable, pour eux, que leur fille aime autre chose que les garçons. Mais attention, ils ne sont pas homophobes !

"Je suis pas homophobe, mais je ne veux pas d'homosexuel dans ma famille."

Evidemment. Et que dire de la transsexualité du cousin de Mary, Caleb ? Le jour où il a fait son coming-out en tant qu'homme trans, les parents ont refusé de les revoir, lui et ses parents. Toute sa famille, en somme.

"Elle est malade, il faut la soigner ! Ne la laissons pas approcher, elle pourrait déteindre sur nos enfants. J'ai rien contre les transsexuels, mais je veux pas que ma fille le soit ! Et de toute façon, je ne la laisserais pas faire."

Non, les parents de Mary ne sont jamais quoi que ce soit. Tant que cela ne touche pas leur famille, ils acceptent tout.

"Je suis ouvert d'esprit, je dis pas qu'il faut les tabasser ! Juste que c'est pas normal."

Car bien sûr, tant qu'on ne veut pas frapper quelqu'un, on est ouvert d'esprit. Forcément.

Mais le jour où elle a commencé à être jalouse de ceux qui approchaient sa meilleure amie, où elle s'imaginait l'embrasser et sortir avec elle, alors qu'elle n'y arrivait pas avec son petit ami, elle s'est posé des questions. C'était au collège, l'âge où les enfants sont vicieux et moqueurs. Mary savait qu'aimer les filles ne passerait pas dans son école, religieuse et majoritairement composée de garçons. Alors Mary a largué son petit ami, et elle a attendu. Au lycée, tout irait mieux. Forcément.

Mais au lycée, rien n'est allé mieux. Son coming-out ne lui a apporté que des ennuis. Elle se fait chahuter, bousculer. Les professeurs disent que ce ne sont que de gentilles taquineries, rien de méchant ! Ce sont encore des enfants. Il ne faut pas s'inquiéter. Forcément.

Mary a fait son coming-out à ses amies, aussi. On accepte forcément ses amis, non ? La première phrase l'a surprise.

"Je croyais que ça n'existait pas, les lesbiennes !"

Mary s'est dit qu'un peu d'ignorance n'était pas bien grave. Mais...

"T'as suivi la mode, c'est cool d'être lesbienne alors tu dis que t'es lesbienne !"

"T'as jamais essayé avec un homme, tu peux pas savoir s'ils t'attirent ou pas !"

"C'est parce que t'as pas trouvé le bon ! Chagrin d'amour, c'est ça ?"

Trop d'ignorance devient grave. Mary passa la journée à leur expliquer pourquoi elle sait qu'elle est lesbienne, et que non, elle n'aime pas les hommes. Que ça n'est pas un chagrin d'amour, qu'elle ne peut s'imaginer, plus tard, qu'avec une fille. Qu'embrasser un garçon la dégoûte.

Le lendemain, Mary est revenue avec le sourire, contente d'avoir été acceptée par ses amies. Mais bien souvent, après l'ignorance, vient la stupidité.

"C'est pas naturel d'aimer une femme !"

"Tu nous aimes toutes, c'est pour ça que tu traînes avec nous ?"

"Mais ça se voit pas, t'es féminine !"

"T'es infidèle, du coup ? Tu couches avec combien de filles par jour ?"

Mary ne les aime pas, à part sa meilleure amie, pas plus qu'elles n'aiment tous les hommes qui leur disent bonjour. Elle est féminine parce qu'elle aime ça, parce que le maquillage et les robes lui plaisent, et pas parce qu'elle est hétéro. elle leur montre des exemples de filles hétéros et masculines, pour qu'elles comprennent. Mais quand l'éducation devient trop stricte, il est impossible de démontrer. Forcément.

Alors elle est partie traîner avec des garçons qu'elle aime bien. 

"Nous t'inquiète, on aime tout le monde ! Les travelos, les lesbiennes, tout ! La catégorie lesbian sur pornhub, c'est la meilleure !"

Même ici, Mary est réduite à un objet sexuel, qui ne pense qu'à baiser toutes les filles qu'elle croise et à servir dans des films pornos. Souvent, certains oublient que ce sont des personnes, quelles que soient leurs orientations, quels que soient leurs genres.

"Qui fait l'homme dans ton couple ?"

"Je peux te rendre hétéro !"

Même si elle sourit, tout cela la blesse. Il faut donc un homme pour être heureuse ? On ne peut passer toute une vie en tant qu'amoureuse des filles ?

L'infirmière du lycée essaye souvent de lui démontrer que non, qu'elle n'aime pas les filles, que c'est juste un passage. Qu'un jour, ça passera avec le bon. C'est là que Mary pensa que son problème n'avait aucune issue. Forcément.

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Je m'appelle Mary.

J'ai dix-neuf ans.

Je suis une fille, et je suis née fille.

J'aime les filles, et les filles m'attirent.

Mon physique est féminin.

Et tout ça, ça fait mon identité.

Toute ma vie, on m'a reproché d'aimer les filles.

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Aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, j'ai dix-neuf ans. J'ai fait mon coming-out à ma famille juste après le lycée, et elle l'a très mal pris. Sauf Caleb, mon cousin, que je revois, et que j'aide dans sa transition. Quand je lui ai dit que j'aimais les filles, il m'a simplement dit "et alors ?". Et depuis, je le vois toutes les semaines.

Je suis en couple avec une fille. Je l'ai rencontrée à la fac, je fais des études là bas et je me suis assumée dès le premier jour, avec un sweat "J'aime les filles et je t'emmerde". Et personne n'est venu m'embêter. Toutes les deux, on est heureuses. On prévoit de se marier. Même sans ma famille, j'arrive à avancer. Mais pas d'enfants, une femme n'est pas faite que pour les enfants.

Il y a toujours des commentaires négatifs. Il y a toujours des jugements. Mais il y a aussi des bons moments, de joie, de partage, et surtout d'amour. Car n'oublions pas que c'est de l'amour. Et même si les gens nous fusillent du regard, même si les enfants nous montrent du doigt, même si parfois, c'est dur de se dire que ses propres parents ne veulent plus nous voir, on arrive toujours à être heureux.  

Quand quelqu'un nous dit qu'on forme un très joli couple.

Quand quelqu'un nous demande si on va se marier.

Quand quelqu'un nous dit qu'un enfant sera très heureux avec nous.

Quand quelqu'un nous fait un clin d'œil quand ça parle de mariage.

Quand quelqu'un nous invite à une soirée couple, et que personne ne nous demande où sont nos petits amis.

Quand quelqu'un de la famille de ma petite amie nous accepte.

Quand nous sommes acceptées, tout simplement.

N'oubliez pas qu'il y a toujours des moyens de s'assumer et d'être heureux. En même temps. Attendez de pouvoir être indépendant, et n'oubliez pas que la chance va vous sourire, à vous aussi. Que vous soyez homo, hétéro, transgenre, non-binaire, vous finirez par avoir droit à vos bonheurs et à vivre comme vous êtes.

Gardez espoir, un jour, vous serez heureux.

- Mary

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Mary soutient toutes les lesbiennes qui passent par là ! Préparez-vous à dire bonjour à Caleb, aussi. Vous allez le croiser.

Est-ce que certaines/certains se reconnaissent ?

On espère que ce premier texte vous a plu, n'oubliez pas qu'on met en place pour le moment. C'est notre projet à tous, vous aidez par vos témoignages qui m'ont donné un sacré coup de main, et nous on écrit ;)

Bisous bisous !  

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