La conversation qu'on aurait dû avoir, on ne l'a pas eu. J'ai reçu ton long message pavé de belles paroles et de bonne intentions, scrutant jusqu'aux dernières lignes pour les trois seuls mots qui m'intéressaient : « je suis désolé ». C'est tout ce que je souhaitais; un soupçon de culpabilité. Quelque chose, un indice, des miettes de pains qui auraient pu me mettre sur le chemin du tourbillon de regrets dans lequel tu te perdais depuis quelques mois. De ton monde qui s'effondrait sous tes yeux et tes sentiments d'emoi. Et les remords te noient. Ou bien tu crois naïvement que de plates excuses blanchiront tes péchés et soulageront ton mauvais karma. « Je suis désolé » dissimulé entre un enchaînement de phrases bancales et un « merci » mimé poliment sur l'écran noir. Dans le fond, je crois que j'avais besoin de ça pour conclure ce récit. J'avais besoin de toi pour comprendre en soit que je ne me terrais pas dans le faux, que je n'étais pas folle et que ce n'était pas que dans ma tête. Car même si j'avais posé un point final après notre dernière interaction, c'est comme si t'avais réouvert ce pitoyable chapitre de ma vie histoire de le clore beaucoup plus fermement. C'est redondant. J'avais besoin de ça au final, pas de toi. On ne l'a pas eu cette discussion que l'on aurait dû avoir, ni ébauché les prémices de celle que l'on aurait pu entretenir. Ça s'est fini comme ça a commencé; un trajet dans un bus durant une soirée maussade. A parler de cette fille après moi, a qui t'avais proposé de finir tes jours avec. Quand enfin après toi, je ne crois plus en la venue du déluge.