Chapitre XVIII



          Les hommes de Niall revinrent au trot près de la pente, ils virent leur laird juste en bas avec celle qui aurait du être leur nouvelle maîtresse ainsi que le laird MacCullen à ses côtés. Lorsqu'ils mirent pied à terre, l'un d'eux ramena le cheval d'Alaric jusqu'à Niall qui s'en saisit à son tour.

« Kenna-...

--Je sais, lui répondit-elle dans un souffle en le regardant dans les yeux.

-- T'a-t-il violenté ?

--C'est du passé.

Il contracta sa mâchoire et baissa ses yeux sur son poignet.

--Il faut te le replacer. »

La jeune femme suivit son regard. Elle observa sa main impotente puis se demanda avec quelle force avait-elle pu avoir pour se permettre de briser son poignet de cette manière. Lorsqu'elle sentit ses bras se desserrer de son corps, Kenna s'assit sur ses talons et joignit ses mains au milieu de ses cuisses.

« Fais-le.

À ces mots, Alaric la regarda d'un air grave. Il regretta ses paroles, il aurait du la renvoyer chez Niall et la guérisseuse s'en serait occupée à sa place.

--Alaric, il faut bien que quelqu'un me le fasse, continua-t-elle en étirant sa bouche en un sourire qui voulut se faire rassurant. »

Mais elle ne lui offrit qu'une belle grimace, due à sa fatigue et sa souffrance. Dans un soupir, il glissa ses mains jusqu'à la sienne et la posa sur l'une de ses cuisses. Il chercha ensuite des yeux quelque chose sur laquelle elle mordrait afin d'atténuer la douleur. Son regard se plaça sur sa manche qu'il finit par déchirer, une fois qu'il enroula le tissu afin d'en faire un rouleau, Alaric le lui tendit. Au départ, elle le regarda avec de grands yeux, puis posa son regard dans le sien, et lorsqu'elle comprit ce qu'il attendait d'elle, Kenna le prit afin de le coincer entre ses dents.

« Je compte jusqu'à trois, lui informa-t-il en soutenant le regard inquiet qu'elle ne cessait de lui montrer depuis le début. »

Cette lueur d'anxiété n'avait pas arrêtée de danser au fond de ses pupilles verdoyantes, comme si elle s'inquiétait qu'une catastrophe se produise. Bien qu'elle soit en sureté à ses côtés, la jeune lass devait penser à ce qui s'ensuivrait par la suite. Comme lorsqu'il apporterait la tête de Cameron. Est-ce que cette guerre continuerait ? Le roi Jacques demanderait-il à éradiquer les traitres qui avaient rejoints les rangs de Cameron ? Est-ce qu'il irait se battre...Le reverrait-elle en vie ?

Kenna hocha de la tête. Elle était prête. N'était pas effrayée. Du moins, plus après ce qu'elle venait de traverser. Mais elle ne le regrettait pas. Elle avait aidé Alaric et son clan. Avait épargné à celui de Niall d'être coupable de trahison, comme le sien le fut autrefois. Même si cela lui avait valu son amour pour Alaric.

« Bien, dit-il simplement.

Serrant ses dents, elle ferma ses paupières et serra sa main valide en un poing ferme qu'elle posa près de son cœur.

--Trois !

Sa respiration se coupa brusquement, elle rouvrit ses yeux et le découvrit lui montrer une grimace douloureuse tandis qu'il relâcha son poignet. Elle ouvrit sa bouche et laissa tomber le tissu entre eux, qui retomba sur le sol puis elle s'exclama :

--Tu as dis à trois !

--Et bien, j'ai dis trois.

--Qui t'a appris à compter ?

--C'est un secret. »

A la fin de ses paroles, Alaric lui sourit, amusé par le regard noir qu'elle posait sur lui. Cependant, petit à petit, elle finit par s'adoucir et le regarda avec un sourire. Même si ses yeux étaient embués de larmes. Elle se retenait visiblement de pleurer dû à la douleur qu'elle avait ressenti. D'ailleurs, sa main tremblait légèrement.

« La tête de Cameron doit mettre fin à cette bataille, Alaric, lui rappela-t-elle. »

Oui, elle avait raison. Et il devait se mettre en route, il espérait tout de même qu'aucune bataille n'avait déjà commencé car c'était son frère qui était à la tête de leurs hommes et si jamais il mourrait, Neassa lui couperait les bourses. En se relevant, le laird se rappela tout de même que la dernière fois qu'elle avait voulu se tenir debout, Kenna avait manqué de s'écrouler au sol. Alors il la souleva du sol et l'emmena jusqu'au cheval que tenait Niall en main. Une fois qu'elle fut assise à califourchon sur la scelle de Niall, il revint en arrière afin de se saisir de la tête de Cameron. Une fois de retour,  près de sa monture, il l'enfouit dans son sac de cuir à l'arrière, puis monta sur le cheval qu'il lui appartenait tout en remerciant le laird MacKenzy de le lui avoir gardé. Et enfin il attendit que Niall grimpe à son tour en faisant en sorte de placer Kenna devant lui.

« Je peux vous envoyer mes hommes dans le cas où la situation dégénérerait, lui informa le MacKenzy à ses côtés.

--Ne vous donnez pas ce mal, je ne pense pas qu'ils continueront de se battre pour une cause déjà perdue.

--Les MacBean sont, pour la plupart, des lâches, intervint la jeune femme en essayant de se tenir confortablement sur la scelle. Lorsqu'ils verront que Cameron est mort, ils reviendront prêter allégeance au roi en espérant qu'il soit assez miséricordieux pour ne pas les éradiquer de l'Écosse.

--Je me doute que Jacques le fera, les MacBean ont un commerce qui rapporte à l'Écosse, continua Niall.

--Nous verrons ce qu'il en pensera. Pour l'instant, je vous remets Kenna à vos bons soins. Je reviendrais la chercher d'ici onze jours. Et d'ici ces onze jours, ma douce, j'espère que vous serez prête pour notre mariage.

La Flamboyante écarquilla des yeux et se tourna vers Niall qui fut autant surprise qu'elle.

--Alaric, c'est...trop tôt, lui souffla-t-elle.

--Puisque le roi Jacques a promis de rétablir votre clan, les lairds célibataires se précipiteront à vos pieds.

--Pourquoi le roi a-t-il décidé de rétablir mon clan ?

--Vous êtes celle qui a envoyé mon homme de main prévenir le roi des plans de Cameron, qui s'avèrent justes jusqu'ici. De plus, en sachant que je suis à la tête à présent d'un des clans les plus fortunés et fidèles à la couronne, et qu'en échange de le défendre contre cette menace, je lui ai exposé mes conditions.

--Dans laquelle, vous demandiez ma main-...

--Mais puisque votre clan était coupable de trahison, il ne pouvait me lier à toi sauf s'il rétablissait ton clan. »

Si Kenna avait eu l'autorisation de se marier avec le laird MacKenzy, c'était simplement parce que ce clan n'était pas une très grande menace pour la couronne. Et que si jamais ce clan trahissait le roi, il lui suffisait d'envoyer des forces armées pour les exterminer. D'ailleurs, les MacKenzy avaient perdu beaucoup d'hommes depuis la guerre opposant les Campbell pour lesquels ils avaient combattus face aux MacCullen.

« Dans onze jours, m'eudail. Je vous attendrais dans le cercle de menhir. »

À ces mots, elle le vit se mettre au galop en se dirigeant à l'extérieur de la forêt. Niall voulut faire de même, mais Kenna lui demanda très rapidement de se mettre au trot étant donné qu'elle se sentait déjà assez nauséeuse ainsi. Pendant tout le long du chemin, il fut silencieux ce qui l'avait obligé à l'être elle aussi. Chagrinée par la situation dans laquelle elle l'avait mis, Kenna ne voulait pas débuter une conversation qui ne mènerait à rien. Elle aurait voulu lui expliquer depuis le départ qu'elle en aimait un autre, mais elle avait trop été préoccupée par Cameron dans la forteresse qu'elle n'avait pas encore osé le lui dire.

« Tu n'as pas à te sentir désolée.

La jeune femme glissa ses yeux sur le bras qui entourait sa taille afin de la maintenir contre son torse. Puis elle le plaça sur la tête de l'animal qui dodelinait de haut en bas.

--J'aurais du te le dire plutôt.

--Peut-être. Mais tu as fais preuve de loyauté.

--...Je ne pense pas.

--Tu es bien revenu à mes côtés, n'est-ce pas ?

--Il est juste, cependant, je pensais plus à fuir l'amour que je portais pour le laird MacCullen que-...

--Quand bien même Kenna, tu es revenu. Alors ne sois pas aussi triste. »

Elle opina simplement de la tête, mais en pensait tout le contraire de ce qu'il était en train de lui dire. Elle aurait pu le faire souffrir simplement en étant tombée amoureuse d'un autre durant leurs premières années de mariage. Et si elle avait l'audace, comme il le pensait si bien, de revenir à ses côtés, pour elle ce n'était que de la lâcheté. Kenna avait fui au lieu de prendre ses responsabilités en mains et d'avouer ses sentiments pour Alaric. Et pendant le long chemin menant jusqu'au domaine, elle n'avait cessé d'y penser.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans la cour, tout le monde fut soulagé de la revoir en vie, de plus ils le furent davantage quand les farouches Highlanders devant leurs portes avaient quittés les terres des MacKenzy.

Niall sauta sur le sol avant de prendre dans ses bras la jeune femme qu'il décida de porter. Il l'avait entendu plusieurs gémir de douleurs lorsque son bras le resserrait contre son torse, Kenna devait souffrir à cet endroit-là et le fait qu'elle ait failli retomber sur le sol près d'Alaric, ses yeux ne l'avaient pas loupée. Au pas de charge, il se dirigea jusqu'à l'infirmerie où Tara s'occupait, à son arrivé, de broyer des herbes dans un pot en bois.

« Je savais que vous me l'apporteriez. Posez-la sur le lit, lui commanda-t-elle en glissant l'une de ses mèches blondes derrière son oreille.

--Merci, Niall, lui fit la jeune lass d'une voix douce. »

Tara attendit que son laird s'en aille afin d'aller la voir sur le lit. Celui-ci hésita à la laisser seule ici, il était resté près du lit en bois et avait tenté de bien l'installer dessus, une fois qu'elle l'eut remercié, le laird MacKenzy s'était gratté l'arrière du crâne en se demandant ce qu'il pourrait faire à présent. Jusqu'à ce qu'il ait dans l'idée de préparer une escorte pour le voyage de la jeune lass avec la robe qu'elle avait choisi pour se marier avec lui.

En quittant la pièce, Niall s'était senti soulagé d'un côté...Kenna et lui ne seront pas mariés. Il savait qu'il aurait été malheureux à ses côtés, elle n'était qu'une amie d'enfance, pas son âme-sœur. Il avait tenté de se rapprocher d'elle, d'agir en parfait amoureux transit afin de la rassurer...Quand bien même, cela n'avait pas réellement servi. Elle en aimait un autre depuis le début, même si le fait qu'elle ait pu se donner à un autre que lui, l'avait blessé. Tout compte fait, cela se finissait bien, n'est-ce pas ?

La guérisseuse, de son côté, s'approcha de la jeune lass avant de tirer un tabouret jusqu'à elle et de la regarder après qu'elle s'y soit installée dessus.

« Dites-moi, lass...commença Tara avant de l'examiner. »

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