with or without you
La pluie s'acharnait sur le pays du Feu ; des torrents de larmes s'abattaient sur cette terre bafouée par la violence et le sang. Un énième gémissement de douleur s'échappa des lèvres de la jeune Yoshihiro. Elle jeta un coup d'œil au brun qui tentait tant bien que mal de désinfecter la lame d'un kunaï et esquissa un sourire ; c'était étrange, ce bout d'homme avait fait bien plus en deux semaines que le père de son enfant. Elle posa une main protectrice sur son ventre et remercia le ciel pour la pluie qui couvrait ses larmes ; elle connaissait déjà la fin de tout ça. Elle étouffa un sanglot entre ses lèvres.
Les mains tremblantes, il coinça un juron entre ses dents et nettoya la lame de son kunaï ; il ne l'avait pas vraiment utilisé depuis le début de cette fichue guerre, le katana qu'il avait trouvé par hasard lui suffisait amplement. D'un pas maladroit, il s'accroupit devant les cuisses de la brune et retira son vieux pull ; ce bébé aurait besoin d'un endroit où il serait au chaud, à la sortie de son cocon. Il le coinça au pied de l'arbre et posa son regard sur le visage de la jeune femme ; elle semblait tant souffrir et lui, il allait aggraver son cas. Il se mordit la lèvre et s'apprêtait à abandonner cette idée lorsqu'elle glissa sa main sur son poignet.
- « ne m'abandonne pas, s'il te plaît » souffla-t-elle, dans un murmure douloureux
Il se retrouvait happé par le regard de la brune ; un soupir s'échappa de ses lèvres et il acquiesça. Elle lui avait rapidement montrée là où il devrait planter la lame de son kunaï et ce qu'il devrait faire, ensuite ; pourtant, cette idée le terrifiait. Il prit une inspiration, sûrement dans le but de prendre un peu de courage et approcha la lame du ventre rond de la demoiselle.
- « attends » supplia-t-elle « il faut que je te dise quelque chose »
Le brun resta en suspens, un instant, écoutant ses mots qui se mêlaient au son de la pluie.
- « promets-moi de prendre soin de ce bébé » lâcha-t-elle, d'une voix tremblante « tu as fait plus pour ce bébé et moi que mon propre père et mon époux, tu as pris soin de nous et je veux que tu prennes soin de ce bébé, après ma mort »
Un faible sanglot s'échappa des lèvres du chef Nara et il essuya ses larmes d'un revers de manche tremblant, acquiesçant vivement à ces mots. Elle tendit le bras et caressa sa joue rugueuse du bout des doigts, d'un geste délicat.
- « je sens que c'est un petit garçon, est-ce que j'ai le droit de choisir son prénom ? » souffla-t-elle, dans un gémissement de douleur « s'il-te-plaît »
- « c'est ton fils, bien sûr que tu as le droit, idiote » lança-t-il, entre deux sanglots discrets
- « Shikae Nara, ça sonne bien, non ? »
Un petit rire cristallin s'échappa des lèvres de la jeune femme ; vite remplacé par un gémissement de douleur et il acquiesça, un sourire au coin des lèvres.
- « ça sonne très bien, je ne manquerais pas de lui parler de son incroyable maman, d'à quel point elle était forte et magnifique »
Avec une grande délicatesse, il se pencha et déposa ses lèvres sur le front tremblant de la brune ; et dans un élan de courage, il planta la lame dans son abdomen. Le cri qui s'échappa des lèvres de la jeune femme lui glaça le sang et il prit tant bien que mal sur lui pour ne pas s'effondrer à son tour ; et pour ne pas réagir lorsqu'elle tomba dans les pommes. Les mains sur les oreilles, Mitsuha détourna le regard ; en larmes. Il avait enregistré chaque geste, chaque mot qu'elle lui avait soufflée, entre deux gémissements de douleur ; et il tenta de faire du mieux qu'il pouvait. Les mains tremblantes, il arracha délicatement l'enfant aux entrailles de sa mère et le déposa dans son pull ébène ; le couvrant du mieux qu'il pouvait.
Il s'empressa de coller son oreille à la poitrine de Fune, cherchant désespérément le son des battements de son cœur dans sa cage thoracique, mais il se heurta au silence macabre ; à la froideur de son corps et cette expression dans ses yeux. Il lui ferma les yeux, délicatement et la couvrit tant bien que mal de sa veste ; il se retrouvait en tee-shirt sous la pluie, mais s'en fichait bien à cet instant. En deux heures, il avait perdu deux personnes qui comptaient tant pour lui ; il se sentait vide. Les pleurs du nourrisson résonnaient entre les arbres et deux hommes ne tardèrent pas à s'approcher d'eux ; ce sourire sadique sur les lèvres. Dans un souffle douloureux, il leur tourna le dos.
- « ce n'est pas le moment, partez » souffla-t-il, dans un grognement
Le rire d'un des deux hommes se mêla aux pleurs de l'enfant et un soupir s'échappa des lèvres du brun ; son regard se porta sur la douce Mitsuha, la tête entre les genoux et sur ce bébé, en larmes. Il étouffa un sanglot entre ses lèvres et attrapa son katana, contre l'arbre.
- « s'il vous plaît, partez »
Il fit face aux deux individus, sans un mot ; une fêlure au fond des yeux, ses mains tâchées du sang de Fune. Sûrement qu'à cet instant, il aurait tout donné pour s'éveiller dans son lit, la douce odeur exotique de Temari dans l'air et sa présence rassurante près de lui. La pluie résonnait dans son esprit ; il sentait cette obscurité près de lui, qui se collait à sa peau, qui entrait dans son corps, qui coulait dans ses veines. Un des deux hommes, un blondinet à l'allure robuste esquissa un sourire en remarquant le bandeau du village caché de la Feuille, attaché sur le bras du jeune Nara ; il fronça les sourcils.
- « eh, regarde ça ; il est du même village que le gros »
Ses iris brunes effleurèrent ces deux hommes et dans un élan agile, il s'élança avec rage. Il n'eut aucun mal à prendre la vie du premier ; la lame de son katana se planta dans son cœur avec une précision surprenante et il écouta le bruit étouffé de son corps qui tombe au sol. Son regard rencontra celui du blond qui se tenait devant lui et il s'élança vers lui, son katana en main ; le combat fut plus rude, son arme lui échappa des mains et il balança son poing dans l'abdomen de son ennemi. Les larmes de Mitsuha ne cessaient de couler le long de ses joues et il dévia la trajectoire d'un shuriken qui se dirigeait vers elle ; un gémissement de douleur s'échappa de ses lèvres lorsque la lame du kunaï de l'homme entra en contact avec son visage, l'entaillant profondément. D'un coup de pied agile, il envoya valser l'arme et se précipita sur lui ; le dos du blond heurta brutalement le sol et il le roua de coups, sans prendre une inspiration. Il ne tarda pas à rendre son dernier souffle dans un craquement d'os désagréable.
La vue des corps sous ses yeux lui arracha un haut de cœur et il prit sur lui pour ne pas vomir ses tripes ; qu'était-il en train de devenir ? Il était un tueur ; ses mains étaient couvertes de sang, un sang qui n'était pas le sien. Un hoquet de stupeur s'échappa de ses lèvres et le visage de Temari se glissa dans son esprit ; qu'allait-il lui dire ? Il était un monstre.
Une quinte de toux violente le prit et il se plia en deux, du sang s'échappant de ses lèvres ; il grimaça lorsque le bout de ses doigts entra en contact avec la plaie sur son visage. Il tourna les talons, sans un mot et s'approcha du corps inerte de la brune ; son sang s'échappait entre les brins d'herbe et il se pencha doucement pour récupérer le bébé, le collant contre son torse chaud. Ses iris rencontrèrent le regard effrayé de la petite fille et il s'approcha d'elle, d'un pas lent ; cette terreur au fond de ses yeux lui glaça le sang.
- « Mitsuha, ça va » souffla-t-il, d'une voix tremblante « tu ne crains rien, c'est moi »
Ses larmes ne cessaient de prendre la fuite sur ses joues d'enfant et le brun étouffa un sanglot entre ses lèvres ; il n'avait pas le droit de craquer maintenant, pas tout de suite. Il fit un pas en avant, un pas de plus pour se rapprocher d'elle, mais la terreur au fond de ses yeux l'empêchait presque d'avancer.
- « Mitsuha, c'est moi, Shikamaru » lâcha-t-il, au bord des larmes
Mais elle ne semblait pas se taire ; prise dans un amas de larmes, elle tentait tant bien que mal de survivre dans un univers horrible parce qu'à partir de ce jour, son enfance était bafouée. Il se mordit la lèvre brutalement et dans un élan délicat, claqua sa main contre la joue de la douce Mitsuha ; faisant taire ces larmes.
- « eh, tu ne crains rien ; je te protège, je te protégerais toujours »
Elle sembla se taire un instant, cherchant dans les traits de ce visage ensanglanté la trace d'un ami ; et elle fondit dans ses bras, pleurant à chaudes larmes. Un soupir de soulagement s'échappa des lèvres du brun et il lui rendit son étreinte, un instant ; cette pauvre enfant avait assisté a bien plus d'atrocités qu'un tas de shinobis. Du bout des doigts, il caressa sa joue délicatement.
- « écoute-moi, le village n'est pas très loin, d'accord ? » expliqua-t-il « je t'emmène avec moi, je ne te lâche pas alors, tu dois monter sur mon dos et te cramponner, okay ? »
Bien qu'aucun mot ne sortait de ses lèvres, malgré son âge tardif ; elle acquiesça. Il resserra sa prise autour du bébé contre son torse et se pencha un instant, laissant l'enfant grimper dans son dos ; elle s'accrocha à lui comme à une bouée de sauvetage et un sourire naquit au coin de ses lèvres. Il était hors de question qu'il abandonne si près du but.
Le bruit de ses pas effrénés se mêlait au son de la pluie, des éclairs, des battements de son cœur ; et plus d'une fois, il eût cette sale envie d'abandonner, de s'allonger sous un arbre, sous cette pluie et d'attendre son heure mais chaque fois, le doux visage arrondi de son meilleur ami se glissa dans son esprit, suivit du visage endormi du nourrisson, de la petite fille dans son dos, de Fune ; d'un tas de personnes qui attendaient patiemment des nouvelles.
Un jour de marche ; c'était ce qui l'éloignait du village caché du Sable, un seul jour. Dans quelques heures, il passerait la frontière entre les deux pays et les enfants seraient sain et sauf ; mais pour ça, il fallait qu'il parvienne aux portes du village. La pluie ne cessait de s'abattre sur eux, et il serrait tant bien que mal le nourrisson contre son torse chaud ; priant un dieu invisible pour qu'il le maintienne en vie, encore un peu. Le sang qui s'écoulait de sa plaie au visage ne s'arrêtait pas et il n'était pas dupe ; ses forces le quittaient, doucement, mais il refusait d'arrêter là, si proche. Dans un élan brutal, il sauta sur une branche et s'élança dans les airs, doublant la cadence de ces pas.
La frontière se dessina sous ses yeux et il se retrouva happé dans un sable chaud ; la fraîcheur de la forêt lui manquait presque. Un soupir agacé s'échappa de ses lèvres lorsqu'il remarqua le fond d'eau qu'il restait dans sa bouteille ; une gorgée pour Mitsuha et une gorgée pour Shikae. Il entreprit de couvrir délicatement la tête des enfants et s'avança dans la chaleur de désert ; le son des bombes, des cris, avait disparu du décor, mais il sentait ce sentiment qui lui tiraillait les entrailles, encore, ce sentiment de n'être en sûreté nul part.
Dans un geste lent, le bout de ses doigts entra en contact avec le sang séché sur son visage et une grimace glissa sur ses lèvres ; sûrement, qu'il n'était pas beau à voir, pas beau du tout. La marche était longue, interminable à ces yeux et ces forces s'échappaient doucement ; si bien que lorsqu'il entendit la voix de son meilleur ami à ses oreilles, il esquissa un sourire. La démence sonnait à sa porte ; il aurait dû s'en douter. Ses prunelles brunes entrèrent en contact avec l'image floue du chef Akimichi, près de lui.
- « je suis mort ? » demanda le brun, dans un souffle essoufflé « t'as maigri, non ? »
Un rire s'échappa des lèvres de l'image de Chôji, un paquet de chips dans les mains.
- « dis Chôji, est-ce que tu as vu mon père ? »
Un simple hochement de la tête lui répondit et il esquissa un sourire, se concentrant sur ses pas ; les portes du village caché du Sable se dessinaient lentement sous ses yeux.
- « dis lui que je suis fier d'être son fils et qu'il me manque, tous les jours »
Il étouffa un sanglot entre ses lèvres et son regard se heurta au visage endormi du nourrisson dans ses bras ; dans un souffle, il se tourna vers le jeune Akimichi, qui semblait avoir rajeuni de dix ans et esquissa un sourire.
- « dis lui qu'à partir de maintenant, il a trois petits-enfants ; deux garçons et une fille »
L'image de Chôji esquissa un sourire et s'échappa en un amas de fumée ; le brun resta ainsi, debout dans ce désert, quelques minutes. C'était dingue comme cet idiot lui manquait, lui aussi. Une petite main tapa contre sa joue rugueuse et il posa son regard brun sur le visage de la jeune Mitsuha, un petit sourire sur les lèvres, elle désigna le village du bout du doigt et il acquiesça vivement ; ignorant ce vertige qui le prenait soudainement.
Plus les portes se rapprochaient, plus il se sentait lourd ; à bout de souffle, chaque inspiration qu'il prenait, semblait l'achever. Les mains tremblantes, il s'avançait lentement ; tout son corps le brûlait, terriblement et cette souffrance qui lui déchirait les entrailles, s'en était insupportable. Ses iris ébène se heurtèrent au regard d'un shinobi du village caché du Sable et il leva son pouce en l'air, un sourire au coin des lèvres, comme un idiot ; les sourcils froncés, le shinobi s'approcha doucement de lui, méfiant. Et toute méfiance s'échappa de son regard lorsqu'il rencontra les iris bleutés de l'enfant dans le dos du jeune Nara ; il eut juste le temps de récupérer le bébé dans ses bras que l'homme s'effondrait sur le sol, dans un bruit étouffé.
Et le cri désespéré d'une enfant brisa la paix du village.
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