who cares if one more light goes out? [bonus]

Une brisure si profonde qu'il était sûr que rien ni personne ne saurait un jour la guérir, elle resterait là, bien cachée dans sa cage thoracique, parmi tant d'autres et il devrait sûrement apprendre à vivre ainsi, avec elle, en serait-il capable?

Les prunelles onyx du brun se perdirent un instant dans les nuances de ce pourpre, qui s'échappait de la plaie béante, qui se mêlait à la terre, aux décombres du village ; ce ton écarlate qu'il connaissait bien, qu'il avait côtoyé pendant si longtemps, qu'il avait adopté dans son existence, jusqu'à ce qu'un blondinet, au sourire idiot, ne lui tend la main.

- « le septième du nom est.. mort » souffla difficilement un shinobi, debout dans les décombres « il est mort »

Le cœur, déjà affaibli par des souvenirs d'une enfance tragique, rata un battement dans sa cage thoracique et les lèvres entrouvertes, il tenta de prendre une inspiration, douloureusement ; comment était-ce possible? Son regard ne se détachait pas du corps du septième, de ce fichu pourpre qui s'échappait en vague du trou béant ; un sanglot flotta un instant, dans les décombres, et il revint soudainement à la réalité. Elle était là, ils étaient là ; elle, ce bout de femme qui l'aimait depuis tant d'années, eux, ces enfants nés de l'amour inconditionnel de leurs parents ; ils étaient là, tous les trois, assistant silencieusement à la mort soudaine du hokage orange de konoha.

Une larme s'échappa du bord de ses paupières et dévala le long de sa joue, légèrement rugueuse, pour terminer à ses pieds, se mêlant au sang, à la terre, aux pleurs d'un village entier ; tout son corps tremblait, de colère? de tristesse? Qu'est-ce qu'il en savait, au fond. Le katana qu'il tenait dans sa main s'écrasa au sol, dans un son désagréable qui arracha un sursaut à plus d'un homme, perdus dans la contemplation du corps du septième du nom ; d'un geste douloureux, il plaqua sa main sur la terre humide et quelques mots incompréhensibles s'échappèrent de ses lèvres. Une étrange barrière se dressa, au teint violet ; elle séparait les ennemis des shinobis du village caché de la feuille et pendant une seconde, il se maudit pour ne pas l'avoir fait avant. Peut-être était-ce de sa faute.

L'inspiration qu'il prit, ensuite, le brûla au fond de la gorge, lui laissant un arrière-goût de dégoût, de désespoir, de haine et il se posta face aux shinobis, dans un bond agile, effaçant toute trace d'humanité sur son visage ; il n'avait pas le droit d'être le meilleur ami, le frère, le rival, à cet instant, il n'était que le shinobi le plus puissant du village, l'homme qui avait promit au septième de protéger les habitants dans l'ombre.

- « écoutez-moi » s'exclama-t-il « ça ne tiendra pas longtemps, l'ennemi est puissant ; Naru-.. le septième du nom s'est battu jusqu'au bout pour ce village, alors, ne laissez même pas l'idée d'abandon prendre le dessus, c'est hors de question »

Le son de sa voix résonnait avec force, parmi les hommes ; certains acquiesçaient, silencieusement, resserrant leurs prises sur les armes qu'ils avaient et le brun sentit une pointe de fierté naître dans ses entrailles.

- « la priorité actuelle est de mettre les villageois et vos familles, en sûreté ; partez et revenez, le plus vite possible »

Quelques chuchotements s'élevèrent, puis un par un, ils disparurent au détour d'un rue ; un soupir s'échappa de ses lèvres et il se pencha, attrapant maladroitement le katana au sol, dont la lame reflétait toutes les existences auxquelles il n'avait pas hésité à mettre fin, brutalement.

Pendant un instant, il s'interrogea ; est-ce que les shinobis reviendraient? Certains étaient sûrement mariés ou pères, risqueraient-ils leurs vies? prendraient-ils le risque de ne jamais revoir ce sourire sur les lèvres de leurs enfants, de leurs épouses? Les prunelles d'un bel ébène du brun s'accrochèrent à la silhouette d'un homme, tremblant, à quelques mètres de lui, qui semblait dans l'incapacité de prendre la fuite, de détourner son regard du corps sans vie, d'un ami d'enfance ; dans un bond agile, il se posta face à lui et écrasa brutalement sa main sur la joue pâle du garçon, le regard dur, mais empreint d'une souffrance indélébile.

- « Sasuke » lâcha-t-il, à bout de souffle, les larmes au coin des paupières
- « réveille-toi Saï, ce n'est pas le moment de perdre ton temps » souffla-t-il « mets ton fils et Yamanaka en sûreté, d'accord ? si tu souhaites prendre la fuite avec ta famille, je ne t'en voudrais pas, sûrement que j'aurais dû poussé Naruto à prendre la fuite au lieu de le pousser à se battre »

La voix rauque du Uchiha se brisa, à la fin de sa phrase ; comment était-il censé faire, là, maintenant, tout de suite, sans lui, sans son meilleur ami ? Des regrets le prenaient à la gorge, lui soufflaient discrètement à l'oreille que tout était de sa faute, qu'il aurait dû faire quelque chose, qu'il aurait du dire au blond de s'en aller ; qu'est-ce qui lui avait prit de lui dire de se battre. Saï échangea un long regard, après les mots du brun, avec Shikamaru, le meilleur ami de son épouse et disparut au détour des décombres d'un vieux restaurant ; voilà ce qu'il restait du village, des décombres, du sang et la terreur ancré sur les visages des habitants.

Son regard d'un bel ébène vagabonda une dernière fois, une toute dernière fois, sur le corps sans vie de l'homme qui l'avait tant de fois soutenu et il se détourna de cette vision cauchemardesque, à bout de souffle, le cœur brisé ; pendant un instant, il regretta fortement l'idée d'être loin de tout ça, loin de ce fichu village qui continuait inlassablement de lui prendre les personnes qu'il aimait. D'un bond agile, il se posta devant trois silhouettes tremblantes et attrapa de justesse l'adolescent qui tentait de se rapprocher de la dépouille ensanglantée de son paternel, au sol. Sasuke le tira maladroitement contre son torse, lui qui n'appréciait que peu les contacts physiques et le serra contre lui, contre son cœur qui battait douloureusement dans sa cage thoracique, plongeant son regard brun dans les pupilles nacrés d'un bout de femme qu'il connaissait bien ; ils ne s'étaient que très rarement parlés, l'un à l'autre mais elle avait toujours été gentille avec lui et Naruto, en tant que bon époux, ne faisait que de lancer des compliments à son égard, chaque fois qu'ils se retrouvaient entre amis, autour d'un verre de saké.

Elle était là, le corps tremblant, les larmes au bord des paupières, tenant fermement le plus jeune de ses enfants contre elle, empêchant l'inévitable ; le regard horrifié qu'Himawari déposerait sur le corps de son père, un trou béant dans la poitrine. Boruto se débattait contre le brun, hurlant qu'il voulait voir son père, qu'il avait besoin de soin, qu'il avait besoin de lui, se fermant à l'idée que son père n'était plus, qu'il ne serait jamais plus.

- « Hinata » appela doucement le brun, une telle souffrance au bord des lèvres « vous devez vous rendre aux portes du village, d'accord ? »

Le silence. Un macabre silence répondit à ses mots ; comment était-il censé lui en vouloir, pour cela? Elle serait sûrement hantée jusqu'à la fin de ses jours par la vision de l'homme qu'elle aimait, le cœur arraché ; comment vivrait-elle avec ça, bordel?
Comment vivrait-il avec ça, lui?

- « Hinata » répéta-t-il « s'il te plaît »

Le son de sa voix se répercuta entre le son des respirations saccadés des quelques shinobis, encore là, et les rires malsains des ennemis, derrière la barrière ; des rires qu'il mourrait d'envie de faire taire, il rêvait de prendre leurs vies, de leur prendre leurs cœurs, de la même façon qu'ils avaient pris celui du blond.

- « Hinata, bordel » s'écria-t-il, la mâchoire serrée

La dureté, qui s'échappait des lèvres du brun, lui arracha un sursaut et elle posa un regard fébrile sur lui, elle semblait sur le point de fondre en larmes, de hurler à en mourir ; mais elle n'en fit rien. Douloureusement, elle prit une inspiration et acquiesça, les larmes au bord des paupières, mais le regard dur.

- « pardon d'avoir crié » s'excusa-t-il, immédiatement « vous devez rejoindre les portes du village, tous les trois, le plus vite possible ; la barrière risque de disparaître très vite »
- « et toi, Sasuke ? » demanda-t-elle, sans une once d'hésitation dans la voix
- « les hommes resteront, nous protégerons le village et vous rejoindront dès que possible, ne t'inquiète pas pour ça » souffla le brun
- « ne fais pas ça, tu as une famille maintenant, tu n'as pas à faire ça » supplia-t-elle, douloureusement « si tu meurs, ta fille deviendra la survivante du clan Uchiha ; tu as vécu avec ce fardeau, tu sais ce que c'est et Sakura a besoin de toi, elle s'est tellement battue pour vous deux, ne l'abandonnes pas »

Le doux visage de son épouse se glissa dans son esprit et il regretta amèrement toutes ces années où il l'avait laissé seul, obnubilé par sa vengeance, toutes ces fois où il avait essayé de prendre sa vie, alors qu'elle ne cessait de prendre sa défense ; quel genre d'époux était-il ? Il ne la méritait sûrement pas, et pourtant, la rose lui avait donné une magnifique fille, une aide précieuse pour la reconstruction de son clan, elle lui avait montré ce qu'était l'amour, ce sentiment dont il avait tant manqué dans son enfance.

- « s'il-te-plaît, rejoins les portes » répéta-t-il, dans un souffle agonisant
- « Sasuke.. » lâcha la brune, douloureusement
- « ne t'en fais pas ; après tout, il veille sur nous, n'est-ce pas ? »

Elle acquiesça, faiblement, le cœur en vrac ; il espérait tellement que ce soit vrai, que le blond veille sur eux, de là-haut. D'un geste doux, il ébouriffa les mèches blondes de l'adolescent contre lui, qui pleurait à chaudes larmes, bien plus calme que les minutes précédentes ; lui aussi, garderait douloureusement cette image au fond de lui.

Boruto leva ses prunelles bleutés, qu'il tenait de son père, vers le visage du brun, son maître, et renifla bruyamment, quelques nuances de rose sur les joues, à cause de ses larmes soudaines ; sans qu'un seul mot ne soit prononcé, le blondinet comprit, il acquiesça et se posta aux côtés de sa mère, les poings serrés, déterminé à assurer la protection de sa mère et de sa sœur, jusqu'aux portes du village.

- « est-ce que tu pourrais me rendre un service ? » demanda le brun, une pointe de gêne dans la voix « j'aurai besoin qu'un message parvienne à Sakura »
- « tout ce que tu voudras, Sasuke, je t'écoute » souffla-t-elle, dans un hochement de tête
- « dis-lui de prendre la fuite, avec vous, et avec notre fille ; dis lui que je suis désolé de toutes mes absences, de tous mes écarts de conduite, de tout ce que j'ai pu lui faire et dis lui que je.. que je.. que.. »

Les derniers mots refusaient de prendre la fuite des lèvres du brun, est-ce qu'il lui avait déjà dit, une fois, une seule fois, à voix haute, qu'il l'aimait? Il ne s'en souvenait pas et se trouvait bien pathétique, à cet instant.

- « je lui dirai que tu l'aimes, Sasuke, ne t'en fais pas » lâcha la brune, un fin sourire au coin des lèvres, un sourire brisé, mais bien là

Des battements douloureux dans la cage thoracique, il acquiesça, un remerciement au bord des lèvres et observa leurs silhouettes prendre la fuite, au détour d'une rue en mille morceaux ; un soupir empreint de soulagement s'échappa de ses lèvres et il se passa une main sur le visage, un poids en moins sur les épaules.

Le blond avait été si présent, si lumineux, tout au long de son existence, qu'il en avait oublié qu'il n'était pas immortel ; il s'était persuadé qu'ils passeraient les prochaines années, tous les deux, à combattre des ennemis, à boire du saké, à manger des nouilles de Chez Ichiraku mais il avait perdu tout ça, il avait perdu le seul homme qui n'avait jamais cessé de croire en lui, quoi qu'il ai pu faire.

Cet univers l'abîmait, encore et encore, inlassablement, le punissait pour un crime d'une vie antérieure, peut-être, qu'est-ce qu'il en savait, au fond ; tout ce dont il était sûr, c'est qu'il avait mal, terriblement mal, à chaque inspiration qu'il prenait.

La main soudaine sur son épaule lui arracha un sursaut, le tirant hors de ses sombres pensées et d'un geste habile, il tira un kunaï de sa manche et le glissa sous la gorge de l'idiot, qui s'était crû malin de faire une telle chose dans la situation ; ses prunelles brunes se confrontèrent aux mèches cendrées de son ancien maître, Kakashi et il ne retint pas le soupir empli de soulagement qui s'échappa de ses lèvres, immédiatement. Il rangea rapidement l'arme et passa une main tremblante dans ses cheveux bruns.

- « nous étions en dehors du village, qu'est-ce qui s'est passé ? » interrogea Gaï, dans le dos du cendré, les bras croisés sur son torse
- « après avoir vu la barrière, j'ai compris que tu étais là, quelque part » souffla Kakashi, le souffle court « j'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose »

Les mots entre les lèvres du cendré se firent horriblement douloureux ; ce bout d'homme qui avait prit soin de lui, dans son adolescence, qui avait essayé maintes et maintes fois de le reprendre aux ténèbres, qui n'avait jamais cessé de prendre des risques pour lui, le traître qu'il avait été.
Sasuke tenta de prendre une inspiration, mais l'air restait au pas de ses lèvres, silencieusement ; lui rappelant, encore et encore, à chaque seconde, la douloureuse réalité.

- « Kakashi » lâcha le brun, les mains tremblantes « je-.. »
- « oh non » gémis Gaï, les bras le long du corps, son regard perdu dans les décombres

Son cœur rata un battement dans sa cage thoracique, alors que ses prunelles d'un beau jais s'accrochaient à la chevelure blonde, à la teinte injustement pourpre ; il n'eut aucun mal à comprendre à quel instant Kakashi se rendit compte de qui était le propriétaire de cette courte chevelure. L'expression habituellement si nonchalante du cinquantenaire céda à une pointe de colère, une pointe de tristesse, une vague de désespoir ; il retenait tant bien que mal ses larmes et ça, ça lui fit terriblement mal. Être là, face à cet homme, son maître, qui était resté constamment fort, tout au long de son existence, soudainement sur le point de fondre en larmes lui brisa le cœur ; d'un geste qui hurlait « je suis là, ne l'oublie pas », Gaï déposa sa main sur l'épaule du cendré et acquiesça.

- « pars, Sasuke » lança le sixième du nom, la voix tremblante « rejoint ta famille et partez ; tu n'as pas à perdre plus dans cette bataille »

Les sourcils froncés, le brun entrouvrit les lèvres, mais aucun son ne s'en échappa ; il aurait aimé hurler qu'il refusait catégoriquement, qu'il se battrait jusqu'au bout, qu'il défendrait ce fichu village, mais il resta là, les bras ballants, le cœur en miettes.

- « écoute-moi, Sasuke » ajouta le cendré, d'un ton bien trop doux « tu as perdu ton clan dans l'une de ses batailles, puis ton frère et maintenant, tu l'as perdu lui ; tu ne penses pas que tu en as fait assez ? tu as le droit d'être heureux, tu as le droit de vivre ; alors pars, emmène Sakura et votre fille »

La tignasse rose de son épouse et le sourire gêné de sa fille se glissèrent dans son esprit et il tenta maladroitement de ne pas prendre ses jambes à son cou, de ne pas prendre la fuite pour les rejoindre, pour les emmener loin de toutes ces horreurs.

- « tous les trois » continua-t-il « vous avez été plus que des élèves et je refuse de perdre un autre de mes enfants, ça fait trop mal »
- « Kakashi » lâcha le trentenaire, dans un souffle maladroit
- « je suis vraiment fier de vous, ne l'oubliez pas, d'accord ? » dit-il, un sourire triste au coin des lèvres « vous êtes mon héritage, battez vous pour vivre ; bats-toi pour vivre, Sasuke, d'accord? »

Bien malgré lui, une larme s'échappa de l'une de ses paupières et s'écrasa à ses pieds, sans un seul son ; Sasuke prit une inspiration douloureuse et acquiesça faiblement, il fit volte-face et prit la fuite au détour d'une rue hasardeuse. Le sourire idiot de Naruto, les entraînements avec Kakashi, la naissance de sa fille, les larmes de joie sur les joues de son épouse ; toutes ces choses qui faisaient de lui, un être humain, toutes ces choses qui le poussaient encore et encore à prendre des risques, mais à ne pas perdre la vie, toutes ces choses qui l'empêchaient de replonger dans les vagues noires de la vengeance. Quand est-ce que l'univers s'arrêterait de lui prendre les gens qu'il aimait? Naruto avait été une bouffée d'air frais, il avait été sa rédemption, son pardon ; ce bout d'homme qui n'avait jamais cessé de croire en lui, quoi qu'il puisse faire, pourtant il lui avait jeté les cartes au visage, il lui avait donné toutes les raisons possibles de lui tourner le dos, mais le blond était resté, ce sourire idiot sur les lèvres et cette présence si chaleureuse, que ça le tuait de savoir qu'il ne le verrait plus, qu'il n'entendrait plus son rire.

Il manqua de perdre l'équilibre plus d'une fois, l'image du corps meurtri de son meilleur ami dans l'esprit ; à bout de souffle, pas par pas, il se rapprochait dangereusement de l'endroit où demeuraient son épouse et sa fille, quotidiennement, tandis que lui, vagabondait de village en village, payant pour ses crimes du passé. Il évita tant bien que mal le morceau d'un mur qui se détachait des décombres d'un magasin et s'apprêtait à prendre la fuite sur la droite, lorsque ses prunelles d'un beau jais s'accrochèrent à une tignasse d'un rose si peu ordinaire ; son cœur rata un battement, peut-être même plusieurs.

Dans un bond agile, il se posta derrière elle et observa un instant la silhouette de son épouse ; la méritait-il vraiment? Après toutes les horreurs qu'il avait commises, elle était là ; bien sûr que non, il ne la méritait pas.

Les mains appuyées sur un abdomen ensanglanté, elle offrait des soins à un homme blessé ; un grognement s'échappa des lèvres de la rose et le brun choisit cet instant pour se mettre devant elle, les sourcils froncés.

- « tu as eu mon message ? » demanda-t-il, d'une voix rauque

Peut-être était-il arrivé quelque chose à Hinata et aux enfants? Les poings serrés, le brun tenta tant bien que mal de ne pas se fondre en un amas de sentiments contradictoires ; de l'inquiétude, de la colère, de la peur. Parce que oui, le grand Sasuke Uchiha, cet enfant maudit, le survivant d'un massacre de clan, était effrayé, à cet instant.

- « oui » répondit-elle, les sourcils froncés par la concentration qu'elle mettait dans sa tâche

Un gémissement douloureux s'échappa des lèvres du blessé, mais il ne lui accorda aucun regard, le souffle court.

- « qu'est-ce que tu fais là, alors ? » balança-t-il, sans une once de tendresse dans la voix « je t'ai demandé de faire quelque chose, pourquoi est-ce que tu es là, putain? »
- « je suis ton épouse, pas ton chien » grogna-t-elle « j'ai laissé Sarada à Hinata, elle est en sécurité ; quant à moi, il était simplement hors de question que je quitte le village, alors que des blessés ont besoin de soins. »
- « tu te fous de moi ? » s'énerva-t-il

Dans un geste brutal, il attrapa le poignet de la rose et força le contact entre leurs regards ; il ne fallu qu'une demi-seconde pour qu'il comprenne que la douce Hyuuga ne lui avait rien dit, concernant Naruto. Il retint douloureusement sa souffrance, au bord de ses lèvres, étouffant sa colère, au creux de sa cage thoracique et prit une inspiration ; il détestait ça, il détestait l'idée d'être, encore une fois, la cause de sa souffrance. Combien de fois les larmes avaient-elles coulé le long de ses joues, à cause de lui?

D'un sifflement indiscret, il interpella l'un des shinobis qui s'avançait dans les décombres et lui donna l'ordre d'emmener le blessé au camp d'urgence le plus près ; et lorsqu'il ne resta que Sakura et lui, il délaissa le poignet de la rose et entremêla ses doigts aux siens. Ce contact arracha un léger sursaut à son épouse ; il se souvenait bien de la première fois où il avait prit sa main dans la sienne, ça l'avait surprit qu'elle soit si chaude, si douce, qu'elle s'emboîte si facilement à la sienne, comme ci elles avaient été forgées pour être spécialement l'une à l'autre.

- « tu ne sais pas ? » lâcha-t-il, dans un souffle plus doux
- « qu'est-ce que je ne sais pas ? » demanda-t-elle, les sourcils froncés
- « qu'est-ce que Hinata t'a dit, exactement ? » interrogea-t-il, douloureusement
- « elle m'a dit de prendre la fuite, elle m'a dit que tu m'aimais et elle s'est excusée en ton nom, qu'est-ce qui se passe, bon sang, Sasuke ? » s'exclama-t-elle, le cœur au bord des lèvres

Le concerné resserra doucement sa prise, autour de sa main ; comment était-il censé lui dire la vérité? Une souffrance sans nom au bord des lèvres, il prit une inspiration et plongea son regard d'un beau jais dans les prunelles émeraude de son épouse. Il aurait aimé s'y perdre, pour une éternité.

- « il s'est passé quelque chose, Sakura » annonça-t-il, la voix tremblante « c'est.. c'est Naruto »

Quelque chose se brisa en elle, il n'eut aucun mal à le comprendre, alors qu'elle repoussait soudainement sa main, les sourcils froncés, le regard dur ; elle, qui semblait constamment si forte, était sur le point de se fondre en mille morceaux.

- « qu'est-ce que tu racontes, Sasuke ? » s'énerva-t-elle « Naruto va très bien, il se bat quelque part ; tu es vraiment un idiot »
- « Sakura, écoute, je-.. » tenta-t-il, une immense tristesse dans les bras
- « non, arrête ; Hinata me l'aurait dit » grogna-t-elle, les mains tremblantes
- « sauf qu'elle est sûrement en état de choc, comme Boruto et Himawari, comme la majorité des shinobis qui ont assistés à la scène » expliqua-t-il
- « arrête, putain » s'exclama la rose, un grognement au bord des lèvres

Sans une once de douceur, le brun déposa sa main sur l'une des épaules de son épouse et la força à lui faire face, à plonger ses prunelles dans les siennes ; il comprenait parfaitement qu'elle tente de faire disparaître les mots qui s'échappaient de ses lèvres, lui aussi aimerait que ça se passe ainsi, mais ce n'était pas possible. Le village était sur le point de disparaître et il refusait qu'elle fasse partie des victimes, il l'aimait bien trop pour ça.

- « ils lui ont arraché le cœur » lâcha-t-il, d'une voix forte « il était à côté de moi et ils lui ont arraché le cœur, bordel ; il est mort, Naruto est mort »

Naruto ne serait plus jamais là, il ne verrait plus son sourire idiot, n'entendrait plus son rire maladroit, ne toucherait plus ses mèches d'un beau blond ; qui le rattraperait à partir de maintenant, lorsqu'il s'enfoncerait dans les ténèbres, encore une fois? qui lui dirait qu'il mérite sa place, dans cet univers? Il lutta tant bien que mal contre ses larmes, lorsque la rose plaqua ses mains sur ses lèvres tremblantes, le visage noyé sous une vague de tristesse ; d'un simple regard, il lui fit comprendre qu'il était là pour elle, qu'il était prêt à prendre un peu de sa peine sur ses épaules et elle enfouit son visage dans son torse, un cri douloureux entre les lèvres.

- « partez » souffla-t-il, au creux de son oreille « Sarada et toi, partez d'ici ; les hommes restent, nous nous battrons pour le village, pour lui, sois en sûr ; mais vous, rejoignez Suna »

Une partie de lui, lui hurlait de prendre la fuite, avec elles ; il avait tant de choses à faire, à dire, aux deux femmes qui le rendaient si heureux. Mais Naruto n'aurait jamais abandonné le village, si les rôles avaient été inversés ; il aurait mis en sûreté Sakura et Sarada et l'aurait vengé, quoi qu'il arrive.

- « rejoins Hinata et les enfants, prenez la fuite » ajouta-t-il, douloureusement

Dans un reniflement indiscret, la rose acquiesça contre son torse et releva son regard d'un bel émeraude vers lui, les traits déformés par la peine qui la rouait de coups, à cet instant ; le brun caressa l'une de ses joues, tendrement.

- « Naruto, toi et moi » commença-t-il, un sourire triste au coin des lèvres « on se retrouvera toujours, c'est écrit quelque part »

Et bordel ce qu'il espérait que ce soit vrai. Est-ce qu'il aurait la chance, un jour, de revoir la bouille angélique du blond? De lui dire toutes ces choses coincées au fond de sa gorge? Le souffle court, il effleura du bout des lèvres le front de la rose, prêt à le parsemer de baisers, mais la poigne forte de son épouse au niveau de sa nuque l'en empêcha ; sans une seconde d'hésitation, elle scella leurs lèvres et il se laissa prendre dans l'instant, enveloppé par cet arrière-goût sucré et cette chaleur dans tout son être.

- « ne meurs pas, je t'en supplie » implora-t-elle, son front contre le sien
- « jamais, promis » souffla-t-il, le cœur battant

Dans un élan douloureux, elle tourna les talons et remonta l'allée qui la conduirait aux portes du village, abandonnant derrière elle, l'homme qu'elle aimait depuis si longtemps ; le visage du blond se heurta aux méandres de son esprit et elle retint tant bien que mal un sanglot, alors qu'elle disparaissait au détour d'une ruelle.

Une main sur le côté gauche de la cage thoracique, le brun l'observa silencieusement prendre la fuite ; quelques images de leur passé en commun le frappèrent, mais il se força à ne pas la rejoindre, à rester là, debout, dans cette rue, empreint de vieux souvenirs. Naruto n'avait jamais perdu son courage, il était resté cet homme que tant de gens admiraient jusqu'à la fin, ce sourire au coin des lèvres et cette aura chaleureuse dans les mains.

Il profita un instant du silence macabre qui berçait le village, un court instant, avant que la barrière ne cède soudainement ; l'inquiétude qui vibrait ses prunelles s'enflamma et dans un bond agile, il s'élança sur le toit d'une vieille bâtisse, sur le point de se perdre dans les décombres. Quelques prières dans un coin de la tête, il tenta de trouver la barrière à la teinte violette qu'il avait mis en place, mais se confronta au vide ; un vide inquiétant, douloureux, brûlant. Ils s'étaient battus, alors qu'ils n'étaient tous que des adolescents perdus, pour la paix dans l'univers ; qu'est-ce qu'il se passait ? pourquoi maintenant? Leurs enfants auraient dû ne jamais connaître la souffrance de perdre quelqu'un brutalement, ils auraient dû vivre, un énorme sourire sur les lèvres.

Un grognement s'échappa de ses lèvres et il se lança dans la direction du front, qu'est-ce qui l'empêchait de prendre la fuite avec la rose et leur fille ? Qu'est-ce que ce fichu village avait fait pour lui, en dehors de lui prendre son clan, son enfance, son bonheur ? Que serait-il arrivé si Naruto ne s'était pas battu pour lui ? Le bruit de ses pas se mêla lentement aux explosions, aux cris animés par une soif de sang, aux souffles saccadés ; le souffle court, il n'hésita pas un seul instant pour trancher la gorge d'un homme ennemi qui s'élançait vers lui, ce sourire dégoûtant au bord des lèvres. Est-ce que lui-même avait ressemblé à ça, lorsque la vengeance s'était approprié son corps, son être, son coeur ? Le sang s'extirpa de la plaie béante et gicla sur le sol, traçant une ligne invisible ; la fine ligne qui séparait un shinobi d'un assassin, mais de toute façon, n'en était-il pas déjà un? Combien de vies avait-il pris, dans le simple but d'être plus fort? Une goutte de sang frôla une main, au sol et son cœur rata un battement ; ses prunelles d'un beau jais s'accrochèrent à la chevelure argentée du corps inerte et le souffle soudainement coupé, il tomba à genoux, sur cette terre maudite. Chaque fois qu'il prenait une inspiration, sa gorge le brûlait ; qu'est-ce que l'univers attendait pour prendre sa vie à lui? Naruto méritait de vivre, Kakashi et Gaï méritaient de vivre, mais lui? Le corps ensanglanté de son maître lui donna la nausée et il retint tant bien que mal le peu de nourriture qui séjournait dans son estomac ; les larmes roulaient sur ses joues, et bien qu'il haïssait l'idée d'être faible, il ne tenta rien pour les faire taire. Qu'était le grand Sasuke Uchiha sans son meilleur ami, sans l'homme qui lui avait prit tant de choses? La perte de son clan avait laissé un trou béant dans le cœur du brun, il était vrai, mais Kakashi, aux côtés de Naruto et Sakura, avait su apaiser un peu de sa peine ; il s'était montré doux, patient et plein de courage.

- « relève-toi » entendit-il « Uchiha, relève-toi, bordel »

Deux bras puissants le tirèrent maladroitement sur ses deux pieds et il se heurta silencieusement aux prunelles nacrées de l'homme ; Hiashi se tenait devant lui, quelques traces pourpres sur son kimono, habituellement si propre, une pointe de détermination brûlait dans le fond de ses yeux.

- « je suis au courant pour.. pour mon beau-fils » souffla le cinquantenaire, le regard dur « et je suis au courant pour Kakashi et Gaï »

D'un geste presque doux, le chef de clan tira un mouchoir en tissu de sa poche et effaça les larmes sur les joues du grand brun ; ils ne se connaissaient pas vraiment et Sasuke n'avait jamais été réellement sympathique avec les deux filles de l'homme. Mais à cet instant, toutes les erreurs de l'un et de l'autre n'existaient plus.

- « est-ce que tu sais où est ma fille ? j'ai envoyé Hanabi aux portes du village, avec les villageois, mais je n'ai aucune nouvelle d'Hinata et des enfants » interrogea-t-il, le cœur vibrant d'inquiétude

Le brun hocha la tête, maladroitement.

- « je l'ai envoyé aux portes, avec mon épouse et ma fille » annonça-t-il, simplement

Un soupir de soulagement s'échappa des lèvres de l'homme ; habituellement, il camouflait tous les signes qui prouvaient qu'il était humain, pourtant il semblait sur le point de fondre en larmes. Et Sasuke n'eut aucun mal à comprendre la situation. Cet homme tenait à ses deux filles, elles étaient sûrement bien plus importantes qu'il n'osait le montrer ; il se sentit proche de lui, pour un instant, ils étaient semblables sur ce point.

- « je ne suis plus le chef du clan, je ne devrai pas être là » avoua Hiashi, la voix légèrement tremblante « mais je n'ai pas pu me résoudre à envoyer l'une de mes filles sur le front, surtout en sachant que.. que le septième était tombé »

Est-ce que Naruto savait qu'il laisserait bien plus qu'une personne derrière lui? Cet enfant que le village entier avait maudit, haït, ils avaient souhaité sa mort sans le connaître ; pourtant, l'univers ne serait plus jamais pareil, sans lui.

- « ne devrais-tu pas rejoindre ton épouse et ta fille ? la survie de ton clan est sur tes épaules et celles de ton enfant » ajouta le brun, au bout de quelques secondes douloureuses
- « je devrais.. mais je ne peux pas, ce village est l'héritage de Naruto » lâcha-t-il, les yeux baissés vers le sang qui souillait cette terre
- « je comprends » souffla-t-il, dans un hochement de tête « que dirais-tu de te battre à mes côtés, Sasuke Uchiha ? je suis peut-être un vieil homme, mais je suis encore capable de faire ce qui doit être fait, qu'en penses-tu ? »

Les larmes au bord des paupières, quelques sillons sur les joues pâles, le brun acquiesça, un petit sourire au coin des lèvres ; peut-être était-ce parce qu'il se rapprochait de la fin, mais à cet instant, Hiashi lui rappelait son père.

- « j'en serai honoré, monsieur Hyuuga » lâcha-t-il, en ramassant le katana sur le sol

Sans attendre une seconde de plus, les deux hommes s'élancèrent dans la bataille, frappant puissamment tous les hommes qui se pensaient assez fort pour faire disparaître ce village ; les clans Hyuuga et Uchiha n'avaient jamais été réellement amis, plutôt rivaux dans l'âme, mais à cet instant, ils ne formaient qu'un et le brun regretta de ne pas avoir donné sa chance à Hinata, l'épouse de son meilleur ami, à Hanabi, à Neji, à Hiashi.

Du sang, des cris, des membres déchiquetés ; ce fut la dernière image du brun, avant qu'il ne perd connaissance, une lame plantée si près du cœur.
Un amer parfum de désinfectant et une lumière blanche aveuglante ; son regard brun se déposa dans tous les recoins de la pièce et il tenta de comprendre où il était, ce qu'il s'était passé. Il revoyait tout ce sang, tous ces corps ; mais qu'est-ce qu'il s'était passé?

- « papa ? »

Le son de cette voix lui arracha un léger sursaut et ses prunelles brunes se confrontèrent silencieusement aux larmes qui roulaient sur les joues de l'adolescente ; dans un bond maladroit, Sarada s'extirpa de l'étreinte de sa mère endormie sur un fauteuil et s'élança sur le lit, dans un sanglot désespéré. Le corps secoué par les larmes de l'enfant se heurta au torse meurtri de l'homme et il se sentit perdre pied ; est-ce qu'il méritait tout ça?

Deux billes d'un bel émeraude se posèrent sur son visage, mais il détourna le regard, incapable de soutenir ce soulagement dans les prunelles de son épouse, est-ce qu'il avait le droit à tout ça?
Qui était-il?

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top