the sound of silence
Des bruits de pas, puis soudain le silence ; il était là, les bras ballants, à bout de souffle. Le rythme triste des battements de son cœur se mêlait au son de sa respiration irrégulière. Cette sensation de brûlure à l'intérieur lui faisait mal et il ne cessait d'entendre la voix de Karui à ses oreilles, cette voix brisée qui lui soufflait douloureusement que ça aurait dû être lui ; et dieu qu'il était d'accord avec ça, ça aurait dû être lui. Il étouffa un énième soupir entre ses lèvres et croisa le regard de la rose, près de lui ; dans son éternelle blouse blanche, elle lui adressait quelques sourires au ton rassurant et il faisait semblant que ça l'aidait. Mais, il le savait au fond, une partie de lui était morte avec Chôji. Il sentait les iris émeraude de son épouse qui tentait de prendre le contact avec ses prunelles ébène ; mais il n'y parvenait pas, comment pourrait-il plonger ses yeux dans ceux de la femme qu'il aimait avec tout ce sang sur les mains ?
Un sanglot parvint à ses oreilles et il poussa la porte, devant lui, dans un élan de courage ; il se heurta à la vision d'une petite fille, recroquevillée dans un coin d'une chambre. Ses iris bleutés reflétaient tant de souffrance que ça lui coupait le souffle ; il s'avança silencieusement et s'accroupit, au milieu de la pièce, adressant un sourire maladroit à l'enfant.
- « Mitsuha » souffla-t-il, dans un murmure doux
Elle était là, adossée à un mur, les genoux contre son torse ; et les joues inondées de larmes. Il se souvenait de ces sourires tendres qu'elle adressait à Chôji lorsqu'il caressait ces cheveux, avec tendresse ; parce qu'il avait toujours été ainsi, il avait toujours été bon envers les autres. Les pleurs de l'enfant redoublèrent de force et un soupir s'échappa des lèvres du grand brun ; dans un geste délicat, il fit de nouveau un pas vers elle.
- « regarde moi, Mitsuha, c'est moi » répéta-t-il, un peu plus fort
Son corps d'enfant tremblait sous le poids de sa souffrance ; elle pleurait comme ci, c'était la dernière fois, comme ci d'une seconde à l'autre, quelqu'un s'avancerait et lui ferait du mal. Elle pleurait comme ci lui, s'apprêtait à lui faire du mal et il tenta tant bien que mal de ne pas fondre en larmes devant cette vision ; il détestait ça, cette souffrance qui émanait d'elle.
Un énième soupir s'échappa de ses lèvres et il attrapa délicatement les bandages qui recouvrait son visage ; la rose s'empressa de les interrompre.
- « Shikamaru, tes blessures ne sont pas totalement guéris, att-.. »
- « n'interviens pas » s'exclama-t-il
Il lui jeta un regard dur et reprit là où il en était ; les bandes, d'abord à la teinte blanche puis légèrement rosées, tombèrent à ses pieds et il croisa le regard bleuté de la petite fille. Elle sembla se taire, observer son visage avec attention ; puis, silencieusement, elle s'approcha de lui, ses petites mains caressant la cicatrice qui lui barrait le visage. Il ignora les légères brûlures qu'il ressentait à cet instant et adressa un sourire maladroit à la brune.
- « oui, c'est moi » souffla-t-il
Le corps frêle de la petite fille se heurta à son torse et il manqua de perdre l'équilibre ; resserrant son étreinte, il la berça un instant dans ses bras, déposant des baisers sur son front tremblait alors qu'elle fondait en larmes, une énième fois. Sûrement qu'elle avait crut le perdre, elle aussi. Ils restèrent ainsi, dans les bras l'un de l'autre, un instant ; savourant leurs retrouvailles.
Avec attention, elle observa les gestes de la rose ; Sakura couvrait de nouveau les blessures du brun, en le disputant légèrement de son insouciance, déclarant que ces blessures n'étaient pas totalement refermés. Et Temari, elle ne parvenait pas à détacher son regard émeraude de cette petite fille, sur les genoux de son époux ; elle tentait se raccrocher à lui, comme ci, il était la dernière personne qu'il lui restait. Il déposa un baiser sur le front de Mitsuha et se releva, doucement ; la petite main de l'enfant se frayant un chemin dans la sienne.
Dans un petit berceau, le nourrisson à la tignasse brune dormait profondément ; un sourire triste naquit au coin des lèvres et il observa un instant cet enfant. Il se souvenait de Fune, de son sourire tendre, de ses gestes délicats, de sa voix douce, de ses prunelles bleutés ; et l'amère réalité lui revenait, il avait son sang sur les mains. Il s'engouffra dans la chambre, la petite Mitsuha près de lui et il souleva l'enfant ; ses iris bruns effleurèrent le visage du nourrisson, son petit nez rebondi, ses joues roses et ses lèvres. Délicatement, il le colla contre son torse et déposa ses lèvres sur son front. Il tremblait légèrement, mais s'en fichait ; il s'accroupit face à Mitsuha et lui présenta le petit garçon. Ils avaient fait un bout de chemin ensemble, tous les trois ; ils s'étaient trouvés et Shikamaru n'était pas prêt à les laisser s'échapper de sitôt. Il avait fait une promesse.
- « elle s'appelle Mitsuha » souffla-t-il, à l'intention des deux adultes « et lui, c'est.. » son regard se porta un instant sur le garçon qui s'éveillait dans ses bras « Shikae Nara »
Les sourcils froncés, son épouse lui intima du regard des explications, mais il ignora simplement.
- « tu as bien dit Nara ? » répéta la rose
- « ce sont mes enfants » acquiesça-t-il.
Peut-être comprenait-elle ce qu'il disait, parce qu'à l'instant où ses mots s'échappèrent de ses lèvres, il tomba sur le regard bleuté plein d'espoir d'une petite fille, accrochée à sa jambe. Cet espoir au fond de ses iris suffit un instant à lui mettre du baume au cœur ; ils resteraient ensemble, tous les trois ; parce qu'ils étaient une famille, à partir de maintenant.
Son front se cogna brutalement sur le bois de la table et un soupir s'échappa de ses lèvres ; un tas de questions traînaient dans un coin de sa tête et quoi qu'elle essaie de faire, elle ne parvenait pas à trouver une seule réponse. Elle était simplement impuissante. Son regard se heurta aux iris d'un beau blanc de son amie et elle lui adressa un petit sourire ; au moins, elle, son époux était revenu du combat. Elle n'aurait pas à élever seul, leur fils.
- « il est si différent que ça ? » souffla la brune, près d'elle
Elle acquiesça faiblement à ses mots et posa son menton dans la paume de sa main ; elle avait été si heureuse de retrouver son époux qu'elle en avait oublié que la guerre changeait les hommes.
- « je ne saurais pas comment dire, mais je le sens » lâcha la blonde « il ne me regarde pas dans les yeux, me parle à peine et il y a ces enfants »
- « ces enfants ? » répéta-t-elle
- « oui, cette petite fille et ce bébé ; il a dit qu'elle s'appelait Mitsuha et puis, il a dit ce truc »
Une belle blonde tira la dernière chaise et s'installa dessus ; posant sa tasse de café en évidence sur la table. Elles s'étaient données rendez-vous dans ce café, au milieu du centre du village, dans l'espoir d'évacuer un peu les mauvaises ondes qui tournaient autour d'elles mais l'image d'un certain brun, en larmes, à genoux, ne quittaient pas deux d'entre elles. Un soupir s'échappa des lèvres de la douce Yamanaka et elle porta sa tasse à ses lèvres.
- « ce truc ? » souffla-t-elle « tu as l'intention de nous en dire plus, Temari ? »
- « il a dit que le petit garçon s'appelait Shikae Nara » lança une tignasse rose
Elle jeta un regard surpris à la rose et fronça les sourcils.
- « attends, tu penses que.. »
Sa phrase resta un instant en suspens, mais elles avaient compris le fond de sa pensée ; un léger grognement s'échappa des lèvres de la shinobi de Suna et son front cogna une nouvelle fois le bois de la table. Elle ne comprenait rien, rien du tout.
- « peut-être qu'il a rencontré quelqu'un, là-bas, pendant la guerre » souffla-t-elle
- « Shikamaru est fou de toi » répliqua la fleuriste
- « oui, mais le manque de contact humain et les atrocités de la guerre nous poussent parfois à faire des choses qu'on ne ferait pas en temps normal ; peut - être qu'il a rencontré quelqu'un et que Shikae est né »
- « tu penses vraiment ce que tu dis, Temari ? » demanda la rose
- « je ne sais pas ; mais il y a cette lueur dans ces yeux, je ne sais pas ce qu'il a vécu, mais il est comme.. »
- « brisé » la coupa la brune
Ses iris d'un blanc pur s'attardèrent sur l'alliance à son doigt ; le beau sourire de son époux lui revenait constamment en mémoire, elle le voyait en ces villageois qui s'étaient réfugiés ici, elle le voyait dans ce vieux restaurant de ramen au coin de la rue, elle le voyait dans les yeux de sa fille et dans les sourires de son fils. Il lui manquait un peu plus chaque jour et sûrement que d'une certaine manière, ça la tuait un peu.
Une main se posa sur la sienne et elle croisa le regard émeraude de la rose près d'elle ; là où elle avait perdu son époux, l'homme de sa vie, son amie avait perdu son meilleur ami. Elles échangèrent un sourire discret et la brune posa son regard sur ses amies, secouant la tête de droite à gauche.
- « reprends-toi, Temari » souffla-t-elle « si tu souhaites en apprendre plus, demande lui »
- « oui, il y a forcément une explication » lâcha la blonde, aux iris bleutés.
Un sourire naquit au coin des lèvres de la blonde et elle acquiesça aux mots de ses amies ; oui, forcément, il y avait forcément une explication.
Il étouffa un bâillement entre ses lèvres et se heurta au regard tendre que sa mère lui jetait ; son visage lui avait manqué, qui l'aurait cru. Il tapota doucement le tissu de son haut et jeta un coup d'œil à son reflet dans le miroir ; son visage était encore bandé, la dernière plaie qui rencontrait quelques soucis à se cicatriser correctement. Au détour du miroir, il aperçut sa mère qui souriant tendrement au nourrisson qu'elle tenait dans ses bras et un sourire se glissa au coin de ses lèvres.
- « c'est un beau bébé » souffla-t-elle « je n'aurais jamais crû avoir d'autres petits - enfants, un jour, mais je suis heureuse »
Une petite fille se hissa sur la pointe de ses pieds, un grand sourire sur les lèvres, pour embrasser la joue rebondi du petit garçon et se lança contre les jambes du grand brun ; il se pencha et la hissa sur ses épaules, elle prenait soin de ne pas tapoter le visage du blessé.
- « t'es un peu trop en forme, Mitsuha » lança-t-il
Le sourire de l'enfant lui répondit et il se tourna vers sa mère.
- « maman, tu pleures ? »
Les yeux embués, elle s'empressa de déposer le nourrisson dans son berceau et attrapa la petite fille dans ses bras ; aussi surprenant soit-il, Mitsuha n'avait eu aucun mal avec la mère du grand brun. Sûrement qu'elle trouvait un certain réconfort dans le regard de cette vieille dame.
- « tu comprends, j'ai crû que je t'avais perdu ; je ne doute pas que Shikaku ait pris soin de toi, mais.. » un soupir s'échappa de ses lèvres « je suis heureuse que mon petit garçon soit en vie »
Dans un geste délicat, il déposa un chaste baiser sur le front de sa mère ; oui, il se souvenait d'un tas de choses sur elle, de ses crises de colère lorsqu'il ne rangeait pas sa chambre, de ses tapes sur la tête, mais surtout, il se souvenait de ce sourire tendre qu'elle lui lançait. Il ébouriffa les cheveux de la petite fille et s'extirpa de la pièce, le cœur lourd. Oui, Shikaku aurait pris soin de lui.
Un tube de nicotine coincé entre les lèvres, il observait silencieusement les nuages, se perdait dans l'immensité d'un ciel clair ; un de ces ciels si beau. Ce spectacle lui avait terriblement manqué, ce silence, ce bleu ; ces éclats de rires. Pourquoi avait-il l'impression que la guerre était aux portes de son cœur alors qu'elle n'était qu'un lointain souvenir ? Quelques jours étaient passés depuis son réveil et la phrase de Karui ne cessait de tourner dans son esprit ; la souffrance dans ses mots, la douleur dans ses larmes. Une partie de lui mourrait d'envie de retourner sur le terrain, de retrouver le corps de son meilleur ami et de l'amener ; mais combien de chance avait-il de le retrouver ? Un soupir s'échappa de ses lèvres et il fronça les sourcils lorsqu'un bruit de pas irrégulier s'éleva dans l'air ; ses iris brunes rencontrèrent les prunelles ébène d'un camarade et il s'assit en tailleur, sur ce tas de sable. Dans un élan maladroit, le brun fit de même et lui adressa un petit sourire.
- « je me doutais que je te trouverai ici » souffla-t-il
Les yeux du Nara s'attardèrent un instant à l'endroit où il aurait dû se heurter à la jambe de son camarade et il détourna le regard, écrasant son mégot sur le sol.
- « avoue que c'est ma mère qui te l'a dit, Saï » lâcha-t-il
- « j'avoue, j'ai toqué chez toi et elle m'a dit que je te trouverais sûrement là »
Le rire de Saï résonna un instant à ses oreilles et il esquissa un sourire, s'appuyant sur les paumes de ses mains ; tant de choses s'étaient passées. Ses iris bruns se perdirent une nouvelle fois dans l'immensité des nuages et c'est la voix du brun qui coupa court à sa contemplation ; ce ton triste, désolé, un soupir s'échappa de ses lèvres.
- « je suis désolé pour Chôji, c'était vraiment un bon gars » souffla l'handicapé
- « merci d'avoir pris soin de nos familles »
Le simple fait d'entendre le prénom de son meilleur ami lui faisait bien trop mal ; dans un geste mécanique, il glissa une énième cigarette entre ses lèvres et l'alluma. Le manque de nicotine n'avait pas eu le temps de se faire ressentir dans les décombres, mais là, à cet instant, il était heureux de retrouver ce bout de nicotine qui le tuerait lentement.
- « dis-moi qui » souffla Shikamaru, au bout de quelques secondes
Le soupir de l'artiste se répercuta dans l'air ; s'échappant dans les nuages.
- « tu sais que Naruto est tombé au combat, dès l'instant où la guerre a explosé » lâcha le brun « de ce que j'ai appris, Kakashi s'est lancé dans la bataille dans le but de venger son élève, aux côtés de Gaï ; ils ont tous les deux perdu la vie »
Le visage un peu trop souriant d'un grand brun, dans une tenue verte se glissa dans ses pensées et un soupir triste s'échappa de ses lèvres ; il se souvenait de Kakashi, cet homme constamment en retard. Ils avaient partagé quelques moments tous les deux, Shikamaru avait été sous son service lorsqu'il avait été Hokage, puis, il était celui qui avait aidé l'équipe dix à venger Asuma. Il ne l'oublierait jamais, ça.
- « les filles ont été prises dans une embuscade pendant leur fuite » continua l'handicapé « Lee a offert sa vie pour leur permettre de fuir, avec son fils et elle.. elle aurait simplement refusé de le laisser là ; Tenten est restée en arrière et pour le moment, elle est portée disparue »
Les poings serrés, il tira une taffe de sa cigarette et acquiesça ; Lee était un idiot au grand cœur, le genre de gars qu'on ne croise que dans une vie et elle, Tenten était cette fille aux allures masculines. Ils avaient échangé quelques missions, ensemble ; il avait été présent à l'enterrement de Neji, après la quatrième grande guerre ninja.
- « l'équipe Gaï n'est plus » souffla le Nara
- « Tsunade s'est battue jusqu'à la fin, elle offrait des soins sur le terrain ; un ennemi lui aurait porté un coup par-derrière » ajouta le brun « les noms de Kiba, Shino et la mère d'Ino sont sur la liste des disparus, et je suis désolé que ce soit moi qui te l'annonce, mais.. » il prit une inspiration, la voix légèrement tremblante « les noms de Kurenaï et Miraï figurent sur cette liste »
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