that's me without you

Un beau chaos.
L'éclat de tristesse dans le fond de ses prunelles lui arracha un grognement, où était passé ce bout de femme qui survivait tous les jours, camouflant aux yeux de tous la souffrance qu'elle ressentait au plus profond de son âme ? Le reflet que renvoyait ce fichu miroir ne lui plaisait pas ; du bout des doigts, elle effleura la cicatrice sur son abdomen, qui traversait entre ses seins et s'arrêtait sur son bas-ventre. Un rire amer s'éleva dans son être et elle eût soudainement un haut de cœur ; un tremblement prit possession de son corps et elle tenta maladroitement de prendre une inspiration, plongée dans les tréfonds de l'obscurité de son âme.

Un crissement désagréable la tira de ses hasardeuses pensées et une tignasse rose se glissa, d'un pas délicat, dans la chambre ; elle referma la porte dans un léger « clic » et adressa un sourire doux à la patiente. La rose attrapa doucement un tee-shirt brun, à la coupe bien trop large pour la demoiselle, posé sur un coin du lit et se rapprocha d'elle, lui fourrant le tissu dans les mains.

- « tu te sens comment, Tenten ? » demanda la rose, une pointe de tendresse dans les prunelles

La dite Tenten ne répondit pas immédiatement, enfilant maladroitement le haut ; elle était enfermée dans cet hôpital, depuis l'instant où ces shinobis du village caché du Sable l'avait retrouvé, et dans quelques minutes, elle sentirait de nouveau la brise sur son visage, la chaleur des rayons du soleil. Elle haussa simplement les épaules.

- « à vrai dire, je ne sais pas vraiment » avoua-t-elle, dans un souffle incertain
- « c'est tout à fait normal, mais tu t'en sors très bien ; je suis sûr que ça ira » lança l'autre femme, les bras croisés sur sa poitrine « et puis, tu n'es pas seule, d'accord ? je suis là, tu n'oublies surtout pas nos rendez-vous quotidiens et tu as Metal ; il est dans le hall, excité comme une puce, je ne l'avais pas vu sourire autant depuis.. » elle prit une inspiration « 'fin, il est impatient que tu sortes de là »

Tous les matins, l'adolescent aux mèches brunes débarquait à l'hôpital, pour elle ; il était incapable d'être loin d'elle, incapable de la perdre encore une fois. Les adultes étaient d'accord, ce garçon était empreint de courage, il avait assisté silencieusement au décès de son paternel et avait lutté contre lui-même pour ne pas faire demi-tour, pour ne pas prendre le même chemin que Lee et Tenten ; il était resté, auprès de tous ces villageois, silencieusement, en proie en larmes et avait fait en sorte que tout le monde arrive sain et sauf aux portes du village. Et depuis, il aurait pu se fondre en un amas de sentiments contradictoires, il aurait pu se mettre en colère contre l'univers, mais il ne l'avait pas fait, il était resté silencieux, poli et droit ; puis, elle était revenue.
Et là, il avait retrouvé le sourire, bien qu'une certaine souffrance ne le quittait pas.

Sakura attrapa les béquilles qui traînaient dans un coin de la pièce et les lui donna, un sourire au coin des lèvres ; la rose s'occupait d'elle, depuis l'instant où elle était arrivée, elle faisait en sorte qu'elle ne manque de rien et se pliait presque en quatre, pour tous ces patients. Mais Tenten n'était pas idiote, elle se rendait bien compte d'une chose ; la rose se tuait à la tâche parce que quelque chose, dans son existence, clochait et sûrement que ça avait un lien avec cette fichue guerre.

La châtain les attrapa, silencieusement et se hissa doucement sur ses deux pieds ; bien que la souffrance n'était plus si forte qu'aux premiers jours, elle demeurait. Une souffrance physique et morale.

Elles se glissèrent hors de la chambre et quelques minutes, plus tard, une tignasse brune se jeta contre les jambes de la châtain, qui manqua de perdre l'équilibre. Un grand sourire sur les lèvres, l'adolescent se hissa maladroitement sur la pointe des pieds et claqua plusieurs baisers sur la joue de la plus âgée ; oui, il était plus qu'heureux qu'elle sorte de l'hôpital.

- « oye, Metal » entendirent-ils « elle est blessée, tu te souviens ? vas-y doucement »

Une adorable moue boudeuse déformait le visage du brun, mais il acquiesça, lançant un « oui, senseï » au gré du vent et attrapa le sac de vêtement qui traînait sur l'épaule de la rose ; elle n'eut aucun mal à reconnaître Lee au plus profond de l'adolescent, autant dans sa manière d'être que dans son sourire, cet idiot lui manquait. Elle ébouriffa délicatement les mèches brunes du garçon et salua poliment l'homme qui se rapprochait d'elle, les mains dans les poches.

- « docteur Haruno, vous êtes rayonnante » s'exclama l'homme, un sourire au coin des lèvres
- « et toi, tu es un idiot, Kankuro ; ce ne sont pas tes compliments qui feront que j'oublierai que tu as mis des idées bizarres dans la tête de ma fille » répliqua la rose, un sourcil arqué
- « idées bizarres ? tu traites mes marionnettes d'idées bizarre ? » lança-t-il, le bout du nez plissé

Un doux rire s'échappa du médecin et elle haussa simplement les épaules ; les prunelles d'un beau noisette de la châtain se posèrent un instant sur le brun, à quelques mètres d'elle. Elle se souvenait de lui, de vagues souvenirs, mais ils étaient bien là ; il avait été blessé, dans l'adolescence, par des membres de l'organisation Akatsuki en tentant de sauver son petit-frère, Gaara. Il n'était plus un adolescent ; une dizaine de centimètres de plus qu'elle, une légère barbe sur le menton, des mèches brunes au ton bordélique et quelques traces de maquillage violet sur son visage.

- « yo, je suis Kankuro ; le frère de Gaara et Temari » se présenta-t-il

Un grand sourire charmeur sur les lèvres, il tendit une main vers Tenten ; elle l'observa un court instant et posa son regard neutre sur lui.

- « ouais, je sais qui tu es » souffla-t-elle, en haussant les épaules

Elle lança un rapide « au revoir » à la rose, lui faisant la promesse de l'appeler très vite et contourna le brun, toujours la main tendue ; la seconde d'après, elle disparaissait de l'autre côté des portes de l'hôpital. Le sourire sur les lèvres du brun s'agrandit et il pouffa doucement de rire, sous les regards perdus de Sakura et Metal.

- « eh bien, quelle femme » lâcha-t-il, en fourrant ses mains dans ses poches

Sûrement, qu'il était habitué à ce qu'elles se jettent à ses pieds, bafouillent un tas de trucs incompréhensible, les joues roses ; qui ne rêvait pas d'être proche du grand-frère du Kazekage? Il claqua un baiser bruyant sur la joue de la rose et emboîta le pas à Metal, qui s'empressait de rejoindre la châtain, dehors.

Une jolie petite demeure. Elle était là, face à cet amas de pierres et ses prunelles d'un beau noisette ne se détachaient pas de la demeure ; les sourcils froncés, elle se confronta silencieusement au regard pétillant et à l'énorme sourire sur les lèvres de Metal, qui sautillait littéralement sur place, le sac sur son dos.

- « est-ce que tu aimes ? » s'exclama l'adolescent « j'ai aidé le kazekage à faire un choix, je me suis dit qu'elle te plairait et attends, tu n'as pas encore vu l'inté-.. »
- « qu'est-ce que c'est que ça ? » le coupa-t-elle, les sourcils froncés

L'adolescent n'ajouta rien, assistant silencieusement au regard que lançait la châtain au grand brun derrière lui ; Kankuro s'était occupé de lui, lui avait apprit plein de choses et à vrai dire, Metal l'admirait énormément. Et sûrement, qu'au fond, il retrouvait un peu de son père dans cet homme.

Un soupir s'échappa des lèvres du frère du kazekage et il haussa les épaules, déposant une main protectrice sur l'épaule du garçon, ce qui n'échappa pas au regard de Tenten.

- « mon frère s'est dit que tu aimerais avoir un chez-toi, au lieu de vivre dans les appartements du kazekage ; comme l'a dit Metal, il l'a aidé à faire son choix » expliqua le brun
- « j'aurai très bien pu aller à l'hôtel ou chez l'une de mes amies » répliqua-t-elle
- « je n'en doute pas, mais l'hôtel n'est clairement pas la solution sur une longue durée » souffla-t-il
- « ce village n'est pas ma maison, konoha est ma maison ; il n'y a pas de longue durée »
- « pour l'instant, il y a une longue durée ; konoha n'est plus qu'un amas de ruines »

Les mots du brun lui arrachèrent un frisson ; la tombe parsemée de fleurs de Neji glissa dans son esprit, le terrain d'entraînement de Gaï l'effleura et la demeure en bordel de Lee l'entailla. Le village caché de la feuille n'était plus qu'un amas de ruines, l'endroit où elle avait grandi, où elle était tombée amoureuse de ces deux garçons maladroits n'existait plus ; qu'allait-elle faire, maintenant ? Les précédentes guerres lui avaient arraché tant de choses ; ses parents, alors qu'elle n'était qu'un bébé, Neji, alors qu'elle n'était qu'une adolescente perdue et Lee, ainsi que Gaï, alors qu'elle apprenait enfin à vivre grâce à eux. Elle tenta tant bien que mal de faire taire les battements douloureux de son cœur dans sa cage thoracique et observa le visage peiné de l'adolescent, qui fixait le sol, silencieusement ; il était le portrait de Lee, la même maladresse, le même courage.

Un soupir s'échappa de ses lèvres et elle ébouriffa délicatement les mèches brunes du garçon, lui adressant un petit sourire tendre.

- « vas-y, montre-moi le chemin ; j'ai hâte de voir ça de plus près, Metal » souffla-t-elle d'une voix douce qui n'eût aucun mal à faire apparaître un sourire sur les lèvres de l'adolescent

Il acquiesça vivement et s'engouffra dans l'allée.

- « je suis désolé pour ce que j'ai d-.. » commença le brun, doucement
- « je n'ai pas besoin de tes excuses, Sabaku » grogna-t-elle

Silencieusement, sans un regard pour le frère du kazekage, elle emboîta le pas à l'adolescent qui les attendait patiemment sur le pas de la porte, un sourire adorable sur les lèvres ; Kankuro observa ce sourire, un instant. Durant l'année qui s'était écoulée, il avait tenté tant bien que mal de faire sourire le garçon, mais s'était heurté silencieusement au néant ; mais là, il semblait si heureux que ça lui brisa le cœur. Parce qu'au fond, il s'était attaché à cette bouille d'ange et sûrement qu'il allait le perdre, maintenant.

- « oye, Kankuro senseï » s'exclama Metal, avec un geste de la main

La douce voix de l'adolescent le tira de ses pensées et il acquiesça, un sourire au coin des lèvres ; les mains dans les poches, il se lança à leurs suites dans l'allée.
Un doux parfum émanait de la demeure, Tenten n'eût aucun mal à reconnaître les goûts de l'adolescent dans les meubles ; elle esquissa un sourire et le suivit maladroitement, en s'appuyant sur ses béquilles. L'une de ses jambes était encore bien trop fragile pour qu'elle puisse s'en servir constamment. Metal la tira doucement jusqu'à l'une des deux chambres, un grand sourire sur les lèvres.

- « ça, c'est ma chambre » s'exclama-t-il, fièrement

Les sourcils froncés, une pointe de surprise dans les prunelles, elle posa son regard sur le brun ; il perdit très vite son sourire et se gratta l'arrière du crâne, un peu gêné.

- « 'fin, si tu acceptes ; de toute manière, pour le moment, je reste avec le kazekage, le temps que tu ailles mieux et je me suis dit, qu'après, je pourrai vivre avec toi, enfin.. je ne sais pas.. si tu veux »

Dans un élan délicat, elle passa un bras autour des épaules du garçon et claqua un doux baiser sur sa joue, acquiesçant à ses mots ; elle le comprenait, ils n'avaient jamais vécus ensemble, mais sûrement qu'elle était dans tous les souvenirs qu'il avait. Lee l'avait toujours présenté comme un membre très important de leur petite famille ; elle était là aux premiers pas de l'enfant, à sa première chute, à son entrée à l'académie, à ses premières larmes.

- « cette maison est ta maison » souffla-t-elle, d'une voix douce « j'adorerai que tu viennes vivre ici »

Quelques nuances de rose s'accrochèrent aux joues du garçon et il acquiesça vivement, retrouvant soudainement sa bonne humeur, presque contagieuse ; il attrapa de nouveau la main de la châtain et la tira dans la chambre principale. Un grand lit deux places, une commode, un bureau, une table de chevet ; et deux kunaïs accrochés au-dessus du lit. Les yeux écarquillés, son cœur rata un battement lorsque ses prunelles effleurèrent les deux armes.

- « je voulais vraiment que tu te sentes chez toi » avoua le garçon « j'ai demandé à la maman de Boruto, l'un des kunaïs de Neji et je l'ai accroché avec celui de papa ; je me suis dit que tu aimerais avoir un bout d'eux, avec toi »

Des larmes perlèrent au coin des paupières du garçon, alors qu'il ne lâchait pas la main de la femme, près de lui ; les béquilles de la châtain tombèrent soudainement au sol et elle mit un genou à terre, dans un gémissement douloureux. Délicatement, elle attrapa le visage du garçon entre ses mains et esquissa un doux sourire.

- « merci Metal » lâcha-t-elle, doucement

L'adolescent fondit dans ses bras, silencieusement ; sûrement, que les autres adolescent de son âge se moqueraient, à le voir au bord des larmes, dans les bras d'une femme qui n'était même pas sa mère, mais là, contre elle, il se sentait bien, pour la première fois depuis si longtemps.

- « il me manque terriblement » souffla le brun, douloureusement « papa me manque, mais je suis vraiment content que tu sois là, tu n'es peut-être pas ma maman, mais.. j'ai vraiment besoin de toi, Tenten »

La confession du garçon lui arracha un frisson, elle resserra délicatement sa prise autour de son corps frêle et acquiesça ; au bord des larmes. Ce garçon était tout ce qu'elle avait, à présent ; il était son trésor et elle ferait tout ce qui est possible pour que son sourire ne s'efface jamais.

Quelques heures, plus tard, les deux garçons retournèrent dans les appartements du kazekage et elle se retrouva seule ; toute seule dans cette demeure. Son dos se heurta douloureusement au matelas de la chambre et elle prit une inspiration, épuisée par la journée ; elle n'aimait pas être si faible, elle était l'une des kunoichis du village caché de la feuille et là, elle était bloquée dans cet endroit, gravement blessé. Et elle était seule.

Pendant un instant, elle hésita à prendre le téléphone sur la table de chevet et à joindre Hinata ou Temari, Sakura et Ino ; mais elles avaient toutes une vie, empreint de souffrance, elle aussi. Elle n'avait même pas encore eu le courage de faire face à la belle Hyuuga ; la brune avait perdu son époux dans la bataille, paraît-il qu'il était décédé sous ses yeux, sous les yeux de leurs enfants et Tenten aurait aimé être une bonne amie, prendre soin d'elle, mais elle était incapable de lui faire face pour le moment.

Ses prunelles s'accrochèrent aux armes, sur le mur et les battements de son cœur se firent soudainement plus douloureux dans sa cage thoracique ; celle de Neji était parfaitement lisse alors que celle de Lee possédait plusieurs fissures. Les larmes perlèrent au coin de ses paupières et elle ferma les yeux, pourquoi ça faisait si mal ? Parfois, elle se disait qu'elle aurait vraiment aimé être l'un de ses shinobis qui suivait parfaitement toutes les règles, qui ne pleurait pas, qui ne s'attachait pas, qui ne souffrait pas ; était-ce possible ? Elle souffrait et elle en avait marre d'avoir si mal ; ça lui coupait le souffle, ça la brûlait, ça la tuait lentement. Ces deux idiots lui manquaient terriblement.

La mort de Neji l'avait paralysée ; mais elle avait survécu, parce que Lee et Gaï avaient prit soin d'elle, ils avaient tous les deux été extrêmement patients, lui avaient redonnés goûts à la vie. Mais là, tout de suite, qui l'aiderait à survivre à la mort de son maître et ce bout d'homme dont elle était tombée amoureuse, finalement ? Elle aurait dû être capable de prendre soin d'eux, d'empêcher la mort de les prendre ; elle aurait dû faire quelque chose.

Les larmes roulèrent sur ses joues, silencieusement et cette fois, elle ne chercha pas à faire quoi que ce soit ; elles dévalaient ses joues et un sanglot s'échappa de ses lèvres.
Neji Hyuuga n'était plus. Gaï Maito n'était plus. Lee Rock n'était plus. Konoha n'était plus.
Qui était-elle?

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