mad world
Les bombes pleuvaient sur les décombres du village ; les semaines s'échappaient, les jours se mêlaient aux nuits. Dans un grognement plein de rage, il balança son gant noir à ses pieds et planta l'aiguille dans sa cuisse ; il étouffa un gémissement de douleur et s'empressa de recoudre sa blessure, tant bien que mal. Son regard croisa les prunelles bienveillantes de son meilleur ami et il lui lança un sourire ; ces sourires, c'était la seule trace de bonheur qu'il lui restait. Une quinte de toux le prit et il se plia légèrement en deux, sa tête se cognant contre ses genoux ; quelques gouttes de sang s'échappèrent de ses lèvres et il grimaça, les essuyant d'un revers de manche. L'hôpital n'était plus ; les blessés avaient été évacués quelques jours avant, mais les médecins reposaient sous les décombres. Une bouteille d'eau roula jusqu'à ces pieds et il plongea ses iris bruns dans les yeux du grand brun, assis devant lui ; ils ne se quittaient pas tous les trois. Son regard effleura un instant le corps de son camarade et une légère grimace se glissa sur ses lèvres ; il balança la bouteille d'eau aux pieds du blessé.
- « nettoie ta blessure, tu sais que si ça continue, dans cet état, une infection te tuera » souffla le Nara
- « tant pis, au moins si je meurs, je sais que ma famille est en sûreté »
Un soupir s'échappa des lèvres du grand brun ; c'était étrange, il avait connu un Saï en quête d'identité, cherchant tant bien que mal une réponse à toutes ces questions, à tous ces sentiments et là, il était face à un Saï, serein d'avoir mis sa famille en sûreté. En tentant le sauvetage d'un shinobi prit dans les décombres, le brun s'était retrouvé coincé sous un amas de pierres ; ils avaient perdu beaucoup de temps, mais ni Chôji ni Shikamaru n'avaient Il jeta un coup d'œil inquiet à sa jambe et versa quelques gouttes d'eau sur la blessure ; bien trop profonde, sûrement qu'il finirait par perdre sa jambe. Un énième soupir s'échappa de ses lèvres et il passa un morceau de tissu autour de sa plaie, il perdait beaucoup de sang.
- « tu dois rejoindre le prochain convoi, Saï » souffla le brun « ça ne s'arrangera pas ta blessure et tu ne peux pas perdre la vie pour quelque chose d'aussi futile, ta famille t'attends »
- « les vôtres vous attendent, vous aussi » répliqua-t-il « partez avec moi »
- « tu sais très bien que ce n'est pas possible, nous ne sommes plus très nombreux, mais nous devons nous battre »
- « elle ne te manque pas ? »
La question le prit par surprise ; il passa une main tremblante dans ses mèches brunes et haussa simplement les épaules. Chaque fois qu'il ouvrait les yeux, les visages de son épouse et de son fils lui venaient, et chaque fois qu'il fermait les yeux, ils étaient là, encore. Sûrement que ça le tenait en vie, d'une certaine manière.
- « normalement, le prochain convoi part dans deux heures ; tu prends celui-là »
- « mais Shikama-.. »
- « non » le coupa-t-il « soit tu prends ce convoi de ton plein gré, soit je t'assomme »
Un soupir agacé s'échappa des lèvres du blessé et il acquiesça, faiblement ; ces derniers temps, Shikamaru était devenu têtu. Le Nara se releva tant bien que mal de sous les décombres ; une petite cachette qu'ils avaient trouvés par hasard et fit signe à ces camarades qu'ils pouvaient se joindre à lui. Chôji s'échappa des décombres à son tour, aidant tant bien que mal un Saï affaibli ; il le soutenait. Cette zone du pays avait subi tant de pertes ; et sûrement qu'il n'y avait plus personne à sauver dans ce coin. Il étouffa un bâillement dans sa main et remit correctement son gant, tenant fermement son katana ; il l'avait trouvé le premier jour de la bataille, sur le sol et ne se débrouillait pas trop mal. Ils avaient entendu quelques rumeurs sur ces convois, qui emmèneraient les blessés dans le pays le plus proche ; il espérait plus que tout que ce ne soit pas que des rumeurs, parce qu'ils le savaient tous les trois, si ça continuait, Saï ne tiendrait pas longtemps.
L'ancienne place qui servait de cimetière était le point de rendez-vous ; sous le soleil brûlant, ils s'y rendirent. Et Shikamaru ne retint pas ce soupir de soulagement qui s'échappa de ses lèvres lorsqu'il croisa le regard d'un shinobi de Suna ; ils échangèrent un sourire maladroitement et il s'avança d'un pas assuré pour faire l'état de la blessure de leur camarade. L'échange ne dura que très peu de temps.
- « un conseil ; ne restez pas trop longtemps dans le coin, si vous êtes blessés, vous serez tout seul » souffla le shinobi de Suna « c'est le dernier convoi pour cette zone »
- « comment ça se fait ? » demanda le roux, les sourcils froncés
- « la plupart des personnes qui restaient dans le coin ont été évacuées ou sont décédées ; en plus de votre ami, nous avons un autre blessé, mais les ordres sont les ordres, nous ne reviendrons plus dans cette zone »
- « merci, en tout cas ; nous allons sûrement rejoindre une autre zone »
- « faites attention à vous, le pays du Feu est dans un sale état »
Un soupir s'échappa des lèvres du Nara et il s'approcha doucement de son camarade, allongé sur une civière ; le blessé s'empressa de lui offrir un sourire.
- « dis, pourquoi est-ce que je me sens si triste à l'idée que vous soyez seuls ? » demanda le blessé
- « ça, ça s'appelle l'amitié ; mais t'en fais pas pour nous » souffla le brun
- « ne mourez pas, s'il vous plaît ; j'ai besoin de vous »
- « comment ça ? » lâcha le roux, en se postant de l'autre côté de la civière
- « j'aurais besoin d'un ou deux témoins pour mon mariage »
Un sourire se glissa sur les lèvres des deux meilleurs amis et ils acquiescèrent d'un même mouvement ; il était vrai qu'à une période, ils avaient douté de la sincérité du brun envers Ino, mais là, il n'y avait plus aucun doute. Chôji attrapa la main du blessé entre les siennes, les yeux embués.
- « j'en serais honoré ; elle sera vraiment heureuse » s'exclama le roux
- « moi aussi, je serais vraiment content de te compter officiellement dans la famille » ajouta le Nara
Le shinobi déclara qu'il était temps pour eux de s'en aller et Shikamaru tapota doucement l'épaule de son camarade, un sourire sur les lèvres ; ils se quittaient, mais se retrouveraient, n'est ce pas ? Saï leva un pouce en l'air, un léger sourire sur les lèvres.
- « je prendrais soin de vos familles jusqu'à votre retour, c'est une promesse »
Un grand sourire déforma les lèvres du roux et il leva son pouce en l'air, à son tour ; ils échangèrent un rapide signe de la main et le brun disparut au détour d'un arbre. Il s'en allait rejoindre les siens, tout se passerait bien. Ils restèrent là, un instant, fixant le chemin qu'ils avaient pris ; ils se sentaient un peu plus léger à ce moment.
Il étouffa un bâillement entre ses lèvres et sauta sur une énième branche ; ils s'avançaient de plus en plus profondément dans la forêt, espérant rejoindre la zone suivante avant la tombée de la nuit. Il jeta un regard en biais à son meilleur ami et se concentra sur la route ; en réalité, ils ne savaient pas vraiment ce qui avait causé cette cinquième guerre. Un ennemi un peu trop puissant s'était pointé du jour au lendemain, dévastant leur village et assassinant par la même occasion le Hokage, Naruto Uzumaki ; les shinobis s'étaient succéder à partir de là, chacun tentant maladroitement de venger leur chef, mais ils mourraient dans d'atroces souffrances. Le visage souriant du jeune Uzumaki se glissa dans son esprit et un sourire triste se glissa sur ses lèvres ; qui aurait crû que cet homme perdrait la vie, un jour ? Le héros du village.
Un hoquet de stupeur s'échappa des lèvres du chef Akimichi et il s'arrêta dans sa course, cherchant du regard son meilleur ami ; posé sur une branche, il regardait avec effroi la zone qu'ils venaient de rejoindre. Les iris bruns du chef Nara se heurtèrent au massacre ; des centaines de corps traînaient sur le sol, du sang tâchaient l'herbe et l'odeur de chair brûlé lui arracha un haut de coeur. Dans un bond agile, il se jeta dans le vide, tombant sur ces deux pieds ; sans attendre son meilleur ami, il s'élança dans les décombres.
- « il y a quelqu'un ? » s'écria-t-il
Il s'en fichait des ennemis à cet instant ; les corps de ces personnes révélaient en lui bien trop de noirceur. Un soupir de frustration s'échappa de ses lèvres lorsqu'il se confronta au silence. La silhouette forte de son camarade se pencha à ces côtés, ramassant une poupée en mauvais état ; des enfants étaient morts, sous ces décombres. Pendant une seconde, le brun imagina son fils, là, quelque part et il tenta de faire taire les battements effrénés de son cœur ; son regard croisa celui de son ami.
- « il y a forcément des rescapés, aide-moi » souffla le brun
Et sans un mot, le roux s'élança dans une direction au hasard, appelant sans cesse une quelconque personne. Le grand brun se jeta de l'autre côté, ses pieds évitant maladroitement les corps ; ses iris bruns foulaient ces atrocités et au fond de lui, il savait très bien que s'il s'en sortait vivant de cette situation, les séquelles seraient là. Il ne trouva rien, pas un seul survivant de son côté et lorsqu'il retourna auprès du jeune Akimichi, il se heurta avec soulagement au sourire de son meilleur ami.
- « je les ai trouvés, planqués sous des décombres » s'exclama le roux, son pouce en l'air
Dans l'ombre du roux, se tenaient maladroitement une petite fille et une jeune femme ; le regard du brun se confronta en silence au ventre rond de la demoiselle. Il se souvenait parfaitement de la grossesse de Temari, d'à quel point ça avait été dure pour elle et d'à quel point il avait eu peur lorsqu'elle avait failli mourir sur la table d'opération ; cette femme, vivrait-elle ? Si le travail commençait sur le champ de bataille, il n'était pas sûr de parvenir à la maintenir en vie, il n'était pas médecin.
Il se pencha légèrement et ébouriffa les cheveux de l'enfant ; un petit sourire au coin des lèvres. Dans un tableau si horrible, voir une enfant lui mettait un peu de baume au cœur.
- « vous êtes blessés ? » demanda-t-il
La femme enceinte secoua la tête, de droite à gauche.
- « pas vraiment, quelques égratignures, mais rien de grave » déclara-t-elle
- « à combien de mois, vous êtes ? »
- « bientôt à terme » souffla-t-elle, une lueur bien trop triste dans les yeux
Un soupir s'échappa des lèvres du brun et il acquiesça, passant une main légèrement tremblante dans ses mèches brunes ; il sentait que ça poserait problème à un moment, cette histoire.
- « nous allons trouver un coin tranquille dans les montagnes, pour quelques jours ; nous avons besoin de reprendre quelques forces » expliqua le brun « vous vous joignez à nous ? »
Elle acquiesça à sa question et leur emboîta le pas ; Chôji n'eut aucun mal à récupérer la petite fille sur son dos, la faisant sautiller joyeusement. Shikamaru enviait cette partie de la personnalité de son camarade ; il souriait constamment, ça lui faisait plaisir d'une certaine manière de le voir ainsi. Ça l'aidait à tenir le coup dans toutes ces atrocités.
Par chance, sûrement, ils tombèrent sur une petite grotte à l'abri des regards ; elle servirait d'abri pour quelques jours, c'était amplement suffisant. Ils établirent un camp tant bien que mal et le brun s'installa contre l'une des parois, à bout de souffle. Le bout de ses doigts toucha délicatement sa cuisse meurtrie et une légère grimace déforma ses lèvres ; elle n'était pas très profonde, mais assez pour qu'une douleur sans nom le prenne. Il attrapa la bouteille que son meilleur ami lança vers lui et déversa quelques gouttes sur la plaie ; deux mains fines se glissèrent sous ses yeux.
- « je ne suis pas médecin, mais j'ai quelques bases » lâcha-t-elle, dans un murmure
Un soupir s'échappa des lèvres du brun et il acquiesça faiblement ; il n'avait pas la force de se battre avec qui que ce soit. Un peu gêné, il exécuta les ordres qu'elle lui donnait et se défit de son pantalon ; c'était bien la première fois qu'il se retrouvait en caleçon devant une femme autre que sa mère, sa meilleure amie et son épouse. Dieu que Temari l'aurait tuée de ses propres mains si elle avait été dans la grotte ; cette pensée lui arracha un petit rire, qu'il étouffa entre ses lèvres. Elle releva un regard surpris vers lui et il haussa simplement les épaules.
- « je pensais à ce que mon épouse dirait si elle me trouvait dans une telle situation, avec une autre femme » souffla le brun, un petit sourire sur les lèvres
- « oh bordel, tu serais sûrement mort » s'exclama le roux
Le rire de Chôji résonna un instant dans la grotte et celui du brun se mêla au sien, au bout de quelques secondes ; parce que dans ce massacre, ils avaient besoin d'une petite lueur.
Elle faisait preuve d'une grande délicatesse, désinfectant sa plaie ; puis la fermant avec du fil et une aiguille. Ses mains douces frôlaient sa peau meurtrie et il ne dit rien, de tout le long ; observant simplement ces gestes. Peut - être que ça finirait par lui servir, non ? Et lorsqu'elle termina, il remit correctement son pantalon, reprenant sa place initiale.
- « vous vous connaissez depuis longtemps ? » demanda-t-elle aux deux shinobis
- « depuis vraiment longtemps, nos familles traînent ensemble depuis des décennies » souffla le roux
- « comment se fait-il que votre fille et vous, soyez toujours en vie ? »
Elle coula un regard vers la petite fille, qui somnolait la tête sur les genoux de l'imposant Akimichi ; il caressait ses mèches brunes d'une main délicate. Oui, ça lui rappelait toutes ces fois où il avait pris soin de sa propre fille, sa princesse ; elle lui manquait.
- « en fait, ce n'est pas ma fille ; je l'ai trouvé au milieu des décombres, en larmes » expliqua-t-elle, une lueur triste dans les yeux « je l'ai prise avec moi et nous nous sommes cachés »
- « heureusement que vous étiez là, pour elle, alors » s'exclama le rouquin « je suis Chôji Akimichi »
- « Fune Yoshihiro » se présenta-t-elle, à son tour « et elle, elle s'appelle Mitsuha »
À l'entente de son prénom, la petite fille releva un regard endormi vers les trois adultes ; le roux lui intima de retourner dans les bras de Morphée, doucement. Le brun tendit une main vers la jeune femme, qu'elle s'empressa de prendre.
- « Shikamaru Nara, merci pour ma blessure ; savez-vous depuis combien de temps tout ça a commencé ? je vous avoue, qu'étant sur le terrain, nous n'avons pas fait attention »
- « vraiment ? » souffla-t-elle
Il acquiesça silencieusement, posant ses mains sur ses hanches.
- « ça a commencé il y a plus de dix mois, déjà »
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