look for the girl with the broken smile
Il étouffa maladroitement un bâillement entre ses lèvres et se glissa dans un bas de jogging gris, serrant un peu plus fortement qu'à l'habituel le nœud à la taille ; il n'avait pas encore repris tous les kilos qu'il avait perdus, sur le champ de bataille. Une brosse à la main, il entreprit de défaire rapidement les nœuds dans ses mèches brunes et se glissa entre les draps défaits du lit ; quelques jours étaient passés depuis qu'il avait manqué de prendre la vie de son épouse, perdu dans des atroces souvenirs et par précaution, ils faisaient toutes les deux chambres à part. Un énième bâillement s'échappa de ses lippes, mais au lieu de prendre place dans les bras de Morphée, il tira une paire de fines lunettes de la table de chevet, les glissa sur son visage et attrapa le plateau de shôji qui traînait sur un morceau du lit ; il bougea silencieusement quelques pièces, dans une concentration extrême.
Un bruit de pas le tira de sa partie et les sourcils froncés, il se confronta au visage, à bout de souffle, de son épouse ; elle était là, dans l'encadrement de la porte, simplement vêtue d'un tee-shirt du clan Nara et quelques nuances rose sur les joues.
- « quelque chose ne va pas ? » demanda-t-il, légèrement inquiet
L'horloge sur sa table de chevet affichait presque trois heures du matin, et même si ça avait très compliqué pour elle, ils s'étaient mis d'accord pour que Temari ne se glisse pas dans la chambre qu'il occupait la nuit ; la première nuit, elle s'était réveillé en sursaut, bercée par la sensation que le fait qu'il était revenu de la guerre n'était qu'un rêve, il était resté près d'elle, toute la nuit, assis sur un vieux fauteuil dans un coin de la pièce.
- « j'ai reçu un appel de Gaara » expliqua-t-elle, encore légèrement essoufflée « ils ont retrouvé Miraï, à quelques kilomètres du village »
La pièce que le brun gardait entre ses doigts s'échappa et s'écrasa brutalement sur le plateau.
- « a-attends, quoi ? » bégaya-t-il, le cœur tremblant
- « ils la ramèrent, elle sera là d'ici une heure » ajouta la blonde, un petit sourire au coin des lèvres
L'air dans ses poumons céda à une vague de soulagement et il retira ses lunettes, camouflant ses prunelles au bord des larmes avec sa main tremblante ; ils avaient retrouvé Miraï, cette petite fille qu'il considérait comme une petite sœur, la fille de son maître, ce second père qu'il avait eu. Il prit une inspiration maladroitement et se mordit la lèvre, pour ne pas fondre en larmes.
- « habille-toi » ordonna-t-elle, d'une voix douce « nous allons à l'hôpital, hors de question qu'elle reste seule une seconde de plus »
Le brun acquiesça, incapable de dire quoi que ce soit d'autre et repoussa le plateau de shôji ; Temari disparu dans le corridor et il s'empressa d'attraper quelques vêtements, les mains tremblantes. S'en était dingue, la façon dont l'adolescente qui haïssait tout le monde était devenue une femme aimante ; s'en était dingue, la façon dont il tombait amoureux d'elle un peu plus chaque fois qu'elle entrouvrait les lèvres.
Quelques éclats de voix s'échappaient de la cuisine, il s'engouffra dans la pièce, rattachant correctement ses mèches brunes en un catogan bordélique et fronça les sourcils, en découvrant sa mère sur une chaise, un café dans les mains ; la brune lui adressa un petit sourire et se hissa sur ses deux pieds, elle se rapprocha de lui et attrapa son visage entre ses mains, fouillant au plus profond de son âme. Elle ne dit rien, pendant plusieurs minutes avant de lui tendre un doux sourire.
- « tu es beau » souffla-t-elle, d'une voix douce « s'en est presque vexant que tu ressembles tant à ton père »
- « moi, j'aime bien » lâcha la voix de Temari, dans le dos de sa mère, une tasse de café à la main
Un doux rire s'échappa des lèvres de Yoshino et lança un clin d'œil à la blonde, lui arrachant quelques rougissements adorables ; Temari fourra la tasse fumante dans les mains de son époux et réajusta correctement la veste qu'il portait.
- « bois ce café » ordonna-t-elle « ta mère gardera les enfants, le temps que nous allons là-bas »
- « d'accord, merci Temari » lâcha-t-il, dans un souffle doux
Elle se confronta un instant au regard d'un bel ébène du stratège et les nuances roses sur ses joues ne firent que s'accroître ; elle se racla doucement la gorge et acquiesça, disparaissant dans le couloir qui menait aux chambres. Le brun avala quelques gorgées du café et posa un regard sur sa mère, qui l'observait silencieusement, un soupir au bord des lèvres.
- « tu l'embrasseras de ma part, hein ? » dit-elle, doucement « je me suis attachée à cette fille, au fil du temps »
- « je lui dirai, maman, promis » répondit-il, en déposant la tasse vide dans l'évier
Un bruit de pas se rapprocha et Temari revint vers eux, une veste sur les épaules.
- « les enfants dorment tous, j'aurai aimé au moins le dire à Shikadai mais il dort profondément » expliqua-t-elle « merci encore Yoshino, fais comme chez-toi, tu as l'habitude »
La brune acquiesça doucement, un fin sourire sur les lèvres et salua les deux adultes, alors qu'ils disparaissaient de l'autre côté de la porte d'entrée ; Shikamaru coinça un tube de nicotine entre ses lèvres et l'alluma d'un geste expert.
- « donne-moi ça » souffla la blonde, en se mettant sur sa droite
Sans attendre une quelconque autorisation, elle attrapa la cigarette entre ses doigts, tira une taffe ou deux et la jeta sur le sol, l'écrasant avec la semelle de sa chaussure ; sous le regard surpris de son époux.
- « tu penses vraiment que je n'ai pas remarqué que tu fumes cinq fois plus qu'avant ? » lança-t-elle, un sourcil arqué « tu m'as donné trois enfants, hors de question que tu crèves d'un cancer mon gars »
Pendant un instant, le brun hésita à rire ; le rire était là, au bord de ses lèvres, mais il ne s'échappait pas. Un sourire sincère se glissa au coin de ses lèvres et il acquiesça, il attrapa doucement l'une des mains de la blonde dans la sienne et la tira à sa suite, sur le chemin de l'hôpital ; elle remercia le col de sa veste et l'obscurité de la nuit qui cachaient les rougeurs sur ses joues.
L'amer parfum de désinfectant dans la salle d'attente lui arracha une légère grimace et ils s'engouffrèrent doucement dans la pièce, main dans la main ; Ino, Saï et Karui traînaient dans un coin, sur des chaises. La rousse se hissa maladroitement sur ses pieds, en les remarquant et fondit dans les bras du brun, sous les regards surpris des autres ; personne n'était au courant qu'ils s'étaient réconciliés, d'une certaine manière. Un sourire au coin des lèvres, il resserra doucement sa prise autour de la silhouette de la rousse et déposa un chaste baiser sur son front.
- « je suis venue dès que j'ai su, je sais qu'elle compte beaucoup pour toi, pour Ino et.. pour lui » souffla-t-elle, doucement, contre son torse
- « merci d'être là, Karui ; ça compte beaucoup pour nous » dit-il, d'une voix tendre « comment se porte Chôchô ? »
Karui se tira doucement de l'étreinte et esquissa un sourire, maladroit ; depuis qu'elle avait failli perdre la vie, en se jetant du haut d'un immeuble, elle s'était rapprochée de sa fille. Sûrement qu'une partie d'elle l'avait délaissé, après la mort de Chôji ; elle souffrait tellement, à ce moment-là, qu'elle avait éloigné la seule chose qui la raccrochait à lui, en plus de ses souvenirs. Et elle regrettait.
- « bien, elle a hâte de faire la rencontre de Mitsuha et Shikae ; comment vont-ils ? » demanda-t-elle
- « très bien, ils grandissent vite » répondit-il « je suis vraiment content que tu sois là »
D'un commun accord, ils retournèrent auprès de leurs amis ; Karui récupéra sa place et le brun attrapa doucement une chaise dans un coin, s'installant doucement près de son épouse, qui discutait avec Ino. Les deux blondes s'entendaient bien et ça, ça lui faisait extrêmement plaisir au fond ; parce que la douce Yamanaka était un membre de sa famille, depuis sa plus tendre enfance.
- « elle est arrivé, il y a peu » expliqua Saï, calmement « les médecins s'occupent de faire l'état de ses blessures »
- « je suis tellement rassurée » souffla la sœur du kazekage, dans un soupir soulagé « est-ce qu'elle était seule ? »
Le visage de Kurenaï se glissa dans l'esprit du brun et il posa son regard brun dans celui bleuté de sa meilleure amie ; ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Ils avaient grandi tous les deux, avaient assisté à l'amour naissant entre Asuma et Kurenaï ; avaient prit soin de la brune, à la perte de leur maître. La pointe de tristesse dans les prunelles bleues de la blonde lui fit comprendre que le nom de Kurenaï était encore sur la liste des portés disparus.
- « ça ira » lâcha Karui, une pointe de maladresse dans la gorge « ça ira, nous sommes ensemble ; nous prendrons soin d'elle, quoi qu'il arrive »
Les mots de la rousse arrachèrent un doux sourire à Saï et il acquiesça, attrapant la main de son épouse dans la sienne ; tout irait bien, parce qu'ils étaient ensemble, tous ensemble. Un bruit de pas s'éleva dans le dos du stratège et doucement, il tourna la tête vers le brun qui s'approchait maladroitement d'eux ; il n'eut aucun mal à reconnaître le jeune Sarutobi, le petit-fils du troisième hokage, malgré la légère barbe qui recouvrait son visage, malgré les cernes sous ses yeux, et le bordel dans ses mèches brunes.
- « Konohamaru » lâcha la sœur du kazekage, dans un souffle
La blonde se hissa doucement sur ses pieds et tira le brun dans une étreinte douce, il ne dit rien et passa doucement un bras du corps de la femme ; puis, il salua poliment l'époux de celle-ci. Bien sûr, il avait entendu qu'il était revenu quelques mois en arrière, mais avait été incapable de lui faire face ; Shikamaru se hissa à son tour sur ses pieds et d'un commun accord, les deux bruns se tirèrent hors de l'hôpital.
Une cigarette coincée au bord des lèvres, le stratège observa un instant l'immensité du ciel noirci. Depuis combien de temps connaissait-il le jeune Sarutobi ? Il se souvenait de ce gamin un peu idiot qui suivait partout un blondinet dans leur enfance, de ce garçon empli de courage dans leur adolescence et de ce jeune homme qui avait prit en charge l'équipe composé de Boruto, Sarada et Mitsuki, dans l'âge adulte. Le brun ressemblait un peu plus à son oncle, Asuma, avec cette légère barbe.
- « je suis content que tu sois là » souffla finalement le jeune adulte « elle aura besoin de toi »
- « et de toi » ajouta le brun, en tirant une taffe « tu es son cousin et sûrement sa dernière famille »
Au fond, Konohamaru savait que le brun n'avait pas tort ; la majorité des shinobis du clan Sarutobi était resté au village et s'était battu, courageusement. Et il aurait aimé faire la même chose, mais à l'instant où il avait voulu rejoindre le combat, Tsunade lui avait interdit. Certains étaient morts, pendant qu'il prenait la fuite, comme un lâche.
- « je me suis enfui » avoua-t-il, dans une inspiration maladroite et honteuse « elle s'est battue et j'ai pris la fuite »
- « tu as eu raison de le faire, Konohamaru » lâcha le stratège, d'une voix calme « tu as fait le bon choix, tout le monde aurait dû prendre la fuite ; à l'instant où.. où il est tombé, nous aurions dû prendre la fuite »
Le visage du blond se glissa dans son esprit et il tira une énième taffe, silencieusement ; oui, à cet instant, il s'en rendait compte, ils auraient dû tous prendre la fuite, ce jour-là. Ils auraient dû trouvés les autres villages, entamés une nouvelle guerre en tant qu'alliance et non pas en tant que shinobi du village caché de la feuille ; ils avaient couru droit vers la mort.
- « c'est bien que tu sois en vie » déclara le jeune Sarutobi « j'aurais aimé te rendre visite, mais je.. j-je me cachais ; le décès de Naruto m'a affecté bien plus que ce que j'aurai pensé et je n'étais pas capable de vivre tous les jours avec cette souffrance, je me suis caché des autres » douloureusement, il prit une inspiration « j'ai essayé de prendre soin de Boruto, Himawari et Hinata, mais.. ça fait mal ; il est partout, constamment »
Des larmes perlaient au coin des paupières du jeune adulte ; Shikamaru écrasa le mégot de sa cigarette sur le sol et délicatement, avec une certaine maladresse, il déposa une main sur l'épaule tremblante du garçon. Sûrement que le blond, orphelin, ne s'était jamais douté que sa disparition ferait mal à tant de gens.
- « je suis vraiment heureux que Miraï soit en vie » avoua-t-il, dans un reniflement indiscret
- « je sais, Konohamaru » lâcha le brun, doucement
Lui aussi, il était terriblement heureux que la brune soit en vie ; bien trop de personnes avaient perdus la vie dans cette fichue bataille, il était temps que ça cesse, que les survivants aient le droit à un peu de bonheur.
Inspiration. Expiration. Inspiration. Expiration. Les battements de son cœur dans sa cage thoracique prenaient un ton douloureux, à chaque pas qu'il faisait ; ils avaient décidé de se rendre tous ensemble à la chambre de la demoiselle et le brun était le dernier de la file, peut-être même le plus angoissé soudainement. Bien sûr, il était heureux, vraiment, mais était-il prêt à lui faire face ?
Dans une dernière inspiration empreint de courage, il passa le pas de la porte, les mains dans les poches ; à peine eut-il posé son regard dans la pièce, qu'un corps s'écrasa maladroit contre le sien. Il fit attention à ne pas perdre l'équilibre et fronça les sourcils, lorsque quelques gouttes s'écrasèrent dans son cou ; elle était là, contre lui et elle pleurait. Doucement, il passa ses bras autour de son corps frêle et la rapprocha un peu plus de lui ; oui, il était heureux qu'elle soit là.
- « pardon » lâcha-t-elle, quelques minutes plus tard « je m'étais promis de ne pas fondre en larmes, mais.. je t'ai vu et.. je suis tellement heureuse que tu sois là, Shikamaru ; j'étais effrayé à l'idée que tu sois.. »
- « je suis là, Miraï » la coupa-t-il, doucement « je suis là et tu m'écrases, mais ça va, je suis là »
La brune s'éloigna doucement de lui et un hoquet de surprise s'échappa de ses lèvres lorsque ses prunelles pourpres s'accrochèrent à la cicatrice qui barrait le visage de l'homme ; du bout des doigts, elle effleura la plaie et retint tant bien que mal les larmes qui perlaient au coin de ses paupières.
- « ils ne t'ont pas épargné, toi aussi » lâcha-t-elle, douloureusement
Doucement, le brun attrapa la main de la jeune femme et la porta à ses lèvres, déposant chastement ses lèvres sur le dos de celle-ci.
- « tu es là, c'est l'essentiel » répliqua-t-il, d'une voix douce
Les autres personnes, dans la pièce, assistaient silencieusement à l'échange ; ils connaissaient tous ce lien indescriptible qui les reliait, l'un à l'autre. Shikamaru avait été présent pour elle, bien avant sa naissance et il avait été celui qui avait fait face, impuissant, au décès de son maître, dans ses bras.
Sous le regard autoritaire de la douce Yamanaka, Miraï retrouva sa place sous les draps défaits du lit d'hôpital ; et entreprit, douloureusement, de raconter ce qu'il s'était passé, à l'instant où elle s'était retrouvé dans le village caché de la feuille, avec tous ces hommes qui se battaient courageusement au nom du hokage décédé.
- « j'ai croisé Mitsuki dans le village, il secourait des enfants ; c'est lui qui m'a apprit le décès du hokage » raconta-t-elle, une pointe de souffrance dans la cage thoracique « tout ce que je voulais, c'était protéger le roi, comme mon père l'avait fait et maman refusait de s'en aller ; à un moment, nous nous sommes retrouvés pris au piège »
Les prunelles pourpres de la jeune femme se posèrent dans le regard d'un bel ébène de Shikamaru et il n'eut aucun mal à comprendre qu'elle luttait contre ses larmes, maladroitement ; il lui intima silencieusement de dire la suite.
- « j'ai fais ce que j'ai pu, Shikamaru, je te le jure, mais ils étaient trop nombreux et maman.. elle.. » elle prit une inspiration, douloureusement « je n'ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit, qu'ils avaient déjà tués des shinobis et maman ; j'ai pris la fuite »
Quelques larmes dévalèrent ses joues ; dans un geste tendre, Karui et Ino encerclèrent la jeune femme et la tirèrent dans une douce étreinte.
- « je me suis retrouvé dans un village voisin et j'ai rencontré d'autres gens, des villageois qui se cachaient de ses montres ; nous avons survécu ensemble » continua-t-elle, doucement « j'étais à la chasse lorsque je suis tombé sur les shinobis de Suna qui nettoyaient la zone, ils m'ont emmenés ici avec les autres »
Les deux femmes resserèrent doucement leurs prises autour de la silhouette fragile de la jeune femme et Ino tenta tant bien que mal de faire taire ses larmes ; elle souffrait terriblement, dans sa cage thoracique. Kurenaï avait offert son existence entière, sa vie, pour la survie de sa petite fille, le fruit d'une nuit empreint d'amour, auprès d'Asuma ; douloureusement, Shikamaru prit une inspiration.
Combien de vies aimées, ces monstres avaient-ils pris, bon sang?
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