it'll be fine, right
Un éclair déchira le ciel en deux et un amas de gouttes de pluie s'écrasa sur le pays du Feu ; ses prunelles brunes ne parvenaient pas à se détacher de cette alliance à son doigt. Dix mois s'étaient envolés ; dix longs mois où elle n'avait pas quitté ses pensées. Un petit grognement s'échappa de ses lèvres et il ne dit rien en sentant la silhouette imposant de son meilleur ami près de lui ; Chôji prit place silencieusement, ses iris se perdant dans le mauvais temps qui faisait rage à l'extérieur.
- « tu penses à elle, n'est-ce-pas ? » souffla le rouquin, au bout de quelques secondes « je le sais parce que je ne cesse de penser à Karui, à son doux visage et au dernier sourire qu'elle m'a fait »
Un petit sourire naquit au coin des lèvres du chef Nara ; parfois, ça lui faisait encore un peu étrange de voir son meilleur ami avec une femme. Sa gentillesse n'avait d'égale que sa timidité après tout ; et pourtant, il s'était mis en couple avec cette femme et n'avait cessé de la combler jusqu'au dernier instant. Et sûrement qu'il était un bien meilleur époux que lui. Il haussa simplement les épaules.
- « je me demande ce qu'elle fait » lâcha le brun, dans un murmure
- « elle est sûrement en train de se battre pour que la guerre cesse, près de son frère »
Un léger rire s'échappa des lèvres du brun et il acquiesça ; sûrement qu'elle faisait ça. Le doux visage de son fils se glissa dans son esprit et cela suffit à lui mettre un peu de baume au cœur ; le bras imposant du roux passa autour de ses épaules et il le tira dans une étreinte maladroite.
- « puis, t'en fais pas, n'oublie pas la promesse de Saï »
Il acquiesça et lui rendit son étreinte ; bordel ce qu'il était content de l'avoir près de lui. Il aurait déjà cédé sa place à la démence au milieu de toutes ces horreurs, sans lui. Chôji lui ébouriffa les cheveux, délicatement, comme un père ferait à son fils et s'échappa dans un coin, prendre repos. Shikamaru étouffa un bâillement entre ses lèvres et fit de même.
Un grognement plaintif s'échappa de ses lèvres et il tenta de reprendre sa place dans les bras de Morphée ; une main minuscule frappa contre sa joue, une énième fois et il posa son regard brun sur la jeune Mitsuha. Elle était là, un poisson grillé entre les mains, qu'elle lui tendait ; il aurait aimé lui dire d'aller voir ailleurs, mais ce petit sourire sur les lèvres, l'acheva. Il lui souffla un « merci » maladroit et attrapa son déjeuner, croquant généreusement dedans. Ses iris ébènes se posèrent un peu partout dans la grotte et il se rapprocha maladroitement de son meilleur ami ; un simple sourire en guise de bonjour et il s'installa près des deux adultes. Un frisson prit la jeune femme et sans un mot, il lui tendit sa veste.
- « non, gardez-la, ce n'est pas la peine » souffla-t-elle, gênée « vous en avez besoin »
- « je ne suis pas enceinte, prenez-la » ordonna-t-il « dans votre état, vous devez faire le moins possible »
Un soupir s'échappa des lèvres de Fune et elle attrapa la veste, se couvrant le corps ; le mauvais temps n'était pas passé et dans cette obscurité, le brun se dit qu'au moins, les traces de sang auraient disparus du sol qu'ils foulaient. Il termina silencieusement son déjeuner et retourna dans un coin de la grotte. Les ombres dansaient sur le plafond ; ça aurait pu être une vue plaisante s'il n'y avait eu ce mauvais pressentiment qui lui sciait les tripes.
Les jours passaient, lentement ; toutes les journées se ressemblaient. Sûrement, que pendant un instant, ils avaient espéré que des renforts viennent les prendre en charge, mais les choses n'avançaient pas et lorsque Chôji croisa des ennemis en allant récupérer quelques poissons dans un étang, ils décidèrent qu'il était temps pour eux de s'en aller. Les convois avaient disparu dans cette zone, aussi et ils se voyaient dans l'obligation d'emmener Fune et Mitsuha, avec eux, s'adaptant à leurs rythmes. Un rythme un peu trop lent, selon Shikamaru.
Une main protectrice sur son ventre, elle s'appuya à un arbre qui traînait par là et se plia légèrement en deux ; à bout de souffle, elle essuya maladroitement les quelques gouttes de sueurs qui perlaient sur son front. Dans un bond agile, il se posta près d'elle, une main dans son dos.
- « tout se passe bien ? » souffla-t-il, les sourcils froncés
- « j'ai un peu mal au ventre, mais ça va, j'ai juste besoin d'une pause »
- « la pause est obligatoire ? »
- « Shikamaru » le réprimanda le rouquin « faites une pause, je vais voir s'il y a de l'eau dans le coin, avec Mitsuha »
Un soupir légèrement agacé s'échappa des lèvres du brun et il observa le dos de son meilleur ami disparaître au détour d'un coin de forêt ; son regard se posa sur la jeune femme et il entreprit de la faire s'asseoir, aux pieds de l'arbre. Les mains dans les poches, ses iris bruns vagabondèrent sur le ventre rond de Fune ; ça lui rappelait un tas de souvenirs, un tas de bons souvenirs. Dans un geste lent, il s'accroupit face à elle et posa ses deux mains sur son ventre.
- « la grossesse de mon épouse était compliquée, elle avait constamment mal et lors de l'accouchement, j'ai failli la perdre ; mais elle était de nature assez énergique » lâcha-t-il « alors, parfois, je mettais mes mains sur son ventre et j'entamais la discussion avec le bébé, je lui faisais savoir que j'étais là ; ça le calmait un peu et ça laissait du répit à sa mère »
Les lèvres de la brune s'étirèrent en un petit sourire et elle acquiesça, déposant ses mains par-dessus les siennes. Il appréciait sa compagnie, bien que ça ne fasse que quelques jours ; elle était agréable et avait de la discussion, de la répartie, ça lui rappelait en quelque sorte Temari.
- « il se calme, c'est dingue » s'exclama-t-elle, un sourire sur les lèvres
- « où est le père de l'enfant ? tu n'as pas d'alliance, ce n'est pas commun »
- « ce n'était pas un homme bon, j'ai pris la fuite loin de lui »
- « je vois, ne t'en fais pas ; aucun de nous ne te poussera à retourner près de lui, tu n'auras qu'à changer de nom en arrivant à Suna, j'ai des amis très haut placé »
- « très haut placé, vraiment ? » souffla-t-elle, avec un léger rire
- « je suis marié à la sœur du Kazekage et je suis le conseiller du Hokage ; très haut placé, du coup »
Il n'eut aucun mal à lire la surprise dans les iris bleutés de la demoiselle ; il haussa simplement les épaules, un sourire au coin des lèvres. Oui, ça avait surprit plus d'une personne que le flemmard du village caché de la Feuille soit un ami intime de ces personnes. Et son sourire s'agrandit lorsqu'il sentit le petit pied du bébé taper contre la paroi du ventre.
- « c'est un ou une boxeuse, en tout cas » lança-t-il
- « oh oui, ça ne s'arrête jamais » elle esquissa un sourire « tu as beaucoup d'enfants ? »
- « un seul, en fait ; un fils, Shikadai, dans l'adolescence »
- « Shikadai ? c'est un truc de famille le Shika au début du prénom ? »
- « oui, mon père s'appelait Shikaku et mon grand-père s'appelait Shikamasa »
Elle acquiesça, profitant de la présence du brun qui calmait son enfant ; il était délicat dans ces gestes. Un soupir d'aise s'échappa de ses lèvres et elle déposa sa tête contre l'arbre, fermant les yeux, quelques minutes ; le brun ne dit rien, un sourire au coin des lèvres. Le silence qui accompagnait la nature avait quelque chose de plaisant ; ça lui faisait du bien d'être là.
Et soudainement, l'instant magique se dissipa. Le souffle coupé, il croisa les iris de la brune ; cette panique dans ses yeux lui hurlait qu'elle avait entendu la même chose que lui. D'un bond agile, il se planta sur ses deux pieds, attrapant son katana qui traînait sur le sol.
- « je suis désolé, je-.. » commença-t-il, paniqué
Une grimace se glissa sur ses lèvres lorsqu'elle se releva, prenant appui sur l'arbre. Elle attrapa son visage entre ses mains et planta ces iris bruns dans les prunelles ébènes de l'homme.
- « calme-toi, Shikamaru » s'exclama-t-elle « je ne bouge pas, vas-y »
Les tremblements qui le paralysaient se calmèrent et il acquiesça, posant ses mains sur les siennes.
- « si je ne suis pas revenu d'ici vingt minutes, tu t'en vas ; toujours tout droit, évites les coins un peu trop a découvert, Suna devrait être à un jour de marche, encore » lâcha-t-il, sans prendre une inspiration « restes en vie, s'il te plaît et si quelqu'un te demande, tu t'appelles Yoshino Nara, on prendra soin de toi si tu donnes ce nom »
Et dans un bond agile, il s'élança à travers les arbres. Ce son lui revint en mémoire et un frisson lui traversa le corps ; ce timbre de voix, il le connaissait par cœur. Il doubla la cadence, tentant de faire taire les battements de son cœur maladroit ; et bien qu'il n'était pas spécialement croyant, il se surprit à prier un dieu qui les tuait tous un par un. Les yeux embués, il débarqua près d'un étang et un violent haut de cœur le prit ; le corps inerte de Chôji trempait dans l'eau, qui se teintait peu à peu de rouge. Un trou béant au niveau de la poitrine, il était là ; tombant à genoux, le brun fondit en larmes. Ses poings s'écrasèrent brutalement contre le sol et un cri s'échappa de ses lèvres ; un cri plein de désespoir. Le visage enfantin du jeune Akimichi se glissa dans son esprit et il fut enveloppé par des tremblements ; ça lui faisait si mal.
Un petit corps se heurta à son dos, dans un élan brutal et il posa son regard ébène sur le visage larmoyant de la petite Mitsuha ; elle tremblait, ses vêtements couverts de ce liquide pourpre. Il essuya ces larmes d'un revers de manche maladroit et se jeta près du corps de son meilleur ami ; sans un mot, sans une larme de plus, il récupéra son alliance et poussa doucement le corps dans l'étang. Ses iris observèrent un instant le corps imposant de son meilleur ami qui s'échappait dans l'eau et ses larmes coulèrent sur ses joues rugueuses ; lentement, il leva son pouce en l'air, pris de légers tremblements.
- « c'est une promesse, Chôji » souffla-t-il « je prendrais soin d'elles, t'en fais pas pour ça ; je t'aime mon vieux »
Une légère bourrasque de vent glissa entre ses mèches brunes et il s'empressa de balancer la petite Mitsuha sur son épaule, tel un vieux sac de légumes ; ses pas effrénés traversèrent la forêt dense et il s'approcha à la hâte de la brune, qui l'attendait toujours près de l'arbre.
- « on s'en va » lâcha-t-il
Il glissa sa main dans la sienne et la tira derrière lui, sans une once de douceur dans ces gestes ; le corps ensanglanté de son meilleur ami se glissa dans son esprit et il manqua de perdre l'équilibre, il s'en voulait déjà de ne pas avoir pu emmener le corps du roux avec lui. Fune exerça une petite pression sur la main du brun.
- « où est Chôji ? » demanda-t-elle, d'un ton doux
Mais un simple silence lui répondit ; il continuait d'avancer d'un pas effréné, jetant de temps à autre, des regards inquiets derrière eux. Les vêtements ensanglantés de la petite Mitsuha lui hurlaient la vérité, mais une partie d'elle avait besoin de l'entendre ; parce qu'elle appréciait ce grand garçon, imposant, souriant et maladroit.
- « Shikamaru, réponds-moi » s'exclama-t-elle
D'un regard noir, il lui intima de se taire et doubla la cadence. Les sourcils froncés, elle eut envie de lui mettre une gifle et de le prendre dans ses bras, de lui dire que tout irait bien ; mais ce n'était pas ça, la vérité, rien n'allait et sûrement qu'ils allaient tous mourir, ici. Un soupir s'échappa de ses lèvres et un gémissement de douleur lui échappa.
- « Shikamaru, attends » lâcha-t-elle, d'un ton implorant « attends, je te dis »
- « mais bon sang, fait un putain d'effort » s'écria-t-il, d'une voix colérique
Mais il se heurta à cette douleur qui déformait les traits de la jeune femme ; il écarquilla les yeux et déglutit, les yeux légèrement embués soudainement. Il secoua la tête de droite à gauche, au bord de l'apoplexie.
- « non » lâcha-t-il, dans un murmure « ce n'est pas possible, merde »
- « j'ai perdu les eaux, je suis tellement désolé »
Il était impuissant ; la situation commençait à lui échapper, toujours un peu plus, au fur et à mesure. Il essuya ces quelques larmes qui dévalaient ces joues rugueuses rageusement et la tira derrière lui, cherchant un endroit où ils pourraient être à l'abri le temps qu'elle mets au monde son bébé. C'était étrange, mais lui, le grand stratège du village caché de la Feuille, commençait doucement à succomber à la panique ; ça lui tordait les entrailles et l'alliance de Chôji qu'il avait glissé dans sa poche ne l'aidait pas. Parce qu'il aurait vraiment aimé qu'il soit là ; lui, il aurait su comment agir, il aurait été à la hauteur. Un énième gémissement de douleur s'échappa des lèvres de la jeune femme et une grimace tordit les lèvres du brun ; elle repoussa la main du Nara et les plaqua contre son ventre douloureux.
Sûrement encore sous le choc, Mitsuha ne dit rien ; il la déposa au pied d'un arbre et s'approcha de Fune. Elle semblait sur le point de vivre un enfer ; comme ci l'univers ne l'était déjà pas assez. Il déposa une main délicate dans son dos.
- « est-ce que tu pourrais faire ça, silencieusement ? »
Sa question se heurta au cri douloureux qui s'extirpa des lèvres de la brune et il se sentit fondre de l'intérieur ; peut-être qu'il aurait mieux fait de mourir sur le terrain. Dans un geste brutal, elle s'agrippa au bras du brun.
- « attends » souffla-t-elle « Shikamaru, il y a un problème avec le bébé »
- « qu'est-ce que tu veux dire par problème ? »
- « est-ce que tu peux jeter un coup d'œil entre mes jambes, s'il te plaît ? »
Un soupir s'échappa des lèvres du Nara et il acquiesça vivement, l'installant à son tour au pied de l'arbre ; il tira sur les pans de son pantalon, maladroitement et jeta un coup d'œil entre les cuisses de la brune. Et effectivement, il se passait quelque chose. Il attrapa le genou de la brune dans sa main et exerça une pression brutale.
- « stop, arrêtes » s'exclama-t-il « tu perds du sang, si ça continue tu-.. »
- « il faut que tu sauves le bébé, Shikamaru » le coupa-t-elle
Un sentiment d'impuissance le prit dans les entrailles ; ce même sentiment qui l'avait enveloppé lorsqu'il s'était confronté au corps sans vie de son meilleur ami et il secoua la tête de droite à gauche, négativement. Il ne pouvait pas faire ça, parce qu'il savait ce que ça voulait dire.
- « je ne peux pas.. » lâcha-t-il, dans un murmure
- « sois un homme et fais sortir mon bébé, je t'en supplie »
- « mais Fune, tu sais ce que ça veut dire ; je ne pourrais pas t'amener au village dans les temps, il y a peu de chance que j'y parvienne, tu te videras de ton sang »
- « je m'en fiche, ce bébé est tout ce que j'ai ; s'il te plaît, Shikamaru »
- « je ne saurais même pas m'y prendre, je suis un stratège, je ne suis même pas un combattant et sûrement pas un médecin »
Il posa son regard ébène sur ses mains tremblantes ; il était sûrement bien trop pathétique, à cet instant. Un sanglot le prit et il l'étouffa tant bien que mal entre ses lèvres ; dans un geste délicat, elle attrapa son visage entre ses mains et posa ses lèvres sur les siennes, brutalement. Un baiser d'une brutale tendresse ; il ne dit rien, répondit à son baiser et acquiesça. Un baiser d'adieu, n'est-ce pas?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top