i saw her standing there
Un grognement se répercuta aux murs de l'immense bureau du Kazekage, Gaara relisait pour la énième fois le rapport que lui avait transmis un shinobi ; l'un de ses hommes qui parcouraient inlassablement le Pays du Feu, en quête de réponse. La liste des personnes décédées ne cessait de s'accroître et bordel, le sourire de cet idiot d'Uzumaki lui manquait terriblement ; ce bout d'homme lui avait sauvé la vie, lui avait montré ce qu'était l'amour, ce que c'était de vivre pleinement. Il repoussa tant bien que mal la pointe de souffrance qui le prit et étudia le rapport, silencieusement. Des dizaines de blessés arrivaient aux portes du village, toutes les semaines et plus le temps s'échappait, plus le roux se rendait compte que bientôt, il manquerait de place entre les murs pour toutes ces personnes ; un énième soupir s'échappa de ses lèvres et quelques coups contre le bois de la porte le tirèrent de cet instant pénible. La planche brune céda au doux visage d'une femme et un sourire naquit au coin de ses lèvres ; elle lui tendit un énième rapport et le sourire sur ses lèvres se fana, sous le regard amusé de la brune.
- « encore un rapport ? » grogna-t-il « j'en peux plus »
Le petit rire qui s'échappa des lèvres de la demoiselle, lui mit du baume au cœur et il attrapa le rapport, à contre-cœur ; il survola les quelques lignes du coin de l'œil et acquiesça, le fourrant dans une pile de papiers sur un coin du bureau.
- « prends une pause » ordonna-t-elle, les bras croisés sous sa poitrine
- « hm, je ne sais pas » souffla-t-il, un soupir au bord des lèvres
- « tu déjeunes avec moi ? » demanda-t-elle, une pointe d'espoir dans la voix
Les prunelles d'un bel émeraude du roux se perdirent un court instant dans les iris nacrés de la demoiselle et il acquiesça, étouffant les battements de son cœur dans sa cage thoracique.
Un soupir d'aise s'échappa de ses lèvres, arrachant un sourire amusé à la brune, alors qu'elle déballait doucement les bentos ; depuis combien de temps n'était-il pas sorti de son bureau ? Il prenait son rôle de Kazekage, très à cœur et se battait constamment pour les droits des villageois du Pays du Feu, il s'était disputé avec le conseil de son village ; tous les anciens refusaient catégoriquement qu'il accueille qui que ce soit entre leurs murs, mais le roux ne s'était pas laissé faire. Férocement, il avait renvoyé chaque personne qui s'était cru capable de le faire changer d'avis et les avait accueillies, une pointe de souffrance dans les tripes ; Naruto ne serait plus jamais là, rien ne serait pareil. Pourtant, il était là, dans les sourires des enfants qui arpentaient les rues, dans les rires des villageois qui tentaient maladroitement de reprendre le cours de leurs existences. Il était là et ça lui faisait mal. Il attrapa silencieusement le bento qu'elle lui tendait et fourra un morceau de viande entre ses lèvres, bien qu'il ne soit plus un enfant, sa grande-soeur lui préparait constamment une boîte emplie de bonnes choses ; sûrement, parce qu'elle savait qu'il n'était pas très doué en cuisine.
Ses prunelles se portèrent un instant sur le visage de la brune, baigné dans les rayons du soleil ; s'il existait une personne qui souffrait plus que lui, c'était elle. Il se souvenait parfaitement bien de tous ces rougissements incessants qui avaient prit possession de ses joues, lorsqu'elle était en pleine adolescence ; elle était tombée amoureuse du blond, dès son plus jeune âge.
- « comment vont Himawari et Boruto ? » demanda-t-il, au bout de quelques minutes
Le son de sa voix au gré du vent arracha un léger sursaut à la femme et elle haussa simplement les épaules, un sourire douloureux au coin des lèvres ; ils souffraient tous, terriblement.
- « ils vont bien » lâcha-t-elle « ils sont particulièrement matures pour leurs âges, ils comprennent la situation »
- « je n'en doute pas, tu t'en sors toi ? je sais que ce n'est pas forcément facile d'avoir un enfant à sa charge, alors deux »
- « Boruto est très présent, il m'aide avec la maison ou avec sa soeur » avoua-t-elle
- « il tient beaucoup de Naruto » souffla-t-il, le regard triste
À la naissance de son petit garçon, le blond avait été si fier de faire les présentations ; Gaara, malgré son poste, s'était déplacé et avait fait la rencontre de cet ange. La fierté dans les prunelles bleutées de l'adulte lui avait mis du baume au cœur, et ce sourire sur ses lèvres, ça l'avait rassuré ; pendant un instant, il s'était dit que, peut-être, qu'il serait paralysé par la peur d'être père, après tout, tous les deux n'avaient pas eu la chance d'être aimé par un parent mais le blond s'était présenté à lui, le bébé dans ses bras, et un grand sourire sur les lèvres.
- « et toi, alors? » demanda-t-elle, d'une voix douce « tu élèves ton fils, tout seul, depuis si longtemps ; tu t'en sors ? ce n'est pas trop compliqué ? »
Le sourire qui se glissa sur les lèvres du rouquin lui mit du baume au cœur ; sûrement qu'elle n'était pas la seule à s'en être rendu compte, mais chaque fois qu'il discutait de son fils avec quelqu'un, un million d'étoiles brillait au fond de ses prunelles d'un bel émeraude. Elle esquissa un sourire et ramena doucement ses genoux contre sa poitrine, sa joue se heurta à la dureté de sa rotule et son regard se perdit dans la contemplation du Kazekage, près d'elle.
- « disons que je fais de mon mieux, il est en plein dans l'adolescence » rappela le roux, une pointe de fierté dans les entrailles « mes premières disputes avec mon fils »
- « l'adolescence est un moment particulièrement compliqué » souffla-t-elle, un sourire au coin des lèvres
- « oui, parfois j'ai l'impression d'être un mauvais père ; c'est déconcertant » avoua-t-il
- « ce n'est jamais facile, ce n'est pas pour autant que tu es un mauvais père »
Ce fichu sentiment dans les tripes, depuis l'instant où son regard d'un beau vert s'était posé sur cet enfant ; en réalité, il ne savait pas réellement ce qu'il s'était passé sur l'instant, peut-être avait-il reconnu quelque chose au fond de ses prunelles, il n'en savait strictement rien mais l'adoption s'était imposée, d'elle-même. L'intensité des premiers mois l'avait épuisé, les souvenirs de son enfance n'avaient cessé de prendre le dessus et il avait été effrayé à l'idée d'être comme son père, d'être un homme mauvais ; mais à la seconde où un sourire discret avait déformé les lèvres de l'enfant, il s'était senti bien, il s'était senti vivant.
- « ça ne m'étonnerait pas pour autant, que je le sois, tu sais » répliqua-t-il, au bout de quelques secondes
- « Gaara » lâcha-t-elle, au gré du vent, d'une voix douce
- « depuis l'instant où j'ai pris mon premier souffle en arrachant la vie à ma mère, mon père n'a jamais été quelqu'un de bien » expliqua le roux, une pointe de tristesse dans le fond de ses prunelles « je n'ai jamais eu de réel exemple, j'essaie de faire de mon mieux, j'essaie de le rendre heureux mais je ne sais pas vraiment si ça marche, parfois je doute »
Dans un geste doux, la brune attrapa la main du garçon, forçant le contact entre leurs regards ; il retint tant bien que mal les rougissements qui menaçaient de prendre possession de ses joues et fronça les sourcils, il se perdait dans le blanc de ses délicieux iris.
- « tu n'es pas un mauvais père » répéta-t-elle, doucement « tu ne l'es pas ; et ton fils, il te ressemble »
Une moue pleine d'interrogations se glissa sur le visage du roux.
- « tu ne le vois pas ? » demanda-t-elle, un sourire au coin des lèvres « il est celui que tu étais, des années en arrière, à son âge ; il se cherche, il tente maladroitement d'être à sa place, de comprendre, de vivre »
- « je.. » commença-t-il, mais rien ne lui vint
- « tu es un bon père, maladroit et tu apprends sur le tas, tous les jours, mais tu es un bon père, Gaara »
Le souffle coupé, il acquiesça doucement à ses mots ; avait-elle raison ? Il aurait aimé être un peu plus comme le blond, être un homme fort, souriant et bienveillant ; il aurait aimé n'avoir jamais ressenti toute cette haine dans ses entrailles, dans son enfance, peut-être les choses seraient-elles différentes, peut-être aurait-il eu la chance de trouver son âme-soeur. Hinata relâcha sa main doucement et croqua dans un morceau de carotte, perdue dans ses pensées ; il se surprit à apprécier ce silence, à apprécier la beauté des traits de la brune.
- « tu es quelqu'un de bien, Gaara » souffla-t-elle, le regard dans le vide
- « tu penses vraiment ce que tu dis ? » demanda-t-il, les sourcils froncés, le souffle court
- « plus que tout au monde, et il le pensait, lui aussi » ajouta-t-elle
Le coeur du rouquin rata un battement, dans sa cage thoracique ; chaque jour, chaque pas dans cette existence, était une bataille sans fin dans ses tripes, serait-il assez bon pour son village ? Serait-il le père dont avait besoin son fils ? Serait-il l'homme qui continuerait de faire vivre le blond dans les pensées, d'un million d'être-humains ?
- « tu sais, ce que tu fais pour nous » commença-t-elle « ce que tu fais pour la population du Pays du Feu, c'est énorme et vraiment plein de courage ; tu es plein de courage, Gaara »
- « arrête, je n'ai rien fais d'exceptionnel ; j'aurais aimé être là, j'aurais aimé faire quelque chose de plus » avoua-t-il, douloureusement
Peut-être aurait-il pu faire quelque chose, permettre à plus de personnes de prendre la fuite, permettre à Naruto de vivre ; ça le hantait, toutes les nuits. Lorsque sa sœur s'était présenté aux portes du village, entouré de toutes ces personnes, tremblante, au bord des larmes, une partie de lui s'était brisé ; sûrement, que dans son esprit, le blond était immortel.
- « beaucoup auraient refusé, auraient laissé toutes ces personnes à une mort certaine, mais tu ne l'as pas fais »
- « je n'aurais jamais pu faire ça, ma soeur est une villageoise du Pays du Feu, mon gendre en est un, mon neveu en est un » déclara-t-il, les sourcils froncés « je n'aurais jamais pu, et par dessus tout, si à cet instant, je me tiens là, c'est seulement parce que Naruto, parce que ton époux, le chef du ton village, a été capable de voir à travers ma souffrance, à travers ma méchanceté » il prit une inspiration, une pointe de souffrance dans les tripes « il m'a sauvé la vie »
Sûrement inconsciemment, d'ailleurs ; le blond s'était détesté tout au long de son enfance, incapable de comprendre le pourquoi du comment les autres le haïssaient à ce point et pourtant, combien de vies avait-il changé ? Combien de personnes avait-il sauvé d'une mort certaine ? Un sourire se glissa sur les lèvres de la brune, malgré elle ; elle en était consciente elle, peut-être parce qu'elle avait été à la place de la personne qui avait besoin d'un sauvetage, d'un ange gardien.
- « tu sais, pendant une période, j'ai vraiment crû être amoureux de lui » lâcha le roux, au bout de quelques secondes, dans un silence apaisant
Un amas de sensations dans les tripes, le roux n'avait jamais réellement connu ce sentiment qu'était l'amour ; une enfance assassinée et une solitude pesante. Ses prunelles d'un bel émeraude se posèrent délicatement sur le visage de la brune, elle ne semblait pas surprise et continuait paisiblisement de se perdre dans l'immensité du ciel bleu. Personne ne le savait, personne ne se doutait que le chef du village caché du Sable s'était crû amoureux d'un garçon ; sûrement que ça convrirait sa famille de honte, l'homosexualité n'était pas quelque chose que les shinobis acceptaient facilement. Il se souvenait bien de ce shinobi qui avait été surpris avec un autre homme, les brimades et les insultes l'avait poussé à prendre un nouveau départ loin du village.
- « il était là et il m'a vu » un soupir s'échappa de ses lèvres « il m'a aimé, pour ce que j'étais ; et pendant un moment, j'ai crû que je l'aimais mais ce n'était que de l'amitié » poursuivit-il « il était mon âme-soeur, amicalement »
Dans un élan doux, la main de la brune attrapa la sienne et il se tut ; elle était là, douce et compréhensive. Bien trop bonne pour cet univers cruel, dans lequel ils vivaient.
- « tu étais son âme-soeur, à lui aussi ; tu étais l'un de ses amis les plus proches, n'en doutes pas » souffla-t-elle, un sourire au coin des lèvres
Tout au long de sa courte existence, son époux avait donné l'impression à un million de personnes qu'ils étaient importants ; un homme bon, un père aimant et un chef formidable. Le sourire sur les lèvres de la brune se fana légèrement et elle relâcha sa main, refermant délicatement le bentô sur ses genoux.
- « je pense qu'au fur et à mesure, j'ai oublié qu'il n'était pas immortel ; il était là, ce sourire sur les lèvres et je pensais vraiment que rien ni personne ne me l'enlèverait » lâcha-t-elle, au bout de quelques secondes « ça me fait mal, parce qu'il est là, dans les sourires de mes enfants ; parce que tous les villageois ne cessent de me présenter leurs condoléances, un an après ; parce que je dors seule, dans un grand lit, où Boruto et Himawari me rejoignent souvent ; parce que je revois sans cesse la scène » un sanglot s'échappa de ses lèvres « je suis là, à une dizaine de mètres de lui et je vois cet homme, qui lui arrache le coeur »
- « Hinata.. » lâcha-t-il, dans un murmure douloureux
- « pardon, je.. » commença-t-elle, à bout de souffle
Elle se brisa, littéralement, là, sous ses yeux ; elle était là, au bord de l'apoplexie et son coeur rata un battement dans sa cage thoracique, douloureusement. Parce que ça lui faisait terriblement mal de la voir ainsi, le visage couvert de larmes. Il aurait aimé la prendre dans ses bras, lui dire que tout irait bien mais est-ce qu'un jour tout irait bien ? Est-ce qu'un jour ils oublieraient, tous, la souffrance de la perte d'un être aimé ? Est-ce qu'ils oublieraient son sourire, le son de son rire et ses prunelles d'un beau bleu ? Il repoussa tant bien que mal la pointe de souffrance dans ses entrailles et attrapa sa main, délicatement, dans la sienne.
- « regarde-moi » souffla-t-il
Ses mots se répercutèrent au gré du vent ; dans un élan doux, il attrapa son visage en coupe, entre ses mains et força le contact entre leurs regards. Pendant un court instant, il se perdit dans le blanc des yeux de la brune. Elle était magnifique, d'une beauté époustouflante.
- « je te le jure, je les retrouverai » jura-t-il, une pointe de sincérité dans la gorge « je retrouverai ces enflures et ils paieront tous, pas seulement pour Naruto, mais pour Lee, pour Kakashi, pour Tsunade » il prit une inspiration, doucement « pour toutes ces personnes qui ont perdus la vie, pour tous les survivants qui vivent hantés par les souvenirs de ce massacre ; je te le jure, je les tuerai tous »
Une telle sincérité émanait de ses mots que ça lui coupa le souffle ; peut-être parce que, parmi toutes les condoléances, personne n'avait encore promit de faire du mal à ces hommes qui s'en étaient prit à son village, à sa famille, à son époux. Les hommes s'étaient battus, sans relâche, encore et encore ; ils s'étaient battus, férocement.
Pendant une seconde, la tentation s'empara de l'instant ; ils étaient là, l'un en face de l'autre, et le souffle de la brune se répercutait sur ses lèvres. Pendant une seconde, il n'était plus question de vengeance, de la perte de l'être aimé, du défunt blond ; il n'y avait qu'elle, elle et ses prunelles nacrés, elle et son souffle chaud, elle et cette fichue sensation dans ses tripes. Son coeur rata un battement dans sa cage thoracique, à l'instant où ses prunelles d'un bel émeraude effleurèrent les lèvres de la brune, si près et si loin de lui, en même temps.
Quelque chose passa dans les prunelles de la brune, elle fit un pas en arrière et il eût soudainement si froid ; elle attrapa maladroitement les bentôs qui traînaient au sol, les fourra dans un sac et le balança sur son épaule, totalement perturbée. L'instant d'après, la porte du toit claqua brutalement et son regard d'un beau vert se perdit dans l'immensité du ciel bleu, qui lui rappelait les beaux yeux d'un certain idiot ; quel monstre était-il, avoir de telles pensées pour une femme, alors qu'elle venait de perdre son époux, l'homme qui lui avait sauvé tant de fois la vie. Il prit une inspiration douloureuse et étouffa tant bien que mal le sanglot entre ses lèvres, une immense tristesse au bord des lippes.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top