how to save a life
Une douce brise soufflait dans les rues du village caché du Sable ; il était là, posé sur le perron en bois de la demeure, un tube de nicotine au bord des lèvres. Une tignasse brune se hissa sur ses deux pieds, écrasant quelques brins d'herbes et lui tendit une fleur ; son regard d'un bel ébène se perdit une demi-seconde sur les pétales d'un beau blanc, un sourire se glissa au coin de ses lèvres et d'un geste mécanique, il écrasa le mégot de sa cigarette dans le cendrier, qui traînait près de lui. Il attrapa le cadeau de la petite fille, avec une extrême délicatesse et la porta à son nez, l'effet fut immédiat ; quelques étoiles pétillèrent dans le bleu des prunelles de l'enfant et elle tapa dans ses mains, repartant dans l'herbe, joyeusement. Mitsuha avait cet effet sur lui, elle le rendait heureux, par son sourire, par cette pointe de malice dans ses yeux.
Le bruit de la sonnette de la porte d'entrée se répercuta, un instant, entre les murs de la demeure ; il étouffa un bâillement entre ses lèvres, souffla un rapide « je reviens » à l'enfant et se glissa à l'intérieur. Un doux parfum exotique flottait dans les airs, et ça le rassurait ; s'en était dingue, le fait que le parfum de son amante, malgré la situation, continuait d'avoir un effet apaisant sur sa personne. À l'instant où il ouvrit la porte, une tignasse blonde s'accrocha à lui ; un sourire se glissa sur ses lèvres lorsqu'il reconnut les prunelles bleutées de son « neveu ». Il connaissait Inojin depuis si longtemps, quelques heures après sa naissance, il faisait la rencontre de ce petit bout, qui ressemblait un peu trop à sa mère ; dans un geste délicat, il ébouriffa les mèches blondes de l'adolescent et porta son regard brun sur les deux adultes qui l'accompagnait. Ino claqua un baiser bruyant sur sa joue, sans attendre une quelconque autorisation pour s'engouffrer dans la demeure et il échangea une poignée de main, silencieuse, avec Saï ; le brun lui adressa un petit sourire désolé et s'engouffra à son tour, entre les murs.
Il referma la porte, étouffant un soupir entre ses lèvres et s'empressa de rejoindre les invités dans le salon ; à peine eut-il mis un pied dans la pièce, que Shikadai prenait la fuite dans sa chambre. Sa relation avec l'adolescent ne s'arrangeait pas, et lorsque Temari n'était pas dans les parages, il ignorait simplement l'adulte, sûrement encore blessé par l'absence de son père pendant une période si noire. Les mains dans les poches, un sourcil arqué, il prit une inspiration.
- « Temari n'est pas là » lâcha-t-il, au bout de quelques secondes « elle aide son frère, au bureau »
La blonde se donnait à fond, dans la tâche ; elle prêtait main forte à son petit-frère, qui se retrouvait soudainement prit au piège, avec l'arrivée d'un tas de nouveaux villageois. Peu étaient les villages du Pays du Feu qui avaient survécus à l'attaque et des blessés arrivaient encore tous les jours.
- « je sais » souffla la blonde, un sourire au coin des lèvres « ce n'est pas pour elle que je suis là »
- « que nous sommes là » rectifia l'artiste, en s'installant confortablement sur le canapé
Un sourcil arqué, le brun acquiesça et disparut au détour de la porte de la cuisine, il s'empressa de faire du thé pour les invités et attendit quelques secondes, seul, dans la pièce ; l'incident durant la cérémonie, après le mariage, lui revint et un soupir s'échappa de ses lèvres. Ce soir-là, Ino avait fondu en larmes dans ses bras et lui, il était resté là, les bras ballants, incapable de dire quoi que ce soit ; elle souffrait et ça lui faisait si mal. Honteux, il n'avait pas repris de nouvelles des deux amants et s'était caché dans la demeure.
D'un geste mécanique, il déposa trois tasses, pleines de thé, sur un plateau et s'engouffra dans le salon. Son dos se heurta doucement au fauteuil, dans un coin de la pièce, en face de ses deux camarades.
- « vous avez besoin que je m'occupe d'Inojin ? » demanda-t-il, un sourcil arqué
- « non » répondit-elle, en attrapant une tasse « ta mère est inquiète »
Le soupir qui s'échappa des lèvres du brun ne plu pas à la douce Yamanaka ; les sourcils froncés, elle posa la tasse de thé sur le bois de la table basse, un grognement au bord des lèvres. Yoshino s'était occupé d'elle, des préparatifs du mariage, lorsque sa propre mère était portée disparu ; une des nombreuses victimes de cette fichue guerre. Et la brune l'avait contacté, des peurs plein les entrailles ; elle observait silencieusement son fils, au bord du gouffre, impuissante et sûrement que ça la tuait, lentement et douloureusement.
- « tu fais l'enfant, Shikamaru » grogna-t-elle, les sourcils froncés
Dans un élan doux, la main de son époux se déposa sur sa cuisse, mais elle le repoussa, visiblement en colère.
- « que tu sois mal ? je le comprends, mais là, ta mère souffre ; la femme qui t'a mise au monde, celle qui s'est occupé de toi, celle qui a attendu patiemment ton retour sans perdre espoir une seule fois » ajouta-t-elle, une pointe de colère de la voix « tu te caches, derrière ton sourire fané »
- « si tu es là, pour me dire ça ; bien, je t'ai entendu, retournes chez toi maintenant » souffla le concerné
- « tu ne comprends pas, Shikam- » poursuivit-elle
- « non, toi, tu ne comprends pas » la coupa-t-il « tu as toujours été comme ça, tu démarres au quart de tour, en pensant que tu sais tout alors que c'est faux ; alors, sincèrement, si c'était vraiment tout ce que tu avais à me dire, va-t-en »
La lueur au fond des prunelles brunes de son meilleur ami la fit taire, un instant ; elle se perdit dans les profondeurs honteuses de l'ébène de ses yeux. Des tas de souvenirs traînaient dans son esprit, les souvenirs d'une enfance heureuse, où ils étaient là ; Shikamaru et Chôji avaient ces places si importantes dans son cœur, si énormes. Sûrement, que dans un univers parallèle, ce n'était pas Saï qui l'attendait au pied de l'autel, mais l'un d'eux ; un soupir s'échappa de ses lèvres et alors qu'elle s'apprêtait à dire quelque chose, ses prunelles bleutées se retrouvèrent happées par un visage enfantin. Sa main claqua fortement sur la cuisse de son époux et elle pointa du doigt, la petite fille ; des étoiles dans le fond de ses yeux.
- « elle est tellement belle » s'exclama-t-elle, un grand sourire sur les lèvres
- « je suis d'accord, mais tu étais vraiment obligé de me faire mal ? » souffla-t-il, un sourcil arqué, amusé
- « tu t'es coupé la jambe, tout seul, comme un grand et tu as mal pour ça ? » lança-t-elle
- « okay, tu as gagné » lâcha le brun, en levant les yeux au ciel
Ce bref échange apporta un brin de joie dans l'instant et d'un geste doux, Shikamaru intima à la petite fille de ne pas prendre la fuite, malgré la peur qui la tiraillait ; elle s'approcha d'un pas méfiant et s'accrocha à la jambe du brun, sur le fauteuil. Il ébouriffa doucement ses mèches brunes et l'attrapa sous les aisselles, la déposant une demi-seconde plus tard, sur ses genoux.
- « c'est elle, n'est-ce pas ? » demanda la fleuriste
Silencieusement, il acquiesça ; oui, c'était elle, la petite fille qu'il avait ramené de la guerre. Mitsuha se cramponnait maladroitement au tee-shirt brun qui lui couvrait le torse, jetant des regards méfiants aux deux inconnus.
- « elle craint les inconnus » souffla-t-il, resserrant sa prise autour de sa silhouette « mais elle est adorable »
- « je n'en doutes pas, regarde cette bouille angélique » s'exclama la blonde « comment est-ce qu'elle s'appelle ? »
- « Mitsuha » présenta-t-il « elle ne parle pas, mais elle comprends ce que vous dites »
- « est-ce que c'est normal ? » demanda-t-elle, les sourcils froncés
- « pas vraiment, mais Sakura s'occupe de ça, elles ont rendez-vous ensemble, une fois par semaine »
L'un comme l'autre avait entièrement confiance en la rose, pendant la quatrième grande guerre et encore maintenant, elle s'était montrée plus que digne de l'enseignement du cinquième Hokage ; Shikamaru n'avait aucun doute concernant la demoiselle, sûrement qu'il serait capable de mettre son existence entre ses mains, un million de fois. Les pleurs d'un bébé les coupèrent dans la discussion, Mitsuha s'empressa de faire de grands gestes ; elle sauta sur ses deux pieds et attrapa la main de l'adulte, le tirant avec force vers la chambre. Un sourire amusé sur les lèvres, il s'excusa auprès des invités et revint dans la pièce, quelques minutes plus tard, Shikae dans les bras.
Un hoquet de surprise s'échappa des lèvres de la fleuriste et elle claqua brutalement, une deuxième fois, sa main sur la cuisse de son époux ; amusé par la situation, le brun ne dit rien et repoussa la main de son amante, doucement. La blonde avait ce côté enfantin, qui lui plaisait tant.
Le garçon contre son torse, le brun jeta un coup d'œil inquiet à sa meilleure amie ; peut-être qu'il avait un peu peur de la réaction de la blonde, après tout, fut un temps où ils se disaient tout, alors que là, il avait adopté deux enfants, sans aucun mot pour elle. Dans un élan doux, Ino se hissa sur ses deux pieds et s'approcha ; le bout de son doigt caressa délicatement la joue rebondie de l'enfant et elle esquissa un sourire.
- « est-ce que je peux le prendre ? » demanda-t-elle, d'une voix douce
Le brun se heurta aux étoiles dans les prunelles de sa meilleure amie, et il acquiesça ; glissant doucement le bébé dans ses bras. Elle resserra délicatement sa prise autour de la silhouette fragile du bébé et esquissa un sourire tendre. Elle se souvenait d'à quel point elle avait été heureuse, lorsqu'elle avait pris, contre elle, pour la première fois Chôchô et Shikadai ; elle s'était senti si bien, sur le moment, comme à cet instant.
- « il est tellement beau » lâcha-t-elle, dans un murmure
Un sourire fier sur les lèvres, le stratège acquiesça et retourna sur le fauteuil, réceptionnant Mitsuha sur ses genoux ; moins méfiante, maintenant qu'elle apercevait son petit-frère dans les bras de la blonde, elle lançait quelques sourires maladroits à Saï. Doucement, Ino se posa sur le bout de canapé libre et présenta le bébé à son époux. Ils n'avaient pas eu la chance de faire sa rencontre, encore.
- « dis, Shikamaru » souffla-t-elle, doucement « il n'est pas né d'une infidélité, n'est-ce pas ? »
Aucun éclat de surprise passa dans les prunelles du garçon, il s'attendait à cette question ; sûrement, parce que toutes les personnes qui le connaissaient se l'étaient posée, à un moment. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il resserra sa prise autour de la silhouette de la brune, déposant chastement ses lèvres sur sa joue.
- « je.. » commença-t-il, une pointe douloureuse dans la voix « je ne peux pas encore te dire dans quelles conditions il est arrivé, mais non, ce n'est pas une infidélité, promis »
Cette réponse sembla lui plaire, puisqu'elle acquiesça et déposa ses lèvres sur le front de l'enfant. Shikae ouvrit délicatement les yeux et le sourire sur les lèvres de la blonde, s'étira un peu plus.
- « bleu » s'exclama-t-elle, joyeusement « il a les yeux bleus, comme moi »
Un rire s'échappa des lèvres de son époux, qui assistait tendrement à l'échange. Pendant un court instant, il croisa le regard amusé du brun, sur le fauteuil et haussa simplement les épaules.
- « je suis sous le charme » ajouta-t-elle, de la joie dans la voix
- « c'est un beau bébé, il a un prénom ? » demanda le brun, doucement
- « oui, il s'appelle Shikae ; et les yeux.. » il prit une inspiration « ce sont ceux de sa mère »
- « ça me donne presque envie d'en faire un deuxième, tiens » souffla l'handicapé, un sourire sur les lèvres
La blonde ne réagit pas aux mots de son époux et s'empressa de noyer l'enfant sous un tas de baisers doux ; un sourire au coin des lèvres, Saï attira l'attention du brun sur lui.
- « encore merci à toi, de ne pas m'avoir lâché pendant la guerre » ajouta-t-il, reconnaissant
- « arrête, Saï ; tu n-.. » commença le brun, les sourcils froncés
- « tu aurais pu le faire, mais tu ne l'as pas fait ; merci Shikamaru » le coupa-t-il
- « je suis d'accord avec lui, peut-être que sans toi, je serais veuve » souffla la blonde, un fin sourire sur les lèvres
Aucun son ne s'échappa des lèvres du brun, sur le moment, il fut incapable de dire quoi que ce soit ; il aurait simplement pu lui dire qu'il n'avait pas besoin de remerciements, qu'il avait fait que l'artiste aurait fait pour lui, qu'il n'avait rien fait d'exceptionnel. Mais il y avait ce truc dans les prunelles des deux adultes, ce truc qui lui coupait le souffle ; il acquiesça et chassa maladroitement les larmes qui perlaient au coin de ses paupières.
Lorsque, quelques heures plus tard, Temari passa le pas de la porte de la demeure, un doux parfum l'enveloppa ; un parfum qui lui disait fortement quelque chose. Elle balança ses chaussures dans un coin de l'entrée et s'engouffra dans la demeure ; une tignasse brune se jeta dans ses bras et elle réceptionna doucement Mitsuha contre elle, déposant quelques baisers sur ses joues.
- « tu as passé une bonne journée, mon coeur ? » demanda-t-elle, un sourire sur les lèvres
La brune acquiesça, joyeusement et dès qu'elle mit un pied sur le sol, elle disparut au détour de la cuisine ; au début, tout avait été si compliqué, elle était incapable de prendre soin de ses enfants, mais là, à cet instant, elle était plus qu'heureuse de retourner à la maison et de retrouver les trois enfants, qu'elle laissait le matin, en allant au boulot. Elle déposa son sac près d'une commode et emboîta le pas à la petite fille ; ses prunelles d'un bel émeraude se confrontèrent au dos de son époux, vêtu d'un tablier, qui traînait devant les fourneaux. Doucement, il fit volte-face et déposa un plat sur le bois de la table, tapant dans la main de Mitsuha, un sourire au coin des lèvres.
- « bonsoir » lâcha-t-elle, au bout de quelques minutes, surprise
Doucement, elle fit un pas en avant ; sûrement, avait-elle un peu peur au fond que tout ça ne soit qu'un mirage. Le sourire sur les lèvres sur son époux l'acheva, elle se pinça la cuisse, discrètement, mais la vision sous ses yeux ne disparaissait pas.
- « j'ai préparé le repas, un plat de ma mère que tu apprécies, il me semble » souffla-t-il, en retirant son tablier « Mitsuha m'a un peu aidée, c'est une bonne cuisinière, figure-toi »
- « c'est vraiment.. adorable » lança-t-elle « mais tu sais, j'aurais pu le faire, hein ; tu n'avais pas à-.. »
- « ça va » la coupa-t-il « tu aides ton frère, tous les jours ; j'ai juste préparé le repas, ce n'est pas grand-chose »
Le tissu du tablier se heurta doucement au dos d'une chaise, et le brun ébouriffa un instant les mèches brunes de l'enfant ; un rire s'échappa des lèvres de la petite fille et emplit la pièce, sous le regard tendre de la blonde. Dans un élan doux, il claqua un baiser sur la joue de son épouse.
- « je sors, faire un tour » lâcha-t-il « je te vois, tout à l'heure »
À peine eut-elle le temps de réagir, que la porte de l'entrée se refermait ; un pas par un pas, peut-être demain partagerait-il le repas avec elle, comme avant. Un sourire au coin des lèvres, elle renifla doucement l'odeur qui emplissait la pièce et salua joyeusement l'adolescent, qui se glissait dans la pièce, un sourcil arqué.
Une brise légère soufflant dans les rues du village caché du Sable ; d'un geste mécanique, il glissa un tube de nicotine entre ses lèvres et l'alluma. Ses pas le traînèrent sur le toit de cet immeuble ; un endroit dans lequel il trouvait un certain apaisement, s'en était étrange. Parfois, il venait là, avec cette fichue idée en tête ; celle de rompre les quelques mètres qui le séparaient du sol, celle de faire un bond dans le vide, sans retour en arrière possible, mais pas ce soir ; ce soir, seul le vent qui fouettait son visage meurtri, l'intéressait. La nuit enveloppait le village ; quelque chose attira son attention. Les sourcils froncés, il se perdit un instant dans la réalité ; debout sur la rambarde de l'immeuble, une personne semblait sur le point de commettre une bêtise. Le tube de nicotine entre ses lèvres, s'écrasa brutalement sur le sol et il prit une inspiration.
- « attendez, ne faites pas de bêtise » s'exclama-t-il, les sourcils froncés « quelle que soit la raison, ce n'est pas valable pour faire ça ; s'il vous plaît, descendez »
Certaines personnes auraient sûrement pris la fuite, face à ce spectacle, mais là, tout de suite, il ne parvenait pas à reprendre le contrôle de ses membres ; son regard d'un beau brun se perdit sur la silhouette de la personne et lorsqu'elle posa ses prunelles sur son visage, il eut le souffle coupé. Elle était là, en larmes et bordel ce que ça lui faisait mal.
- « Karui » lâcha-t-il, dans un murmure
Une pointe de colère naquit dans les prunelles ambrées de la femme et elle fit volte-face, les bras ballants ; sûrement que son regard se perdait dans l'immensité du vide, qui lui tendait les bras, délicatement. Shikamaru prit une inspiration douloureuse et s'avança, doucement, d'un pas lourd ; elle était là et la réalité lui sautait au visage, il n'avait pas été capable de prendre soin d'elle. Pendant que son existence reprenait un sens, elle souffrait.
- « Karui, s'il te plaît » appela-t-il, d'une voix forte « ne fais pas ça »
- « va-t-en, Shikamaru » grogna-t-elle, un sanglot entre les lèvres
- « non, je ne peux pas faire ça » avoua-t-il, tremblant « je ne peux pas, parce que je lui ai fait une promesse ; je lui ai promis que je prendrais soin d'elle et toi, je ne peux pas faire comme ci, je n'avais rien vu » il prit une inspiration « je suis là, je te vois et je comprends ce que tu ressens ; il n'était pas mon époux, ça c'est sûr, mais il était un frère »
Pendant une seconde, le visage du rouquin se glissa dans son esprit et il tenta tant bien que mal de ne pas fondre en larmes ; quel genre d'homme était-il pour rompre une promesse si importante ? Si elle sautait, si elle ne l'écoutait et qu'elle sautait, il ne se le pardonnerait jamais ; à bout de souffle, il prit une inspiration douloureuse.
- « il ne voudrait pas ça, et tu le sais » continua-t-il, les sens en alerte « il voudrait que tu sois heureuse, sans lui, que tu prennes soin de votre fille ; qui prendra soin de Chôchô si tu fais ça ? qu'est-ce que je lui dirais ? qu'en plus de la disparition de son père, elle devra survivre à celle de sa mère ? tu ne peux pas faire ça »
- « va-t-en, s'il te plaît » lâcha-t-elle, d'une voix suppliante
- « je suis là, Karui ; je suis là et je ne bouge pas » ajouta-t-il, douloureusement « je sais que tu me détestes et je le comprends, je comprends ce que tu ressens ; tu te dis que tu ne peux pas vivre sans lui, sans son sourire, tu te dis que tu préfères sûrement la mort et que concernant ta fille, ce n'est pas grave ; parce qu'elle est jeune, parce qu'elle oubliera, parce que ça fera mal sur le moment, mais qu'en étant bien entouré, elle survivra et tu sais qu'elle sera bien entouré parce que les clans Yamanaka et Nara ne la laisseront jamais »
Toutes ces choses, il les ressentait, au fond ; combien de fois s'était-il dit que mettre fin à son existence était la solution ? Les larmes de la kunoichi redoublèrent d'intensité et il ne s'arrêta qu'à quelques centimètres d'elle, la main tendue vers elle.
- « s'il te plaît, ne fais pas ça » souffla-t-il, dans un dernier essai tremblant
Et là, ce fût comme si l'univers était en suspens. Elle bougea légèrement et les mains tremblantes, il agrippa la main qu'elle tendait vers lui ; il la tira contre son torse et ses fesses heurtèrent brutalement le sol, alors qu'il la maintenait contre lui, à bout de souffle. Quelques sanglots s'échappèrent des lèvres de la femme et il resserra sa prise, douloureusement.
- « il est mort en héros » lâcha-t-il, dans un murmure souffrant « il s'est sacrifié pour une petite fille, que nous avons trouvés dans les décombres ; une petite fille que j'ai adopté. il s'est sacrifié pour elle et je te promets qu'il a été vengé »
Dans un élan lent, elle releva un regard surpris vers lui ; du bout des doigts, il chassa les larmes sur ses joues hâlées et acquiesça faiblement.
- « je les ai tués, tous les deux » avoua-t-il, douloureusement
À l'instant où ses mots s'échappèrent de ses lèvres tremblantes, il se rendit compte que c'était la première fois qu'il le disait, à quelqu'un ; personne ne le savait, personne à part elle. Elle fondit dans ses bras, en larmes et il resserra doucement sa prise, autour de sa silhouette.
- « elle.. » commença-t-elle, entre deux sanglots « elle va bien ? »
- « très bien, c'est une petite fille adorable » souffla-t-il
- « t-tu crois que je.. je pourrais faire sa rencontre ? »
Il n'eut pas besoin de répondre, il déposa chastement ses lèvres sur son front et caressa tendrement son dos. Ses prunelles brunes se perdirent un instant dans l'immensité du ciel et il esquissa un sourire tendre mais douloureux, cet idiot manquait à bien plus de personnes que ce qu'il aurait crû.
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