he'll be back

Le silence lui répondit. Il hésita un instant, mais recommença doucement à frapper du poing contre le bois de la porte. Les secondes s'échappaient et rien ne venait, aucun sourire, aucun minois, aucun timbre de voix. Il restait là, le bras en suspens, le corps crispé. Les couloirs de l'hôpital étaient étonnamment vide, sûrement parce qu'il était l'heure du repas.

- «  est-ce que tu cherches quelqu'un ?  »

L'entente soudaine d'une voix, si proche, lui arracha un sursaut et il déposa un regard mi-apeuré, mi-angoissé, sur l'infirmière qui se tenait près de lui. Il s'attarda un court instant sur les traits de son visage ; elle était belle, vraiment belle. D'une vingtaine d'années, peut-être ; de belles boucles blondes, des iris d'un beau noisette et un rictus moqueur au coin des lèvres. D'un claquement de doigt, elle attira de nouveau son attention dans la réalité.

- «  désolé, tu es un peu trop jeune.  » souffla-t-elle, amusée. 
- «  p-pardon, quoi ?  » bégaya-t-il, perdu. 
- «  essaie d'être un peu plus discret quand tu regardes une fille, à l'avenir.  »
- «  c-ce n'est pas du tout, mais pas du tout, ce que je faisais.  » répliqua-t-il, quelques nuances de rose sur les joues. «  j'étais juste en train de.. de..  » un soupir s'échappa de ses lèvres. «  okay, je regardais.  »
- «  tu es mignon.  » lâcha-t-elle, dans un haussement d'épaules. «  quel âge tu as ?  »

Un sourcil arqué, il fourra ses mains dans ses poches et pencha légèrement la tête sur le côté.

- «  tu te fous de moi ?  » demanda-t-il, méfiant.
- «  pourquoi je ferais ça ?  » répliqua-t-elle.
- «  est-ce que tu sais qui je suis ?  » questionna-t-il.
- «  visiblement, un gamin très imbu de lui-même.  »

L'amusement dans les prunelles de la blonde s'effaça immédiatement et elle fit volte-face, sans un mot de plus ; il mit quelques secondes, avant de se rendre compte qu'elle s'en allait. Dans un bond agile — il remerciait ses capacités de shinobis pour ça, il se posta derrière elle et attrapa délicatement son poing entre ses doigts.

- «  attends.  » dit-il. «  excuse-moi. c'est juste que..  »
- «  que ?  » répéta-t-elle, en se dégageant de sa poigne. «  que tu es un petit con ?  »
- «  non. enfin, peut-être, j'en sais rien.  » répondit-il. «  mais je ne suis pas imbu de moi-même, d'accord ? c'est juste que.. ce village, c'est le village natal de ma mère et parfois, j'ai l'impression que les habitants me connaissent mieux que moi-même.  »

Les sourcils froncés et les bras croisés, elle lui fit face ; il se gratta l'arrière du crâne, gêné.

- «  tu es qui, au juste ?  » interrogea-t-elle.
- «  Shikadai Nara.  » se présenta-t-il. «  ici, à Suna, je suis le petit-fils du quatrième kazekage, le neveu du cinquième kazekage et le fils de la princesse de Suna. et à Konoha, j'étais le fils de l'assistant du hokage et le futur chef du clan Nara.  »
- «  oh merde.  » lâcha-t-elle.

Le juron s'échappa des lèvres de la blonde, avant même qu'elle puisse l'en empêcher et elle s'empressa de lui présenter des excuses ; le brun les balaya d'un revers de main maladroit, un rire nerveux au bord des lèvres.

- «  je suis vraiment désolé, je ne savais pas.  » s'excusa-t-elle, une énième fois. «  je ne suis pas vraiment du coin.  »
- «  arrête, ça va. ça ne me dérange pas.  » répliqua-t-il. «  en fait, je préfère. je n'aime pas la façon dont les villageois me traitent, je suis un gamin ordinaire.  »
- «  très amusant, tu es quasiment un prince.  » souffla-t-elle.
- «  eh bien.. à vrai dire, je suis un prince.  » confia-t-il, un fin sourire au coin des lèvres. «  à Suna, du moins.  »
- «  et quel âge avez-vous, votre altesse ?  » questionna-t-elle, amusée.

Le brun étouffa un rire.

- «  quatorze ans, presque quinze. et vous, belle infirmière ?  » lança-t-il, d'un ton légèrement charmeur, mais moqueur.
- «  dix-huit ans. tu es un peu trop jeune, désolé mon chou.  » répondit-elle. «  dommage, tu es plutôt mignon.  »
- «  mais.. si j'avais eu, disons, trois ans de plus, tu n'aurais pas dis non ?  » demanda-t-il.
- «  eh bien, si tu avais eu, disons, trois ans de plus, tu aurais eu ta réponse.  » lâcha-t-elle, en lui offrant un clin d'oeil. «  alors, qui est-ce que tu cherchais ?  »

La raison première de sa venue lui revint en mémoire et il se crispa, de nouveau ; l'instant agréable s'était déjà effacé.

- «  le.. docteur Uchiha.  » souffla-t-il, du bout des lèvres.
- «  en pause, sur le toit.  » dit-elle. «  tu connais le chemin ?  »

Il acquiesça, la remercia rapidement et s'apprêtait à reprendre son chemin, mais elle l'en empêcha ; elle se rapprocha doucement de lui, un fin sourire sur le coin des lèvres.

- «  Sayaka.  »
- «  quoi ?  »
- «  mon prénom, idiot.  »

Un doux rire s'échappa des lèvres de ladite Sayaka et elle claqua doucement ses lèvres contre l'une de ses joues, avant de disparaître dans une pièce hasardeuse ; le brun resta là, un instant. Est-ce qu'elle avait vraiment légèrement, très légèrement, flirter avec lui pendant leur courte discussion ou est-ce qu'il avait rêvé ? Il avait sûrement rêvé ; après tout, ça ne lui arrivait jamais, il n'était qu'un adolescent de quatorze ans. Mais récemment, Ino avait énoncé un fait surprenant ; autour d'un café, elle avait soufflé, haut et fort, qu'il ressemblait de plus en plus à l'adolescent que son père avait été, à l'époque, et sa mère avait approuvé, de plusieurs hochements de tête. Il connaissait l'image que son père renvoyait à presque quinze ans, il ressemblait déjà fortement à un jeune homme ; mais lui, ce n'était pas son cas. Il était vrai qu'il avait prit plusieurs centimètres, qui faisait qu'il était plus grand que Chôchô ou Inojin et qu'un très léger duvet se prononçait sur ses joues lisses, mais les traits de son visage gardaient encore un côté quelque peu enfantin.

Un soupir au bord des lèvres, il repoussa ses interrogations quelque part dans le fond de son esprit et s'empressa de rejoindre le toit de l'hôpital ; il s'engouffra sur celui, sans prendre la peine de toquer et se heurta à la tignasse rose qu'il connaissait bien. Elle était, effectivement, en train de terminer son repas, aux côtés de sa fille.

- «  Shikadai ?  » appela l'adolescente.
- «  tout va bien, Shikadai ?  » demanda la rose, les sourcils légèrement froncés.
- «  euh, j-je..  » bégaya-t-il, le souffle court. «  j'aurais aimé avoir une discussion avec.. vous, madame Uchiha.  »
- «  tu sais que tu peux m'appeler Sakura, hein ?  » souffla-t-elle, une pointe d'amusement dans la voix.

Un doux rose s'accrocha aux joues du garçon et il acquiesça vivement.

- «  je t'écoute.  » ajouta-t-elle, un peu plus sérieuse.

Le regard du brun se déposa doucement sur la petite brune, qui le regardait intensément et il lui offrit un sourire crispé.

- «  euh.. en privé, si possible.  » lâcha-t-il.
- «  j'ai compris, j'y vais.  » acquiesça l'adolescente.
- «  attends.  » dit-il, immédiatement. «  je peux attendre.  »
- «  t'en fais pas, Shikadai. j'ai terminé, de toute manière.  » répliqua-t-elle, doucement.

Il observa silencieusement qui regroupait ses affaires ; elle claqua un baiser sur le front de sa mère et se rapprocha de lui, déposant délicatement ses lèvres sur sa joue, à l'endroit où Sayaka avait déposé les siennes, une poignée de minutes en arrière. A la différence, qu'à cet instant, le coeur du brun rata un battement et il manqua une quinte de toux de justesse. Sarada disparut de l'autre côté de la porte et il s'exécuta rapidement, lorsque la rose lui intima silencieusement de prendre place à ses côtés. Il s'installa doucement et posa ses iris verts sur le paysage ; le village caché du sable n'était peut-être pas son endroit préféré et son village natal lui manquait, mais la beauté des paysages était époustouflante.

- «  alors.  » souffla la rose. «  qu'est-ce que tu voulais me dire, Shikadai ?  »

Il n'avait quasi pas fermé l'oeil de la nuit ; il s'était imaginé, inlassablement, cette conversation et l'aboutissement de celle-ci.

- «  je.. j'ai longuement réfléchi.  » commença-t-il, les mains légèrement tremblantes. «  et je refuse d'être inutile, plus longtemps.  »
- «  de quoi tu parles ?  » demanda-t-elle, les sourcils froncés. «  tu n'es pas inutile.  »
- «  vous ne comprenez pas. je veux être quelqu'un de bien, quelqu'un sur qui les autres peuvent compter.  » ajouta-t-il, une pointe de détermination dans la gorge. «  quelqu'un d'aussi bienveillant et fort que le septième hokage, que mon père ou encore, que.. votre époux, ou.. vous.  »

Le coeur en vrac, le brun se hissa doucement sur ses deux pieds et se rapprocha de la rambarde. Les deux mains sur celle-ci, il prit une inspiration, le regard perdu dans l'horizon.

- «  je veux être quelqu'un qui sera capable de prendre soin des personnes qu'il aime.. que j'aime.  » dit-il. «  ma soeur.. mon frère.. ma mère.. Sarada.  »

Il fit volte-face, doucement et se confronta doucement à l'émeraude des prunelles de la rose ; ça y est, c'était le moment. D'un geste lent, il se pencha en avant.

- «  s'il vous plaît.  » supplia-t-il. «  faites de moi, votre élève.  »

*

Une tasse de thé se glissa sur la surface dure de la table en bois et elle se perdit un instant dans sa contemplation, la cage thoracique submergé par l'inquiétude. Les shinobis étaient partis, onze jours en arrière, et elle attendait inlassablement, terriblement nerveuse. Est-ce qu'il reviendrait ? Est-ce qu'elle reverrait son tendre sourire ? S'en était dingue, depuis qu'il était parti, elle se souvenait d'un tas de choses sur lui ; d'à quel point, elle adorait cette pointe de gêne dans son regard, chaque fois qu'il riait, comme s'il se rendait soudainement compte qu'il s'était laissé aller un instant, d'à quel point, il était grognon le matin et d'à quel point, il râlait pour qu'elle reste au lit, dans ses bras, d'à quel point, il était maladroit, à chacun de ses anniversaires, parce qu'il tentait constamment de lui acheter la plus chose de l'univers, mais qu'il refusait qu'elle voit les efforts qu'il faisait pour ça.

- «  Temari.  » entendit-elle.

La voix la tira dans la réalité et elle adressa un léger sourire à la meilleure amie de son époux, assise sur le canapé d'en face.

- «  j'étais perdue dans mes pensées, excusez-moi.  » s'excusa-t-elle, immédiatement, en attrapant sa tasse de thé.
- «  pourquoi est-ce que tu t'excuses ? c'est tout à fait normal.  » répliqua Sai, aux côtés de son épouse. «  je suis inquiet, moi aussi. ça m'empêche de dormir la nuit.  »
- «  moi aussi.  » avoua la sunienne. «  je déteste dormir dans un lit où il n'est pas.  »
- «  est-ce que vous vous entendez ?  » questionna Ino, un sourcil arqué. «  je ne sais même plus lequel de vous deux est marié avec lui.  »

Un plateau de biscuits atterrit doucement au creux de la table, tandis que la douce Yamanaka se posait sur le canapé.

- «  tu n'es pas inquiète ?  » demanda le brun. «  c'est ton meilleur ami.  »
- «  il reviendra.  » déclara-t-elle, simplement.
- «  comment tu peux en être si sûr ?  » répliqua-t-il, les sourcils froncés.
- «  parce qu'il a un tas de raisons de le faire.  » grogna-t-elle.

Ino porta sa tasse à ses lèvres et avala une longue gorgée, un brin d'agacement dans les traits de son visage ; en réalité, elle était inquiète et ça lui rappelait à quel point elle avait été sur le point de se fondre en un amas de morceaux empreint de désespoir la dernière fois, alors qu'elle attendait patiemment le retour de ses deux meilleurs amis. Au final, un seul était revenu et si brisé, qu'elle avait bien cru le perdre ; alors, elle tentait maladroitement de faire taire son inquiétude et s'occupait tant bien que mal. Mais l'inquiétude de son époux n'aidait en rien.

- «  Temari. Shikadai. Mitsuha. Shikae.  » énuméra-t-elle, en reposant sa tasse. «  Yoshino. toi. moi.  » elle prit une inspiration. «  Shikamaru reviendra. il a un tas de raisons de le faire.  »
- «  tu es folle.  » lâcha le brun, en attrapant un biscuit.

D'un geste brutal, la "folle" frappa la cuisse du garçon et croqua dans le biscuit qu'il tenait entre ses doigts ; un sourire déforma doucement les lèvres de Temari. Ino n'avait pas tort ; il avait un tas de raisons et il lui avait promis, encore et encore, la nuit précédant son départ. Elle attendrait, autant de temps qu'il faudrait.

Elle s'apprêtait à dire quelque chose, lorsqu'un rire enfantin la coupa ; Inojin s'engouffra dans le salon, une petite fille fermement accroché à son dos, un grand sourire sur les lèvres. L'adolescent salua poliment sa «  tante  » et déposa l'enfant au sol, qui s'empressa de prendre un biscuit sur la table, avant de s'installer sur les genoux de Sai.

- «  c'était comment la promenade, Hanako ?  » demanda Ino, curieusement.
- «  oh, génial. Inojin m'a montré un vrai scorpion et Shikadai m'a montré un truc de fou.  » s'exclama la petite fille, en faisant de grands gestes. «  est-ce que tu savais qu'il contrôlait les ombres ? genre, pouf, d'un coup son ombre fait ce qu'il commande. c'est beaucoup trop cool, je te jure ; tu devrais voir ça, attends.  » elle avala rapidement le morceau de gâteau entre ses lèvres. «  Shikadai. vite, vite. viens. montre à Ino ce que tu fais avec ton ombre et-.  »

La main de Sai sur ses lèvres l'empêcha d'ajouter quoi que ce soit et il échangea un regard amusé avec son épouse ; c'était officiel, ils étaient devenus la famille d'accueil de la douce Hanako, deux jours en arrière, et si tout se passait bien, elle porterait le nom Yamanaka, dans quelques semaines. Ils avaient un peu appréhendés la rencontre de la petite fille avec Inojin, mais l'adolescent et elle s'entendaient à merveille, à tel point qu'elle ne le quittait plus. Partout où il allait, elle suivait et lui, ça lui plaisait.

- «  tu parles beaucoup trop.  » lâcha Inojin, amusé.
- «  tu sais, je connais Shikadai depuis qu'il est tout petit.  » souffla Ino. «  je connais sa technique, mais je connais quelqu'un qui sait faire des trucs encore plus fous avec son ombre.  »
- «  oh oui, qui ?  » s'exclama Hanako, en repoussant la main du brun. «  il est où ?  »
- «  le papa de Shikadai et Mitsuha.  » déclara la fleuriste. «  il revient bientôt.  »
- «  oh, woah. il s'appelle comment ? est-ce qu'il est capable de faire des crêpes avec son ombre ? tu crois qu'il pourra m'en faire ? et est-ce que son ombre a un nom ?  » se lança la petite blonde, des étoiles dans les prunelles.

Un rire amusé s'échappa des lèvres de l'adolescent et il attrapa rapidement un biscuit. La seconde d'après, Shikadai s'enfonçait dans la pièce, la petite main de Mitsuha dans la sienne ; il se rapprocha très vite de sa mère et aida doucement la petite brune à se mettre sur le canapé. Une heure en arrière, les deux adolescents avaient insistés pour emmener les deux petites filles en promenade et visiblement, elles s'étaient plutôt bien amusées. Temari essuya une légère trace de terre sur la joue de la petite brune.

- «  la promenade t'a plu ?  » demanda-t-elle, tendrement.
- «  hm.  » acquiesça Mitsuha, un biscuit entre les lèvres.
- «  maman ?  » appela l'adolescent, en s'installant près d'elle. «  j'ai un truc à te dire.  »
- «  qu'est-ce qu'il y a ?  » questionna-t-elle, en tournant la tête vers lui.
- «  j'ai longuement réfléchi, avant de prendre ma décision, rassure-toi.  » dit-il. «  j'ai demandé au docteur Uch-.. à Sakura de me prendre comme élève.  »
- «  comme élève ?  » répéta Ino, en prenant part à la discussion.
- «  oui.  » acquiesça-t-il. «  papa m'a parlé du roi et je me suis rendu compte qu'actuellement, je ne serais pas vraiment capable de protéger qui que ce soit. le doc-.. Sakura, elle est forte et elle sauve des vies, au quotidien. elle a l'étoffe d'un kage. je le sais, je l'ai vu. elle a prit soin de papa, de tonton Sai, de Miraï et d'un tas de personnes. c'est à ça que je veux ressembler, un jour. à quelqu'un sur qui les autres peuvent compter, en permanence.  »
- «  mais tu es sûr de toi ?  » demanda Temari.
- «  je veux apprendre à ses côtés. j'en suis sûr.  » souffla-t-il, dans un hochement de tête.

Temari observa un instant son petit garçon, qui grandissait encore et encore, un peu plus à chaque minute. Il ressemblait tellement à Shikamaru.

- «  et qu'est-ce qu'elle a répondu ?  » interrogea Ino, curieusement. «  elle a dit non ?  »

Un grand sourire déforma les lèvres du brun.

- «  elle a dit oui.  » lâcha-t-il, fièrement. «  je commence l'entraînement, dès que papa et les autres seront rentrés. j'ai hâte de lui dire.  »
- «  oh bordel. félicitations, Shikadai !  » s'exclama la fleuriste, en tapant dans ses mains. «  ça mérite une bonne bouteille de saké.  »
- «  attends, mon coeur.  » l'arrêta Sai. «  il est un peu trop jeune pour boire.  »
- «  je n'ai jamais dis que c'était pour lui. il y a du soda, s'il veut.  » répliqua immédiatement la blonde, un grand sourire sur les lèvres.

Shikadai observa, amusé, sa tante disparaître dans la cuisine ; elle semblait si fière et ça, ça le touchait vraiment. Deux bras chaleureux le tirèrent dans une étreinte et il se heurta doucement au corps de sa mère, alors qu'elle le serrait contre elle.

- «  maman.  » se plaignit-il, dans un sourire ému.
- «  je suis fière de toi.  » confia-t-elle, doucement.

Le sourire sur les lèvres du brun s'agrandit et il rendit son étreinte à sa mère, réceptionnant doucement Mitsuha qui se glissait entre leurs corps, quémandant un peu d'amour.

*

- «  ne serait-ce pas le prince de Suna ?  »

Un rire s'échappa de ses lèvres. Le doux minois de l'infirmière qu'il avait rencontré le matin-même se glissa dans son champ de vision et il lui tira une révérence, amusé par le surnom qu'elle lui offrait.

- «  je te manquais tant que ça ?  » demanda-t-elle, une moue moqueuse sur les lèvres.
- «  je suis venu amener du café au docteur Uchiha.  » répliqua-t-il.
- «  oh, je vois.  » acquiesça-t-elle. «  ton truc, c'est les femmes de la trentaine.  »
- «  mais, qu'est-ce que tu racontes ?  » s'amusa-t-il, un sourcil arqué.
- «  ça explique ta visite de ce matin et de cet après-midi, au docteur Uchiha.  » souffla-t-elle.
- «  c'est une amie de la famille, elle habite avec nous.  » expliqua-t-il.
- «  hm, et qu'est-ce que je dois faire pour que tu m'amènes un café, un de ces jours ?  » demanda-t-elle, un fin sourire sur les lèvres.

Il s'attarda un court instant sur le sourire qu'elle lui offrait ; Sayaka était une jolie fille, un peu plus grande que lui, de trois ou quatre centimètres. Ils se connaissaient à peine, mais il appréciait sa présence.

- «  eh bien, peut-être que je pourrais t'en amener un de temps en t-.  »
- «  Shikadai !  » entendit-il, dans son dos.

D'un même mouvement, Sayaka et lui se tournèrent vers la propriétaire de la voix ; les sourcils légèrement froncés, il se heurta au souffle saccadé de la jeune Uchiha.

- «  qu'est-ce qu'il se passe ?  » demanda-t-il, une pointe d'inquiétude dans la voix.
- «  je.. je te cherchais.  » lâcha-t-elle, le souffle court. «  ta mère m'envoie, ils..  »

Les mots de la brune se turent, à l'instant où elle se rendit compte de la présence de l'infirmière, près du brun ; trop près du brun. 

- «  Sarada ?  » appela le brun. «  ma mère t'envoie ? pourquoi ? il s'est passé quelque chose ?  »
- «  non. enfin oui.. les shinobis. ils seront bientôt aux portes.  » répondit-elle. «  ta mère et tante Ino sont déjà là-bas.  »
- «  et.. mon père, est-ce qu'il.. est-ce que tu sais s'il est.. parmi eux ?  » demanda-t-il, le coeur submergé par l'inquiétude.

Sarada secoua doucement la tête de droite à gauche ; le coeur du brun battait à vive allure dans sa cage thoracique. Est-ce que Shikamaru était en vie ? Ou alors, est-ce qu'il était officiellement le chef du clan Nara ? L'inquiétude lui broyait les tripes et pendant une demi-seconde, il se perdit dans un tas de pensées macabres ; si son père n'avait pas survécu, comment est-ce que sa mère s'en sortirait ? Une main délicate effleura ses propres mains tremblantes et il tomba dans le regard noisette de l'infirmière ; un tendre sourire sur les lèvres, elle attrapa les deux cafés qui traînaient dans le creux de ses mains et acquiesça.

- «  j'apporte ça au docteur Uchiha.  » dit-elle, simplement. «  rejoins ta mère, Shikadai.  »
- «  je ne suis plus le prince de Suna, ça y est ?  » lâcha-t-il, dans un rire terriblement nerveux.
- «  reviens me voir, à l'occasion, d'accord ?  » exprima-t-elle.

Le brun acquiesça, du bout des lèvres et s'empressa de faire volte-face. Il se rapprocha de la brune, qui était venue à sa rencontre et la tira rapidement dans une étreinte ; très vite, elle enroula ses bras autour de la silhouette du garçon et lui rendit. L'instant ne dura qu'une petite poignée de minutes ; puis il s'élança à travers les couloirs, au bord de l'apoplexie.

*

Un silence pesant enveloppa la foule de villageois. D'un geste délicat, Ino attrapa la main de Temari dans la sienne, exerçant une pression forte ; elles étaient là, depuis une bonne vingtaine de minutes et attendaient, le coeur rongé par l'inquiétude. Un shinobi du village caché du sable avait frappé à toutes les portes, une heure en arrière, annonçant la nouvelle : la chevelure pourpre du kazekage avait été aperçu à la frontière du pays du vent, il y a moins de vingt-quatre heures. Les villageois, en particulier ceux qui attendaient quelqu'un, s'étaient empressés de se rendre aux portes.

- «  Temari.  » appela-t-elle, doucement. «  tu trembles.  »
- «  je ne sais pas ce que je ferai s'il ne revient pas.  » avoua-t-elle, du bout des lèvres.
- «  il reviendra.  » répliqua la blonde. «  il reviendra toujours. il t'aime trop pour ne pas le faire.  »

Un doux rire, mais quelque peu nerveux, s'échappa des lèvres de la fleuriste. 

- «  maman.  » entendirent-elles.

Le minois d'un adolescent se hissa hors de la foule et il se rapprocha des deux femmes, tant bien que mal ; il semblait à bout de souffle.

- «  Sarada.. elle m'a dit que v-vous seriez là.  » lâcha-t-il, le souffle court.
- «  tu es venu.  » souffla la sunienne, en attrapant les mains de son fils dans les siennes.
- «  bien sûr que je suis venu, maman.  » approuva-t-il. «  où sont Shikae et Mitsuha ?  »
- «  avec ta grand-mère.  » répondit Ino, en glissant une main dans les mèches brunes du garçon.

Il acquiesça, simplement ; si son père n'était pas parmi les survivants, alors il était peut-être mieux que Mitsuha ne soit pas là. Elle vouait une telle admiration pour l'homme qui l'avait adopté et elle l'aimait vraiment beaucoup, Shikadai s'en rendait compte à chaque minute qui s'envolait.

- «  ça ira, maman.  » annonça-t-il, dans une inspiration tremblante. «  quoi qu'il arrive, ça ira et-.  »
- «  ils sont là !  »

Un léger sursaut enveloppa leurs deux silhouettes, à l'entente de ces mots. Ino les attrapa très vite par la main et les tira à travers la foule, usant de ses coudes ; et lorsqu'ils atteignirent les portes, Temari retint son souffle, douloureusement. Quelques silhouettes se dessinaient au loin, à l'horizon, mais ils étaient encore trop loin pour qu'elle soit capable de reconnaître qui que ce soit.

Une silhouette masculine se détacha du groupe et lâcha un cri ; un cri si fort que, lorsqu'il parvint aux oreilles de la sunienne, elle fondit en larmes.

*

- «  Temari !  » hurla-t-il, de toutes ses forces.

Un rire s'extirpa des lèvres d'un shinobi, près de lui et Gaara étouffa un sourire doux.

- «  regardez-le, celui-là.  » s'exclama Kankuro, amusé. «  il est amoureux, comme un adolescent.  »

Le brun les ignora ; il échangea un rapide regard avec le kazekage et s'élança à travers les grains de sable. Il attendait patiemment ce moment, depuis l'instant où ils avaient quittés les portes, des jours en arrière ; le visage de son épouse se dessinait, toujours un peu plus clairement, au fil des secondes et il redoubla d'efforts, le souffle court.

Shikamaru Nara renvoyait, constamment, depuis très jeune, l'image d'un garçon, d'un homme, insensible par moment, d'un homme qui ne montrait pas de signe d'affection en public ; mais là, il n'était plus cette personne, il n'était qu'un homme amoureux. Terriblement amoureux.

*

Elle étouffa difficilement un sanglot et s'élança en avant, à l'instant où les bras du brun s'ouvraient pour elle ; il la tint contre son torse, comme si c'était la dernière fois, et la souleva dans les airs, un sourire heureux sur les lèvres. Il était heureux. Elle était heureuse. Du coin de l'oeil, elle aperçut les silhouettes de ses frères qui saluaient joyeusement Ino et Shikadai, et ses pleurs redoublèrent d'intensité.

- «  tout va bien, Temari.  » murmura le brun. «  tout va bie-.  »

La trentenaire étouffa la fin des mots du brun, en capturant ses lèvres dans un baiser passionné ; en fond sonore, elle entendit les cris surexcités de l'un de ses frères et les rires soulagés de son fils.

- «  tu es revenu.  » lâcha-t-elle, contre ses lèvres. «  tu es revenu.  »

Les mains de la blonde glissèrent dans ses mèches brunes. Une légère grimace déforma ses lèvres, lorsque le tissu du bandage autour de sa tête se glissa sous ses doigts, mais elle repoussa l'inquiétude, un instant ; il était revenu, il avait tenu sa promesse, encore une fois.

- «  je reviendrai toujours.  » rappela-t-il. «  je reviendrai toujours, Temari.  »

Du bout des doigts, il repoussa les larmes qui submergeaient le visage de la blonde et esquissa un doux sourire, plaquant un tas de baisers sur ses lèvres. Perdus dans leurs retrouvailles, ils ne firent même pas attention au kazekage qui annonçait aux villageois qu'ils avaient gagnés la guerre.

FIN

note de l'auteur
Un très grand merci à ceux qui sont encore là. Nous sommes à la fin de l'histoire, avec l'apparition d'un nouveau personnage qui sera présent par la suite ; il ne reste que l'épilogue et un petit bonus, extrait du deuxième tome.

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