before you go
- « je ne suis pas prêt. »
Un bras fin s'accrocha possessivement à sa taille et il se heurta, silencieusement, au bleu des prunelles de son épouse ; Ino était ravissante, toujours un peu plus chaque jour, comme si les années n'avaient aucun effet sur elle. Elle était si belle, si douce, qu'il ne comprenait pas ce qu'elle faisait si près de son cœur ; pourquoi lui ? Il n'était pas le quart de ce qu'elle était, de ce qu'elle inspiration aux autres ; et parfois, il se sentait si insignifiant. Il étouffa maladroitement une vague de mal-être entre ses lèvres se détourna le regard ; mais la main délicate de la blonde força, une nouvelle fois, le contact entre leurs pupilles. Des éclats de voix, au ton bien trop enthousiaste, s'élevaient de l'autre côté de la porte ; des rires d'enfants, des voix d'adultes. D'un geste d'une tendresse extrême, Ino attrapa l'une de ses mains rugueuses et déposa une multitude de baisers sur sa peau pâle.
- « parle-moi. » dit-elle.
- « je ne pense pas que.. » commença-t-il, le cœur tremblant. « je ne suis pas prêt, Ino. »
Elle acquiesça, l'incitant silencieusement à lui en dire plus ; les baisers sur ses mains ne cessaient pas. Est-ce qu'il la méritait vraiment ?
- « je ne serais pas un bon père. » avoua-t-il, dans un souffle légèrement saccadé. « j'ai sûrement oublié comment faire et de toute manière, je n'ai jamais été fait pour ça. je n'ai pas été un bon père pour Inojin, il-.. »
- « ne dis pas ça. » lâcha-t-elle, d'une voix sévère. « s'il te plaît. »
- « pourtant, c'est le cas. » continua-t-il. « n'est-ce pas ? »
Il détestait ça. Ino était si forte, constamment et lui, il était si faible.
- « comment est-ce que je pourrais être un bon père, Ino ? » demanda-t-il, douloureusement. « j'ai.. je n'ai qu'une seule jambe.. tu te rends compte ? »
Les souvenirs douloureux de l'instant où il avait planté ce kunai dans sa peau, sans une once d'hésitation, lui arrachèrent une légère grimace et il tenta de prendre une inspiration, en proie à l'angoisse ; il ne regrettait pas ce geste, pas une seule seconde, mais.. ça lui faisait mal.
- « qu'est-ce que je vais faire quand.. quand l'enfant voudra s'entraîner ? ou courir dans le jardin ? » ajouta-t-il. « qu'est-ce que je ferais ? je suis.. je suis incapable de donner à un enfant ce dont il a besoin, je suis juste un i-idiot.. et je suis tellement désolé, parce que tu mérites mieux.. Inojin mérite mieux, et je-.. »
Le reste de ses mots s'écrasa contre les lèvres de la blonde ; Ino s'était hissé maladroitement sur la pointe de ses pieds et avait attrapé le visage légèrement rugueux de son époux entre ses mains. Elle refusait ça, elle refusait qu'il se dénigre ainsi ; elle, elle l'aimait tellement. Front contre front, elle prit une inspiration, caressant du bout des doigts les traits de ce visage qu'elle aimait profondément.
- « écoute-moi bien, Sai. » lâcha-t-elle, dans un souffle tendre, mais stricte. « tu n'es pas un mauvais père. est-ce que tu te rends compte d'à quel point Inojin.. d'à quel point notre fils t'admire ? tout ce qu'il fait.. il le fait en espérant que tu seras fier de lui. il t'aime tellement, et moi, je t'aime encore plus qu'au premier jour, tu le sais ça ? est-ce que tu savais que c'était possible ? »
Un doux rire s'extirpa des lippes de la trentenaire et elle glissa une main sur la nuque du brun.
- « je suis tombé amoureuse de ce garçon qui était totalement submergé par ses sentiments. » dit-elle. « je suis tombé amoureuse de cet idiot qui s'est soudainement retrouvé sans voix et totalement rouge, en apercevant mon soutien-gorge pour la première fois, celui qui n'a pas cessé de me demander si j'avais mal, pendant qu'il me faisait l'amour, cette nuit-là. je suis tombé amoureuse du jeune homme qui a fondu en larmes, sans comprendre immédiatement pourquoi, quand je lui ai dit que j'attendais son enfant. »
D'un geste d'une extrême douceur, elle déposa un baiser sur ses lèvres, un fin sourire sur les lèvres ; il n'en revenait pas, comment une telle femme pouvait l'aimer lui ?
- « je suis tombé amoureuse de cet homme qui s'est coupé une jambe pour revenir auprès de sa famille, qui s'est battu férocement, qui se bat tous les jours. »
Le cœur du brun rata un battement.
- « Inojin et moi, nous t'aimerons toujours, quoi qu'il arrive. » continua-t-elle, tendrement. « ce n'est qu'une première rencontre, ça ne nous oblige en rien, d'accord ? mais.. si tu souhaites retourner à la maison, c'est d'accord. laisse-moi juste le temps de trouver la directrice pour lui dire. »
Et sans attendre une quelconque réponse, elle fit volte-face et s'apprêtait à disparaître au détour d'une porte hasardeuse, à la recherche de cette fameuse directrice, mais la main du brun autour de son poignet l'en empêcha. Quelques nuances de rose sur les joues, il prit une inspiration et la tira contre son torse, dans une étreinte qui hurlait tant de choses sur ce qu'il ressentait à cet instant.
- « faisons-le. » murmura-t-il, au creux de son oreille. « faisons-le, Ino. »
La blonde acquiesça vivement contre le tissu de son haut et il se confronta silencieusement au sourire qui déformait les lèvres de son épouse ; chaque fois qu'il apercevait ce sourire, il comprenait ce qui l'avait poussé à perdre une jambe, là-bas, pour être là, près d'elle. Du bout des doigts, il effleura l'une de ses joues et captura une dernière fois ses lèvres dans un tendre baiser ; il n'était pas le plus démonstratif des deux, mais bordel ce qu'il l'aimait. D'un commun accord, ils passèrent le pas de la porte, s'engouffrant dans une large pièce.
Des tas d'enfants. Des orphelins du massacre et bien que la blonde n'était pas étonnée du nombre d'entre eux, c'était la première fois qu'il se rendait dans un orphelinat depuis tout ça. Une pointe de colère naquit au creux de ses entrailles et il resserra sa prise autour du manche de sa béquille ; la jambe qu'il avait perdue n'était rien par rapport à toutes ces vies. Les lèvres de son épouse se posèrent délicatement sur le dos de sa main, elle n'était pas dupe, elle se doutait sûrement de ce qu'il ressentait à cet instant ; il prit une inspiration et la suivit silencieusement jusqu'à deux chaises vides, dans un coin de la pièce. Il s'installa rapidement sur l'une d'elles, un soupir soulagé au bord des lèvres ; l'utilisation de sa béquille ne le dérangeait plus. Sakura s'était occupée personnellement de sa rééducation, ça avait été long et extrêmement douloureux, mais il l'avait fait ; il l'avait fait pour elle, pour lui.. pour sa famille. Un fin sourire au coin des lèvres, il osa un regard vers son épouse, qui se tortillait sur sa chaise ; sûrement qu'elle mourrait d'envie de rejoindre les enfants.
- « Ino. » appela-t-il, doucement.
Un léger sursaut s'accrocha à la silhouette de la blonde et il se confronta silencieusement à son regard bleuté ; il pourrait s'y perdre pour l'éternité.
- « rejoins-les. » souffla-t-il.
- « j'en ai pas en-.. »
- « ne me mens pas, je sais que tu en meurs d'envie. je te connais. »
Le grognement qui s'échappa des lèvres de son épouse lui arracha un doux sourire et il déposa tendrement une main sur sa cuisse.
- « vas-y. » ordonna-t-il, amusé par son comportement.
- « je ne peux pas te laisser se-.. »
- « je pense survivre. » répliqua-t-il, immédiatement.
Une moue boudeuse sur le visage, Ino sembla évaluer les deux options pendant un instant ; son regard s'attardait sur les enfants qui jouaient joyeusement, puis revenait sur lui, qui attendait sagement, assis sur une chaise.
- « tu es sûr que ça te va ? » demanda-t-elle, soucieuse.
- « bien sûr. » acquiesça-t-il.
- « bon. » dit-elle, en se hissant sur ses deux pieds. « j'y vais alors. je t'aime. »
Elle planta un rapide baiser sur la commissure de ses lèvres et se mêla très vite aux enfants, sous le regard amoureux du brun. Ino n'eut aucun mal à rire à leurs côtés, ce qui ne l'étonna pas ; une seule seconde et les enfants étaient raides dingues d'elle. Il l'admirait, sûrement qu'elle ne le savait pas ; elle était si spontanée, si incroyable, qu'il se sentait fondre constamment à ses côtés. Sai s'était toujours pensé condamné à une longue vie de solitude pendant son adolescence, il s'était convaincu que ce n'était pas grave au final, qu'il le méritait, mais elle avait prise sa main dans la sienne et avait balayé chacun de ses doutes, sans une seconde d'hésitation. Il en était tellement amoureux et elle semblait si heureuse à cet instant.
Ils avaient reçu un coup de fil de la directrice de l'orphelinat, quelques jours en arrière ; en tant que très bonne amie, Sakura avait touché un mot à la cinquantenaire, sur la situation et les envies des deux adultes. Et ils avaient obtenu une autorisation de la dame pour être là aujourd'hui ; tous les quinze jours, elle organisait une journée ouverte aux adultes qui souhaitaient éventuellement prendre en charge un orphelin, un jour. Ils rencontraient les enfants, jouaient avec eux, faisaient leurs connaissances, au cours de quelques heures. Mais le brun ne s'était sûrement pas attendu à voir tant d'enfants ; une trentaine riaient joyeusement dans la pièce, et ils n'étaient qu'une dizaine d'adultes. S'ils n'étaient pas adoptés aujourd'hui, alors qu'est-ce qu'il arriverait à ces enfants ? Le visage de son fils le frappa doucement et il se senti rassuré, dans le fond ; parce que lui, il ne connaîtrait jamais ça. Le clan Nara et le clan Akimichi prendraient soin de lui et Sai avait confiance en eux.
- « oh la vache. »
La petite voix lui arracha un sursaut et il posa un regard surpris sur la petite fille, les sourcils légèrement froncés.
- « p-pardon ? » souffla-t-il, dans un bégaiement hésitant.
Du coin de l'œil, il chercha la silhouette de son épouse, espérant peut-être qu'elle se rend compte qu'il n'était clairement pas prêt pour ça ; pourquoi diable cette petite fille lui parlait à lui, alors qu'il y avait tant d'adultes dans la pièce ? Il déglutit.
- « tu n'as qu'une seule jambe. » s'exclama-t-elle, en se rapprochant de lui.
Mal à l'aise, le brun recula légèrement sur sa chaise en bois et étouffa un grognement entre ses lèvres ; Ino ne faisait pas attention à lui, chatouillant les côtes d'un petit garçon et il jeta un coup d'œil autour de lui, cherchant une éventuelle issue. Son épouse était douée pour ça ; elle, elle savait quoi dire à un enfant.
- « pourquoi est-ce que tu n'as qu'une jambe ? » interrogea-t-elle.
- « c'est.. compliqué. » lâcha-t-il, maladroitement.
- « raconte-moi. » ordonna-t-elle. « s'il te plaît. »
Elle était là, à quelques centimètres de lui et il ne trouvait aucun moyen de prendre la fuite ; un discret soupir s'échappa de ses lèvres et il tenta de se reprendre, il était un adulte, bon sang, un shinobi. Il s'était battu pendant la quatrième grande guerre, il était revenu du massacre du pays du feu ; il allait survivre à cette petite fille.
- « j'attends, tu sais. » ajouta-t-elle.
Le regard du brun s'accrocha un instant à la frêle silhouette de l'enfant ; elle attendait patiemment, les bras croisés, une moue attentive sur les lèvres. Ses mèches, d'un doux blond, étaient réunies en une longue tresse et elle le fixait de ses iris d'un beau noisette.
- « je.. » tenta-t-il. « j'ai été gravement blessé. »
- « comment ? » demanda-t-elle, le bout du nez plissé.
- « je me suis retrouvé coincé dans les décombres d'une maison. »
- « c'est comme ça que tu as perdu ta jambe ? » souffla-t-elle.
- « non. » dit-il. « j'ai.. hm. »
Comment était-il censé dire ça à une enfant ? Les sourcils froncés, il jeta un rapide regard à son épouse, mais elle continuait de rire avec les autres enfants ; une petite pointe d'impatience dans les traits de son visage, la petite fille se glissa sous ses yeux, lui bloquant la vue.
- « je l'ai coupé. » avoua-t-il, simplement. « pour ne pas perdre la vie là-bas. »
Il se renfrogna doucement sur la chaise en bois, s'attendant à ce qu'elle prenne la fuite, dégoûtée par les mots du brun ; mais elle était là, elle ne bougeait pas.
- « ce n'était pas mieux de mourir ? » questionna-t-elle. « maintenant, tu n'as qu'une jambe. »
- « ce n'est pas grave. » répondit-il, sincèrement. « l'important, c'est que je suis revenu auprès de ma femme et de notre fils. »
Et il le pensait vraiment ; le handicap, au quotidien, était une charge énorme, mais il luttait, encore et encore, parce que les sourires de son épouse et les rires de son fils le poussaient à vivre. L'enfant sembla réfléchir un instant à ses mots, puis elle acquiesça vivement.
- « je suis pareil que toi. » lâcha-t-elle, simplement.
- « qu'est-ce que tu veux dire ? » souffla-t-il, les sourcils froncés.
- « moi aussi, j'ai une blessure de guerre. » confia-t-elle, d'une petite voix.
La force qu'elle mettait dans sa voix, depuis l'instant où elle s'était approchée de lui, avait soudainement disparu ; elle attrapa délicatement les pans du t-shirt qu'elle portait et le tira vers le haut, légèrement. Le brun se heurta à cette vilaine cicatrice qui traînait sur l'abdomen pâle de la petite fille ; d'une bonne vingtaine de centimètres, elle commençait un peu au-dessus du nombril et se perdait dans son pantalon.
- « tu peux toucher, tu sais. » dit-elle.
Du bout des doigts, il effleura la plaie. Le ton rosé de la cicatrice prouvait qu'elle n'était pas si vieille que ça et il retint toutes les questions qui lui brûlait les lèvres, il n'était pas dupe ; il se doutait qu'elle cachait un traumatisme.
- « est-ce que ça te fait mal ? » demanda-t-il.
- « un peu. » répondit-elle, dans un hochement de tête. « mais ça ne fait sûrement pas aussi mal que de se couper la jambe. »
Un léger rire s'échappa des lèvres du brun et il l'observa remettre son haut en place. La seconde d'après, elle prenait la fuite ; il pensa d'abord avoir dit une bêtise, mais elle revint très vite, un vieux livre dans les mains.
- « est-ce que tu peux me lire ça ? » lâcha-t-elle, dans un murmure timide. « s'il te plaît. »
- « est-ce que tu es sûre ? » souffla-t-il, les sourcils légèrement froncés. « tu ne veux pas plutôt jouer avec les autres ? »
Les mains de l'enfant se serrèrent douloureusement autour du livre et ça, ça ne lui échappa pas ; elle fixait un point imaginaire sur le sol, quelques nuances de rose sur les joues.
- « non. » grogna-t-elle. « je n'aime pas les journées comme ça. »
- « pourquoi ? » s'étonna-t-il.
- « les adultes ne me regardent jamais. » avoua-t-elle, d'une petite voix. « soit je suis trop vieille.. soit je suis trop amoché. »
Les mots de l'orpheline lui firent mal, quelque part, dans sa cage thoracique ; quel âge avait-elle ? Sept ans, peut-être neuf ; et elle se rendait déjà durement compte de la réalité dans laquelle ils vivaient tous. Un soupir s'échappa de ses lèvres et dans un geste d'une extrême douceur, qu'il le surprit lui-même, il passa les mains sous les aisselles de l'enfant et la hissa sur ses genoux. Il attrapa le livre et se mit à lire les mots, d'une voix douce ; et il ne s'arrêta pas, même lorsque la blonde s'installa un peu plus confortablement contre son torse. Il resta là, à lire l'histoire, sans se rendre compte du regard attendri de son épouse, quelques mètres plus loin.
Le cœur tremblant, il étouffa un énième soupir entre ses lèvres et s'enfonça entre les portes de l'hôpital ; il n'aimait pas cet endroit, ça le ramenait constamment à l'image de son père, le front contre le sol, en pleurs. Les mains dans les poches, il se tira lentement jusqu'au comptoir de l'accueil et accorda un sourire maladroitement à la rouquine, assise derrière. Le regard de la trentenaire l'effleura une seconde et elle lui adressa un grand sourire, comme s'ils se connaissaient depuis longtemps.
- « monsieur Nara. » salua-t-elle. « comment se porte votre mère ? »
La question l'étonna ; il oubliait parfois qu'ils n'étaient plus au village caché de la feuille et qu'ici, sa mère était l'équivalent d'une princesse.
- « bien. » répondit-il, simplement. « est-ce que le docteur Uchiha est là ? »
Les sourcils légèrement froncés, elle tira un vieux carnet d'un tiroir et tourna les pages, rapidement.
- « oui. » acquiesça-t-elle. « elle s'occupe d'un patient, par contre. »
- « est-ce que vous pouvez lui dire que Shikadai Nara est là ? et qu'il aimerait s'entretenir avec elle ? » souffla-t-il, poliment. « s'il vous plaît. »
- « ça marche. » dit-elle, immédiatement. « je te laisse prendre une place dans la salle d'attente. »
Dans un rapide hochement de tête, l'adolescent se tira dans la salle d'attente et s'installa sur une chaise, au hasard ; peu de personnes traînaient dans la pièce, juste un couple de personnes âgés et une femme enceinte. Une certaine nervosité lui sciait les tripes ; qu'est-ce qu'il fichait là ? Il était épuisé ; depuis qu'il avait eu cette conversation avec ses parents, celle où il avait appris la dure vérité sur l'enfance des adultes autour de lui, il n'avait que peu dormi. Il s'était perdu, encore et encore, dans l'écriture du bouquin ; il refusait que ça dur plus longtemps, il refusait que d'autres personnes meurent anonymement. Un claquement de doigt, sous son nez, le tira de ses pensées et il se hissa sur ses deux pieds, dans un léger sursaut ; un fin sourire au coin des lèvres, Sakura se tenait face à lui, les mains dans les poches de sa blouse blanche.
- « tu as l'air totalement mort de fatigue. » lâcha-t-elle. « tu as des soucis de sommeil ? »
- « non, non. » répliqua-t-il, de suite. « ça va. c'est moi qui passe mes nuits à faire autre chos-.. hm, ce n'est pas ce que tu crois. »
Quelques nuances de rose sur les joues, il étouffa un grognement entre ses lèvres ; la phrase avait sonné bien trop étrange que ce qui était prévu. Il se heurta silencieusement au sourire amusé de la rose et elle haussa simplement les épaules, ébouriffant ses mèches brunes. Il admirait Sakura ; et même s'il ne l'avouera pas, il appréciait réellement sa présence. Le massacre du pays du feu lui avait ouvert les yeux ; les adultes, autour de lui, n'étaient pas seulement chiants, ils étaient incroyables et il s'en rendait compte un peu plus chaque jour.
- « tu as besoin de quelque chose ? » demanda-t-elle, doucement.
- « euh.. est-ce que c'est possible d'aller autre part ? » souffla l'adolescent, en jetant un rapide coup d'oeil aux personnes dans la pièce. « juste tous les deux. »
Les sourcils légèrement froncés, elle acquiesça et lui intima silencieusement de la suivre ; ils se retrouvèrent bien vite dans une pièce hasardeuse, emplie de fournitures médicales. Et le brun se perdit un instant dans la contemplation de tous ces instruments ; là, il lui semblait presque effrayant et pourtant, ils sauvaient des vies, constamment.
- « qu'est-ce qui se passe ? » interrogea-t-elle, une pointe d'inquiétude dans la voix.
La présence du brun l'inquiétait, un peu ; ils ne discutaient que rarement, même si les quelques conversations qu'ils avaient eues lui avaient vraiment plu. Shikadai était le parfait mélange de ses parents, il possédait l'intelligence et la maturité de son père, mais la force et le courage de sa mère. Et chaque fois qu'elle posait son regard sur lui, elle voyait Shikamaru, quelques années en moins.
- « d'abord.. je m'excuse. » lâcha-t-il, maladroitement. « je m'excuse si cette conversation vous offense, ce n'est pas le but ; je me mêle forcément de ce qui ne me regarde pas, je sais, mais j'aimerais vraiment que vous acceptiez de m'écouter jusqu'au bout.. parce que c'est vraiment, vraiment important. »
Sakura ne dit rien, observant silencieusement le garçon, penché en avant ; il semblait en proie à un tas de questionnements, de doutes. Elle s'adossa simplement à l'un des murs de la pièce et acquiesça.
- « s'il vous plaît. » supplia-t-il. « dites la vérité sur le clan Uchiha à Sarada. »
- « comment tu.. » commença-t-elle. « comment est-ce que tu sais ? »
Elle n'était pas dupe, elle se doutait au fond que le chef du clan Nara avait un rôle là-dedans ; mais elle était surprise des mots de l'adolescent. Il la suppliait, alors qu'il n'était même pas ami avec sa fille, deux bonnes années en arrière ; il la suppliait, alors qu'il ne faisait même pas parti de ce clan.
- « mon père m'a raconté. » avoua-t-il. « pas seulement l'histoire de monsieur Uchiha. il m'a raconté vos histoires, celle de mon oncle Sai, celle de ma mère. et l'histoire du septième hokage. ne soyez pas en colère, s'il vous plaît. »
L'était-elle ?
- « je lui ai demandé de le faire. » continua-t-il. « j'avais besoin d'en apprendre plus. à nos yeux, vous, les adultes, vous êtes juste énervants et chiants, vous nous interdisez des trucs que nous aimerions faire et.. jusqu'à récemment, je ne me rendais pas compte qu'avant d'être des adultes, vous avez été à notre place. mon père m'a montré à quel point je me trompais sur vous, sur votre époux et sur tous les autres ; c'est grâce à vous que nous sommes ici, en sûreté. vous nous avez sauvés, alors que nous n'étions même pas encore nés. »
Le coeur de la rose rata un battement, malgré elle ; la voix de l'adolescent la touchait.
- « je pense que votre fille.. » ajouta-t-il. « je pense que Sarada a le droit d'apprendre la vérité sur le clan Uchiha.. je pense qu'elle a besoin de ça. elle ne connaît que peu de choses sur son père et ça la touche, même si elle le camoufle tant bien que mal. »
- « Shikad-.. » lança-t-elle, les bras croisés.
- « attendez. » la coupa-t-il. « laissez-moi terminer, s'il vous plaît. »
Il était toujours là, penché en avant, les mains légèrement tremblantes ; il prit une inspiration.
- « quoi qu'il arrive, je serais toujours là pour votre fille. » dit-il. « je veux prendre soin d'elle, je veux qu'elle avance, qu'elle vive malgré la dureté de la situation, malgré la perte de son père. je veux son bonheur, madame Uchiha. »
- « d'accord. » lâcha-t-elle doucement.
Elle se confronta très vite au visage surpris du garçon.
- « d'accord ? » répéta-t-il, les sourcils froncés.
- « tu as raison. » approuva-t-elle. « je lui dirais tout, ce soir. »
Quelques minutes passèrent, mais la surprise sur le visage du brun céda au soulagement et il prit une inspiration, un sourire maladroit au coin des lèvres ; il s'était préparé à tout, sauf à ça. Il avait été effrayé à l'idée que la rose en veuille terriblement à son paternel, qu'elle lui ordonne de rester loin de sa fille, qu'elle quitte la demeure familiale. Dans un bond agile, la rose se releva légèrement et se rapprocha de lui, glissant ses doigts fins dans les mèches brunes de l'adolescent.
- « tu sais, je suis vraiment heureuse que ma fille ai quelqu'un comme toi, près d'elle. » avoua-t-elle, un fin sourire au coin des lèvres. « tu es quelqu'un de bien. »
- « il n'y a rien que je ne ferais pas pour votre fille. » confia-t-il, sans une seconde d'hésitation.
- « j'ai bien envie d'une glace, t'en penses quoi ? tu en prends une, toi aussi ? » proposa-t-elle.
D'un geste d'une extrême douceur, elle passa un bras autour des épaules du brun et le tira à sa suite hors de la pièce ; oui, plus les jours passaient, plus elle appréciait ce garçon. Et le simple fait de savoir qu'il était près de sa fille la rassurait terriblement. Un doux rire s'échappa des lèvres de l'adolescent et elle ne put s'empêcher de se dire que peut-être sa fille apprendrait à vivre malgré la perte de son père, qu'elle apprendrait à être heureuse. Est-ce que Sasuke s'était dit la même chose ?
Les prunelles bleutées de la trentenaire s'accrochèrent un instant à la silhouette de son époux, à quelques mètres d'elle ; assis sur la chaise qu'il n'avait pas quittée depuis qu'ils étaient arrivés, il dormait profondément, une petite fille dans les bras. Elle se rapprocha doucement d'eux et le sourire au coin de ses lèvres s'agrandit, lorsqu'elle remarqua que l'enfant dormait, elle aussi, fermement accroché au t-shirt du brun ; un livre traînait à leurs pieds, sur le sol et elle le ramassa. Le fait que Sai se soit finalement endormi ne l'étonnait même pas, il avait passé une mauvaise nuit, compressé par la nervosité et les mauvais rêves. Les mauvais rêves hantaient les nuits du garçon depuis si longtemps ; elle se souvenait parfaitement de la première nuit qu'ils avaient partagés dans les mêmes draps, le brun s'était réveillé en sursaut, hurlant un prénom qu'elle n'avait jamais entendu et il avait fondu en larmes, là, dans ses bras. Et il lui avait raconté. La rencontre avec ce garçon, Shin, un orphelin appréhendé par la Racine, comme lui, le lien qui les unissait, les dessins, le combat imposé par Danzo et la mort du plus âgé, là, dans un bout de forêt hasardeux. Il lui avait tout raconté et elle, elle était resté près de lui, toute la nuit, lui soufflant quelques mots rassurants à l'oreille ; elle s'était promise à cet instant-là d'être auprès de lui, pour toujours.
D'un geste délicat, elle glissa le bout de ses doigts sur la joue légèrement rugueuse du brun et esquissa un sourire en entendant le léger grognement qui s'échappa des lèvres de l'endormi ; inconsciemment, il resserra sa prise autour de l'enfant, dans ses bras et déposa un regard surpris sur son épouse, les paupières à demi-fermés.
- « je me suis endormi, c'est ça ? » souffla-t-il, épuisé.
- « tu n'es pas le seul. » dit-elle, un doux sourire sur les lèvres.
La main de la blonde glissa tendrement sur la joue de l'enfant et elle repoussa doucement les quelques mèches blondes qui se glissaient devant son doux minois ; elle dormait profondément, au chaud dans les bras de l'adulte et cette image mit un peu de baume au cœur de la blonde.
- « quelle heure il est ? » demanda-t-il, dans un bâillement incontrôlable.
- « presque dix-huit heures. » répondit-elle. « la réunion est dans une demi-heure. »
Un soupir s'échappa des lèvres du brun ; sûrement, parce qu'il était le seul, en dehors de Gaara, à connaître le contenu de cette réunion. Le roux allait jeter une bombe sur les anciens de Konoha, une bombe qui allait sûrement les diviser en deux groupes.
- « est-ce que tu peux la réveiller, s'il te plaît ? » supplia-t-il. « je ne sens plus mes jambes.. 'fin, ma jambe. »
Elle acquiesça simplement à ses mots et caressa tendrement le visage de l'enfant, la tirant maladroitement des bras de Morphée ; quelques minutes plus tard, la petite fille déposa son beau regard noisette sur l'adulte, mais enfoui très vite son visage dans le torse du brun, un grognement épuisé au bord des lèvres.
- « je dors. » grogna-t-elle, dans un murmure empreint de fatigue.
- « je sais que mon époux est extrêmement confortable, ma puce, mais nous avons un rendez-vous important ; nous devons partir. »
Les mots de la douce Yamanaka attisèrent la curiosité de l'enfant, puisque la seconde d'après, la petite blonde posa un regard curieux sur elle, les sourcils légèrement froncés ; Ino ne put s'empêcher de la trouver particulièrement adorable, là, accroché au brun.
- « c'est toi son amoureuse ? » demanda-t-elle, un sourcil arqué.
Ino acquiesça et l'enfant échangea un regard complice avec le brun, un fin sourire au coin des lèvres.
- « je comprends pourquoi tu t'es coupé la jambe. » acquiesça-t-elle, admirative.
La blonde retint difficilement un rire aux mots de la petite fille et délicatement, elle l'aida à descendre des genoux du brun ; Sai s'appuya maladroitement sur sa béquille et s'empressa de se mettre debout, un bâillement au bord des lèvres. Il aurait très bien pu terminer sa nuit, là, sur cette chaise. Il observa silencieusement son épouse qui lissait correctement les plis des vêtements de l'enfant et esquissa un sourire ; oui, Ino était littéralement bien plus doué que lui avec les enfants.
- « eh bien, passe une bonne soirée, d'accord ? » lâcha le brun.
- « attends. » s'exclama l'enfant, comme si elle était soudainement effrayée à l'idée qu'il s'en aille. « est-ce que tu reviendras ? »
La surprise s'accrocha aux traits du brun ; son épouse se releva doucement et passa un bras autour de la taille de son époux, assistant silencieusement à l'échange.
- « euh.. ouais. pourquoi pas. » répondit-il.
- « et.. est-ce que tu me liras d'autres histoires ? »
- « oui, si tu en as envie. pourquoi pas. »
Un sourire amusé au coin des lèvres, Ino observait tantôt son époux qui se retrouvait submergé par la surprise, tantôt l'enfant qui regardait le brun, un brin d'espoir dans les prunelles ; une pointe de gêne dans les traits de son visage, la petite fille tendit simplement une main presque tremblante à l'adulte et Sai l'attrapa maladroitement, dans la sienne.
- « à la prochaine alors. » dit-elle. « euh.. »
- « Sai. » se présenta-t-il. « je m'appelle Sai. »
- « d'accord. » acquiesça-t-elle. « moi, c'est Hanako, mais juste Hana, ça va. »
En quittant l'orphelinat, son épouse à son bras, le brun se rendit compte que le prénom de l'enfant s'accordait parfaitement au clan Yamanaka ; l'enfant-fleur.
Gaara étouffa pour la énième fois un grognement entre ses lèvres ; ils étaient tous là, autour de la table en bois et il avait l'impression d'avoir le poids de l'univers sur les épaules. Il n'était pas doué pour ça ; comment étaient-ils censés les ramener aux souvenirs de ce massacre terrible ? Ils avaient tous tant soufferts et lui, il était bien au chaud dans son palais quand ces hommes avaient fait couler le sang de tous ces innocents. Son regard vert tomba un court instant dans les iris bruns de l'homme, à l'autre bout de la table ; le seul au courant, en dehors de lui. Comment est-ce que Sai se sentait maintenant ? Il n'obtiendrait jamais une quelconque vengeance, même s'il le voulait profondément ; son handicap l'empêcherait de faire le moindre pas en dehors du village.
- « Gaara, tout va bien ? »
Le timbre de voix de son grand-frère flotta un instant au creux de ses oreilles ; il acquiesça difficilement et lia ses mains l'une à l'autre, sur la surface dure de la table.
- « mes hommes ont retrouvé les responsables du massacre du pays du feu. » annonça le kazekage, d'une voix rauque. « et j'ai l'intention d'envoyer les troupes de Suna les réduire à néant, dans deux jours. »
Un hoquet de surprise s'échappa des lèvres presque tremblante de sa grande-soeur et il tenta tant bien que mal de ne rien laisser paraître ; il se haïssait pour ça, pour remettre toutes ces choses sur le tapis, mais ils avaient le droit de savoir.
- « rassurez-vous. » continua-t-il. « je ne demande en aucun cas aux habitants du pays du feu de participer à cette guerre, je pense juste que vous avez le droit de savoir. mes hommes iront, quoi qu'il arrive, et-.. »
Le poing de Kankuro s'écrasa brutalement contre le bois de la table et il se heurta au regard empreint de haine de son grand-frère ; il semblait si hors de lui.
- « je veux me battre. » cracha-t-il, le corps tremblant de colère. « ce n'est peut-être pas mon village, mais je m'en fiche ; cette fois, il est hors de question que je reste sagement derrière les lignes. »
- « Kankuro. » tenta Temari, une pointe de tristesse dans la voix.
- « pardon, Temari. » s'excusa-t-il. « mais je refuse de ne rien faire, je suis prêt à être à la tête des marionnettistes que le champ de bataille, je suis prêt à me battre. »
La blonde retint difficilement les perles au bord de ses paupières ; les souvenirs terrifiants du massacre lui revinrent soudainement en mémoire et elle regretta les jours paisibles qui s'étaient échappés récemment. Bien sûr, elle était d'accord, ces monstres méritaient ce qui allait arriver, mais elle s'imaginait déjà perdre ses frères dans cette bataille ; si le pays du feu avait été incapable d'en ressortir gagnant la première fois, qu'est-ce qui les empêcherait de perdre cette fois encore ? Le crissement maladroit d'une chaise flotta un instant dans les airs et elle se heurta douloureusement à l'image de son époux, debout, une main sur le côté gauche de sa cage thoracique.
- « je souhaite être en tête des manœuvres, aux côtés du kazekage, pendant le combat. » lâcha le brun, le souffle court. « en tant que chef du clan Nara et.. en tant que huitième hokage. »
Les sanglots de sa sœur se répercutaient aux murs de la pièce et Gaara aurait aimé refuser ça au brun, lui ordonner de rester auprès de son épouse, de ses enfants ; mais il y a cette pointe de détermination dans le regard de Shikamaru, qui lui hurlait de ne pas le faire. Il devait faire un choix. Finalement, le kazekage prit la décision d'ignorer douloureusement les pleurs de Temari et d'accepter la demande de son beau-frère ; ils allaient se battre.
nda : Merci pour vos commentaires, et merci de prendre le temps de lire cette histoire. Dans ce chapitre, un nouveau personnage est apparu et il sera très présent dans le tome 2, donc attendez vous à en apprendre plus sur la douce Hanako. Et pour te répondre Unknow, le prochain tome sera centré sur la future génération et par conséquent, Shikadai, Sarada et Boruto seront au cœur de l'histoire, tout comme Shikae, Inojin, Chôchô et Hanako. De quel côté le cœur de Sarada balance ? Je ne dirais rien, mais la réponse sera donnée avant la fin de ce tome, ne t'en fais pas.
Par ailleurs, j'ai déjà commencé à écrire certains passages du prochain tome, est-ce que ça dirait à certains que je mets un extrait à la fin de cette histoire, là ? Juste de quoi aiguiser la curiosité de certains. Et dites-moi si vous souhaitez en apprendre plus sur d'autres personnages, qui ne sont apparus que vaguement ou pas du tout.
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