Chapitre 5 (1/2)

La nuit avait enveloppé Confiteors Town dans une obscurité étouffante, rendant chaque recoin de la ville lourd et oppressant. Une brume épaisse flottait dans l'air, absorbant la moindre lumière. Allongé sur son lit, Sebastian fixait le plafond, mais ses pensées étaient ailleurs, noyées dans une angoisse grandissante. Il sentait cette peur sourde naître dans son ventre et s'étendre, implacable, dans tout son corps. La soirée avait été désastreuse, comme il s'y attendait. Se battre avec Damian n'était pas une surprise, mais ce qui le hantait, c'était l'apparition des corbeaux.

Ces oiseaux sombres s'étaient abattus brutalement sur la fenêtre de la maison de Benjamin, leurs ailes battant contre le verre dans un bruit sec et sinistre. Depuis son arrivée en ville, c'était toujours des corbeaux, matin et soir, qui le suivaient, comme s'ils le guettaient, le surveillaient. Ils étaient devenus une présence inévitable et angoissante, pesant sur lui comme une malédiction silencieuse. Rien que de penser à eux, son cœur s'emballait, et l'étreinte glaciale de la peur se resserrait un peu plus autour de lui. Il n'en pouvait déjà plus de cette constante oppression, comme si ces oiseaux étaient les messagers d'un sombre présage qu'il refusait d'affronter.

Le sommeil finit par l'emporter, mais au lieu de l'apaiser, il le plongea dans un rêve inquiétant, une plongée vertigineuse dans les profondeurs de son inconscient. Sebastian se retrouva soudainement dans une forêt sombre, où les arbres, déformés par l'obscurité, tordaient leurs branches comme des griffes menaçantes cherchant à l'attraper. Le sol était mouillé sous ses pieds nus, chaque pas résonnant comme un écho sinistre dans le silence oppressant de la forêt. L'atmosphère était lourde, saturée de murmures indistincts qui semblaient provenir de partout à la fois, enveloppant Sebastian dans une cacophonie étouffante.

Il avançait, poussé par une force invisible, ses pieds semblant être entraînés par le sol lui-même. Malgré sa volonté de s'arrêter, de faire demi-tour, il se sentait incapable de se libérer de cette emprise. Une peur primaire s'insinuait en lui, accentuée par l'obscurité qui l'entourait et l'impression grandissante d'être observé. Son cœur battait à tout rompre, chaque pulsation résonnant dans ses oreilles comme un tambour de guerre. Puis, au loin, il aperçut une silhouette vaguement familière, se dessinant à travers les ombres mouvantes.

Sebastian sentit son cœur se serrer, une vague de panique le submergeant. Il tenta de crier, d'appeler à l'aide, mais sa voix resta bloquée dans sa gorge. Aucun son ne sortait de sa bouche, comme si l'air avait été aspiré hors de ses poumons. La silhouette se rapprochait, et à mesure qu'elle se faisait plus distincte, Sebastian réalisa avec horreur qu'il s'agissait de lui-même. Son propre reflet, mais déformé, macabre, terrifiant.

Le double de Sebastian était recouvert de sang, un sourire menaçant étirant ses lèvres. Ses yeux, vides de toute vie, reflétaient une terreur indicible, comme un miroir déformant qui renvoyait à Sebastian une version cauchemardesque de lui-même. Les deux Sebastian se fixèrent, l'un pétrifié par la peur, l'autre semblant absorber toute la lumière et la chaleur qui l'entourait. Puis, sans avertissement, le sol s'ouvrit sous ses pieds, et Sebastian se sentit chuter, aspiré dans un abîme sans fin, son cri de terreur silencieux résonnant dans le vide.

À l'autre bout de la ville, Damian se débattait sous les draps de son lit, prisonnier d'un cauchemar tout aussi troublant. Il se trouvait dans une pièce sombre, au centre de laquelle son grand-père était ligoté, la tête basse, comme écrasé par un fardeau invisible. Tout autour de lui, des créatures grotesques se mouvaient avec une agilité inquiétante. Leurs formes étaient floues, comme si les yeux de Damian refusaient de saisir leur véritable nature. Des silhouettes indistinctes, recouvertes d'ombres mouvantes, masquaient leurs visages, les rendant impossibles à identifier. Une voix rauque résonnait dans l'air, mais les mots restaient incompréhensibles, ne laissant qu'une terreur viscérale dans l'esprit de Damian.

Il voulait crier, avertir son grand-père du danger imminent, mais aucun son ne franchissait ses lèvres. Il était figé sur place, paralysé par la peur, tandis que les créatures se rapprochaient inexorablement de l'homme âgé. Elles tendirent leurs griffes, l'attrapèrent avec une brutalité sauvage, et le traînèrent hors de la pièce. Damian se débattait contre l'immobilité qui le retenait, essayant désespérément de briser les chaînes invisibles qui entravaient ses mouvements, mais c'était en vain. Il était contraint de regarder, impuissant, alors que son grand-père était emporté vers une destination inconnue.

Puis, le décor changea brusquement, comme si la scène entière avait été arrachée pour faire place à une nouvelle. Maintenant, c'était Sebastian que Damian voyait. Il se tenait au milieu d'un champ dévasté, des débris éparpillés autour de lui, un silence de mort pesant sur l'atmosphère. Sebastian était immobile, les yeux écarquillés, fixant ses mains avec une expression de pure horreur. Ses paumes étaient couvertes de sang, d'un rouge vif et choquant, et il semblait incapable de détourner le regard.

Une onde de choc traversa Damian, un sentiment d'urgence le poussant à s'approcher de son frère. Il devait l'aider, le sortir de ce cauchemar qui le hantait visiblement. Il s'avança vers lui, chaque pas lourd, comme si le sol sous ses pieds était fait de plomb.

— « Sebastian... » Sa voix était faible, hésitante, mais elle parvint à briser le silence oppressant qui régnait dans la scène.

Sebastian leva lentement les yeux vers Damian, son regard rempli de confusion et de douleur.

— « Damian, qu'est-ce que j'ai fait ? » murmura-t-il, sa voix tremblante, presque méconnaissable. Son visage était pâle, marqué par une peur profonde. « Pourquoi... pourquoi y a-t-il du sang sur mes mains ? »

Damian voulut le rassurer, lui dire que tout cela n'était qu'un rêve, qu'il n'avait rien à craindre. Mais quelque chose dans les yeux de Sebastian l'en empêcha. Une part de lui savait que ce qu'ils voyaient, ce qu'ils ressentaient, était bien plus qu'un simple cauchemar. Il y avait une vérité cachée derrière ces images troublantes, une vérité que Damian n'osait pas encore affronter.

— « Je ne sais pas, Sebastian, » finit-il par dire, s'efforçant de garder sa voix stable. « Mais je vais t'aider. Nous allons découvrir ce que cela signifie. »

Il tendit la main vers Sebastian, espérant établir un contact, une connexion qui pourrait apaiser la peur qui les envahissait tous les deux. Mais au moment où leurs mains se frôlèrent, une explosion retentit, brisant le silence. Une lumière aveuglante éclata entre leurs paumes, les forçant à détourner les yeux. Damian sentit une brûlure intense sur sa main, et lorsqu'il regarda à nouveau, une marque étrange était apparue, gravée dans sa peau. Une forme complexe, indéchiffrable, qui pulsait d'une énergie sombre.

— «... qu'est-ce que c'est ? » La voix de Sebastian était à peine audible, empreinte de terreur.

— « Je... je ne sais pas, » répondit Damian, le souffle court. La marque semblait vibrer, vivante, avant de disparaître aussi soudainement qu'elle était apparue. Le silence retomba, mais la sensation de brûlure persistait, comme un avertissement gravé dans sa chair.

Alors que la panique grandissait en eux, une silhouette apparut dans leur rêve. C'était une femme, ses traits indistincts dans l'ombre, mais ses mains étaient marquées du même symbole que celui sur leurs mains. Elle s'approcha doucement, ses gestes empreints de calme et de détermination. Les symboles sur ses mains brillaient d'une lumière apaisante.

Avec une délicatesse rassurante, elle toucha les mains de Damian et Sebastian, et les symboles sur leur peau commencèrent à s'effacer lentement. La douleur diminua, remplacée par une sensation de paix. Le rêve commença à se dissiper, laissant les deux frères dans une confusion mêlée de gratitude.

Soudain, tout s'effondra autour d'eux. Le sol se déroba sous leurs pieds, les plongeant dans un vide sans fin. Damian se réveilla en sursaut, le souffle coupé, le cœur battant à tout rompre. Sa chambre était plongée dans l'obscurité, mais il pouvait encore sentir la chaleur de la marque sur sa main, comme si elle était réellement gravée dans sa peau.

Ce n'était qu'un rêve, mais il semblait si réel. Trop réel. Les questions tourbillonnaient dans son esprit, refusant de s'apaiser. Pourquoi ces visions ? Pourquoi cette marque ? Rien de tout cela n'avait de sens, mais Damian sentait que quelque chose de plus grand se cachait derrière ces images troublantes. Une force inconnue, prête à se déchaîner, et qu'il n'était peut-être pas prêt à affronter.

Il resta allongé, le regard fixé sur le plafond, incapable de retrouver le sommeil. La sensation de la marque.

Pendant ce temps à la maison des Wilder, d'habitude si paisible, résonnait ce soir-là d'une étrange énergie. Madame Wilder se réveilla en sursaut, une sensation oppressante s'infiltrant en elle, comme si une force inconcevable venait de se libérer quelque part dans la maison. Elle n'eut même pas le temps de reprendre son souffle qu'un bruit sourd se fit entendre depuis la chambre de sa fille. Paniquée, elle se précipita hors de son lit, son cœur battant à tout rompre, ses pieds nus frappant rapidement le sol froid.

En arrivant devant la porte de la chambre, elle put sentir l'air chargé d'une énergie incontrôlable, presque palpable. Elle ouvrit brusquement la porte et découvrit sa fille, Kyra, en pleine crise. La jeune fille se tordait dans son lit, les couvertures enroulées autour de ses jambes, ses membres se débattant contre une force invisible. Autour d'elle, les meubles bougeaient violemment, comme animés d'une volonté propre, frappant les murs, renversant tout sur leur passage. Le chaos régnait dans la pièce, et au centre de ce tourbillon dévastateur, Kyra, les yeux fermés, semblait lutter contre quelque chose de bien plus grand qu'elle.

Madame Wilder, le souffle court, ne put contenir un cri de terreur en voyant sa fille dans cet état.

— « Non, non, non... pas ça... » murmura-t-elle, ses mains tremblantes couvrant sa bouche. Mais elle ne pouvait pas rester figée. Rassemblant son courage, elle s'avança prudemment, esquivant les objets qui volaient à travers la pièce, déterminée à atteindre sa fille.

En s'approchant de Kyra, elle vit quelque chose qui glaça son sang. Les yeux de sa fille s'ouvrirent brusquement, mais ce n'était pas le regard doux et innocent qu'elle connaissait si bien. Les yeux de Kyra étaient entièrement noirs, sans lueur, sans vie, comme des puits sans fond. La voix de Madame Wilder se brisa en un murmure apeuré :

— « Kyra... non... »

Elle atteignit finalement le lit et s'agenouilla à côté de sa fille, tentant de la maintenir droite, ses mains tremblant alors qu'elle essayait de la calmer.

« Kyra, ma chérie, tu dois te réveiller ! Tu es plus forte que ça ! Tu es ici pour les aider à trouvé la lumière, pas pour te laisser entraîner dans les ténèbres avec eux ... Tu es une Wilder, tu peux surmonter ça seule... Reviens à moi, ma chérie, reviens à moi... »

Les paroles de sa mère perçaient à travers la tempête intérieure de Kyra, luttant pour se frayer un chemin à travers l'obscurité qui menaçait de l'engloutir. Lentement, les convulsions de la jeune fille commencèrent à diminuer, les meubles retombant lourdement à leur place, la pièce retrouvant peu à peu son calme. Finalement, les yeux de Kyra reprirent leur couleur normale, remplis de larmes. Elle éclata en sanglots, ses épaules secouées par des sanglots incontrôlables.

« Maman... je suis désolée... tellement désolée... »

Madame Wilder la serra contre elle, caressant doucement ses cheveux.

— « Chut, ma chérie, tout va bien maintenant. Tu es revenue, c'est tout ce qui compte... »

Mais au fond d'elle, elle savait que ce n'était pas fini. Ce qui venait de se produire n'était que le début d'une tempête bien plus grande, une tempête qu'elle redoutait depuis longtemps.

Kyra se recula légèrement, essuyant ses larmes d'un revers de main.

— « Qu'est-ce qui se passe, maman ? Pourquoi ça arrive encore ? Je pensais que j'avais appris à contrôler ça... »

Madame Wilder prit une profonde inspiration, le regard sombre.

— « Je pense... je pense qu'il se passe quelque chose au Carrefour Quatre. Je ne crois pas qu'il tiendra encore un an. Kyra, tu vas devoir leur dire la vérité, et... les prévenir qu'ils doivent s'éloigner avant que ça n'empire. »

Le visage de Kyra se figea sous le choc.

— « C'est ça ton plan ? Les faire encore s'éloigner ? Je pensais que j'étais censée les aider, pas les faire fuir l'un de l'autre ! »

Madame Wilder secoua doucement la tête.

— « Tu n'es pas prête, Kyra. Pas encore. Je sais que tu t'es entraînée tout l'été, mais ce n'est pas suffisant. Ce qui se prépare... mettre en lumière les jumeaux infidèles, c'est un destin bien plus lourd que tu ne le crois. Je sais que tu t'es entraînée tout l'été, mais ce n'est pas suffisant, mais c'est bien plus dangereux que ce que tu imagines, même plus que le Carrefour Quatre, ils sont le mal absolu et... »

Kyra serra les poings, ses yeux brillant de détermination.

— «  Maman, je suis prête ! Je me suis entraînée chaque jour, chaque nuit ! Tu penses vraiment que je ne suis pas capable de les protéger ? »

Madame Wilder posa une main douce sur la joue de sa fille.

— « Ce n'est pas une question de force, Kyra . C'est une question de destin. Tu as peut-être raison... tu n'es peut-être pas prête à les éloigner les uns des autres. Mais tu dois comprendre que parfois, les protéger signifie prendre des décisions difficiles, des décisions que tu ne veux pas prendre..."

Kyra recula, secouant la tête avec une incrédulité palpable.

— « Non... Je suis ici pour les aider, maman. Toi, moi, et grand-mère... nous savons tous pourquoi je suis là. Et je refuse de les abandonner. Pas après tout ce que j'ai fait pour être prête. Et surtout, je ne suivrai pas vos traces en mentant à Grayson pour soi-disant me protéger de ce que je suis censée affronter ! »

Madame Wilder ferma les yeux un instant, submergée par une vague de tristesse et de résignation. Lorsqu'elle les rouvrit, son regard était empreint d'une gravité solennelle.

— « Kyra... ce que ta grand-mère et moi avons fait... nous l'avons fait pour te protéger d'un destin bien pire que tout ce que tu peux imaginer. Grayson... on a fait une erreur en leur mentant et je pense que ça va me poursuivre pendant tout mon existence. » il se tue puis ferma les yeux et toune vers sa fille. « Mais je comprends. Je sais maintenant que tu es déterminée à suivre ton propre chemin. Sache simplement que ce chemin sera semé d'embûches, et que tu devras faire face à des vérités bien plus sombres que celles que nous avons cherché à t'épargner. »

Kyra se redressa, le menton levé avec une détermination farouche.

— « Je ne reculerai pas. Je suis une Wilder. Et je ferai ce qui est nécessaire pour protéger ceux que j'aime, même si cela signifie affronter ces ténèbres seule. »

Un silence lourd s'installa entre elles, un silence plein de non-dits, de craintes et d'espoirs inavoués. Madame Wilder observa sa fille, la fierté mêlée à la peur, sachant que cette nuit marquait un tournant dans leur histoire, un moment où Kyra devait enfin affronter son véritable destin.

— « Très bien, » finit par dire Madame Wilder, sa voix douce mais empreinte d'une force nouvelle. « Si c'est ce que tu veux, je te soutiendrai. Mais souviens-toi, Kyra... tu n'es jamais vraiment seule. Et quoi qu'il arrive, je serai toujours là pour t'aider à porter ce fardeau. »

Kyra hocha la tête, ses yeux brillants d'une lueur nouvelle.

— « Merci, maman. Je ne te décevrai pas. »

Madame Wilder la serra une dernière fois dans ses bras, murmurant à son oreille.

— « Je sais que tu ne le feras pas. Maintenant, dors un peu. Nous avons beaucoup à préparer. »

Tandis que Kyra se recouchait, épuisée mais résolue, Madame Wilder quitta la chambre en silence, le cœur alourdi par l'ombre menaçante qui se profilait sur l'avenir, elle était prêt à tout pour sa fille, même allé en contre des chose. Elle traversa le couloir à pas feutrés, son esprit en proie à un tourbillon de pensées, jusqu'à ce qu'elle atteigne le salon. Là, d'un geste déterminé, elle saisit le téléphone.

Elle composa un numéro qu'elle connaissait par cœur, et après quelques tonalités, une voix familière se fit entendre à l'autre bout du fil. D'une voix grave et empreinte de détermination, Madame Wilder murmura :

— « Il est temps. Il est en ville, et je pense même qu'ils sont déjà en contact. Nous devons agir avant que le Carrefour ne cède."

Un silence pesant s'ensuivit, la tension palpable à travers la ligne. Finalement, la voix répondit, et Madame Wilder acquiesça, son regard fixé dans le vide.

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