Chapitre 1 (2/2)
Clara gara la voiture devant une maison nichée au cœur d'un vaste domaine verdoyant, entourée de grands arbres centenaires dont les branches entrelacées formaient une voûte naturelle au-dessus du chemin d'accès. Bien que cette propriété ait été récemment rénovée, elle appartenait depuis des générations à la famille Montana, l'une des plus anciennes et respectées familles de la ville de Confiteors. Cette famille avait quitté la ville depuis des années, mais leur nom continuait de susciter un profond respect parmi les habitants, comme un souvenir indélébile du passé.
Clara coupa le moteur, laissant le silence envelopper l'atmosphère, à peine troublé par le chant des oiseaux accueillant le lever du jour. Sebastian, assis à ses côtés, resta un moment immobile, ses yeux fixés sur la maison qui se dressait devant eux. Il allait y passer une longue période, selon les dires de sa mère adoptive sur la route. Malgré le prestige associé au nom Montana, la demeure n'était pas l'immense manoir qu'il aurait pu imaginer. Au lieu de cela, les murs en pierre claire, le toit en tuiles patinées par le temps, et le petit jardin soigné bordé de fleurs sauvages donnaient à l'ensemble un air de simplicité délibérée, presque modeste. C'était comme si la maison elle-même cherchait à dissimuler la grandeur de son histoire derrière une façade paisible.
Cette apparente simplicité reflétait bien le caractère de Clara, une femme qui, malgré ses origines, avait toujours privilégié une vie plus discrète. Clara se tourna vers Sebastian, ses yeux verts posant sur lui un regard empli de tendresse et de détermination. Elle n'était pas seulement sa tutrice légale, elle était celle qui avait choisi de l'accueillir, de lui offrir une nouvelle vie quand tout semblait perdu. Malgré son appartenance à l'une des familles les plus influentes de la ville, Clara avait toujours préféré tracer sa propre voie, loin des jeux de pouvoir et des intrigues qui rythmaient la vie des Montana. Pour Sebastian, elle était plus qu'une simple figure d'autorité ; elle était la seule personne en qui il avait appris à avoir confiance.
— « Voilà, c'est ici, Sebastian, » dit-elle en rompant le silence qui pesait dans l'air. « C'est ici que nous allons vivre pendant un bon bout de temps. J'espère que tu t'y sentiras bien. »
Sebastian ne répondit pas immédiatement, observant la maison avec un mélange d'appréhension et de curiosité. Les souvenirs de sa vie en Italie tourbillonnaient encore dans son esprit, comme des fantômes insaisissables. Les rues pavées, les cafés animés, la chaleur de l'été sous le soleil toscan, tout cela lui semblait si éloigné, comme s'il avait quitté un autre monde. Il avait dû tout abandonner, ses amis, ses habitudes, pour se retrouver dans cette ville inconnue, dont il ne savait presque rien.
— « Je sais que ce n'est pas facile, » continua Clara en sortant de la voiture. « Mais je crois vraiment que Confiteors peut être un nouveau départ pour toi, pour nous. Cette ville... elle a quelque chose de spécial, tu verras. »
Sebastian sortit à son tour, refermant la portière avec une précaution excessive, comme s'il craignait de briser ce fragile instant de transition. Il observait la maison, cherchant à y déceler quelque chose qui lui parlerait, qui lui donnerait un indice sur ce que serait sa vie ici. Mais il ne ressentait rien, sinon une étrange sensation de décalage, comme si quelque chose de plus grand l'attendait, caché derrière ces murs modestes.
— « Sûre, hein ? » murmura-t-il pour lui-même, à peine audible.
Clara, debout à côté de lui, le regardait avec une compréhension silencieuse.
— « C'est normal d'avoir des doutes, Sebastian. C'est une grande étape. Mais je te promets que tu finiras par te sentir chez toi ici. Prends ton temps, d'accord ? »
Il hocha la tête, sachant qu'il n'avait pas vraiment le choix. S'adapter, c'était tout ce qu'il pouvait faire. Mais au fond de lui, il restait sur ses gardes, son instinct lui murmurant que cette ville n'était peut-être pas aussi tranquille qu'elle en avait l'air.
Alors qu'il jetait un coup d'œil vers les arbres qui bordaient la propriété, un mouvement furtif attira son attention. Une ombre, presque imperceptible, glissant entre les troncs épais. Il se figea, plissant les yeux pour mieux voir, mais l'ombre avait déjà disparu, se fondant dans les ténèbres persistantes du matin.
— « Qu'est-ce que tu as vu ? » demanda Clara, notant sa tension soudaine.
Sebastian hésita un instant avant de secouer la tête.
— « Rien. Juste... un truc qui m'a semblé bizarre. Mais c'était sûrement rien. »
Clara lui sourit, posant une main réconfortante sur son épaule.
— « Ne t'inquiète pas. Cette ville est sûre, je te le promets. Et puis, tu verras, tu vas t'y plaire. »
Sebastian hocha à nouveau la tête, bien que l'inquiétude le tenaillait toujours. Il suivit Clara jusqu'à la porte d'entrée, portant ses valises d'une main ferme. Une fois à l'intérieur, il découvrit une maison à l'image de ce qu'il avait vu de l'extérieur : simple, mais accueillante. Les murs étaient ornés de tableaux représentant des paysages paisibles, et les meubles, bien que modestes, dégageaient une chaleur rassurante. L'odeur du bois et des fleurs séchées flottait dans l'air, ajoutant une touche de douceur à l'ensemble.
Clara referma la porte derrière eux, semblant elle aussi soulagée de se retrouver enfin à l'intérieur.
— « Voilà, c'est ici que nous allons passer un bon moment. C'est peut-être pas grand, mais je suis sûre que tu te sentiras bien. »
Sebastian déposa ses affaires près de l'escalier en colimaçon qui menait à l'étage. Il jeta un dernier coup d'œil à la maison, tentant de s'habituer à l'idée qu'elle serait désormais son foyer. Malgré sa simplicité, il y avait quelque chose de réconfortant ici, un sentiment qu'il ne pouvait encore définir. Mais cela ne suffisait pas à apaiser son esprit troublé.
Clara, voyant son hésitation, s'approcha de lui avec un sourire chaleureux.
— « Tu veux qu'on prenne un petit-déjeuner ensemble ? Il y a un petit restaurant pas loin. Ils servent les meilleurs Frittata de la ville, le propriétaire est italien donc. »
Sebastian, encore un peu perdu dans ses pensées, hocha la tête.
— « Pourquoi pas. Ça me fera du bien de prendre l'air. »
Ils sortirent de la maison, Clara prenant les devants pour le conduire à travers les rues encore silencieuses de Confiteors. Le soleil commençait à poindre à l'horizon, projetant une lumière dorée sur les façades en pierre des bâtiments anciens. Sebastian observait ces maisons aux volets colorés, sentant un étrange mélange de paix et d'inquiétude monter en lui. Cette ville avait beau être belle, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une tension sous-jacente, comme si quelque chose d'indicible pesait sur elle.
— « Tu sais, » dit Clara en marchant à ses côtés, « je comprends que ce soit difficile pour toi. Quitter ta vie d'avant, tout recommencer ici... Ce n'est pas facile, je le sais bien. Mais Confiteors est une ville spéciale. Elle a une histoire, une âme. Peut-être que tu finiras par la découvrir. »
Sebastian l'écoutait en silence, ses pensées tourbillonnant. Il savait que Clara faisait de son mieux pour lui remonter le moral, mais il n'arrivait pas à chasser ce sentiment de malaise. Il y avait quelque chose dans l'air, quelque chose qu'il ne pouvait pas encore nommer, mais qui lui faisait pressentir que sa vie ici ne serait pas aussi simple que Clara le laissait entendre.
Ils arrivèrent finalement devant un petit restaurant niché au coin d'une rue pavée, son enseigne en bois finement sculptée portant un nom qui piqua immédiatement la curiosité de Sebastian : « Il Mistero ». Le nom résonna en lui comme une énigme à déchiffrer, une promesse de secrets cachés derrière ses portes. Clara poussa la porte, et un carillon tintant doucement brisa le silence matinal, mais la mélodie avait quelque chose d'étrangement apaisant, presque comme un sortilège invitant à entrer.
À l'intérieur, l'atmosphère était chaleureuse, avec des tables en bois patiné et des chaises aux coussins moelleux, mais une sensation subtile de mystère planait dans l'air. L'odeur enivrante du café fraîchement moulu et des viennoiseries dorées sortant du four enveloppa immédiatement Sebastian, lui procurant un sentiment de réconfort inattendu. Pourtant, derrière ce confort apparent, il ne pouvait s'empêcher de sentir qu'« Il Mistero » cachait quelque chose de plus profond, une histoire que seuls ceux qui osaient creuser pouvaient découvrir.
Ils s'installèrent à une table près de la fenêtre, et Clara commanda pour eux deux. Tandis qu'ils attendaient leurs commandes, Sebastian jeta un coup d'œil autour de lui, observant les rares clients qui semblaient encore engourdis par le sommeil. C'est alors que la porte du restaurant s'ouvrit, laissant entrer un jeune homme d'environ son âge. Sebastian ne put s'empêcher de le fixer ; il était blond, avec des yeux d'un bleu profond, presque surnaturel. Il portait des lunettes fines qui lui donnaient un air intelligent, mais quelque chose dans son expression dégageait une certaine froideur, un détachement qui mettait Sebastian mal à l'aise.
Le jeune homme se dirigea directement vers leur table, un léger sourire sur les lèvres. Clara se leva pour l'accueillir, une lueur de reconnaissance dans le regard.
— « Steven, je suis contente que tu aies pu venir si tôt ! » dit-elle en l'embrassant sur ses cheveux blancs sous le sourire de Steven. « Steven, je te présente Sebastian. Il vient d'arriver en ville. Je me suis dit que ce serait bien que vous fassiez connaissance, vu que vous allez au même institut. »
Steven tourna son regard vers Sebastian, l'examinant comme s'il cherchait à percer un mystère.
— « Enchanté, » dit-il d'une voix douce mais étrangement distante. « J'espère que tu vas t'y plaire. Confiteors est une ville... intéressante. »
Il tendit la main, que Sebastian serra avec une légère hésitation. Il ne savait pas pourquoi, mais quelque chose dans le regard de Steven le dérangeait. Ces yeux bleus, perçants, semblaient vouloir voir au-delà des apparences.
— « Merci, » répondit Sebastian, cherchant ses mots. « J'espère aussi. »
Steven s'assit à leur table, tandis que Clara s'installait en face d'eux, visiblement heureuse de les voir faire connaissance.
— « Vous savez, les garçons, Confiteors peut sembler petite, mais elle a une grande histoire. Vous aurez sûrement beaucoup de choses à découvrir. »
Steven hocha la tête, un sourire énigmatique étirant ses lèvres.
— « Oui, la ville cache bien des secrets. Certaines histoires ne sont pas faites pour être racontées à tout le monde. Mais tu verras, Sebastian, tu t'y habitueras. Il y a juste... des choses qu'il vaut mieux ne pas chercher à comprendre. »
Sebastian sentit un frisson parcourir son échine à ces mots. Il ne savait pas si Steven plaisantait ou s'il parlait sérieusement, mais son ton, bien que léger, laissait planer une ombre d'ambiguïté. Clara, cependant, ne sembla pas remarquer cette tension et continua de discuter de l'institut et de la vie en ville, ignorant les regards étranges que les deux garçons s'échangeaient.
Le serveur arriva avec leurs commandes, interrompant la conversation. Tandis qu'il déposait les assiettes sur la table, Sebastian jeta un coup d'œil vers Steven, qui semblait perdu dans ses pensées. Il y avait quelque chose d'inquiétant dans ce garçon, quelque chose qu'il ne pouvait pas encore définir, mais qu'il sentait être important.
— « Et toi, Steven, » demanda finalement Sebastian, essayant de briser la glace, « tu vis ici depuis longtemps ? »
Steven le regarda, ses yeux bleus se rétrécissant légèrement.
— « Depuis toujours, en fait. Ma famille est ici depuis des générations. Mon père est le maire, tu sais. Clara et ma mère étaient très proches, c'est pour ça que je suis venu te rencontrer. »
Sebastian hocha la tête, essayant de cacher son malaise.
— « C'est bien, je suppose. Tu dois connaître beaucoup de choses sur cette ville, alors. »
Steven acquiesça, mais son sourire devint plus sombre.
— « Trop de choses, peut-être. Mais tu apprendras vite, Sebastian. Il y a des choses que l'on ne peut pas ignorer à Confiteors, même si on essaie de les oublier. Mais ne t'inquiète pas, tu es en sécurité ici. Tant que tu fais attention à qui tu parles et où tu vas. »
Sebastian sentit un nœud se former dans son estomac. Il ne savait pas si Steven essayait de le mettre en garde ou de le tester, mais une chose était sûre : la vie à Confiteors ne serait pas aussi simple qu'il l'avait espéré.
Clara, observant les deux garçons, intervint pour alléger l'atmosphère.
— « Allez, mangeons. Vous aurez tout le temps de discuter après. Sebastian, tu verras, Steven est un bon guide. Il saura te montrer les meilleurs endroits de la ville. »
Mais Sebastian, malgré les paroles rassurantes de Clara, ne pouvait s'empêcher de sentir que quelque chose d'inquiétant l'attendait, caché dans les recoins de cette ville aux allures paisibles. Une ombre, une présence qu'il ne pouvait encore définir, mais qui semblait déjà peser sur lui.
Le matin se leva doucement sur la maison de la famille Sommers, mais pour Damian, ce fut une journée comme les autres : marquée par une tension constante. Les bruits de la maison, pourtant habituels, semblaient particulièrement envahissants. Le vacarme de la cuisine, où sa mère s'activait avec une précision méthodique, le tira brusquement de son sommeil agité. Damian se leva avec difficulté, chaque mouvement accentuant la douleur de ses muscles endoloris par une soirée mouvementée. Le souvenir de ses tentatives d'évasion nocturnes restait vivace, et il se sentait observé même lorsqu'il était seul.
Dans la cuisine, sa mère, une femme d'une élégance sophistiquée et d'une froideur implacable, l'attendait. Ses cheveux blonds soigneusement coiffés et son ensemble professionnel soulignaient le contraste entre elle et son fils, dont l'apparence traînante dénotait avec l'environnement soigneusement ordonné de la maison. Elle s'était déjà installée à la table, une tasse de café à la main, et son regard pénétrant était fixé sur Damian lorsqu'il entra.
— « Alors, mon fils, comment as-tu dormi ? » demanda-t-elle d'un ton qui oscillait entre l'ironie et l'indignation. Elle n'avait pas besoin d'un rapport détaillé, mais ses questions étaient toujours conçues pour déstabiliser. Damian s'installa en face d'elle, évitant son regard.
— « Très bien, comme toujours, » répondit-il d'un ton morose, conscient que sa mère ne se contenterait pas de cette réponse évasive.
— « Vraiment ? » Sa mère leva un sourcil, l'air sceptique. « C'est étrange, j'ai entendu dire que tu avais passé la nuit à l'extérieur. Et comment expliques-tu le fait que je t'ai vu, ainsi que Kyle, essayer d'entrer par la fenêtre ce matin ? »
Damian se tendit, les mots de sa mère résonnant comme un coup de tonnerre. « Bob t'a dit ça ? » demanda-t-il, feignant la surprise alors que la réalité l'atteignait lentement.
— « Bob n'a pas besoin de me le dire, » répliqua-t-elle, le ton sec. « J'ai vu vos tentatives désespérées de vous introduire dans la maison. Je me demande ce que tu pensais faire en risquant de te casser le cou pour rentrer chez toi. »
Damian, réalisant que l'accusation était fondée mais douloureuse, essaya de se défendre.
— « Et tu as décidé de ne pas m'ouvrir la porte ? J'étais en train de me faire exploser le cou ! »
— « À cette heure-là, » répondit-elle avec une froideur intransigeante, « mon fils aurait dû être dans son lit, endormi comme tout adolescent bien éduqué. Au lieu de cela, je voyais un vagabond tentant de pénétrer par effraction chez moi. »
Damian leva les yeux au ciel, exaspéré.
— « C'est encore une autre de tes accusations. Je n'étais pas en train de vagabonder, maman. J'avais juste eu une mauvaise soirée. »
— « Et comment expliquer les marques sur ton corps ? » demanda-t-elle, en balayant d'un geste la conversation. « Ces blessures sont un autre signe de tes comportements imprudents. »
Damian sentit une vague de colère monter en lui.
— « Est-ce que tu sais combien il est difficile de vivre avec ce genre de stress ? » s'exclama-t-il. « Tu te plains de mes erreurs sans comprendre ce que je traverse. »
Sa mère le regarda avec une intensité glaciale.
— « Et pourtant, c'est toi qui héritera de tout cela, Damian. Ce sont tes actions qui détermineront ton avenir, et personne d'autre ne pourra prétendre à cet héritage. »
Les mots de sa mère frappèrent Damian comme une douche froide. Il savait qu'elle parlait de l'héritage de son père, une fortune et un nom qu'il devait porter avec fierté et responsabilité. Mais le poids de cette responsabilité était devenu insupportable. La frustration le submergea et il se mit à parler en italien, une langue chargée de souvenirs douloureux.
— « Non sai niente di me, madre! Non capisci quanto sia difficile vivere con questo peso. » (Tu ne sais rien de moi, mère ! Tu ne comprends pas combien il est difficile de vivre avec ce poids.)
La réaction de sa mère fut immédiate. Son visage se déforma sous l'effet de la colère, et ses yeux se durcirent.
— « Combien de fois dois-je te dire que je ne veux plus entendre cette langue sous mon toit ? » lança-t-elle, la voix tremblante d'émotion. « L'italien est mort avec ton père. Tu n'as aucune raison de continuer à l'utiliser ! »
Damian se redressa, la rage envahissant son esprit.
— « Mon père était le seul à parler italien avec moi ! C'est tout ce qui me reste de lui. »
Sa mère déglutit, puis répondit avec une dureté nouvelle.
— « Tout ce que je vois, ce sont des tentatives désespérées pour maintenir un lien avec un passé qui ne reviendra pas. Tes blessures, tes cauchemars, tout cela est le reflet d'un état d'esprit que je ne comprends pas. Mais je ne tolérerai pas que tu continues à te torturer ainsi. »
Les mots de sa mère frappèrent Damian comme un coup de poing. Il savait que ses cauchemars et ses marques étaient souvent attribués à une forme de souffrance autoinfligée aux yeux de sa mère. Il n'avait jamais voulu faire de mal ; il était simplement victime de rêves perturbants qui le laissaient désemparé au réveil. Sa mère, quant à elle, ne voyait que des signes d'automutilation, ignorant les véritables causes de ses tourments.
— « Si tu continues à te comporter ainsi, » dit-elle avec une froideur implacable, « je n'hésiterai pas à te faire enfermer dans un centre spécialisé. Je ne suis pas prête à voir mon fils se perdre dans une spirale de souffrance et de dépendance. »
Damian serra les dents, la rage et la tristesse se mêlant en lui.
— « Tu ne comprends rien, mère ! » s'écria-t-il. « Je me réveille avec des marques, et je me sens forcé de trouver une échappatoire, sinon je ne pourrais pas vivre avec ce poids. »
— « Cette échappatoire, tu la trouves avec des amis peu recommandables et des soirées nocturnes, » répliqua-t-elle avec une amertume accrue. « Tu te comportes comme un adolescent rebelle en quête de sensations fortes, et je suis la seule à devoir gérer les conséquences. »
Damian baissa la tête, incapable de soutenir le regard critique de sa mère. Les tensions entre eux étaient devenues insoutenables, un conflit constant entre une mère qui refusait de voir la réalité et un fils qui cherchait désespérément à s'en échapper. Le silence entre eux était lourd, chargé de non-dits et de rancœurs accumulées.
— « Quand tu seras prêt à grandir et à accepter tes responsabilités, nous pourrons avoir une véritable discussion, » conclut sa mère, se levant de table avec une fermeté implacable. « En attendant, je n'ai que peu de patience pour tes excuses et tes rébellions. »
Damian resta seul à la table, son cœur battant la chamade. Chaque mot de sa mère résonnait comme un coup de marteau sur un clou déjà enfoncé. Il savait que sa liberté était en jeu, et que les chaînes invisibles que sa mère lui imposait étaient de plus en plus difficiles à supporter. Sa seule échappatoire restait ses souvenirs, ses rêves et cette langue qui le reliait à un passé douloureux. Mais même ces éléments semblaient maintenant menacés par le poids de ses responsabilités et les attentes irréalistes de sa mère.
Il prit une profonde inspiration, essayant de calmer ses émotions. La journée ne faisait que commencer, et il devait encore affronter les défis qui l'attendaient. La route semblait longue et semée d'obstacles, mais Damian savait qu'il devait trouver un moyen de faire face à ses démons et de trouver sa propre voie, loin des ombres de son passé et des exigences oppressantes de sa mère.
— « Che vita di merda, » murmura Damian en passant ses mains dans ses cheveux châtains.
La boutique de Madame Collins était un havre de tranquillité dans le tumulte de la ville. C'était une petite boutique de curiosités, remplie de trésors anciens et d'objets mystérieux qui semblaient contenir des histoires à eux seuls. Les rayons en bois, couverts de poussière fine, abritaient des artefacts en tous genres, tandis que des rideaux de velours pourpres couvraient les fenêtres, adoucissant la lumière du matin.
À l'intérieur de cette boutique, une jeune fille était assise sur une petite chaise en rotin, ses yeux fixés sur un miroir ancien placé sur le comptoir. Ses cheveux bouclés, d'un noir profond, tombaient en cascades autour de son visage, accentuant le contraste avec sa peau sombre. Ses deux mains, reposant sur ses genoux, étaient ornées de tatouages délicats mais distinctifs : des motifs entrelacés qui serpentaient le long de ses bras, s'arrêtant juste au niveau des poignets. Ces marques mystérieuses semblaient avoir été soigneusement gravées, comme si elles portaient une signification secrète, mais elle n'en disait pas un mot.
Sa mère, une femme d'un certain âge avec des cheveux argentés tirés en un chignon soigné, était occupée à ranger des objets sur une étagère. Les rides sur son visage trahissaient des années de sagesse et de préoccupations. Elle s'approcha de sa fille avec une gravité qui n'avait rien d'accidentel.
— « Écoute, ma chérie, » commença-t-elle, sa voix empreinte d'une inquiétude palpable, « il est impératif que tu te prépares pour ce qui est à venir. Tu dois être prête à affronter n'importe quelle éventualité. »
La jeune fille leva les yeux vers sa mère, ses yeux sombres reflétant une confusion croissante.
— « De quoi parles-tu, maman ? » demanda-t-elle, un sourire hésitant sur les lèvres. « Je pensais que tout ça était terminé après le sacrifice. »
Madame Collins s'arrêta brusquement dans ses mouvements, ses mains se crispant autour d'un vieux grimoire qu'elle tenait. Elle posa le livre sur le comptoir avec une douceur presque cérémonieuse avant de prendre les mains de sa fille dans les siennes. Ses doigts étaient rugueux, marqués par des années de travail, mais ils étaient également empreints d'une tendresse désespérée.
— « Ma mère a menti à Grayson, » dit-elle avec une voix brisée, ses yeux devenant soudainement brillants de larmes qu'elle luttait pour contenir. « Le sacrifice était éphémère. Il n'a pas mis fin à tout comme nous le pensions. Nous sommes encore liées à cet héritage, et il reste un an avant que le sacrifice ne soit véritablement terminé. »
La jeune fille écarquilla les yeux, le choc visible sur son visage. Ses mains se détachèrent doucement des siennes, et elle porta une main à ses cheveux bouclés, les enroulant autour de ses doigts comme pour se donner du courage. Elle se leva, ses mouvements agités trahissant son trouble.
— « Comment cela peut-il être ? Tout ce que nous avons enduré... Tout ce que nous... tout ce que grand-mère a sacrifié... Je pensais que vous avez mis fin à ce cauchemar ! »
Madame Collins regarda sa fille avec une tristesse profonde.
— « Je sais que c'est difficile à entendre, mais il est crucial que tu comprennes la vérité. Ces tatouages, » dit-elle en désignant les marques sur les mains de sa fille, « portent une grande signification. Ils sont le symbole de notre lien avec ce passé que nous pensions clos. Tu es la seule à pouvoir les aider maintenant, et tu dois être prête. »
La jeune fille tourna la tête vers la porte en verre de la boutique, ses yeux écarquillés scrutant la rue extérieure.
— « Et tout ça n'est pas une coïncidence, n'est-ce pas ? Le fait que cet homme m'a révélée ma vraie identité, le fait que j'ai passé tout les vacances d'été à m'entraîner avec eux... ce n'était pas un coïncidence » Sa voix tremblait sous le poids de la révélation.
— « Non, ce n'est pas une coïncidence, » répondit sa mère, son ton empreint de désespoir. « La situation est bien plus compliquée que ce que nous avions imaginé. Nous avons encore du temps avant que tout soit réglé, et pendant ce temps, nous devons nous préparer. Tu es maintenant sur le point de devenir adulte, et avec cela viennent des responsabilités que tu ne peux ignorer. »
La jeune fille secoua la tête, essayant de comprendre l'ampleur de ce que sa mère venait de révéler.
— « Pourquoi n'as-tu pas dit cela plus tôt ? Pourquoi m'as-tu laissé croire que tout était terminé et que je m'entraînais que pour moi ? »
Madame Collins soupira profondément, la fatigue pesant sur ses épaules.
— « Je voulais te protéger, » admit-elle enfin. « Je pensais que nous pourrions laisser tout cela derrière nous, que nous pourrions mener une vie normale. Mais les événements ont pris une tournure que nous n'avions pas anticipée. Le sacrifice n'a pas totalement effacé leur lien que nous avons voulu, on a appris bien tard que cela la plutôt renforcé »
La jeune fille s'approcha de la fenêtre, observant la rue animée avec des yeux maintenant remplis de détermination.
— « Alors, quel est le plan ? Que dois-je faire pour aider ? »
Sa mère se leva, rejoignant sa fille à la fenêtre.
« Nous devons être vigilants, préparer notre esprit et notre cœur pour les défis à venir. Le sacrifice n'était qu'une étape, et maintenant il nous reste un an pour nous préparer à ce qui pourrait encore surgir. Je t'aiderai autant que possible, mais il est important que tu sois prête à affronter ce qui vient. »
La jeune fille tourna son regard vers sa mère, une étincelle de résilience dans ses yeux.
« Je comprends maintenant. Nous devons faire face à cette réalité et nous préparer pour le pire. Je suis prête à affronter ce qui se présente. »
Les deux se regardèrent, leur connexion renforcée par la compréhension partagée d'une tâche encore inachevée. Le poids des secrets du passé reposait lourdement sur leurs épaules, mais elles étaient déterminées à le porter ensemble, face aux incertitudes de l'avenir.
Madame Collins prit une profonde inspiration et serra la main de sa fille une dernière fois avant de se tourner vers les objets mystérieux qui les entouraient.
— « Nous devons nous préparer, tu dois te préparer », dit-elle d'une voix ferme mais douce. « Ils ont annulé à eux seuls tout le pouvoir d'un clan, que ce soit pour la génération passée ou celle à venir, et ils n'ont eu que trois mois. Ce que je veux dire, c'est que tu dois être prêt. Il n'y a que toi, et seulement toi, qui peux les guider vers la bonne voie. »
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Salut à tous ! Je suis ravi de vous partager la deuxième partie du premier chapitre des Héritiers Sommers. J'espère que ça vous a plu ! Si vous avez aimé, n'hésitez pas à me le dire en commentaire et à voter.
On se retrouve très vite pour la suite !
XOXO 💋
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