Pao
Je n'ai pas spécialement compris comment tout cela est arrivé. Mais nous avions un tigre blanc de 3 mètres de long dans notre chambre sans compter sa queue. Soraya ne semblait pas surprise malgré ses réserves vis-à-vis de ce soit-disant pouvoir. Elios devait être tétanisé par la peur quand le tigre levait les yeux vers lui, les tremblements qui parcouraient son corps le trahissait. Aveline et Sunniva étaient toujours blotties l'une contre l'autre à l'autre bout de la pièce. Le tigre se détourna de son invocateur et s'approcha de l'héritière lunaire petit à petit. Sachant qu'il pourrait y avoir un drame, je me suis interposé entre lui et les filles. Son regard gris-bleu était rivé sur moi, il ne semblait pas perdu, ni agressif alors je me suis écarté. Le tigre émit un son rauque, comme pour me remercier avant de coller sa tête au genou d'Aveline. Sunniva s'éloigna en vitesse tandis que son amie ne put retenir un cri de peur. Peu à peu, la tension disparut de la pièce. Voyant que l'animal était pacifique, mes compagnons se sont calmés. Le tigre s'était couché près d'Aveline, son poitrail se soulevait et s'abaissait doucement.
-On fait quoi maintenant ? Chuchota Aveline, caressant la fourrure de l'animal.
-Je ne sais pas, soupirais-je en regardant la scène attendrissante mais anormale entre l'héritière lunaire et le tigre. Ce qui est sûr c'est qu'Edros ne doit pas être au courant.
-Pourquoi ? Demanda Aveline.
-Si il sait qu'Elios a un totem, il aura raison.
-Et nous ne serons obligés de nous battre contre l'organisation maléfique, devina Sunniva.
-Je... Je suis désolé, je ne voulais pas... bafouilla Elios.
Soraya lui posa la main sur l'épaule, comme pour le rassurer.
-Tu n'as pas à t'excuser. Grâce à toi, nous savons comment ouvrir les médaillons.
Le fils de Saone se détendit sous l'éloge.
-Comment vas-tu l'appeler ? Demandais-je à Elios pour éviter une scène embarrassante, ou pour calmer la colère qui commençait à affluer.
-L'appeler ? Répéta-t-il en me fixant avec de grands yeux.
Je retins un soupir avant de recommencer :
-Le tigre, il lui faut un nom.
-Orion.
-Tu l'as vite choisi dis donc.
La voix venait de Sunniva, qui s'était réfugiée derrière la table. Elle n'avait pas parlé depuis l'arrivée du Tigre.
-Il est arrivé instinctivement. Dès que je l'ai vu, c'est comme s'il m'avait soufflé son nom, expliqua Elios.
-Tu serais capable de le faire entrer de nouveau dans le médaillon ? Continua-t-elle, une lueur d'espoir dans les yeux.
-Je ne pense pas. J'ai encore du mal à savoir comment je l'ai fait apparaître...
-Comment ? L'interrompis-je.
-J'étais très énervé, raconta Elios, j'étais envahi par la colère quand il est soudainement sorti...
Il montra son médaillon vide.
-En gros, si quelqu'un s'énerve violemment, il fait apparaître son totem ? Demanda Sunniva.
-Ça va être simple avec toi, répliqua Soraya.
L'héritière solaire lui jeta un regard outragé.
-Non, ce doit être une émotion propre à nous-même, dis-je.
Elios ne s'était pas mis en colère depuis notre rencontre, cela devait être ça ou alors il s'agit de l'émotion principal de son tigre. En regardant Orion, toujours endormi, c'était une évidence. Il s'agit d'une émotion qui n'a pas été ressenti depuis longtemps.
-Alors bonne chance à toi pour invoquer ta panthère, ricana Sunniva.
-Pao n'est pas insensible, me défendit Soraya, souviens-toi qu'il s'est interposé entre le tigre et toi !
-Je n'ai pas besoin de ton aide, merci quand même, répondis-je, ressentant quand même des remords.
Elle me jeta un coup d'œil blessé. Mon cœur se serra malgré moi. J'ai secoué la tête pour enlever ces pensées. Mon attitude s'est durcie de nouveau. Je ne devais pas faillir, mon royaume comptait sur moi.
-Ça va Pao ? Me demanda doucement Aveline.
-Ouais.
La poignée de la porte commença à bouger.
-Vite, cachez le tigre, lança Soraya.
-Comment ? Il fait plus de 2 mètres, souffla Aveline.
-J'ai une idée, dis-je. Soraya, Sunniva voilà ce que vous devez faire...
Quand Edros ouvrit la porte, Soraya et Sunniva étaient en train de se battre. La table était par terre, à l'endroit où se trouvait Orion, ce dernier dormait toujours. Les lits étaient défaits, les oreillers jonchaient le sol. La pièce était en désordre total. Edros contempla la scène les yeux ronds. Elios était à côté d'Aveline, qui avait un morceau de tissu sur le nez.
-Elle... Elle a essayé de s'interposer mais Sunniva lui a donné un coup, bafouilla-t-il, tremblant.
-Je vous avais dit de ne pas vous interposer, soupirais-je.
Edros resta figé un moment avant de séparer les deux filles.
-Soraya, viens avec moi. Quant à vous, je vous demanderais de bien vouloir ranger ce désordre.
Nous nous sommes jetés un regard entendu.
-Si Soraya part avec vous, moi aussi, affirmais-je.
-Si tu veux, venez tous les deux.
Mon plan avait fonctionné. Le but d'Aveline, de Sunniva et d'Elios était à présent de faire rentrer Orion dans son médaillon. À voir si cela marchait.
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