Elios


Je me réveilla vers 7h du matin, les cheveux ébouriffés, comme si j'avais passé la nuit à lutter contre des tempêtes invisibles. Pour une fois, j'étais le premier à être levé ; habituellement, je préférais le doux refuge de mon lit, mais ce matin-là, une envie inexplicable me poussa à sortir de mon lit. Enfilant mes chaussons bleu ciel, doux et réconfortants sous mes pieds, je me levai lentement de mon lit, le corps encore engourdi par le sommeil.

Mon petit déjeuner se résuma à une simple pomme, juteuse et croquante, que j'avalai rapidement, le goût sucré et acidulé me réveillant davantage. En me retournant, je posai mon regard sur Aveline, qui dormait paisiblement dans son lit. Son visage était détendu, un léger sourire flottant sur ses lèvres, comme si elle rêvait de quelque chose de merveilleux. 

J'aimais Aveline, je le réalisai avec une clarté inattendue. Jamais elle ne s'énervait, toujours prête à nous conseiller, même dans ses propres moments de panique. Elle semblait être la perfection incarnée. Mais en moi, une voix murmurait que ce sentiment n'était qu'une illusion ; elle ne m'intéressait pas, pas vraiment, tout comme personne d'autre.

La solitude était ma compagne fidèle, plus douce que la présence des autres, préférant la compagnie des nuages qui flottaient paresseusement dans le ciel et celle de ma mère, dont le souvenir me réchauffait le cœur.

Une larme glissa sur ma joue à l'évocation de ma chère mère, à sa mèche bleue, d'un bleu que j'adorais tant. Je l'essuyai d'un revers de main, me reprochant d'être faible. Heureusement, aucun de mes compagnons n'était encore réveillé. Quel lâche je faisais...

Je me retournai pour faire face à la porte qui menait à la salle de bain. À côté, le lit de Soraya attirait mon regard. J'y jetai un coup d'œil, m'attendant à la voir endormie, perdue dans des rêves ou, connaissant son penchant pour l'imaginaire, peut-être même dans des cauchemars. Mais à ma grande surprise, je la trouvai assise en tailleur sur son lit, la tête légèrement penchée, un mélange de curiosité et de compassion dans ses yeux.

Je sursautai, feignant un sourire comme si rien ne s'était passé. Mais Soraya, sans détourner le regard, prit les devants :

- Ça sert à rien de se cacher, me dit-elle d'un ton presque chaleureux.

Ne trouvant pas les mots, je m'engouffrai dans la salle de bain, cherchant refuge. L'espace était semblable à la pièce principale : des murs de pierres sombres, sans fenêtre, créant une atmosphère presque claustrophobe. La douche, dissimulée derrière un simple rideau doré, se tenait en face de la porte. À ma droite, un lavabo m'attendait, et dans le coin à gauche, les toilettes étaient séparées par un mur de pierres plus claires.

Je me dirigeai vers le lavabo, attrapai ma brosse à dents, de la même couleur que mes chaussons, et me mis à brosser mes dents. En levant les yeux vers le miroir qui trônait au-dessus de l'évier, je me vis : mes cheveux argentés en bataille brillaient légèrement, et le reflet de mes yeux bleus perçants me fixait, comme si une partie de moi cherchait à s'échapper.

Une fois ma toilette terminée, je sortis de la salle de bain pour me retrouver face à face avec Soraya, désormais parfaitement réveillée, assise sur une chaise avec une jambe repliée sous elle. Je m'arrêtai, la dévisageant durant quelques secondes avant qu'elle ne brise le silence :

- Je sais ce que ça fait de perdre un être cher. Montrer sa faiblesse n'est pas une erreur ; seulement, ne la montre pas à tout le monde.

Je compris, en son fort intérieur, qu'elle pensait à la rouquine qui lui aurait craché au visage, pleine de méchanceté.

Mais avant que je puisse lui répondre, un bruit retentit de l'autre côté de la pièce, me sortant de mes pensées. C'était Aveline. Elle se leva d'un bond, pleine d'énergie, pour nous saluer avec un sourire radieux, avant de se diriger vers la table où un paquet de biscuits trônait, attirant son attention comme un phare dans la nuit. Heureusement, elle ne remarqua pas les traces de larmes sur ma peau, ou peut-être préférait-elle ne pas en parler.

- Alors ! Quel est le programme aujourd'hui, cheffe ? lança-t-elle gaiement à Soraya, sa voix pleine d'entrain.

- Je ne suis pas cheffe, loin de là, répondit Soraya.

Un grognement retentit alors, venant du lit voisin à celui de Soraya. Nous vîmes Pao se lever doucement, comme un spectre émergeant d'un rêve. Ses cheveux étaient impeccables, comme à son habitude, même après une nuit de sommeil. Ses pieds nus effleuraient le sol sans faire le moindre bruit, préférant le contact frais du carrelage à celui des chaussons qu'il qualifiait d'"inutiles". Mieux valait ne pas le contrarier, car Pao avait un caractère bien trempé. Il s'approcha d'une chaise près de Soraya, s'y installant avec une grâce silencieuse, sans même jeter un coup d'œil à la nourriture.

Le silence s'installa, pesant, comme si le temps lui-même hésitait à avancer. Mais Aveline, fidèle à elle-même, brisa cette tension :

- Eh bien, Sunniva est une marmotte, on dirait !

À ces mots, Sunniva ouvrit les yeux d'un coup, comme tirée d'un cauchemar où elle se battait dans une bataille épique pour capturer Aveline. Son regard était à la fois surpris et furieux.

- Répète ce que tu viens de dire ! s'exclama-t-elle, la voix pleine de défi.

Aveline, amusée à l'idée de lui faire une blague, hésita un instant. Elle sentit cependant que ce n'était pas le moment de jouer avec le feu et choisit finalement de se taire.

Tout à coup, des bruits de pas résonnèrent avant que la porte ne s'ouvre sur le vieillard aux cheveux argentés : Edros.

- Alors, chers élus, j'espérais vous retrouver tous prêts pour une séance d'entraînement, mais il semble que vous préfériez le confort à la mission de sauver le monde.

Sunniva se leva précipitamment de son lit, replaça une mèche rousse derrière son oreille et s'exclama :

- Bien sûr que non ! Nous serons prêts dans cinq minutes.

Pao fixa Sunniva avec un air ahuri, comme s'il voyait un fantôme d'un autre monde. Cinq minutes ?!

Aveline secoua Pao avec impatience :

- Eh bien, si tu veux avoir le temps, dépêche-toi !

Le garçon lui lança un regard noir avant de s'engouffrer dans la salle de bain, en ressortant avec des dents blanches comme neige, même si je doutais qu'un sourire puisse un jour éclairer son visage.

Je me levai également pour chercher une tenue adaptée à l'entraînement, réalisant au passage qu'Edros ne nous avait pas précisé de quoi il s'agissait. Je choisis alors un ensemble ample, noir comme la nuit, avec une touche de bleu sur les manches, et un sabre accroché à ma ceinture.

Je n'ai jamais été particulièrement doué avec les armes. Comme Aveline, je préfère le dialogue au combat. Pourtant, mon sens tactique est très développé, ce qui me permet d'analyser et de comprendre l'ennemi – qui n'est, après tout, que de simples morceaux de bois – afin de trouver un moyen de les battre.

Lorsque Edros revint dix minutes plus tard, comme s'il avait pressenti que nous ne serions pas prêts, nous étions tous les cinq assis à la table, vêtus de nos tenues d'entraînement aux couleurs de nos royaumes. Aveline et Sunniva discutaient gaiement, tandis que Pao et Soraya échangeaient des regards timides, tentant de former une conversation tant bien que mal. Quant à moi, eh bien, j'étais silencieux.

Edros rouvrit la porte et déclara :

- Préparez-vous, nous allons voir de quoi vous êtes capables.

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