Aveline
Cela faisait trois jours que Pao et Soraya étaient revenus. Une routine s'était installée au sein de notre nouvelle vie. Le mâtin, Soraya et Pao étaient toujours les premiers levés. Elios, lui, était le dernier, se levant quelques minutes après Sunniva. Après avoir mangé le petit déjeuner, Elios et moi avons l'habitude de nous préparer avant de suivre l'entraînement de Sunniva. Edros avait ouvert une porte dans la chambre qui menait à la salle de bain, ainsi que l'accès à des vêtements tels que des vestes noires ou encore des tenues souples aux couleurs de notre royaume afin de nous laisser libre de nos mouvements, une modification très importante lors des combats aimait dire Soraya. Sunniva avait réussi à convaincre Edros de lui donner des bō, de grands bâtons. Cela servait à nous entraîner sans nous blesser, même si il y a eu quelques accidents. Pendant ce temps, Soraya s'entraînait dans son coin ou discutait d'un plan avec Pao. Les deux discutaient beaucoup, on pouvait voir leurs esprits stratégiques travailler ensemble. Après ces entraînements intensifs, il était souvent l'heure de manger. Mais il nous arrivait de finir plus tôt ou plus tard. Après la pause déjeuner, je lisais des livres du style romantic pendant qu'Elios essayait, la plupart du temps, d'établir une bonne relation avec Orion. Malgré tout, je me retrouvais souvent avec un tigre blanc dormant contre moi, ce qui ne me dérangeait pas. Elios me demandait souvent des conseils même si je ne pouvais pas l'aider, je ne savais pas comment j'avais fait pour l'apprivoiser. Sunniva, quant à elle, continuait à s'entraîner, sauf les jours où la fatigue la rattrapait. Dans ces moments-là, elle s'installait à la table, appuyait sa tête sur son bras et finissait par s'endormir au milieu des livres et des plans laissés là par Soraya et Pao. Cette dernière allait, pendant ce temps, faire son rapport de la journée à Edros, ce que le guérisseur avait demandé à Pao et elle. Le soir, on mangeait tous ensemble, même si c'était souvent très silencieux. Ensuite, on se préparait à aller dormir. Soraya et Sunniva avaient empêché toute interaction entre elles, ce qui avait arrêté leurs nombreuses disputes. Ensuite, on va dormir, du moins, on essaye. Sunniva, Elios et moi discutons tous les soirs pendant que Soraya et Pao dorment. Ce sont des personnes que j'apprécie énormément, on est un trio soudé, ce qui me fait du bien. Ce que nous avons fait cette nuit là :
– Honnêtement, on a zéro chance de former une bonne équipe, soupira Sunniva, adossée au mur.
– C'est sûr que Pao n'est pas très réticent à l'idée de discuter avec nous. Ce n'est pas une critique, ajouta Elios, assis sur une chaise non loin d'elle. Juste qu'il n'aide pas à la création d'un groupe solide.
Je soupirai. L'héritier étoilé, en effet, ne nous aidait pas spécialement. Les seules informations que Sunniva et Elios connaissent sont celles que je leur ai données. Or, je n'en avais pas beaucoup.
– Sun, tu t'endors, dis-je pour changer de sujet.
L'héritière solaire sursauta.
– Je ne dormais pas, je réfléchissais ! Puis Sun n'est pas un bon surnom.
– D'accord mon petit soleil, répliquais-je avec un grand sourire.
– C'est encore pire, grommela-t-elle.
– À toi de voir, répondis-je, lançant un regard amusé à Elios.
Il se retint de rire avec difficulté, cachant son amusement dans un toussotement.
– Ok pour Sun, maugréa la rouquine.
– Super !
– On a dérivé, marmonna le garçon.
– Entre Soraya et Pao, je sais pas qui est le plus froid, s'amusa Sunniva.
-Soraya n'est froide qu'avec vous, lui expliquais-je. Durant notre discussion, lorsqu'Edros a créé les binômes, elle était très chaleureuse !
– Elle se radoucit avec moi, m'informa Elios. Elle a dû se dire que je n'étais pas une menace.
– C'est sûr que si même un bâton est capable de t'assommer, tu n'es pas très dangereux, se moqua Sunniva.
– Je te rappelle que c'est utilisé pour ça, justement ! protesta Elios.
Un éclair lumineux apparut et Orion apparut. Sunniva poussa sa chaise dans un cri et s'éloigna le plus vite possible de l'animal.
– Coucou toi, le saluais-je avant de le caresser.
– J'avais oublié que je ne devais pas m'énerver, s'excusa platement l'invocateur.
– Je ne sais pas comment tu fais pour ne pas avoir peur face à ce monstre de muscles, s'étonna Sunniva, cachée derrière un lit.
– Et je ne sais pas comment tu fais pour ne pas aimer cette machine à câlins, répliquais-je.
Orion grogna comme pour me soutenir.
– Que se passe-t-il ici ?
Nous nous sommes retournés pour voir Soraya et Pao. Les deux venaient sûrement de se réveiller car ils avaient les yeux ensommeillés et les cheveux en bataille. C'était Pao qui avait posé la question.
– Un invité surprise, ai-je annoncé en montrant Orion.
– Au cri de Sunniva, j'ai cru qu'il y avait eu une attaque, marmotta Soraya.
– Désolée mais quand tu vois un tigre de 3 mètres apparaître, ton instinct de survie se déclenche, répliqua Sunniva.
– Pas quand tu connais l'animal en question, soupira sa rivale.
Elios et moi nous sommes regardés, découragés. Après quatre jours sans vraies disputes, voilà qu'elles recommençaient. Même Pao, d'habitude si distant, n'arrivait pas à dissimuler son agacement.
– Tu insinues que je suis lâche ? S'offensa Sunniva.
– Possiblement, je n'ai pas envie d'une alliée qui fuit au moindre problème.
– On se calme ! les interrompis-je.
– Ce ne sont pas tes affaires Aveline, affirma l'héritière solaire d'une voix sèche.
Ses paroles m'ont atteint en plein cœur. Ce n'était peut-être rien mais je ne pensais pas qu'elle m'interdirait d'arranger la situation. Je voulais aider au départ, pas l'énerver davantage.
– Je... Je suis désolée... Je ne voulais pas t'énerver...
Ma vue devint trouble tandis que les larmes commençaient à couler. Je voulais qu'on forme une équipe, pas nous diviser davantage. J'avais envie que l'on se soutienne mais je n'ai même pas réussi à calmer Sunniva. Je n'étais pas faite pour cette mission, pas faite pour ce destin. Je rêvais de rentrer chez moi pour serrer Othis dans mes bras. Lui dire à quel point je suis inutile, que les seules personnes à m'encourager sont Keda et lui. J'avais envie d'éclater en sanglots et d'écouter leurs paroles réconfortantes qui m'apaiseraient. Les entendre dire à quel point je suis importante pour eux et que je ne dois pas baisser les bras. Mais au lieu des deux personnes les plus importantes de ma vie, ce fut un silence encore plus blessant qui s'installa. Personne n'osait faire quoi que ce soit. Quand un bruit semblable à un hurlement brisa le mutisme de la pièce. Une lumière, semblable à celle qu'Orion produit, apparut dans la pièce mais celle-ci était grise. Grise et douce, n'apparaissant pas comme un éclair. En séchant mes larmes, j'ai vu qu'elle tombait comme une pluie.Une averse lumineuse qui enchantait la pièce. Quand elle eut disparu, un loup se dressait devant nous et grognait contre Sunniva. Quand cette dernière recula, il vint vers moi et se frotta contre moi en léchant ma joue.
– Après le tigre, on a le loup, super ! ronchonna Sunniva.
Le loup se tourna vers elle en dévoilant ses crocs.
– Azul, c'est bon.
Les mots sortirent seuls. Azul était son nom. Il a croisé mon regard avec de grands yeux bleus puis m'a écouté. Il a reculé avant de se coucher à mes côtés. Orion regardait la scène, ses grands yeux gris aux éclats bleutés étaient rivés vers moi.
– C'est devenu un zoo, soupira l'héritière solaire.
– J'ai enfin trouvé le moyen de me débarrasser de toi. Vu le regard du loup, il a envie de manger, répliqua Soraya.
– Qu'est-ce que tu insinues ?
– Juste que je n'aurais bientôt plus à supporter ta présence.
Azul jappa, ce qui stoppa la dispute des deux filles.
– Merci mon grand, le récompensais-je en le serrant dans mes bras.
Pao soupira.
– Rentrez-les vite avant qu'Edros n'arrive, je sens qu'il ne va pas tarder. Je retourne me coucher.
Il tint sa promesse et repartit dans son lit. Azul et Orion me jetèrent un coup d'œil puis le tigre blanc se dirigea vers son invocateur. Mon totem vint également et ils posèrent en même temps leur museau sur les médaillons. Comme d'habitude, l'éclair arriva, accompagné cette fois de la pluie lumineuse.
–Allons dormir, proposa Soraya en joignant la parole au geste.
Je la suivais, fatiguée. Comment Elios avait-il pour rester debout après avoir invoqué son totem ? En le regardant, je vis effectivement que le pauvre prince titubait, à bout de forces. Une fois dans mon lit, le sommeil vint rapidement, sans bruit autour à part le souffle endormi de mes compagnons.
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