CHAPITRE 9 part 2

A 16h il me lâche enfin, fier de ce qu'il vient d'accomplir.

Je file sous la douche, et deux minutes plus tard, je suis prête à partir.

Pour passer inaperçus auprès du cercle noir, nous avons demandé à l'amie de Métis, celle qui partage sa chambre, de nous prévenir lorsque la voie serait libre.

Nous passons les portes de l'école sans difficulté. Il faut dire, qu'en vacances l'école est comme un « open bar » on rentre aussi facilement qu'on en sort. Et direction la maison de Juliette.

Une fois devant chez Juliette, je suis ébahie devant l'immense maison qui se dresse devant nous. « Bourgeoise pourrie gâtée » ne suffit pas à la décrire...

Hugo s'approche seul devant la demeure, alors que nous, nous restons à l'écart, attendant ses ordres. Il nous fait un geste pour approcher :

— Il n'y a personne à l'intérieur.

— Tu en es certain Hugo ? Rappelle toi la dernière fois, lui dit Métis.

— J'ai eu une vision. Nous étions tous les quatre à l'intérieur, et nous venions de trouver la salle. Mais vérifie quand même Jade.
Jade prend quelques secondes :

— Je confirme, je ne perçois rien du tout.

— On entre comment ? ajoute Jade.

— Métis sort une clef de sa poche et déverrouille la porte :

— Tu nous expliques Métis? demande Hugo étonné.

— Il faut bien que notre périple d'il y a deux jours nous serve à quelque chose. avoue t-elle.

— Waouh, je suis étonné ! répond Hugo.
Nous rentrons donc à l'intérieur de la maison attentifs à ce qui nous entoure. Jade et Métis ne savent pas exactement où se trouve la salle vide. En revanche, d'après la prémonition d'Hugo, nous devons chercher au rez-de-chaussée. La pièce est certainement cachée. Chacun se met au travail.

Après presque trente minutes d'interminables recherches, personne ne met la main dessus :

— C'est pas possible ! Je nous y ai vus dedans, s'énerve Hugo.

— Et ce que tu as vu n'est peut-être pas faux. Mais ta vision nous montre certainement ce qui se passera demain, ou dans les jours à venir, le rassure Jade. Il faudrait qu'on y aille maintenant. On ne sait pas quand ils vont rentrer. Je n'ai pas envie de tomber sur Juliette. Une vraie lunatique, explique Jade.

— Ah ! Ma chère Jade...Ma chère opposée... dit une voix provenant de derrière.

— Vous comptiez aller quelque part ? demande curieuse, Shana.

Un frisson glacial me traverse le dos. On s'est fait prendre... Il fallait s'en douter, c'était trop facile que personne ne soit là.

— On peut vous aider peut-être ? ricane bêtement Romain Moi je te donne des cours, et toi tu me remercies en rentrant par effraction chez ma copine ?

La culpabilité m'envahit, je me tourne vers Romain :

— Je suis désolée...

— Tu sais pertinemment que tes excuses me sont égales ! Je n'ai pas d'émotions, alors garde tes regrets.

— Mais c'est que la petite Sophie a honte ! crie Shana, venant de capter mes émotions

— C'est bon, arrêtez de vous en prendre à elle. Qu'est-ce que vous voulez ? demande Hugo agacé.

— Ce que l'on veut ? Tu es arrivé à rentrer chez moi, je te félicite. Mais tu n'as rien à demander ou à dire. Alors contente toi de la fermer, s'énerve Juliette.

Alors que Métis et Jade se reculent doucement pour partir par derrière, je reste à l'avant avec Hugo pour l'aider. Certes, une nouvelle comme moi ne fait pas le poids face à eux. Mais c'est juste question de gagner du temps.

— Où allez-vous comme ça ? demande un jeune inconnu aux deux sœurs. Ça ne sert à rien de vous échapper, vous êtes déjà pris au piège.
Nous n'avons pas le temps de tenter quelque chose que Romain s'immisce dans nos têtes, créant une de ses illusions.

C'est fou comme ce pouvoir est extraordinaire. Mais faut-il encore savoir le contrôler...
Je suis seule dans un endroit sombre. Il y a juste un banc éclairé par un lampadaire. Je m'y assois et commence à me concentrer sur l'énergie de Romain :

— Cela ne sert à rien d'essayer, dit-il, tout juste arrivé.

Il se tient debout devant moi, et me regarde avec mépris.

— D'où tu sors ?

Il s'assied à côté de moi :

— N'oublie pas que c'est moi qui crée cette
illusion, continue t-il fièrement.

— Et où sont les autres ?

— Chacun dans un lieu comme le tien. Mais vos esprits ne sont pas connectés. Tu ne les vois donc pas et eux non plus. Incroyable non ?!

— Si tu le dis...

— Je te disais donc, que ce que tu essaies de faire est inutile.

— Ça marchait pourtant tout à l'heure.

— Sophie, Sophie, Sophie... Tu me crois assez bête pour t'apprendre quelque chose que tu pourrais par la suite utiliser contre moi ?

— Comment as-tu fait ?

— C'est tout simple : Je fais partie du cercle depuis plus longtemps que toi. Non seulement je contrôle mieux mes capacités, mais j'en développe de nouvelles grâce à l'énergie noire. Tu apprendras en astronomie que cette énergie est très importante dans l'univers.

— Tu es en train de me dire que je ne peux pas arrêter cela ?

— Exactement. L'énergie noire est beaucoup plus puissante que la vôtre. Tu le saurais si tu étais de notre côté...

— Je te vois venir ! Ne compte pas sur moi.

— Bien, j'aurai essayé.

L'illusion prend fin.

J'ouvre les yeux et me retrouve en compagnie de mes amis, attachés à des chaises en bois. Je ne reconnais pas cet endroit. Sommes-nous toujours chez Juliette ? La pièce est tapissée d'imposants et impressionnants motifs celtiques d'un rouge royal. La moquette au sol regorgeant de poussière me rend malade. N'ayant pas accès à mes mains, je dois contenir en moi cette horrible envie de me gratter le nez.

— On est dans la salle vide. On vous amène à l'endroit que vous souhaitiez trouver non ? Quelle gentillesse hein ! beugle Juliette de son insupportable voix aiguë.

Nous n'avons pas la même définition de la « gentillesse » je pense... Faudrait-il lui rappeler qu'ils nous ont liés comme des mules à des chaises ?

— Maintenant, dites nous pourquoi vous la cherchiez, continue Juliette d'un ton sec.

Dans un silence absolu, nos regards se croisent, mais aucun n'ose parler :

— Pas de problème ! Nous ne vous avons pas encore présenté ce jeune homme, dit toute contente Shana.

Se levant du canapé caché dans la pénombre, sur lequel il reposait silencieusement, le garçon en question s'avance vers nous jouant à faire tourner entre ses doigts un couteau de poche. C'est un jeune homme du même âge que nous, il est mat de peau et paraît un peu trop sûr de lui pour un nouveau... Je suis persuadée qu'il a des origines indiennes. Mais peu importe, il est certain que je n'irais pas lui poser de questions... Un léger sourire sournois s'installe sur ses lèvres lorsque son regard croise le mien.

— Voici Enzo, continue Romain. C'est notre dernière recrue. Et le plus marrant dans tout ça, c'est que la capacité d'Enzo est de lire dans les pensées !

Je regarde Romain dans les yeux, lui montrant à quel point il me répugne, et lui envoie un des mes commentaires ironiques à la tête :

— Nous ne devons pas tous avoir la même définition de l'humour...

Il s'approche vers moi, et m'attrape violemment le bras me tirant vers lui. Cela serre davantage les cordes qui me brûlent les poignets. Il a maintenant sa bouche collée à mon oreille :

— Ce n'est pas parce que cela ne marche pas avec moi, que cela ne marche pas avec les autres... me chuchote t-il.

Pourquoi me dit-il ça ? D'autant plus à l'écart des autres, pour qu'aucun ne comprenne.

— On va prendre en premier Sophie, affirme Juliette. Romain et Shana, restez ici avec les autres.

Enzo et Juliette me sortent de la salle vide et m'installent sur une chaise dans le salon. Enzo se place en face de moi et me fixe dans les yeux. Il cherche des informations grâce à son pouvoir. Mais... Les paroles de Romain ! C'est cela qu'il voulait me dire. Il pense que je suis capable de résister aux capacités d'Enzo, même si celui-ci n'est pas mon opposé !

Je me concentre à mon tour, sans pour autant me faire remarquer. Venant à peine de rentrer dans le cercle, il n'a pas encore beaucoup d'énergie. C'est donc de cela que je vais user. Pour être sûre, et malgré les recommandations de Romain, je préfère mettre plus d'énergie de mon côté.

— Je n'y arrive pas ! Elle brouille ses pensées, s'énerve Enzo.

— Arrête ça immédiatement Sophie ! Tu sais très bien que cela ne sert à rien. On finira par le savoir, bafouille Juliette.

Je la regarde fièrement et lui réponds avec un grand sourire :

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

— Romain ! Viens ici ! hurle t-elle.

— Qu'est ce que tu as ? Pourquoi tu cries, j'suis pas ton chien ! dit-il arrivant mécontent.

— On a un problème, s'exclame t-elle.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? demande Romain.

— Elle brouille tout ! Enzo n'arrive pas à lire dans ses pensées. Tu ne lui aurais pas appris à bloquer l'énergie extérieure ?

— Absolument pas. Elle n'est même pas capable de créer une illusion ! Pourquoi voudrais-tu que je lui apprenne ça ! ment-il.

— Et on peut en prendre un autre ? questionne Enzo.

— Non ! Si ça ne marche pas avec Sophie, ça ne va pas marcher avec les autres imbécile ! T'es nouveau, tu ne peux rivaliser qu'avec une personne de ton niveau. Tu n'y arriveras jamais, tu n'as pas assez d'énergie, lui explique avec « gentillesse » Juliette.

— Ne laisse pas tomber, recommence jusqu'à ce qu'elle en ait marre, et qu'elle abandonne, insiste Shana.

— Ne t'inquiète pas, je ne lui laisserai pas de répit, acquiesce Enzo.

Il tente une seconde fois, sous l'oeil de Romain. Je bloque à nouveau mes pensées, mais mon énergie s'affaiblit. Je devrais en utiliser moins, mais j'ai peur de faire une erreur et qu'ils arrivent à savoir.

♦️♦️♦️

Mais que fait-elle ! Si j'ai fait tout ça pour elle, ce n'est pas pour rien ! Elle utilise trop d'énergie, elle ne tiendra pas longtemps...
Mais pourquoi je l'aide moi d'ailleurs ! Je veux savoir ce qu'ils cachent comme le reste du cercle noir. Mais... J'ai cette intuition que si nous apprenons la vérité, quelque chose de grave arrivera.

Malgré cette tentation, j'ai ce besoin qui me force à la protéger.
Enzo ressaye une troisième fois, mais je l'en empêche :

— Stop Enzo, arrête.

— C'est quoi ton problème Romain, pourquoi tu la défends ? rugit de colère Juliette.

— Parce que c'est inutile. Remets la avec les autres, et tu continueras demain. Laisse les un jour de plus enfermés dans la salle vide et ils capituleront.

— C'est vrai que ce n'est pas bête... réfléchit-elle. Prends-la, et jette la avec les autres.
Je m'exécute et la prend par le bras. Je la serre assez fort pour qu'elle crie de douleur afin que Juliette croit à tout ça. Je lui glisse par la même occasion un morceau de déjeuner dans la poche de sa veste pour qu'elle reprenne des forces. Une fois les élus du cercle blanc enfermés, je reprends la direction de l'internat avec mon groupe.

Des question ne cessent de se bousculer dans ma tête : Pourquoi je fais ça ? Pourquoi suis-je comme ça ? Cela fait bientôt un an que j'ai rejoins le cercle, et je n'ai jamais agi comme je viens de le faire.

Je suis sûr que c'est lié au fait que c'est une fille. Ou bien... au fait que je sois un garçon. Mais dans les deux cas, le lien, cette connexion que nous partageons, n'a rien de commun...

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