CHAPITRE 9 part 1
J-4
Faire comme si de rien n'était... une expression qui m'est inconnue. Romain est pire qu'un psychopathe! Il ne connaît pas grand chose sur moi et pourtant, il sait comment je réagis dans n'importe quelle circonstance. Je n'aurais même pas le temps d'arriver devant lui qu'il s'apercevrait que quelque chose ne va pas.
Après tout... Je n'aurais qu'à inventer un problème qui pourrait me contrarier.
Je suis à notre lieu de rendez-vous depuis bientôt dix minutes. Et ce n'est pas moi qui suis en avance...
Soudainement, je suis projetée en arrière et me retrouve contre l'arbre, soulevée dans les airs grâce à de l'énergie noire. Juliette s'approche de moi hors d'elle :
— Tu vas crever salope !
Elle s'approche de moi et me dévisageant avec assurance :
— Avant de mourir, tu vas me dire ce qui s'est passé chez moi.
Je lui souris fièrement malgré la situation pour lui faire comprendre que je ne dirai rien.
— Tu l'auras voulu Sophie...
Mon coup commence à se resserrer, ma trachée se retrouve comprimée, et l'air manque à mes poumons. La peur m'envahit parce que je sens que ma fin est proche...
♦️♦️♦️
J'en ai plein le cul des crises de jalousies de Juliette. Elle sait pourtant pertinemment que même si nous sortons ensemble, je ne tiens pas à elle. Je ne ressens aucune émotion ! Alors j'en ai rien à faire si elle pense que je la trompe. Ce qui n'est pas le cas bien sûr. A cause d'elle, je suis en retard pour le cours de Sophie.
J'adore arriver en retard. Mais là, c'est différent, je suis tellement sérieux avec elle que je commence à lui faire peur. Si je perds le contrôle sur elle, toute ma mission sera compromise. De plus, je ne peux pas aller rejoindre Sophie tant que je n'ai pas rangé tout ça. Juliette était tellement énervée qu'elle a tout fait tomber dans la chambre. Si Arthur, mon coloc, s'en rend compte, il ira avertir la responsable de l'internat. Cela s'est déjà produit l'an dernier, et j'ai dû nettoyer les salles de bains durant trois week ends consécutifs...
Tout a été remué, à tel point que la poussière me fait tousser. J'ouvre la fenêtre de la chambre pour aérer et faire se dissiper cette irrespirable poussière. Les femmes de ménages sont-elles réellement payées ?!
— Tu ne fais plus la maligne là Sophie !
Cette phrase me coupe la respiration. Je reconnais la voix de Juliette. Mais la scène se déroulant trop loin de moi n'est pas dans mon champ de vision, je ne vois donc rien. Je cours vers la sortie de l'internat. On est arrivé à couvrir un meurtre, mais deux ! Ce sera infaisable.
Je sors de ma chambre et descends à toute allure les escaliers. J'accours vers la sortie quand je remarque que des élèves me regardent étrangement de loin. Je m'arrête et me recoiffe pour faire comme si de rien n'était. Mais en voyant ces trois filles rire, je me rends compte que je me suis ridiculisé comme un imbécile. Je me serais bien vengé, mais je n'ai pas le temps.
Une fois en bas du bâtiment, j'aperçois la scène de loin. Mais je ne peux rien faire... C'est à Sophie de se débrouiller seule. J'en ai déjà tellement fait pour elle, même trop. Si j'agis, les filles vont finir par découvrir que si je fais tout ça, ce n'est pas seulement pour ma mission.
Allez Sophie, tu peux y arriver...
♦️♦️♦️
L'air ne circulant plus dans mon corps, mes organes et mes muscles ne sont plus oxygénés. Je sens chaque partie de mon corps s'endormir. Et bientôt, cela sera moi. Je ne peux rien faire contre elle... Juliette est trop puissante. Mais après tout, je n'ai plus rien à perdre de tenter une dernière chose. Je pense à nouveau à Romain. S'il m'a tout appris, ce n'est certainement pas pour que je me laisse tuer sans rien essayer. Je prends une grande inspiration et mêle mon énergie intérieure à celle présente tout autour de moi. J'ai du mal à me concentrer, je succombe de plus en plus... Mais j'y suis presque ! Je ferme les yeux, et j'imagine cette énergie pénétrer dans son corps. Maintenant, je contrôle son esprit. La meilleure solution n'est pas de créer une illusion, mais de brouiller sa tête. Une douleur insupportable prend possession d'elle :
— Je sais ce que tu essayes de faire Sophie ! Mais sache que face à moi, tu ne fais pas le poids !
Et pourtant, je remarque qu'elle a de plus en plus de mal à gérer son énergie. Je n'ai plus beaucoup de temps ! Et je pense avoir trouvé la solution, mais c'est dangereux. Je suis en ce moment même en train d'essayer de contrôler la quantité d'énergie que j'utilise, comme Romain me l'a appris. Si j'utilise plus d'énergie, comme si elle était à plusieurs kilomètres de moi, Juliette ne pourra plus résister, et devra me lâcher. Mais dans ce cas, je prends le risque de me tuer moi-même, par la quantité d'énergie que je vais utiliser... Je n'ai pas d'autre choix
♦️♦️♦️
Je continue de les observer de loin. Je peux sentir l'énergie complémentaire à la mienne. Elle la dose bien, mais cela n'a aucun effet sur Juliette.
Je sens qu'il y a de plus en plus d'énergie, mais qu'est ce qu'elle fait ? Elle va se tuer !
Je... je ne sais pas quoi faire... Je ne peux pas ressentir de sentiments ! Alors pourquoi je n'ai qu'une seule envie, et c'est d'aller aider Sophie ?
Juliette tombe au sol pliée de douleur. Sophie fait donc de même, maintenant qu'elle n'est plus sous l'emprise de son agresseur. Juliette part en courant vers l'internat. Je ne désire pas assister à son « pétage de plomb » et me glisse derrière le mur, attendant qu'elle passe :
— Je vais la tuer... je vais la tuer, marmonne t-elle
Lorsqu'elle s'éloigne, j'accours vers Sophie, étalée dans l'herbe. Elle est toujours en vie, mais a du mal à reprendre son souffle :
— Mais t'es complètement tarée d'agir ainsi !
— Qu'aurais-je dû faire ? me demande t-elle avec la respiration coupée.
Je la redresse pour ne pas qu'elle s'étouffe :
— Je n'en sais rien, mais tu aurais pu te tuer !
— Et cela te met dans cet état... rigole t-elle en s'étouffant. Depuis quand t'inquiètes-tu autant pour ma vie ?
— Tais toi, tu ne sais plus ce que tu dis...
De plus en plus de sang se met à couler de son nez, et elle commence à en cracher. Je retire ma chemise blanche, et essuie le sang sur son visage
♦️♦️♦️
C'est gentil à lui, mais j'ai beaucoup de peine pour sa chemise... Je ne fais que tousser du sang, et cela m'étouffe davantage. Mes yeux s'arrêtent sur son torse maintenant dépourvu de vêtement. Et je remarque en dehors de ses magnifiques muscles, un petit tatouage noir et triangulaire, situé sur son cœur :
— Qu'est ce que tu regardes ? demande t-il observant à son tour son ventre
— Ah ! Ma marque te plait ? À moins que ce
ne soient mes beaux abdos... »
— Tu n'as pas perdu ton sens de l'humour hein...
— Non, jamais ! Allez viens, je vais t'aider à te relever, et je vais te ramener dans ta chambre. Tu devrais éviter d'aller à l'infirmerie, je trouve que tu y vas souvent en ce moment.
Je ne me souviens pas de ce qui s'est passé par la suite. Je me suis juste réveillée dans mon lit, entourée du cercle blanc.
J-3
Aujourd'hui, tout ce que nous avions prévu tombe à l'eau. Et c'est à cause de moi. Nous aurions dû aller chez Juliette, mais après ce qui s'est passé hier, personne ne souhaite me laisser seule à l'internat. Elle pourrait s'en reprendre à moi.
La mère de Jade et de Métis est passée me voir. Elle a simulé le fait que Jade avait des médicaments à prendre et qu'elle les avait oubliés. Etant donné qu'elle est médecin, personne ne lui a rien dit. Elizabeth m'a fait prescrire quelques pilules, et m'a dit de rester au lit jusqu'à demain. Mission annulée pour aujourd'hui...
Métis est partie quand même à ma demande surveiller l'état de Juliette. Je ne voulais pas lui faire de mal, mais juste me défendre. En revanche, me tuer ne l'aurait pas dérangée. Mais d'après les informations de mon espionne, la petite bourgeoise se porte très bien. Même mieux qu'avant ! Métis pouvait l'entendre parler de sa chambre depuis le couloir. Elle racontait sa version de l'histoire à Romain, et disait à quel point « sa vengeance serait terrible ». Je pense que Romain connait la vérité, même s'il est arrivé au dernier moment. De toute façon ça doit lui être égal.
Je me demande comment il aurait réagi s'il avait été au près de Juliette...
J-2
Après avoir passé une journée dans mon lit, à écouter les histoires familiales d'Hugo, je peux enfin me lever. Grâce à l'énergie liée à mon pouvoir, je récupère facilement de mes blessures, encore un point positif.
J'ai reçu ce matin un message de Romain, demandant de mes nouvelles, et si j'avais prévu de venir à midi. Je ne comprends pas pourquoi il continue de m'aider ! J'aurais pu tuer sa copine, mais ça lui est égal... Ah oui ! Je suis bête... Non seulement si Juliette meurt, ça lui sera égal, mais en plus, il sait très bien qu'un élu du bien n'a pas le courage et la force démoniaque pour tuer. Sous les commentaires enthousiastes des autres, j'ai validé que je serai bien là. Cette fois-ci, changement de tactique : Pour que le cercle noir ne croie pas que nous re-tentons le coup de la dernière fois, nous avons décidé qu'Hugo, Jade et Métis resteraient à l'école jusqu'à ce que mon cours soit terminé. Shana et Juliette verront donc qu'ils ne sont pas partis et ne nous soupçonneront pas une seconde fois.
Pour une fois, Romain et moi arrivons en même temps. Il pleuvine un peu. Mais non, ce n'est pas ces quelques gouttes d'eau qui détourneront les plans de Romain.
— Bon ! dit-il, décidé à me faire vivre un supplice. Aujourd'hui, ce n'est pas toi qui vas te servir de tes pouvoirs. Mais moi !
— C'est-à-dire ? Je vais devoir résister à tes pouvoirs, c'est ça ?
— Mais qu'est ce que je suis fier de toi Sophie Anaya, dit-il ironiquement, frottant mes cheveux comme si je n'étais qu'un vulgaire chien.
Je n'arrive vraiment pas à le comprendre. Et pourtant, j'ai essayé maintes fois de me mettre à sa place. Il est en train de m'apprendre comment me défendre face à lui. Pourquoi ?! J'aurais plutôt cru qu'avec autant d'esprit de compétition, il aurait voulu garder toutes les techniques pour lui.
Il se place face à moi :
— C'est simple, je vais rentrer dans ta tête. Pour éviter cela, tu dois capter mon énergie, et la rejeter grâce à la tienne. Sers-toi de ce que je t'ai appris il y a deux jours : Si je mets 20% de mon énergie, il faut que tu fasses de même. Si tu fais moins, tu n'y parviendras pas. Si tu mets plus, tu te fatigueras trop vite, commence t-il.
— Un conseil ?
— J'en étais sûr ! Rit-il. Tout simplement, c'est d'essayer de mettre autant d'énergie que moi, et de résister à la douleur ou à l'illusion.
Facile à dire...
— C'est parti ! On commence doucement.
Il me lance une première illusion. Elle n'est pas douloureuse, mais plutôt agréable, parce qu'elle ressemble au paysage de la dernière fois. Le but n'étant malheureusement pas d'observer le paysage, mais de résister à cela.
♦️♦️♦️
Je ne ressens aucune défense de sa part. Pourquoi ne sort-elle pas de l'illusion que j'ai créée... ?
Pas d'autre choix, je suis obligé d'y aller et de l'aider à en sortir.
Une fois à l'intérieur de ma propre illusion, je reconnais les montagnes. Mais...C'est le paysage qu'avait créé Sophie la dernière fois ! Pourquoi je l'ai emmené ici ? !
Ça ne me ressemble pas... Maintenant que c'est fait, je ne vais pas changer. Sophie pourrait croire que cela me gêne sachant ce qui s'est passé la dernière fois. Et pourtant, ce n'est pas le cas.
— T'es censée travailler Sophie.
— Je sais, mais j'en...
— T'en profites, j'ai compris. Mais tu n'as pas le temps de rêvasser, c'est important !
Elle ne se rend pas compte de l'erreur qu'elle commet. Je fais cela pour l'aider. Elle m'en remerciera ce soir.
♦️♦️♦️
Pour un élu du mal, je trouve qu'il prend un peu trop tout à cœur :
— J'essaie...
— Allez vas-y. Je vais rester et observer comment tu fais, affirme t-il.
Je ferme les yeux, et essaie de ressentir l'énergie noire autour de moi. Celle créant toute cette illusion.
— Je dirai 20%....
— Pas mal, mais légèrement plus, chipote t-il.
— 25% ?
— Exact. Allez, sors de là.
Je me concentre à nouveau, et essaie de doser mon énergie tout comme lui. Lorsque je la libère, l'illusion prend fin.
— Bien Sophie, tu progresses. Mais ce n'est pas fini !
Et effectivement, ce n'était que le début...
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