CHAPITRE 8 part 1

J – 5 avant l'anniversaire de Mason.

Juliette n'est toujours pas là, et cela m'étonne un peu. Je pense que ce n'est pas un hasard  : pourquoi, lorsque Romain me donne des cours particuliers, Juliette n'est pas à côté pour le surveiller...  ?

Après avoir longuement discuté avec le cercle, nous sommes désormais certains que Mason en est toujours un membre à part entière. Le plus inquiétant, c'est que nous célèbrerons son anniversaire dans peu de jours... À partir de cette date, le cercle sera dissout. Jamais nous ne disposerons assez de temps pour trouver les dix nouveaux élus afin qu'eux ferment le cercle avant Halloween.

Mais, pas de panique  ! Nous nous sommes donnés une semaine pour éplucher chaque document secret du cercle, et trouver une solution.

Évidement, une semaine n'est pas insuffisant pour accomplir une telle mission. Pourtant... je ne sais pas, une force m'oblige à croire que tout se passera bien. L'optimisme n'a jamais été mon truc. Mais dès lors que j'ai intégré le cercle blanc, un nouvel espoir est né en moi. J'ai peut-être trouvé ma place.

Aujourd'hui, je continue mes cours en compagnie de Romain. J'occuperai donc un élu du mal sur trois. Quant à Juliette, elle est apparemment chez elle à se soigner. Ce sera ainsi la mission de Jade et Métis, à faire en sorte de récupérer les documents du cercle noir sans se faire repérer. Hugo se charge donc de la dernière : Shana.

Nous espérons trouver chez Juliette des documents contenant une explication plausible et une solution quant au problème de Mason. Je pourrais très bien essayer de récupérer des informations auprès de Romain. Mais il finira sûrement par se douter de nos manigances.

C'est le premier jour des vacances, et pourtant, Romain ne me laisse pas faire la grasse matinée pour autant. Il m'attend toujours au même endroit.

Je l'aperçois depuis la fenêtre de ma chambre  : Il est allongé sous l'arbre à contempler le ciel, comme j'ai l'habitude de le faire. Je reçois à ce moment précis un message venant de lui  :

«  Arrête de me regarder depuis ta fenêtre, et descends de là.  »

Comment a t-il eu mon numéro ? Je ne me souviens pas le lui avoir donné, ou même qu'il me l'ait demandé. Je décide de descendre comme il me l'a suggéré, pour le questionner.
Une fois arrivée sous le grand arbre à côté de lui, Il se relève rapidement :

— Je ne compte pas t'attendre tous les jours !

— Comment as-tu eu mon numéro ?
Il ricane fièrement comme il a la fâcheuse tendance à le faire  :

— C'est une drôle d'histoire ! Quelques jours avant la rentrée, je me baladais dans une ville voisine. J'étais venu récupérer mon uniforme que les couturières avaient retouché. Effectivement, elles n'avaient pas pris en compte mon importante musculature. Je ne pouvais donc pas rentrer dans mes chemises, et...

— Peu importe  ! Ce genre de détail inutile m'est égal  !

— Tout doux ma belle princesse  ! Je continue donc : j'ai le souvenir qu'il faisait très froid, et que la pluie me gelait. Une jeune fille est passée devant moi, elle avait l'air pressé. Elle n'a pas fait attention et m'a bousculée, laissant tomber son téléphone à terre. Tel un homme au grand cœur, je lui ai ramassé. Mais c'était trop tard, elle était déjà partie. Le téléphone s'est mis à sonner. J'ai continué d'avancer pour trouver cette fille. Pour tout avouer, je n'avais pas l'intention de le lui rendre, mais juste de le casser devant ses yeux. Et c'est là que je t'ai trouvée. Tu étais à l'angle de deux ruelles, pâle, et tes lèvres étaient violettes. C'est à ce moment là que j'ai décidé de rentrer dans ta tête. Mais malheureusement, tu as succombé trop vite à mon illusion, et tu t'es évanouie. C'est à cet instant que j'ai récupéré ton numéro, dans le but de finir ce que j'avais commencé un jour, avoue t-il.

— C'était toi !

— Bah bien sûr, c'est seulement maintenant que tu me reconnais  ? J'ai d'abord hésité moi aussi, mais cela fait bien longtemps que je ne doute plus de ton identité.

— Je me sens bête de ne pas t'avoir reconnu plutôt  ! Quel minable tu es, pour oser faire des choses pareilles à des gens que tu ne connais même pas...

— Ne te sens pas bête, le cercle noir a toujours eu un coup d'avance sur vous. Et je ne qualifierai pas ce comportement de minable. C'est juste un démon qui a voulu s'amuser ! Quoi de plus normal  ?

— T'es vraiment un pauvre garçon...
Je récupère mes affaires, et me tourne pour partir. Mais comme j'aurais dû m'en douter, Romain entre dans ma tête, et brouille ma vision. Je ne vois maintenant plus rien  :

— Tu ne vas aller nulle part Sophie  ! Écoute-moi bien : Je vais retirer cette illusion de ta tête, et tu vas venir t'assoir à côté moi.

Étant donné ses capacités psychiques, je l'écoute. Si je ne fais pas ce qu'il demande, Il n'aurait aucune difficulté à contrôler mon esprit d'une manière plus barbare que je ne pourrais l'imaginer.

— Bien ! dit-il voyant que je l'ai écouté, notre cours d'aujourd'hui va porter sur la quantité d'énergie nécessaire à créer une illusion. Explication : plus une personne se trouve à une distance éloignée de toi, plus l'énergie nécessaire pour créer une illusion est importante. Il faut donc que tu apprennes à gérer cette quantité d'énergie.

— Un conseil avant de commencer  ?

— Oui, tout à fait : si tu ne mets pas assez d'énergie, tu n'y arriveras pas. Dans le cas contraire, si tu en mets trop...

— Quoi  ? Que risque t-il de se passer  ?

— À ton niveau, tu es encore incapable de gérer autant de puissance. Il faut donc que tu fasses attention. Des incidents pourraient très vite survenir. Comme ce qui s'est passé la dernière fois, ou pire.

— C'est rassurant, surtout venant de ta part...

♦️♦️♦️

Accompagnée de Métis, je suis en chemin pour me rendre chez Juliette. Inutile de préciser que de trouver son adresse n'a pas été d'une grande difficulté. Il suffit de l'écouter lorsqu'elle raconte le nombre de villas qu'elle possède à travers le monde. Je commence à me demander si elle raconte sa vie pour se venter, ou faire de la publicité aux maisons immobilières...

En tant que grande sœur, je suis inquiète pour Métis. Le cercle noir a déjà tué Steven, je ne laisserai pas cela se reproduire. Il y a quelques années en arrière, je n'avais pas de pouvoir pour me défendre. Mais maintenant, tout a changé.

Juliette habite dans une maison que l'on pourrait qualifier de château. D'après ce que je sais, sa chambre se trouve à l'étage. Je voulais d'abord escalader la façade extérieure pour pouvoir l'espionner de dehors. Mais lorsque je vois ce qui se trouve devant moi, je comprends que cela est impossible. Le bâtiment principal est immense ! Les briques de couleur brune avec quelques reflets orange se fondent dans la végétation couvrant le terrain. Des arcs brisés d'un doré discret, décorent chaque fenêtre et porte et des colonnes d'ordre corinthiens sont positionnées de part et d'autre de l'entrée principale.

Ma petite sœur est juste derrière moi, elle attend mes recommandations pour passer à l'acte. Nous fouillons un peu partout devant la maison pour trouver les clefs. Métis finit finalement par les trouver sous une plante. Je me sens terriblement coupable de faire ça. Ce n'est pas digne d'un enfant du bien... Mais quand cela sera fini, j'irai demander pardon, c'est la moindre des choses ! Grâce à mes capacités de contrôle des émotions j'utilise mon énergie, pour détecter une présence. Si quelqu'un est dans cette maison, alors je pourrai ressentir ses émotions. Mais il n'y a personne ici. C'est une bonne chose ! Nous pourrons rentrer plus facilement. Mais pour moi qui étais supposée surveiller Juliette, la tâche s'annonce plus compliquée.

♦️♦️♦️

Jade vient de me donner l'autorisation d'entrer. J'ai de la chance de l'avoir comme grande sœur. Elle a toujours tout fait pour moi, j'ai plus confiance en elle qu'en quiconque.
Le stress commence à monter. À la différence de Jade, je n'ai aucun pouvoir pour me défendre. Si je tombais nez à nez avec Juliette ou un membre de sa famille, j'aurais intérêt à courir, et vite !

L'intérieur de chez elle est magnifique, semblable à un château royal. La porte de derrière donne directement sur un couloir éclairé par un lustre de grande ampleur.
Le salon est immense, bien plus que le nôtre. Ses parents sont de riches entrepreneurs tout le temps en déplacement. Mais pas le temps de s'émerveiller. Jade n'a ressenti aucune présence pour le moment, mais il se peut que cela ne dure pas.

Je file inspecter les lieux, pendant que Jade se plante devant la fenêtre principale. Nous ne sommes pas ici pour voler les dossiers. Mais seulement pour inspecter, et retenir les moindres détails.

Je me doute que les documents sont dans une bibliothèque. Reste à la trouver. Je commence par le rez-de-chaussée  : de beaux salons, une cuisine digne des plus grands chefs, des bureaux, et une piscine. Au premier étage, se trouvent des chambres, d'autres salles de bains. Et au second, une salle de cinéma. Pas de bibliothèque... Je suis pourtant certaine qu'il y en a une. J'en mettrai ma main à couper.

— Métis  ! Il y a quelqu'un ici, descend  !

Je dévale les escaliers en courant, rejoignant ma sœur  :

— Je croyais que tu ne ressentais rien  !

— Parle plus doucement... chuchote t-elle. Certaines émotions ont surgi comme ça. Ce n'est pas normal  ! Il faut se cacher. Nous n'avons pas le temps de sortir.

Nous courons en direction de la piscine intérieure, et nous nous glissons derrière le plongeoir.

— Qu'est ce qui s'est passé Jade  ?

— Je ne sais pas  ! J'aurais dû ressentir quelque chose avant  !

Je prends le temps de réfléchir malgré cette agitation  :

— Souviens toi Jade  ! Lors de notre première rencontre avec Hugo. Il nous avait parlé de «  pièce vide  ».

— Tu ne crois quand même pas qu'il y en a une ici  ?

— C'est la seule explication. Tous les pouvoirs sont bloqués dans cette pièce. Donc si quelqu'un s'y trouve, tu ne peux pas interagir avec lui.

— Dans tous les cas, on est piégé maintenant  ! La seule porte de sortie est celle de derrière. On ne la passera jamais. On ne peut plus sortir  !

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