CHAPITRE 6 part 1

Nous trouvons tous que notre vie n'est pas aussi passionnante que dans les films, que nous sommes tous banals et que notre destin est de travailler pour manger. Un vrai cercle vicieux... Mais lorsque tout change d'une seconde à l'autre, nous sommes perdus et regrettons nos anciennes vies. C'est bel et bien ce qui se passe aujourd'hui. J'aurais voulu que rien ne se passe comme ainsi...

Je n'ai pas cessé de tousser toute la nuit, la poussière m'irrite terriblement la gorge.
Je me lève du canapé, et me sers de mon téléphone comme lampe torche. Si j'avais allumé la lumière, j'aurais réveillé les autres. Et effectivement, je remarque que tous dorment encore.

Je porte un de leurs pyjamas, et je ne compte pas aller en cours comme ça. Je me change dans la pièce d'à côté, et regagne la porte menant aux escaliers. J'ouvre en suite le casier de l'intérieur et vérifie qu'il n'y a personne aux alentours.

Il n'est que six heures, et aucun personnel n'a l'air d'être encore dans l'école. Tout doucement je marche dans les couloirs à la recherche d'une porte de sortie. Lorsque j'aperçois l'entrée principale, je m'y glisse délicatement et prends soin de la refermer sans faire de bruit. Mason a dû oublier de la fermer en partant.

Je marche dans les jardins à la lueur du soleil du matin. Il fait frais, mais le soleil éclaire toute l'académie, ce qui me réchauffe un peu. J'aurais pu piquer la veste d'Hugo, mais je n'y ai pas pensé avant.

Comme à mon habitude, je m'allonge dans l'herbe encore fraîche, et regarde le ciel éclairé par les rayons du soleil levant. Le vent encore froid de la nuit fait voler mes cheveux au même rythme que les feuilles tourbillonnant dans la brume matinale. Mais ce n'est pourtant pas une sensation désagréable. J'entends un avion passer, et je ferme les yeux. C'est un son que j'adore. Je pourrais presque dire qu'il fait remonter des souvenirs à la surface, Mais ce n'est pas réellement le cas. Je ne me souviens vraiment de rien...

J'entends des pas s'approcher de moi. Je panique et me relève rapidement. Pendant quelques minutes, j'ai cru que c'était un surveillant qui m'avait trouvée. Mais en réalité, ce n'est que Jade qui vient de se réveiller. Elle s'approche sans rien dire, serrant sa couverture contre elle. Tout comme moi, elle s'allonge dans l'herbe et attend que je parle la première :

— Tu ne dors plus déjà ?

— Non, lorsque je me suis rendu compte que tu n'étais plus là, j'ai paniqué et j'ai commencé à te chercher. Je ne savais pas où te trouver. J'ai imaginé le pire pendant quelques minutes...

— Que je sois partie  ? C'est donc ça qui pourrait arriver de pire  ?

— Ce n'est pas une vie de solitaire que nous devons de mener. Nous sommes au service d'une noble cause, qui passe avant tout le reste.
Qui passe avant tout le reste... Tu parles... Je change de sujet, impatiente d'en savoir plus sur les révélations d'hier soir  :

— Mason m'a demandé de te faire passer un message : Celui de me rendre mes émotions...

Je sens qu'elle devient mal à l'aise  :

— Je suis désolée Sophie, je pensais que c'était la meilleure chose à faire pour toi.  J'avais peur que tu ne te remettes pas de sa mort, avoue t-elle.

— Je comprends Jade, mais j'aurais préféré que tu me le dises. Ça m'aurait évité de me poser autant de questions, comme pourquoi je ne ressentais plus rien. Tu ne peux pas savoir à quel point cela était frustrant pour moi de me rendre compte que sa mort m'était égal. Et c'est encore le cas...

— Il faut que je t'avoue que... je ne les ai plus... dit-elle confuse.

— Vraiment...  ?

— Lorsque je contrôle des émotions, il y a quatre choses que je peux faire  : en créer de nouvelles, les lire, les faire oublier, ou les «  jeter  »... Dans le cas des tiennes, je voulais simplement que cela dure quelque temps. Mais j'ai eu peur que Shana l'apprenne et qu'elle les utilisent contre toi. Je suis désolée Sophie...

— Ce n'est pas grave... Je comprends. Puis c'est peut-être mieux comme ça.

— Et une dernière chose Sophie, surtout n'en parle pas au cercle noir. Parce que Shana est mon opposé, elle a donc les mêmes capacités que moi. Ce qui signifie, que si elle l'apprenait, elle en profiterait. Alors elle ne pourra pas te les rendre, certes. Mais elle trouvera mieux à faire.

— Il va y avoir un problème alors...

— Qu'est-ce qu'il y a  ? s'inquiète t-elle.

— Romain est au courant. Je ne sais pas comment il a su, je ne lui ai rien dit pourtant. C'est même lui qui m'a affirmée qu'il fallait que j'arrête de me poser autant de questions, et que je devrais pourtant savoir que c'est toi qui a le pouvoir de contrôler les émotions.

— Comment c'est possible! Je n'en ai même pas parlé à Hugo ou même à Métis.

— C'est bien toi qui m'a dit que l'un des pouvoirs du cercle était de contrôler les pensées  ?

— Oui, mais les élus des deux côtés n'ont pas encore trouvé leur membre capable d'une telle chose.

— Quelle était la capacité de Mason  ?

— Non...Ça peut être possible...C'était contrôler les pensées  ! Mais on sait pourtant qu'il est impossible qu'il les ait gardées.

— Oui, il les a peut-être perdues, mais s'il disposait d'un autre gène?

— Sophie, c'est impossible ! Chaque élu dispose d'un gène. Il n'y a aucune possibilité pour qu'il en possède un second.

— À part si sa mère comme son père en avait un...

— Tu ne penses quand même pas que les parents, les deux, auraient transmis de manière héréditaire chacun un gène, réfléchit-elle.

— Je ne vois pas d'autres solutions.

— Puis même ! Imaginons que cela soit possible, que Mason fasse encore partie du cercle, pour une seconde fois. Pourquoi irait-il le dire à Romain  ?

— J'en sais rien Jade ! C'était juste une hypothèse. Mais il va falloir régler cette histoire au plus vite.

— J'ai peut-être une idée...Fais le contraire de ce que t'as dit Mason : Tu te rapproches de Romain, et tu lui soutires des informations.

— Comment veux tu que je lui soutire des informations !? Je ne peux pas le prendre par les sentiments, il ne ressent rien!

— C'est vrai, mais tu es une jolie fille... il est forcément attiré par toi. Use de ton charme contre lui. Il n'y a que ça qui puisse fonctionner.

— Et après  ? Imaginons que j'y parvienne. Que faut-il que je fasse exactement, que faut-il que je lui demande ?

— Rien de direct, fais juste en sorte qu'il te dise comment il a été mis au courant.

— Et si nous nous trompons ? Peut-être que Romain émettait seulement une hypothèse.

— C'est peu probable. Je ne crois pas vraiment aux coïncidences. 

— D'accord, je vais essayer...
Elle se lève, mais je la rattrape aussitôt  :

— Dis moi Jade, pourquoi les divinités portent-elles des noms d'étoiles  ?

— Ce ne sont pas les divinités qui portent le
nom d'étoiles, mais l'inverse. Chaque dieu du ciel comme on les nomme aussi a en sa possession une étoile ou planète. C'est ce qui fait de lui une divinité astrale.

— C'est étrange... Quelle est ta divinité  ?

— C'est Arctarus.

— Et la mienne  ?

— Si tu partages le même pouvoir que Romain, ton étoile est Alphard il me semble. C'est une étoile qui se trouve dans la...

— La constellation de l'hydre. Qui vient de l'arabe et qui signifie «  l'unique  »...

— Waouh  ! Tu es bien renseignée. C'est
marrant que cette étoile te soit désignée. Cela a peut-être une signification  ?

— Certainement...

«  L'unique  »? Vraiment...

— Nous pouvons donc dire que nous descendons directement d'une étoile...

— Oui  ! Je te l'accorde, c'est assez impressionnant comme descendance... sourit-elle.

— Une dernière chose Jade.

— Oui  ?

— Je suis désolée pour l'autre jour. J'étais énervée et je ne contrôlais plus mes mots.

— Énervée  ?

— Être dans le cercle ne me rend pas si heureuse que ça à vrai dire...

— Ah... Je comprends, c'est vrai que c'est étrange au début. On se dit qu'on n'aura plus jamais la même vie qu'avant, on se sent contrôlé par une force dont on ignorait l'existence...

— C'est ça...

— Mais ne t'inquiète pas, bientôt tout te semblera normal. Dis-toi que c'est comme si tu étais née, pour appartenir au cercle. Tes ancêtres l'ont fait avant toi, et tes enfants ou petits enfants le feront peut-être ! Ce n'est pas quelque chose que l'on peut souhaiter à quelqu'un bien entendu. Mais qui ne rêve pas secrètement d'appartenir à ce genre d'organisation et d'avoir des pouvoirs aussi extraordinaires que les nôtres  ?

— C'est vrai que vu sous cet angle...
Nous n'avons pas les mêmes rêves c'est certain ! Tout le monde souhaite pouvoir être sous les feux des projecteurs un jour, mais il y a ceux à qui cela plaît, et les autres comme moi qui se rétractent. Avoir l'attention sur soi est bien plus effrayant que ce que l'on pense...

— Mais sache Sophie que je ne t'en veux vraiment pas. C'est moi qui prends les choses mal trop vite. Et mon frère est un sujet délicat...

— C'est le cercle noir qui l'a tué  ?

— Oui, c'était en deux mille sept, Steven avait douze ans à cette époque. J'en avais sept et Métis cinq. Mes parents n'étaient pas là, ils s'étaient absentés durant la soirée pour leur anniversaire de mariage. C'est Annie, la voisine qui nous gardait tous les trois pendant ce temps. J'étais dans ma chambre lorsque j'ai entendu crier. Il y avait des voix que je ne connaissais pas. J'ai couru jusqu'à la chambre de Métis et je l'ai prise avec moi. Quand j'ai voulu rejoindre Steven dans la chambre d'à côté, des inconnus venaient d'y entrer et je n'ai pas osé les suivre. J'ai sauté me cacher dans l'armoire avec Métis, et je priais pour qu'ils ne nous trouvent pas, ou encore pour que Métis ne pleure pas. Si à son jeune âge elle n'avait pas été aussi intelligente, et qu'elle n'était pas restée calmement sans bouger, je doute que nous soyons toujours en vie aujourd'hui...

— Mais pourquoi ton frère...  ? C'était par hasard qu'ils s'en sont pris à lui, ou y avait-il une bonne raison  ?

— Je n'en n'ai aucune idée. J'ai souvent pensé qu'ils avaient pu croire que Steven était le porteur du gène de la famille, et qu'ils voulaient l'empêcher de se retrouver dans le cercle. Mais c'est moi qui était porteuse... Depuis ce jour je fais partie du cercle.

— Tu n'étais pas trop jeune  ?

— Si, mais c'est de famille. Six ans c'est l'âge en moyenne où le gène s'active. Bien sûr que je n'ai pas fait directement partie du cercle. Mais j'avais comme une place «  réservée  » pour le prochain cercle.

— Ton histoire est assez troublante quand même... C'est comme si tous les porteurs de gène étaient mis en attente sauf ta famille...

— Exactement. De ce fait, ma famille a beaucoup plus de chance de se retrouver dans le cercle. C'est une sorte de tradition maintenant, on organise même une cérémonie. C'est devenu normal pour nous tous.

— Vraiment...

La famille de Jade a vraiment quelque chose de spécial je pense... Déjà que toute cette histoire est assez impressionnante  ! En entendant celle de sa famille, je me sens presque normale  !
Après ces mots, nous décidons d'aller réveiller Hugo et Métis, et de rentrer à l'internat. C'est à cette heure là, que les surveillants de nuit sont relevés par ceux du jour. Tout un système...

Une fois chacun dans nos chambres, nous nous recouchons durant un court instant, avant de nous lever seulement quelques minutes plus tard. Étant donné, que les cycles un et deux commencent plus tard aujourd'hui, nous décidons d'aller déjeuner et de nous rendre à la bibliothèque pour discuter des dernière nouveautés.

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