CHAPITRE 3 part 2
Bientôt vingt minutes et Kelsey n'est pas revenue, elle a dû se perdre... Ce qui ne m'étonnerai guère étant donné son excellent sens de l'orientation.
Hugo, parti lui aussi il y a peu, arrive en courant vers nous, se jetant sur la table. Son teint blafard me saute aux yeux :
— Jade ! Il est arrivé quelque chose ! Je l'ai vu !
Qu'a t-il vu ? Il était assis une rangée à côté de la notre !
— Qui était-ce !? demande Jade affolée.
— Kelsey...
Jade tourne la tête vers moi paniquée. Sans prendre le temps de m'expliquer, elle se lève, m'attrape la main et suit Hugo. Nous nous rendons dans le couloir au rez-de-chaussée, près de son casier. Mais le numéro 46 est ouvert, et personne n'est devant. Pourquoi aurait-elle laissé son compartiment ouvert ?
— Concentre-toi Hugo, allez ! crie Jade.
Il ferme les yeux, et prend une grande inspiration. Une énergie invisible, mais quelque peu détectable se forme autour de lui :
— Dehors, ils sont sortis !
Ils bondissent hors de l'établissement, prenant garde de ne pas être vus par les vidéos de surveillance. Une fois le portail à l'arrière traversé, Hugo ouvre la course, en direction du centre commerciale près du parc.
Du parking où nous sommes, j'aperçois quatre personnes au loin. Leur visage n'est pas facile à distinguer à cette distance. Mais je pense qu'il s'agit de Kelsey à gauche. Je crie pour l'interpeller :
— Qu'est ce que tu fiches ici Kelsey ?!
Elle se retourne dans ma direction mais n'a pas le temps d'avancer, qu'une force étrangère, et invisible la soulève du sol. Son corps entier atterrit contre le mur en pierre. Je comprends au mouvement de sa tête que quelque chose de grave vient d'arriver.J'accours vers elle :
— Kelsey !
Son corps inerte, sans vie et baignant dans une flaque de sang, me laisse d'abord sans voix. Mais l'horreur de la scène devant laquelle je me trouve me ramène à la réalité... Je crie d'effroi et ne cesse de pleurer en répétant son nom :
— Kelsey ! Je t'en supplie, réveille toi...
Mais c'est trop tard... Mon regard se porte sur ses trois agresseurs, eux même troublés :
— Romain... ?
Il est là, devant moi, entouré de Shana et Juliette, à me regarder sans décroché un mot, tel un lâche...
— Je... suis désolé... dit il confus.
— Tu n'as pas à l'être Romain. Tu verras que j'ai raison ! répond fièrement Juliette.
— Tu vas payer sale garce...
Je me lève, prête à l'étriper de toutes mes forces. Je sens une haine m'envahir, je ne peux pas la contrôler ! Je n'ai qu'une seule envie, un seul et unique mot hante mes pensées : vengeance...
— C'est bien, vas-y Sophie ! Libère cette haine que tu gardes en toi depuis tout ce temps ! Pense à tes parents, ils sont morts, ça te fait quoi hein ?!
Cette force au fond de moi grossit et je sens qu'elle veut sortir. Il faut que je la libère ! Elle payera pour ce qu'elle a fait ! Et Romain avec !
— Ses yeux Jade, regarde ! Elle en fait partie, arrête la ! cri Hugo paralysé devant moi.
♦️♦️♦️
Hugo a raison ! C'est pour cela que Juliette a agi ainsi ! Elle veut faire réagir Sophie à la mort de sa meilleure amie. Quelle horreur ! J'ai du mal à contenir mes émotions devant une telle boucherie. Mais si je ne fais rien pour Sophie, ce sera terrible... Je ne peux pas la laisser rejoindre le cercle noir. Je dois l'en empêcher ! Il faut que je lui parle sans intervenir. Cela doit rester son choix, sa propre décision :
— Sophie, écoute moi ! Tu dois lutter contre ça ! Je sais que c'est dur, mais tu peux y arriver. On est tous passé par là...
— N'écoute pas Jade ! Sophie, viens avec nous, tu pourras te venger de chaque personne t'ayant fait du mal. Prendre ta revanche ! Ce n'est pas ce que tu as toujours voulu faire ? la retient Shana.
— Écoute ma voix Sophie : la vengeance ne résoudra rien ! Tu portes le bien et la justice dans ton cœur, et la mort de tes parents t'a rendue plus forte ! Essaye de te calmer et tout s'arrangera, fais moi confiance... Respire !
Elle prend une grande inspiration en fermant ses yeux. La lumière bleuté jaillissant de ces derniers s'estompe et son regard se vide de toute cette haine. Elle tombe au sol et ne se relève pas.
♦️♦️♦️
Je me sens lourde... Et pas seulement, quelque chose a changé en moi. Je ne suis pas sûre de ce que c'est, mais je suis apaisée. Je me souviens de ce qui s'est passé la veille, Kelsey... Elle est morte... Et je n'ai rien pu faire. Mais je... je ne ressens plus de peine. Comment puis-je me sentir si indifférente face à la perte de celle que je considérais comme une soeur ? Pourquoi tout semble si... transformé ?
Kelsey...
♦️♦️♦️
La première phase du plan de Juliette est terminée. Sophie nous en voudra, mais c'était une étape obligatoire pour atteindre notre but.
Il ne nous reste plus qu'à attendre dorénavant. D'ici quelques minutes elle se réveillera, et un combat contre elle même va commencer. Nous ne pourrons pas agir, c'est la règle. Jusqu'à ce que la marque apparaisse, elle est libre de rejoindre un des deux camps. Nous sommes obligés de lui laisser son libre arbitre. Certes les règles ne sont pas notre fort, mais celle-ci est essentielle. Si elle passait de notre coté, et qu'elle commençait à regretter son choix, nous perdrions la bataille. Ce qui est inimaginable !
— Romain ! Viens ici ! m'appelle Juliette.
— Qu'est ce qui t'arrive ?
— Sophie est-elle éveillée ?
— Je ne sais pas, que veux-tu ? Que j'entre dans sa chambre et lui parle comme si de rien était ?
— Absolument, rapproche toi d'elle. Je veux connaître son choix avant que la marque n'apparaisse.
— Tu sais que c'est pas possible Juliette ! Et son libre arbitre ? Si on enfreint la règle... tu sais ce qui va se passer.
— Tu n'enfreindras rien du tout pauvre idiot ! Il faut qu'on sache si elle sera de notre côté ou du leur. Si on le découvre à temps, on pourra faire le nécessaire avant qu'il ne soit trop tard, m'explique t-elle.
— Tu veux la tuer si elle n'est pas avec nous, c'est ça ?
— Tout à fait ! Il vaut mieux que cela soit ainsi. J'ai déjà mal au cœur de lui laisser l'opportunité de nous rejoindre, mais l'idée de la laisser regagner l'autre côté me rend malade. Alors fais de ton mieux mon chéri.
Juliette repart le sourire aux lèvres, glissant sa main dans ses splendides cheveux d'un roux flamboyant. Jade arrivant tout juste, la saisi par le bras et la contraint à faire demi-tour. Elle m'envoie un signe de la tête et s'écarte, loin des regards indiscrets. Je la rejoins et attrape Juliette près de moi :
— Vous êtes allés beaucoup trop loin !
Je rigole en entendant ses mots, et prends la parole :
— On a rien fait encore !
— J'ai juste forcé le destin, Jade ! répond Juliette, tout en tortillant une de ses mèche autour de son doigt.
— Comment l'avez-vous su ? Qu'elle portait le gène ? s'énerve Hugo venant tout juste arrivé.
Il remonte ses manches et place ses mains nerveusement sur ses hanches pour se détendre.
Je jette un coup d'oeil à ma partenaire m'assurant qu'elle est du même avis que moi. Elle hoche la tête. Je commence donc à révéler ce que nous savons:
— La légende, c'était écrit. Il fallait faire plus attention ! Le mal a toujours eu une longueur d'avance sur le bien. Que voulez-vous qu'on vous dise !
— Elle nous rejoindra de toute façon, et on sera au complet avant vous. Et nous ne vous attendrons pas ! Maintenant, finies les confidences, soyez heureux, on vous en a déjà trop dit, ajoute Juliette.
— Autre chose, elle ne doit rien savoir avant d'avoir sa tâche. Débrouille toi Romain, pour forcer l'infirmière à la garder au moins deux jours. Ce devrait être dans tes capacités non ? demande Jade essayant de me provoquer.
Mon air sûr de moi se transforme en agacement. Je m'avance vers elle pour lui faire ravaler ses paroles, mais Juliette m'en empêche. Elle se tourne vers ces deux minables :
— Ne nous sous-estimez pas trop, vous feriez une grave erreur.
Cette dernière me tire par le bras, et m'entraîne hors de là :
— Une chance pour eux qu'on ait accepté de leur parler. C'est la première et la dernière chose qu'ils sauront. Ceci dit, Jade a raison : si elle sort de là, elle découvrira la version de l'accident que nous avons donnée à la police. Elle mettra cela sur notre dos. Autant qu'elle en sache le moins pour le moment. Va la voir, et ne fait aucune allusion à ça... m'ordonne t-elle.
♦️♦️♦️
Je devais sortir il y a une heure, mais Johanne, l'infirmière a retiré son approbation. Elle m'a même enfermée pour être certaine que je ne sortirai pas. Complètement folle celle-là...
Je suis assise sur le canapé de l'infirmerie près de mon lit depuis plusieurs heures, à observer le ciel par la fenêtre.
J'entends un bruit extérieur et vois la poignée s'abaisser. La porte s'ouvre lentement jusqu'à ce que le visage de Romain se dévoile. Ses chaussures de cuir grincent sur le carrelage, et sa respiration s'accélère anormalement. Il se place devant moi, baissant légèrement la tête et ne bouge pas :
— Je sais que tu m'en veux...
Je me lève, et reste en face de lui un court instant. Ma main se lève et atterrit comme une bombe sur sa joue :
— Oui tu m'en veux effectivement...
Je lui réponds froidement :
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Tu ne ressens rien ? Pas de tristesse ?
— Absolument pas.
♦️♦️♦️
Je ne peux pas le croire ! Elle ne ressent rien ! Sa meilleure amie est morte et ça lui est égal. Mais c'est génial ! Elle va finir de notre côté, j'en suis persuadé !
Un sentiment d'excitation m'envahit, je me dirige précipitamment vers la porte et me retourne une dernière fois :
— Tu as fais le bon choix, crois moi !
Je disparais dans la foulé sans lui laisser le temps d'ajouter un mot.
Bondissant dans l'internat, je cours toquer à la porte de Juliette. À la tête que je fais, elle devine que la nouvelle est bonne :
— Elle est avec nous ? demande t-elle pleine d'espoir.
— Oui, j'en suis sûr !
Elle s'agrippe à moi et m'embrasse, heureuse de ce qu'elle vient d'entendre.
***
Malheureusement, les prochaines semaines n'ont pas été aussi joyeuses que nous l'avions espéré. Nous sommes le cinq octobre et Sophie est sortie de sa « prison » depuis une semaine. Aucune marque n'est apparue, on s'est trompé. Kelsey est morte pour rien. Mais bon, peu importe. Une vie sacrifiée pour la bonne cause, et parmi tant d'autres ! Plus le temps passe, et plus la mauvaise personne que je suis prend le dessus. Depuis le jour que j'attendais ça ! Enfin... Mon opposé va bientôt être trouvé, et le cercle noir complété...
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