— Quelle heure est-il  ?

— 8h

J'insiste  :

— 8h pile, ou plus de 8h  ?

— 8h03

— Il faut vraiment que tu te dépêches  !

— A quelle heure se lève le soleil  ?

— 8h18  !

— Ne t'inquiète pas, nous sommes arrivés.

La voiture dérape, et nous arrivons devant le parc. J'oublie ma blessure, et cours de toutes mes forces rejoindre le cercle sur la place centrale.

♦️♦️♦️

Nous sommes en position depuis plus de quarante minutes  ! Mais que font-ils  ? Ils étaient derrière nous  ! Je ne m'inquiète pas pour Sophie, elle connait le passage que nous avons emprunté. Nous sommes d'ailleurs les seuls à le connaître. C'est celui que nous avions pris la nuit où le conseil a été ouvert. Il y avait aussi Métis qui le connaissait, mais...

— Vous ne pensez pas que l'un de nous devrait y aller  ?

— C'est totalement idiot ce que tu dis Lily, s'énerve Kevin. S'ils arrivent au moment où tu pars, on fait quoi  !?

Elle se tait.

— Regardez  ! Je les vois  ! déclare Tom.

— On est sauvé... répond Jade soulagée.

♦️♦️♦️

J'arrive devant les autres et observe le cercle qu'ils forment  :

Hugo à côté de Shana et en face de Kevin. Enzo entre Lily et Jade et en face de Tom. Et Sophie... Et Sophie qui n'est pas là  !

— Où est Sophie  ? me demande Lily, elle aussi étonnée de ne pas la voir.

— Elle devrait être avec vous  ! Je lui ai dit de vous rejoindre il y a déjà trente minutes  !

— Ce n'est pas possible, tu vois bien qu'elle n'est pas là  ! panique Shana.

Hélios s'approche de moi, et pose sa main sur mon épaule. Je remarque son doigt amputé, et ris dans ma tête  :

— Je vais y aller Romain, je vous la ramène.

Se jetant dans la voiture la tête la première, il démarre et s'éclipse à une vitesse exorbitante. Espérons qu'il dit vrai et qu'il reviendra avec elle...

Je ne sais pas si je dois avoir confiance en lui, beaucoup de questions restent sans réponses concernant ma famille. Mais je n'ai guère d'autre choix. Sophie est... est celle que j'aime... Celle qui compte le plus pour moi. Et même si c'est dur de me l'entendre dire, je ne peux pas imaginer ma vie sans elle... Alors Sophie, s'il te plaît, reviens saine et sauve...

♦️♦️♦️

— Si je te tue, penses-tu que Romain me tuera à son tour  ? s'interroge Mme Haren avec humour.

— Vous ne pouvez pas faire ça  ! La cérémonie doit avoir lieu  ! C'est essentiel, vous ignorez ce qui se passera sinon  !

— Ce n'est pas mon problème Sophie  !

Les autres doivent déjà être en place, ils n'ont pas vu que j'ai été arrêtée. Qu'est ce que je vais faire  !

— Je vous en supplie, laissez moi y aller, et vous me tuerez après  !

— Voilà une fille dévouée pour une cause qui lui tient à cœur. Ça me plait  ! Mais tu n'as rien à dire. Tu es attachée, alors tu te tais. C'est aussi simple non  ? Je te propose un marché Sophie...

Qu'est ce que j'en ai marre de leur marché...

— Tu fais ce que je te dis, et tu restes en vie  !

Je me moque d'elle  :

— Vous êtes douée pour les rimes vous...

Elle me gifle, et ricane bêtement  :

— Je ne t'ai pas autorisée à parler. Je disais donc, si tu m'obéis, toi et tes amis serez sains et saufs.

— Vous ne comprenez pas, si je n'assiste pas à la cérémonie tout le monde mourra  !

— Je sais que tu essayes de me mettre la pression. Mais cela ne marche pas avec moi.

Comment peut-elle ignorer ce fait  ! Elle prétend tout savoir, et se contre fiche de la fin du monde  ! Comment peut-elle être aussi... conne  !

Et dire que c'était elle depuis tout ce temps... Mason nous avait prévenus, et nous étions tellement préoccupés par autre chose que nous en avons oublié ce qui était le plus important... Depuis le début nous faisions absolument tout de travers  ! Espérons qu'un miracle se produise pour tous nous sauver...

Je ne suis qu'à cinq minutes du lieu de rendez-vous, si j'arrive à me décrocher de cet arbre, je pourrais y arriver à temps.

Le bruit d'un moteur puissant se rapproche de nous. Et j'aperçois les phares au loin. La voiture ne ralentit pas et quitte la route pour rentrer dans le parc, démolissant à son passage les poubelles.

Des hommes tirent sur la voiture, mais se font écraser aussi vite. C'est quelqu'un qui est là pour moi  ! Je fais glisser mes mains et desserre mes liens. Lorsque j'y parviens enfin, j'accours vers la voiture. Mme Haren tente de m'empêcher, mais je la frappe au ventre avec un coup de pied. J'arrive devant la voiture et ouvre la portière, m'installant rapidement, sans même regarder mon sauveteur. Nous reprenons la direction de la place centrale, de l'autre côté du parc.   

— Sophie  ! crie Romain au loin.

Je les vois réunis tous les dix. Formant le cercle selon les opposés. Il manque quelqu'un en face de Romain.

J'accours vers lui. Mon genou préfèrerait en décider autrement, mais je prends sur moi.

Juliette et Kevin me tendent leur main pour que je prenne place entre eux.
Le ciel change de couleur alors que la lumière du jour envahit le ciel.

— Sophie  !

Le vent fait rage et me dévie de ma trajectoire, mais j'y parviens enfin. J'attrape les mains de mes voisins et occupe la place qui me revient.

— C'est trop tard  ! crie Mandy à peine arrivée. Partez vite  !

— Quoi  !

— Si l'un de vous meurt lors de la cérémonie, le cercle sera détruit  ! Courrez  !

La panique nous gagne, et chacun ne sait que faire. Nous nous regardons tous sans rien faire.

Des masses blanches s'échappent du ciel et errent autour de nous. L'une d'elle s'approche  :

— Tant de morts causées par ta faute Romain... Tu as tué Métis, tu m'as tué  !

Le visage de Mason se dévoile, sous ce voile blanchâtre et fantomatique.

— C'est à toi de mourir pour réparer tes erreurs Romain  !

L'esprit de Mason prend peu à peu forme et devient matériel. Nous restons tous sans voix. Comment peut-il faire ça  ! Il est aussi réel que nous  !

Il s'accroupit et ramasse un revolver, le pointant sur chacun de nous, un par un. L'affolement s'installe et nous restons immobiles, attendant la suite avec frayeur. Sa main s'arrête. L'arme semble pointer vers Romain.

Comprenant ce que cela signifie, je tente d'attraper Romain près de moi. Mais il est trop tard.

Une première balle transperce son corps, suivie d'une deuxième, le touchant au torse. Son regard croise le mien et ses genoux s'affaissent sous son poids. Il tombe au sol et sa tête s'écrase dans l'herbe  :

— Romain  ! crie Juliette en se dirigeant vers Romain.