CHAPITRE 15 part 2

— Qu'y a t-il Romain ? demande inquiète Sophie.

♦️♦️♦️

Romain n'est plus du tout concentré... Quelque chose semble de plus en plus l'énerver, et il ne parvient pas à se contrôler :

— Romain... Calme toi...

Mes paroles n'y font rien. La colère prend le dessus, et il se lève d'un bond ouvrant la porte :

— Non... !

Tant d'effort pour rien !

Il entre bien décidé, et s'approche d'un des gars, se trouvant nez à nez avec lui :

— Romain... dit l'homme fièrement.

— Hélios... lui répond Romain avec dégoût.

— Qu'est ce que t'as grandi dit donc ! ricane t-il bêtement.

Nos regards se croisent :

— Et tu dois être Sophie ? La belle amoureuse de la bête...

Je regarde Romain, en lui faisant signe. Il comprend aussitôt et je m'extirpe discrètement de la scène.

Il y avait quatre hommes, mais aucun d'eux ne m'a vue partir. Ils avaient l'air bien plus intéressé par Romain. Je ne vais pas m'en plaindre après tout.

Je passe dans les cuisines, recherchant les huit manquant. J'aimerais faire vite, parce que j'ignore combien de temps Romain les distraira.

La cuisine est immense ! Ce qui est étonnent vu le nombre d'élèves que nous sommes. Je n'envisage pas vraiment la possibilité qu'ils soient ici, mais la porte des cuisines était la plus proche. De plus, l'alarme s'est éteinte il y a peu, les élèves vont bientôt retourner dans leur chambre, et il n'y aura plus personne pour nous couvrir à notre sortie.

Je chuchote leurs noms :

— Jade... ? Hugo... ?

— Bonjour toi ! déclare une voix perverse dans mon dos.

Je m'immobilise et attend qu'il avance davantage avant de me retourner. Je me focalise sur le bruit de ses pas jusqu'à ce que ceux-ci se situent à moins d'un mètre de moi. Je me retourne rapidement, levant ma jambe assez haut pour qu'elle atteigne sa tête. Il tombe sur ses genoux, avant de se relever aussi rapidement.

— Ça ne suffira pas...

Il fourre sa main dans poche, et en sort un révolver. Le même que celui d'Enzo. Voleur...

Mon regard se fige sur cette arme. Je me retrouve impuissante face à lui.

— Ah ! Tu sais que tu ne peux plus rien faire ! Même tes pouvoirs ne me font rien !

Il marche lentement vers moi. Et je me recule peu à peu.

— N'essaye même pas de courir petite sotte. Tout ce que tu gagnerais serait une balle dans la tête. En plus de celle que tu as dans le bras !

Il faut que j'arrive à avertir Romain...

Si j'arrive à créer une illusion assez rapide dans sa tête, pour lui transmettre un message, j'arriverai sûrement à le prévenir.

L'homme face à moi continue de parler, mais j'ignore ses mots, regardant un point fixe en face de moi. Certes, fermer les yeux est plus propice à la concentration, mais il comprendrait ce que je prépare.

Même si Romain est éloigné de plusieurs mètres de moi – ce qui ne facilite pas la tâche – je sais que nos énergies sont maintenant suffisamment puissantes pour se retrouver l'une l'autre.

Je finis par y arriver en quelques secondes. Mais je n'ai pas le moyen de savoir si cela a marché. Je n'aurais pas pu rester plus longtemps dans sa tête. Je l'aurais déconcentré s'il était en train de se battre. Or jamais je ne me permettrai de le mettre en danger. Il ne me reste plus qu'a attendre.

— Alors... Sophie ? C'est bien ça ?

Je lui fait un geste de la tête.

— Bien Sophie. Alors, dis-moi quelque chose : d'après toi, combien de temps
te reste t-il à vivre ?

— Ma vie et celle du cercle sont précieuse pour Mme Haren.

— Oui, tout à fait. Mais je ne suis pas Mme Haren...
j'essaye de gagner du temps :

— À quoi bon me tuer ?

— Pourquoi te laisser en vie ? La descendance des divinités astrales... Les
autres divinités n'ont pas eu l'honneur de pouvoir transmettre leur don. Alors pourquoi vous auriez cette chance ? La chance d'être les dix dans ce monde à posséder de telles capacités ?

— Nous ne l'avons pas choisi. Pensez-vous qu'on ait eu le choix ?

— Oh, pauvre fille ! C'est vrai que tu es à plaindre ! Sais-tu combien de personnes rêveraient d'être à ta place ?

— Je leur laisserai ma place avec plaisir...

— C'est gentil pour elles... Et c'est justement ce que je m'apprêtais à faire.
Il se place face à moi, et appuie le révolver sur mon front.

— Ferme les yeux si tu veux, c'est apparemment moins douloureux ! plaisante t-il.

Et pourtant je l'écoute. Mes paupières s'abaissent lentement, et j'attends qu'il pose son doigt sur la gâchette.

Il ne tarde pas à le faire, puisque le bruit résonne dans mes oreilles.

Suis-je... morte ?

J'ouvre les yeux et me retrouve face à Romain, lui aussi une arme dans la main.
J'observe le corps de l'homme par terre. Et mes muscles se décrispent.

— Sophie... dit-il soulagé lui aussi.

Il accourt vers moi, et me serre dans ses bras. Un champ électrique traverse
tout mon corps, avant de disparaître au moment où nous nous séparons.

— As-tu trouvé les autres ?

— Non... Il ne m'en a pas laissé le temps. Et qu'en est-il des quatre hommes ?

— Je m'en suis occupé, ne t'inquiète pas.

♦️♦️♦️

Le froid me rend moins forte et je n'arrive plus à me concentrer sur Hugo. Ce dernier est anéanti par la mort de Métis. Tout comme moi, mais à la différence qu'il serait capable de se tuer sous le coup de l'émotion.

— On va mourir, vous pensez ? demande Lily en grelotant.

— Si ces deux imbéciles ne se dépêchent pas, c'est ce qui risque d'arriver,
répond agacée Shana.

— Romain est un imbécile, mais l'unique personne qui a le droit de le dire, c'est moi. Alors contente toi de crever en silence, s'énerve Juliette.

— Stoppe ! Commencez pas ! C'est pas de vos disputes dont nous avons besoin, les arrête Enzo.

— Et si vous nous parliez du cercle ? Cela nous permettrait d'en savoir un peu plus avant de tous mourir... demande Tom.

— Ta gueule Tom ! poursuit Kevin.

Tom le regarde surpris :

— Je suis désolé... J'ai l'impression de ne pas contrôler ce que je dis... finit-il par dévoiler.

— Tu es dans le cercle noir alors finit la gentillesse maintenant. Nous ne sommes pas là pour prendre du temps à réfléchir pour essayer de faire les choses bien. Nous on se charge de les faire, peu importe les morts ou les blessés ! Tant que notre devoir est accompli, explique Shana.

— Au moins vous avez le sens du devoir, on peut vous féliciter sur ce point... rétorque Lily.

— Commence pas à me prendre la tête Lily! la menace Juliette.

— Chut ! les interrompt Tom.

— Tom, ne t'en mêle pas ! l'avertit Shana.

— Non mais taisez-vous ! Il y a quelqu'un !

Le silence se fait net, et nous entendons effectivement des débris de voix.

Nous commençons à crier, et à taper sur les murs de toutes nos forces.

♦️♦️♦️

— Tu entends ? me demande Romain.

Je me tais, et écoute attentivement.

— Les sons viennent de là ! déclare t-il, pointant une porte du doigt.

Il s'en approche, et la déverrouille. Je l'aide à l'ouvrir.

Nous y découvrons nos huit amis, pas très heureux de nous voir :

— Il était temps ! déclare Shana.

— Qu'est-ce que vous faisiez tous les deux ? demande Juliette, suspectant quelque chose.

— T'es ma mère ? s'énerve Romain.

Aussi inattendu que cela puisse être, Hugo s'avance et frappe violemment
Romain au visage :

— Ça, c'est pour la mort de Métis, connard.

Romain relève la tête et baisse les yeux, le regard désolé. Je le remarque aussitôt, et lui prend la main. Jade remarque que nos yeux changent de couleur et sourit malgré la situation. Ce ne doit pas être facile pour elle de me voir avec l'assassin de sa sœur. Moi aussi je lui en veux beaucoup, mais je sais qu'il le regrette. Et ce n'est pas le moment de lui faire la morale. Nous parlons de cette histoire demain.

— En voilà une qui n'a pas perdu de temps... murmure Juliette.

— Bon, on y va ! ordonne Kevin.

— On a déclenché l'alarme incendie pour que les élèves soient rassemblés
dehors, et qu'on puisse se faufiler entre eux pour sortir et ne pas être vus.

— Il ne nous reste pas beaucoup de temps alors, conclut Lily.

— Je connais un raccourci, il nous permettra de ne pas trop trainer dans les couloirs principaux, assure Hugo. Nous passerons d'abord récupéré le corps de Métis, ajoute t-il fixant Romain d'un regard noir.

Il ouvre la marche et tous le suivent de près. Mais Romain ne semble pas vouloir bouger, je tente de le réveiller :

— Romain... Il faut y aller !

— J'ai tué Métis...

— Romain ! Ce n'est pas le moment d'accord ! Tu pourras t'en vouloir autant
que tu veux plus tard, mais on doit assurer la cérémonie !

— Pourquoi je me sens coupable Sophie ? Je ne devrais rien ressentir.

— Mais non ! Dis pas n'importe quoi, c'est le stress qui te fait dire cela.

— Non... C'est toi qui me fais être comme ça.

— Tu te souviens de ce que tu m'as dit tout à l'heure ?: « quand tout sera fini, on en parlera aussi longtemps que tu le voudras. Mais notre temps est compté, ne l'oublie pas. » Tout n'est pas fini Romain. Alors fais-moi le plaisir de nous amener jusqu'à la sortie en vie, et après on parlera de ce que tu voudras.

♦️♦️♦️

Je connais la suite... Je sais ce qui va se passer, et c'est incontournable...

« Partagée entre ces deux univers opposés, l'amour ne pourra que la briser »

Je suis désolé de ce qui risque d'arriver à l'issue de cette soirée...

— Sache Sophie, que quoi qu'il arrive, ta vie est plus importante que la mienne.

Elle me sourit tendrement, sans comprendre que ces paroles ont vraiment un sens.

— Dépêchons-nous, les autres sont déjà partis, mais je pense connaître le chemin qu'a emprunté Hugo.

Nous nous empressons de quitter la cuisine, et nous courons à travers les couloirs mouillés et glissants de l'école.

Nous quittons le bâtiment, et nous faufilons entre les élèves de l'école, toujours à l'extérieur.

Nous arrivons au portail de derrière et Sophie semble perturbée :

— Qui y'a t-il ?

— J'ai oublié ma bague à l'intérieur, j'ai dû la perdre ! Je l'avais dans la cuisine.
Il faut que j'y retourne !

— Non ! C'est hors de question !

Je m'énerve et la tire hors du lycée.

— Romain ! Cette bague appartenait à ma mère ! C'est la seule chose qui me reste d'elle ! Je dois y aller !

— J'y vais, va rejoindre les autres.

— Je ne vais pas te laisser prendre ce risque à ma place !

— Sophie ! Ce n'était pas une question ! Tu les retrouves dans le parc, et je te rejoins dans cinq minutes, d'accord ?

Je ne lui laisse pas le choix, et elle l'a compris. Elle m'embrasse rapidement, sans que j'ai le temps de comprendre, et court sans plus tarder.

Qu'est-ce que je ne ferais pas pour elle... Mon comportement me fatigue. Qui aurait cru, il y a deux mois plus tôt, que j'en arriverai là.

Je fais demi-tour sans perdre de temps et retourne dans l'établissement
suivant le chemin des cuisines.

Les extincteurs d'eau ont plongé l'ensemble du bâtiment dans une marre d'une vingtaine de centimètres. Je remue l'eau avec mes mains, et cherche
désespérément cette bague. Mais rien n'y fait.

— Tu ne chercherais pas cette bague par hasard ?

Je me retourne et regarde Hélios me montrant la bague d'une main.

— Je te croyais mort...

— Avant ou après que tu as essayé de me tuer ?

— Les deux. Assez parlé, rends moi la bague.

— Viens la chercher, dit-il confiant.

— Tu ne me le diras pas deux fois...

Je m'avance vers lui et le frappe dans le ventre. Il intercepte mon coup, et me tord le bras dans le dos avant de me jeter par terre.

— Cette fille hein, tu l'aimes ? me demande t-il en continuant de se battre.

— Et toi, t'aimais aussi ta belle-soeur quand tu l'as tué ?

Je me relève, et lui donne un coup de pied dans le genoux, ce qui le fait tomber
à terre.

— Tu fais le malin, mais quand il s'agit de se battre, il n'y a plus personne...

Je m'approche de lui et essaye de le couler dans l'eau. Il se débat et tente de me dire quelque chose :

— Ce... Ce n'est pas moi qui... ai tué ta mère!

Je m'arrête, et le regard avec répugnance :

— Tu mens !

J'attrape sa main et inspecte ses doigts. Il a mis la bague de Sophie autour de
son index. Je n'ai pas le temps d'essayer de l'enlever de ses gros boudins. Je m'empare de la lame dans ma poche, et lui coupe le doigt. Il hurle de douleur, mais cela ne me fait rien. Je me saisis la bague et pars.

— C'est ton père qui a tué ta mère Romain ! Ce n'est pas moi ! Nous étions comme des frère et soeur, jamais je n'aurais osé lui faire ça.

— Tu mens ! Tu l'as tué de tes mains !

— Dans ce cas-là, où est ton père, hein ? Dis-moi ? Est-ce que c'est lui qui
s'occupe de toi depuis plus d'un an ?

— Ne parle pas de lui.

— Parce que c'est plus facile de voir ton père comme un saint que comme l'assassin de ta mère!

— Tu ignores tout Hélios, tout !

Je sors une seconde fois le révolver de ma poche, et vise la première blessure que je lui ai faite :

— Attends ! Attends !

— Donne-moi une raison de ne pas faire ça...

— Parce que je sais des choses que tu ne sais pas !

— Je t'écoute...

Des voix masculines se dirigent vers nous. Je n'ai plus le temps.

— Ton père a des réponses sur beaucoup de choses Romain ! Des choses que tu ignores, si tu le retrouves, il t'aidera à sauver Sophie. Et si tu sauves Sophie, tu sauves le monde.

— Sauver Sophie de quoi !?

— Si je te le dis, tu jures de ne pas me tuer ?

— Je te le jure, vas-y !

— Il y a un paragraphe de la légende, qui a été détruit à ta naissance. Seuls ton père, ta mère et moi le connaissions. Et c'est pour cette raison que ton père a tuer ta mère et qu'il m'a poursuivi pendant des années, pour ne pas qu'on dévoile la suite de la prophétie !

— Dépêche toi ! Je n 'ai plus le temps.

— Je ne la connais pas par cœur, mais je peux t'aider à la retrouver !

— Bien...

Je lève le révolver sur sa tête :

— Je ne suis que ton vieil oncle certes, mais tu as besoin de moi, je suis le seul à pouvoir retrouver ton père !

— Cela fait des mois que je le cherche ! Pourquoi y arriverais-tu ?

— J'ai appris des choses sur ce monde que tu ignores Romain !

— Tu m'en diras tant de l'au-delà...

— Tu avais juré... pleure t-il.

— Je ne suis pas un homme de parole.

Je le regarde dans les yeux, prêt à l'abattre. Mais quelque chose m'en
empêche. Je sais au fond de moi qu'il a raison... Est-ce qu'il dirait vrai ?

— Et merde !

J'abaisse mon arme et lui tends la main pour l'aider à se relever. Il s'appuie contre moi et nous partons rapidement.

Les couloirs sont vides mais j'entends les bruits de l'eau en mouvement. Je le lâche et me retourne, tirant une balle sur les deux hommes derrière nous. Je le soulève à nouveau, et reprend notre course :

— Un vrai homme... Comme ton père l'était... dit-il certainement ironiquement.

— La ferme.

La sortie n'est plus qu'à quelques mètres :

— Tu vas pouvoir escalader le grillage ?

— Tu demandes ça à ton oncle qui pourrait être ton grand père !

— Tu étais prêt à me tuer il y a plus d'une heure. Et tu as bien rejoins les
hérétiques, je me trompe ?

— Un point pour toi...

Nous sommes au pied du grillage :

— Je te laisse trente secondes pour l'escalader. C'est durant cette demi minute que je vais retenir les hommes qui nous courent après. Alors plus tu te dépêches, plus on a de chance de rester en vie.

Il acquiesce et monte.

Des dizaines d'hommes sortent du bâtiment et tentent de me tirer dessus. De
l'autre côté de l'école, tous les élèves ne sont pas rentrés. J'entends leurs cris de panique, lorsque des coups d'armes à feu sont tirés :

— Il te reste vingt secondes !

Je m'accroupis pour être moins vulnérable, et continue de tirer.

Lorsque j'entends le poids de mon oncle s'enfoncer dans le sol de l'autre côté, je me redresse rapidement, et escalade les trois mètres de clôture. J'arrive au sommet, et me laisse tomber de l'autre côté. Mais une balle me touche à la jambe.

Je tombe au sol, et essaye tant bien que mal de me relever.

Hélios me tend la main :

— C'est à moi de t'aider maintenant !

J'attrape sa main, et le suis sur le parking du lycée, jusqu'à sa voiture.

— Entre gamin !

J'obéis et il entre lui aussi, démarrant dans la foulée.

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