CHAPITRE 15 part 1

30 octobre, 3h38.

Je ne peux pas croire qu'il a fait ! Je ne peux pas... pourquoi il a recommencé... tout est de sa faute, il n'aurait jamais dû !

Mes mains sont couvertes de sang et mon souffle est irrégulier. Tout le monde dort dans le lycée et pourtant nous sommes tous là, oui, tous les dix. À prier pour que notre destin ne s'annonce pas funeste.

Un grand gaillard vêtu d'un costume noir s'approche de nous. Il porte des
lunettes noires cachant de moitié une cicatrise s'étendant sur une dizaine de centimètres au dessus de ses yeux. Sa démarche imposante et sa musculature bien plus que developper me rappelle d'avantage cette peur me dévorant de l'intérieur depuis plus d'une heure. Romain qui me paraissait bien présomptueux jusqu'à présent, semble s'être soudainement réveillé sous la décharge d'un électrochoc.

— Sophie et Romain, vous êtes attendus dans le bureau de Mme Haren. Vous connaissez le chemin. Je m'occupe de vos amis, alors si par malheur vous tentiez de vous échapper, ne comptez pas les revoir en vie, déclare t-il d'un ton sec et froid.

C'est un cauchemar... j'aurais aimé que ce soit un rêve, mais ce n'est pas le
cas. Et pour m'en assurer, j'ai cette insupportable douleur dans l'épaule. S'il avait tiré quelques centimètres plus en bas, c'est dans le cœur que j'aurais pris cette balle.

Nous nous levons tous deux, et partons en direction du bureau.

— Tout est de ta faute Sophie, dit-il calmement, tout en essayant de s'en convaincre lui-même.

— Tu te moques de moi Romain !? C'est toi qui les a provoqués, et encore c'est de ma faute ?!

Je n'arrive pas à contrôler ma colère, et l'envie de vengeance m'envahit. Sans contrôler ma force et mon geste, je le pousse violemment et le menace :

— Cinq personnes Romain ! Ce soir vous en avez tué cinq, en plus de Kelsey et Mason ! Regarde ce que tu m'as fait Romain ! Tu as détruit une famille du cercle ce soir ! Et bientôt cela sera notre tour ! Jusqu'où faudra t-il que tu ailles ?! Ose me dire que tu ne te sens pas coupable, et je te jure que...

— Que quoi hein ? dit-il. À son tour, il me plaque contre le mur, prenant soin de m'appuyer sur mon épaule blessée. Tu ne vas rien faire du tout, tu es faible ! Tu veux te venger c'est ça ? rigole t-il. Tu n'as qu'à le faire !

Il se recule, et porte ses mains près de sa tête :

— Je te laisse faire, fais-moi ce que tu veux ! Mais tu en assumeras les
conséquences.

— Ne t'inquiète pas pour moi, et je te préviens, que ce qui t'attend est bien pire que ce que tu peux imaginer, après ce que tu as fait, n'espère pas que je te pardonne un jour...

Je trace mon chemin, marchant devant lui. Il ne parle plus. Il a compris que cet
fois-ci, cela ne se finirait pas aussi facilement.

♦️♦️♦️

Qu'est ce que j'ai fait ! Sophie a raison, c'est de ma faute ! Non pas pour les morts, ce ne sont que des dommages collatéraux. Mais si j'avais su contrôler ma colère cette nuit, nous n'en serions jamais arrivé là. J'ai beau n'avoir peur de rien, être têtu et obstiné, je ne doute pas d'un fait : ce que j'ai fait ne pourra que nous mener à notre perte, les hérétiques sont de retour...

♦️♦️♦️

— Assis ! dit elle agacée.

Je ne comprends pas directement et Romain à côté de moi éclate de rire. Il n'a pas l'habitude de recevoir d'ordres.

Elle fait un geste de la tête et deux hommes s'empressent de venir vers Romain et moi. Nous nous asseyons sur une chaise, et sans que nous ayons le temps de comprendre quoi que ce soit, un des deux grands costaux habillé en noir sort une fine lame de sa poche et nous coupe la main sur deux centimètres.
Ayant déjà une plaie bien plus profonde, je ne sens même pas la douleur.

Les lames maintenant couvertes de sang sont égouttées au-dessus d'un récipient

— sanguis caeli electus aperire ostia mundi immortalis...

La suite de leurs mots devient de plus en plus incompréhensible. Mais je suis pratiquement sûre qu'il s'agit de latin.

— « Le sang des élus du ciel ouvrira les portes du monde immortel »... chuchote Romain traduisant les mots. C'est du latin, continue t-il.

— Qu'est ce que cela signifie ?

— C'est une secte, m'assure Romain, me voyant plus perdue.

Il se rapproche et me chuchote à l'oreille, sans interrompre les hommes dans leur rituel :

— Il faut que tu saches que le cercle n'est pas « fermé » comme on pourrait le croire.

— Comment ça ?

— Comme tu le sais, lorsque la terre fut créée, cinq divinités astrales vinrent en aide au créateur. Mais il en existait d'autres, c'est ce que je te disais hier. Tu vois, c'est un peu comme l'histoire de la bonne fée qui n'a pas été invitée au repas de la reine et du roi dans le conte de la belle au bois dormant. Et tout simplement, les autres ont voulu se venger de ne pas avoir pu participer à cette création, la plus importante dans l'histoire de la vie. Certaines divinités se sont donc regroupées et ont formé des sectes, ayant pour but d'unir plusieurs divinités afin d'allier leurs capacités et donc de les rendre plus puissantes. Il y a eu de nombreuses guerres entre elles. Mais les seules ayant eu la possibilité de créer des descendants furent nos cinq ancêtres. De ce fait, les autres divinités n'ont pas pu perpétuer leurs capacités, et elles ont donc été perdues.

— Perdues ? Est-ce vraiment ce que tu penses ? nous interrompt Mme Haren. Ça c'est votre version. Laisse-moi finir d'expliquer à cette ignorante .

— Je vous en prie... répond Romain impuissant, en s'enfonçant dans la chaise.

— Dix descendants de cinq divinités ne pouvaient pas préserver un équilibre. Vous ne pouvez pas préserver l'équilibre du monde, accentue t-elle. La guerre avait un but majeur : si vos ancêtres la gagnaient, les descendants des autres divinités ne recevraient pas le gène astral. Et donc leurs capacités seraient détruites à jamais. Dans le cas contraire, les élus créés par les cinq divinités disparaitraient avec leur créateur. Ce pacte fut signé par le sang et était donc inviolable. Et je suppose que tu connais la suite ?

— Nos ancêtres ont gagné, Sophie, ce qui nous a permis d'être ici aujourd'hui, continue Romain.

— C'est ridicule !

— Toutes les guerres sont ridicules, Sophie ! Elles ont pour but d'imposer des idées, et de soumettre les perdants. Ce qu'il faut que tu retiennes, c'est que toutes ces guerres ont créé des désaccords bien des années après, encore aujourd'hui. Et ces personnes soutiennent certaines pratiques en perpétuant des traditions et des rituels.

— Dans quel but ?

— Je l'ignore...

— Nous y arrivons enfin ! Laisse-moi continuer Romain, reprend la principale, C'est très simple.

Elle se lève de son siège et attrape Romain en le tirant vers elle. Elle soulève son tee-shirt et pointe sa marque noire :

— Reproduire ça.

— C'est impossible ! affirme Romain abaissant la chemise de son uniforme.

Elle le bouscule pour qu'il se rassoie :

— Si c'était impossible, crois-tu que tu serais là ? Tes pouvoirs n'ont aucun effet contre moi. Cette preuve ne te suffit-elle pas ? Depuis que tu es ici, je vous surveille. Je suivais tout : vos missions, vos disputes... J'étais là, avec vous, et sans même que vous vous en rendiez compte. Comment croyez-vous vous être débarrassé aussi facilement de tous ces meurtres, de n'avoir eu aucune difficulté pour quitter l'académie de nuit comme de jour ?

Je ne peux pas croire ce qu'elle dit :

— Pourquoi avoir agi seulement ce soir alors ?

— Parce que c'était le bon moment ! Vous veniez juste de reconstituer le cercle ! Trente ans de travail, trente ! Tu ne peux pas savoir tout ce que cela représente ! J'ai passé des années à essayer de mettre la main sur une quelconque génération du cercle. Et c'est un bien funeste destin qui vous attend. Il semblerait que je sois destinée à vous anéantir, ricane t-elle diaboliquement.

— J'en ai marre, me chuchote Romain. Prépare toi.

— Messieurs, voulez-vous bien enfermer ceux-là. Mais veillez à ce qu'ils ne se retrouvent pas avec les autres, continue Mme Haren sans se soucier de nos manigances.

— Me préparer à quoi ?

Nous nous levons et marchons entre deux gardes. Il n'ont pas l'air très soucieux de nos combines :

— La même chose qu'au rituel demain.

— Je dois faire quoi... ?

— Comment ça tu dois faire quoi ?!

Romain tente quelque chose seul, sans mon aide. Je sens son énergie, mais pourtant rien ne se passe.

Je tente à mon tour, mais rien !

— Je ne comprends pas ! panique t-il.

Notre conversation se coupe lorsque nous arrivons devant une salle de classe.

— Entrez !

La porte claque derrière nous et nous sommes prisonniers.

Après avoir tourné en rond une bonne demi heure, Romain s'impatiente :

— Sophie ! On doit sortir de là ! La cérémonie est au lever du soleil ! s'agite t-il de nouveau.

— Tu crois que je ne le sais pas ?!

— Je ne sais pas, à toi de me le dire ! Puisqu'il y a trente minutes tu m'as assurée n'avoir aucune idée de ce que tu devais faire !

— Et c'est le cas !

— Je te demandais juste de créer une vague d'énergie. Mais je suppose que tu ne sais pas ce que sait ?! s'énerve t-il.

— Comment pourrais-je savoir ? Tu ne me l'a pas appris !

— Ce n'est pas à moi de tout t'apprendre, je ne suis pas ta mère !

— Encore heureux... Il n'y a que toi qui est capable de faire souffrir autant de gens !

— Oh mon dieu ! Pauvre Sophie, tu comptes pleurer tous les malheurs qu'il y a sur cette Terre ? Parce que ce n'est que le début si on ne se dépêche pas de sortir d'ici !

— Bonne idée, sortons d'ici, cela m'évitera de t'avoir sur mon dos une minute de plus.

— Bien ! Alors dis moi comment on s'y prend !

Il se croit grand et puissant, mais il n'en n'est rien ! Le voir me donne la chair de poule, j'ai tellement envie de me venger... Mais d'un autre côté, je sais que je n'en serais pas capable. J'ai toujours cet espoir qu'au fond de lui se cache une belle âme. Comment peut-on à la fois aimer et haïr une même personne ?

— Il faudrait en plus de cela que je t'aide ? Tu m'as tiré dessus je te rappelle !

— Oh ça va ! Les élus du cercle cicatrisent plus vite, tu ne vas pas mourir !

— Bien !

Je crie de toutes mes forces, malgré les hurlements de mécontentement de Romain.

— Que fais-tu !? s'énerve t-il.

Des pas se font entendre dans le couloir et je me glisse derrière la porte.
Romain ne semble toujours pas comprendre...

La porte s'ouvre brutalement sur un homme perdu et énervé :

— Que se passe t-il ici ?

Je referme la porte d'un coup de pied, et celle-ci claque sur la tête de l'homme. Alors qu'il n'était que déboussolé, Romain en profite pour l'assommer à nouveau.

— Comment savais-tu qu'il viendrait ?

— Ils nous veulent en vie, c'est évident ! Si nous venions à mourir, je pense qu'ils auraient du mal à finir ce qu'il ont commencé.

— Bien joué... dit-il étonné.

— Il faut retrouver les autres !

— Le soleil se lève à 8h18. On doit être prêt à temps.

— Je n'y crois pas ! Tu as eu le temps de regarder l'heure du lever de soleil...

— Que penses-tu Sophie ! Ça se prépare à l'avance ! Et dire que les élus du mal sont plus responsables que vous...

— Où allons-nous ?

— La dernière fois qu'on les a vus, c'était au self.

Nous prenons la direction du self, marchant rapidement mais très calmement :

— Et si nous allions réveiller tout le monde ? propose t-il, alors qu'un silence s'était installé entre nous.

— Vraiment n'importe quoi Romain... Tu as toujours de ces idées !

Il s'arrête et m'attrape les mains pour stopper mon élan :

— Écoute-moi Sophie ! Je suis sérieux et ça pourrait marcher !

Je retire mes mains des siennes car notre contact me met mal à l'aise :

— Arrête de me toucher, tu me déconcentres...

Il sourit, l'air heureux, mais revient rapidement à la réalité :

— On parlera de nous plus tard, affirme t-il.

— De nous ? Mais y'a rien à dire sur nous !

— Sophie ! Concentre toi ! hurle t-il.

— Vas-y, finit ce que tu disais !

— Bien... Je disais donc : À cette heure-ci tout le monde dort. Si nous arrivons à réveiller tout le lycée, il y aurait un effet de masse. Jusque là tu me suis ?

— Prends moi pour une imbécile...

— Je continue. Si le cercle est encore dans le self et que la totalité de l'internat se réveillait, nous pourrions nous fondre dans la masse et aller les aider.

— Tu proposes quoi ? Allez toquer à chaque porte ?

— Non, ça ne motiverait personne à se lever. Mais déclencher l'alarme incendie comme tu l'as fait cette nuit serait parfait.

— Tu ne peux pas faire ça, imagine les ennuis qu'on pourrait avoir ! On va se faire virer ! Je ne veux pas gâcher ma vie !

— Ce n'est pas un jeu Sophie. On n'est pas dans la p'tite vie parfaite de la lycéenne ! On est dans la merde, et nous n'avons pas le choix ! De toute manière tu t'attendais à quoi ? La principale est liée à tout ça ! Tu penses qu'après cette nuit on aurait pu revenir comme si de rien n'était ? me crie t-il dessus.

♦️♦️♦️

Je peux sentir le souffle irrégulier de Sophie. J'ignorais que cela était possible, mais je pense que c'est parce que le cercle est complet.

— Je n'ai pas de famille Romain ! Mes parents sont morts, la fille que je considérais comme ma sœur aussi et Bridie, la dernière personne qui me restait est morte elle aussi ! Je n'ai plus rien ! Cette école est la seule chose qui me
reste !

La panique prend le dessus. L'emprise qu'avait Jade sur elle commence à s'affaiblir. Ses yeux brillent et ses joues se creusent sous le poids de ses larmes. Son regard triste et perdu ne semble plus vouloir contempler les belles choses de la même façon. Elle se laisse tomber et se recroqueville sur elle même.

Je ne l'avais jamais vue comme ça jusqu'à présent. Je m'autorise à oublier notre situation quelques minutes et m'assieds auprès d'elle :

— Je sais que tu n'as pas envie d'entendre ce que je vais te dire, mais ta famille maintenant c'est...

— C'est le cercle... me coupe t-elle. Tu sais trouver les mots toi... dit-elle ironiquement, bien entendu sans penser un mot de ce qu'elle dit.
J'attrape de nouveau sa main, et regarde ses yeux changer de couleur. Elle lève la tête vers moi :

— Tu es bien plus jolie avec les yeux bleus.

Son visage s'illumine enfin et elle me sourit.

— Ah ! Je te préfère aussi rayonnante.

Je m'apprêtais à me relever mais Sophie me retient par la main, passant ses doigts entre les miens. Cette sensation de contact entre nous est toujours aussi spéciale. J'essuie les traces de larmes sur sa joue, et me perds un peu plus dans ses yeux à chaque fois que nos regards se croisent. Je me rapproche de plus en plus d'elle, jusqu'à ce que nos deux nez se frôlent. Je regarde sa bouche, essayant de toutes mes forces de me contenir. Mais la voyant elle aussi tentée, je pose enfin mes lèvre sur les siennes.

Depuis le temps que j'en rêvais, mais que je me l'interdisais... Mais ce qui me rend le plus heureux, c'est qu'elle ne me rejette pas, malgré ce que j'ai fait, et le monstre que je suis devenu.

Cet instant aurait pu durer une éternité, cela ne m'aurait pas dérangé. Mais un bruit nous fait sursauter :

— Il faut y aller Sophie !

Elle acquiesce, me donnant ainsi son accord. Je me redresse et tends la main sur l'alarme incendie.

La sirène retentit et des jets d'eau nous aspergent. Nous courrons vers la sortie de secours jusqu'à atteindre le réfectoire.

Nous nous trouvons derrière la porte de service. Le cercle est certainement ici, mais nous ne pouvons pas intervenir sans avoir la moindre idée du nombre d'hommes présents.

— Il faudrait qu'on puisse voir à l'intérieur sans qu'ils nous voient... dis-je en réfléchissant tout haut.

— Je sais comment faire.

Je me tourne vers elle, assurément étonné que ce soit elle qui ait quelque chose à m'apprendre, pour une fois :

— Vraiment ?

— Lorsque tu m'as mise dans ce rêve, j'ai réussi à faire quelque chose que je pensais impossible. En rentrant dans la tête de mon ennemi, j'ai pu me servir de ses sens. Et donc de sa vue.

— Waouh... On peut dire que tu fais vraiment partie des nôtres maintenant... Tu penses arriver à le refaire ?

— Je vais essayer.

Elle commence à se concentrer et à concentrer de l'énergie, mais je l'arrête aussitôt :

— Ne fais pas ça !

— Comment ça ? Que t'arrive t-il ?

— Tu ne devrais pas utiliser tes capacités, tu sais que ça altère ton énergie.

— Ce n'est pas ce que tu voulais ? demande t-elle surprise.

— Je ne sais plus ce que je veux...

Elle rit :

— C'est à cause de tout à l'heure ? Quand on s'est...

Je lui jette un regard noir, et elle se tait, continuant discrètement de ricaner, ce qui me fait sourire.

— Je vais m'en charger. Contente toi de regarder ton homme faire.

Elle hausse les sourcils ahurie devant ma déclaration. J'essaye de me rattraper maladroitement :

— Nous sommes opposés donc d'une certaine manière je suis l'homme de ta vie... Tu sais, comme... un frère...

Mais quel con je suis ! Déjà que je deviens un peu trop sentimental, en plus je m'enfonce dans mes propres confessions...

— Un frère ? On vient de s'embrasser et tu me dis qu'on est frère et sœur !?

— C'est pas le moment !

— Je m'en fiche que ce ne soit pas le moment !

Je l'attrape par les épaules pour la calmer :

— Je te promets que quand tout sera fini, on en parlera, aussi longtemps que tu le voudras. Mais notre temps est compté, ne l'oublie pas.

Elle me sourit à nouveau, heureuse de ce qu'elle entend.

Je me concentre et m'imagine rentrer dans la tête de n'importe quelle personne de l'autre côté de cette pièce.

Je ne sais pas trop comment m'y prendre, mais je n'ai pas le temps de réfléchir.
J'ai toujours fait comme je le sentais, et ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer.

Je vois Sophie me regarder intensément. Et d'imaginer le fait qu'elle aussi puisse ressentir ce que je ressens me met mal à l'aise. Je ferme mes yeux, et me concentre une fois de plus.

C'est assez compliqué de ne pas pouvoir voir ma victime. Mais si j'ai un sens en moins, je dois le remplacer. J'essaye d'oublier le lieu où je suis. J'entends des voix, et plus ma concentration augmente, plus les voix deviennent claires et les sons s'intensifient. Cette voix tremblante... Je la reconnais...

— Hélios...

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