CHAPITRE 13 part 2
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Je me concentre sur mon agresseur, mais j'ai du mal. J'ai besoin de me l'imaginer. Romain me l'a appris de cette façon. D'ailleurs, je ne serais pas surprise si c'était lui la cause de mes ennuis... De toute manière, il n'est pas là. Alors c'est le cadet de mes soucis !
Ce monstre invisible est devant moi, je le sens. Mais il ne me touche pas. Il attend certainement que je me relève pour me clouer à nouveau au sol. Je décide de partir en courant, fonçant droit devant moi. Non pas pour fuir, mais seulement pour chercher un terrain de combat plus approprié qu'une chambre. Je descends les escaliers, et me rends dans le self, bien plus grand que la chambre.
Je n'ai pas le temps de réfléchir à une tactique. Je me concentre à nouveau, rassemblant le plus d'énergie possible, et entre dans la tête de... du vide... pour créer une illusion. Est-ce que cela va marcher ? Je n'en ai aucune idée. Mais je préfère toujours essayer.
C'est une sensation assez bizarre de rentrer dans la tête de quelque chose que je ne vois pas... Quand je me concentre, j'arrive à voir ce qu'elle voit, comme si j'étais ses yeux. Je me vois donc moi ! Je la vois donc se rapprocher. Il faut que je m'en aide. Je pars en cuisine, et attrape un gros couteau à viande. Je me concentre à nouveau, et je me vois. Il se rapproche de moi de plus en plus. Et quand la distance devient minime, je lance le couteau de toute mes forces dans le vide. Celui ci reste statique en l'air quelques secondes, comme s'il venait de se planter dans de la chair. Et lorsqu'il tombe au sol, je vois un corps prendre forme. Comme si une certaine « potion d'invisibilité » disparaissait, au fur et à mesure que la vie s'envolait.
Le corps inerte finit par apparaitre devant moi. Oh mon dieu ! Qu'est-ce que j'ai fait !
— Romain !
— Sophie... Je... je suis désolé...
Un torrent de larmes s'écoulent sur mes joues, et je me recule ne voulant pas voir ce que je viens de faire. J'ai tué Romain....
Je cours le plus loin possible. Je quitte le bâtiment, et me dirige vers la grille. Elle est bloquée et ne veut pas s'ouvrir. Peu importe, il faut que je quitte cet établissement. J'ai l'impression d'étouffer ! C'est Romain qui avait fait tout ça, et c'était certainement juste pour s'amuser, et...je... je l'ai tué !
Arriver en haut du portail, quelque chose vient me fouetter me poussant au sol. Un serpent... J'aurais dû me douter que cela serait le prochain !
Je... Je ne sais pas quoi faire ! Le simple fait de le regarder me tétanise ! Puis à ma connaissance, je ne peux pas rentrer dans l'esprit des animaux. Mais de quelle connaissance je parle ! Je ne sais rien de rien !
Je décide d'entamer une course poursuite à travers les jardins. Simple manière de gagner du temps. Je me retourne afin d'évaluer la distance qui nous séparent, mais je ne le vois pas.
— Je sss suis là !
Cette voix retentit des centaines de fois dans ma tête. Et je comprends qu'il se trouve juste derrière moi. A quelques centimètres...
Ma tête se tourne lentement vers mon agresseur, mais je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit : il se jette sur moi et me blesse à la joue par un grand coup de sa queue, me faisant voler en l'air avant d'atterrir comme une bombe sur le sol dur et froid.
— Alors sssss on tue son cher ami comme ça ssss ?
Mon souffle devient irrégulier, et je commence à paniquer n'arrivant plus à respirer. C'est vrai ! J'ai tué Romain...
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Je me demande vraiment de quoi peut avoir peur Sophie ! ! Il est déjà midi. Et j'ai vraiment très faim. Mais je ne peux pas m'absenter et la laisser seule... D'autant plus que son souffle devient anormalement rapide.
Une trace apparaît soudainement sur sa joue. J'attrape mon téléphone et compose le numéro de ma mère :
— Maman ! Ôte moi d'un doute s'il te plait : Sophie ne peut pas mourir dans son rêve ?
— Pourquoi cette question ?
— Parce qu'elle est blessée à la joue. Une plaie vient juste d'apparaitre comme si elle venait d'être faite !
— Si elle peut se blesser Jade, qui sait ce qui peut lui arriver...
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— Mon poison va faire effet ssss. Dans quelques minutes ssss tu ne seras plus de ce monde ssss.
— Qu'est ce que j'ai fait pour en arriver là...
Ma tête tourne, et je sens mon corps se balancer de gauche à droite. Je lutte pour ne pas m'évanouir.
— Tu es née Sophie ssss. C'est déjà beaucoup trop ssss. Tu ne peux imaginer ce qu'il t'attend, ton destin est maudit Sophie. Crois moi, mourir aujourd'hui sera la plus belle chose qui puisse t'arriver.
Je me souviens de quelque chose, et malgré la situation, cela me fait sourire. C'était lorsque j'utilisais mes capacités pour la première fois. Je faisais tellement n'importe quoi sans rien contrôler que j'avais fini par m'épuiser. Et Romain était là pour moi... Il m'a conduit jusqu'à l'infirmerie.
Mais... suis-je bête à ce point !? Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Je n'ai plus le choix, je rassemble toute mon énergie et essaye une dernière fois. Ce « grand n'importe quoi » que j'avais créé cette fois-ci, avait mis tout le monde à terre ! Je me concentre, et tente de le recréer.
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— Sophie n'est toujours pas réveillée ? me demande Hugo à peine entrés avec Lily.
— Non, toujours rien...
— C'est quoi cette marque sur sa joue ?
— Une blessure de son rêve
— J'ai l'impression qu'elle s'infecte... s'inquiète Lily.
Nous nous approchons de sa blessure, mais Sophie se réveille en sursaut. Nous nous cognons tous les quatre.
— Tu vas bien Sophie ? demande Lily angoissée.
— Oui, oui... Comment va Romain ?!
— Il est d'une énergie débordante comme d'habitude... pourquoi tu te soucies de lui alors que tout est de sa faute ? répond agacé Hugo.
— Pour rien...
— Qu'est ce qui s'est passé ?
— Je.... Je me suis réveillée dans l'académie. Les lieux étaient exactement les mêmes, mais personne n'était là. Commence t-elle, prenant le temps de reprendre son souffle. Je pensais que c'était Romain qui était à l'origine de ce cauchemar. Mais je ne ressentais aucune énergie. Pendant quelques minutes j'ai vraiment cru que tout le monde était parti. Mais il y a eu cet homme invisible que j'ai dû tuer, et tout un tas de mes peurs... répond Sophie encore sous le choc.
— Heureusement que tu n'es pas morte... affirme soulagé Hugo.
— J'espère que tu n'as pas utilisé tes capacités.
— Pourquoi ? s'inquiète Sophie.
— Le but de cette expérience était de te faire utiliser tes capacités pour transformer ton énergie en énergie noire.
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Je ne peux pas leur avouer la vérité... Que diraient-ils sinon ! Et qu'est ce que cela signifie ! Que je fais partie des élus du mal maintenant ?
Jade a affirmé que c'était Romain qui était à l'origine de ça. Il faut vraiment que j'aille lui parler...
Je quitte ma chambre, et attends la fin de la pause déjeuner pour repartir en cours. La mère de Jade m'a fourni un certificat médical. Une chance qu'elle soit médecin...
La sonnerie retentit, et nous entrons en cours d'histoire. Romain s'assit au fond de la classe, et avant même qu'un de ses amis puisse prendre la place d'à côté, je m'y installe :
— Ce n'est pas très poli Sophie... ricane Romain.
— Tes parents ne t'ont pas appris la politesse ? demande sournoisement son ami Eliott.
Un vide s'installe entre nous trois, et les sourires en coin disparaissent. Nos regards se croisent, avant que Romain ne se rende compte de l'importance des paroles de son ami :
— Vas-y, lui dit il calmement faisant un geste de la main.
Eliott acquiesce et tente de trouver une place plus loin. Il se dirige deux tables devant, mais alors qu'il s'assied, il ne contrôle pas ses gestes et se laisse tomber au sol, ratant sa chaise de quelques centimètres. Son action n'était pas contrôlée, j'en suis certaine !
— C'est vraiment puéril Romain...
— Je suis entièrement d'accord avec toi, mais ce n'est pas moi qui suis à l'origine de cet incident, affirme t-il.
— Comment ça ?
— J'ai l'impression que tu as du mal à contrôler tes capacités Sophie... Mais que t'arrive t-il ? N'aurais-tu pas fait l'erreur de te servir de tes pouvoirs dans ton rêve obscur ?
— C'est bien toi qui est à l'origine de cet étrange rêve... ?
— Qui veux-tu que ce soit d'autre ?!
— Pourquoi tu continues d'essayer Romain !?
— Chut ! Nous interrompt le professeur. Si vous souhaitez parler, sortez de mon cours immédiatement !
Romain se lève et m'attrape par le bras sans me laisser le choix. Nous sortons de la classe sous les rires des élèves et l'étonnement de M Miller.
— Tu ne comprends donc rien Sophie !?
— Que suis-je censée comprendre ?
Il m'attrape la main cette fois-ci créant un échange d'énergie. Ses yeux changent de couleur.
— Ça ! Tu crois que c'est normal ? Ou même que c'est le fruit du hasard ? C'était écrit ! Comme tout ce qui nous arrivera durant les prochaines années.
Je le regarde perplexe :
— La légende Sophie ! ta légende ! C'est écrit depuis des millions d'années, et tu es destinée à nous rejoindre un jour !
— N'importe quoi... Je te l'ai déjà dit Romain, je sais ce que tu essayes de faire, mais ça ne marchera pas.
— Ce n'est pas un jeu Sophie ! Les événements ne sont pas le fruit du hasard ! répète t-il.
— Effectivement parce que c'est toi qui les crée !
— Ah oui, c'est ce que tu penses ?
— Si tu n'avais pas mis cette pierre dans ma veste, rien de cela ne ser...
— Ne serait arrivé ? me coupe t-il. C'est ce que tu voulais dire ? La pierre ne peut pas te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas !
— Ne mens pas !
— C'est la vérité Sophie ! Les élus du mal peuvent porter l'énergie noire en eux ! Les élus du cercle blanc ne le peuvent pas ! Tous comme les humains. Si cette expérience marche sur toi, c'est que tu étais destinée à porter les deux énergies !
— Je ne peux pas faire partie des deux cercles en même temps !
— C'est exact, mais il en est ainsi...
Le ton se calme, et nous continuons à discuter :
— Comment aurais-je pu savoir qu'il ne fallait pas utiliser mes capacités...
— Tu as beaucoup de choses à apprendre. Ne serait-ce que pour ta propre survie. Et je ne pense pas que le cercle blanc pourra t'aider à en apprendre autant que nous.
— Stop Romain avec ça. Je suis fatiguée et je n'ai pas envie que l'on se dispute.
— Très bien...
— Parle moi de cette légende s'il te plait.
— Je ne la connais pas par cœur, mais elle fut écrite il y a de nombreuses années, par d'autres divinités que celles que tu connais. Une d'entre elles avait un pouvoir de prémonition.
— Tout comme Hugo ?
— Non, pas vraiment. Les prémonitions d'Hugo ne sont pas régulières, et même plutôt rares. Cette divinité pouvait prévoir des évènements qui se produiraient plusieurs millions d'années après la mort de toutes les divinités.
— Une divinité peut mourir ?!
— Bien sûr, mais beaucoup plus tard que nous. Bref, durant une guerre qui toucha l'ensemble des divinités, une sorte de prophétie fut créée grâce à l'ensemble des capacités des divinités.
— Que prédisait cette prophétie ?
— Elle n'a pas été conservée en totalité, mais le cercle noir a eu accès à une partie. Elle prédit le chaos qu'il y aura sur terre, une sorte de fin du monde. Et comment l'éviter.
— Et alors ? Dis m'en plus!
— Je t'en ai dit assez pour aujourd'hui... Tu en sais énormément grâce à moi. Souviens toi que tu me dois un service ! dit-il fièrement.
— On reparlera de ce détail plus tard.
Pourquoi ai-je ce sentiment qu'il exécute malgré lui tout ce qu'il fait endurer aux autres ? Tout d'abord il prévoit tout un complot contre moi, et en suite il m'explique pourquoi il fait ça. Il est vraiment bizarre...
— Au fait Sophie, dans quel foyer étais-tu ?
— Le foyer des Deux Claires. Pourquoi ?
— Non, simple curiosité.
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Ce qu'elle peut être naïve... Il suffit d'être gentille cinq minutes avec elle, et elle nous donne toutes les informations dont nous avons besoin. Elle est vraiment bizarre...
Je sèche mon dernier cours, et me rends discrètement à l'Eglise abandonnée en ville.
— Alors Romain ? As-tu tout ce qu'il faut ? demande Mandy pressée.
— Oui, ça n'a pas été très dur...
— Tu m'étonnes, une véritable imbécile cette fille... se moque Juliette.
— À ta place, je ne dirais rien.
— Parce que tu défends Sophie maintenant Romain ? s'étonne Enzo.
— Le nouveau, contente-toi de la fermer et de te faire accepter et respecter pour le moment. Tu viendras après faire tes petites leçons aux autres.
— C'est fini ! Arrêtez de me prendre la tête tous les quatre. Si vous ne vous entendez pas entre vous, comment voulez accueillir le nouveau qui arrivera ce soir ?
— On s'en fiche du nouveau ! affirme Shana.
Juliette se sert de ses capacités et fait tomber Shana pour qu'elle se calme
— Bien, maintenant que tout le monde est prêt, vous allez pouvoir y aller. Et suivez mes instructions à la lettre. Je sais que tuer est assez excitant, mais trop de dommages collatéraux font trop de meurtres à cacher et c'est de plus en plus fatigant.
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