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— Alors Sophie ! Ça vient ?

— Deux secondes Métis ! Je pense qu'il le sent, il essaye de me bloquer !

— Tu en es capable Sophie ! Arrête d'écouter ce que Romain te disait à propos de l'énergie ! Certes tu penses en avoir moins que lui parce que tu es nouvelle. Mais n'oublie pas que tu es spéciale ! Tu es une fille ! Ce n'est pas pour rien si tu es face à Romain ! Tu dois avoir un potentiel énorme pour être l'opposée d'un garçon !

Ses paroles m'encouragent à réussir, mais ne m'aident pas beaucoup à me concentrer. Je sais que Romain et moi avons un lien spécial, j'en suis sûre depuis qu'il m'a avoué lui aussi qu'il le ressentait.

Mais mon but est de sauver un innocent, pas de parler de Romain. Il ne faut pas que j'oublie mon objectif.

Je reprends une grande inspiration, et je ressens ma propre énergie. Je la sens au fond de moi... Je cherche maintenant mon énergie complémentaire, celle à qui je suis liée, celle de Romain. Je commence à voir des images... Ce n'est pas très net, mais cela commence à le devenir. Je décris ce que je vois au fur et à mesure à Métis :

— Ils sont dans une voiture blanche. C'est un homme d'une quarantaine d'années qui conduit...

— C'est bien ! Mais nous avons besoins de connaître leur destination. Comment sont les maisons aux alentours ? Les panneaux indiquant les rues ?

Je me concentre davantage sur ce que voit Romain :

— Il y a un un stade à côté... Ils viennent de tourner dans une ruelle... Les maisons sont assez serrées... La voiture s'arrête au numéro... 32 !

J'ouvre les yeux et regarde Métis, impatiente de savoir si elle reconnaît cet endroit :

— Ça me dit quelque chose... C'est forcément à côté du complexe sportif. Le seul nom de rue qui me vient en tête est Cypress Garden !
Toujours devant chez Juliette, nous suivons l'avenue principale, et courrons à travers les maisons du quartier à quelques minutes d'ici.
Elle-même n'est pas sûre que ce soit la bonne rue. Mais il lui est impossible d'imaginer qu'elle ait pu se tromper.

Nous traversons donc chaque avenue, et nous empressons de venir en aide à Mason. Pourvu que Jade et Hugo aient réussi à le prévenir...

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Hugo et moi venons de sortir de la salle du conseil, le numéro de Mason à la main. Le portail de l'école a beau être fermé, cela ne nous empêche pas de l'escalader. La cabine téléphonique est juste à côté. Hugo compose le numéro et laisse en haut parleur. Mason décroche :

— Mason ! C'est Hugo, on a un gros problème ! Le cercle noir va arriver chez toi, ils veulent ta mort, tu dois partir !!

— Bien Hugo, je lui transmettrai le message ! ricane la voix de Juliette.

Elle raccroche aussitôt, et nous restons à nous regarder, sans rien pouvoir dire.

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Je suis plutôt sportive, mais l'endurance n'a jamais été mon sport favori... J'ai toujours fait mon possible pour rater les séances de demi-fond l'année dernière. Mais avec un peu de recul, je le regrette beaucoup !

Métis court devant moi et me guide à travers les ruelles sombres de la ville. Le bruit de nos chaussures, tapant violemment contre le sol, me rappelle que notre temps est compté. Je suis essoufflée et je ne sens plus mes pieds.
Pourvu que nous ne soyons plus très loin...

Après avoir tourné dans une petite rue, Métis s'arrête, reprenant son souffle comme moi. Elle observe les numéros de chaque maison grâce aux quelques lampadaires. Nous nous arrêterons devant le numéro 32.

La peur m'envahit. Je sais ce qu'ils sont capables de faire, et cela m'inquiète vraiment... Métis pousse la porte entrouverte, et nous arrivons en plein milieu d'un de leur « show » : Les deux parents sont allongés par terre, ils ne bougent plus, mais sont visiblement encore en vie. Certainement un des tours de Romain. Quant à Mason, il est assis sur une chaise et attaché :

— Mais nous avons des spectateurs ! hurle de joie Enzo.

— Oh détends toi le nouveau ! Tu es dans le cercle, on est heureux pour toi mais ne prends pas trop confiance comme ça ! s'énerve Métis.

— Mais c'est qu'elle est jalouse la petite traînée de Métis ! s'amuse Shana.

— Stop ! Vous réglerez vos problèmes plus tard ! Mason était en train de nous donner des explications. Alors Sophie et Métis, vous fermez vos gueules ! gronde Romain.

Le rugissement de colère de mon opposé envahit la pièce, et nous tombons au sol, impuissantes face à l'énergie noire.

À notre réveil, nous nous retrouvons attachées dans une pièce pas loin, comme il y a trois heures auparavant. Pourquoi cela se finit-il toujours de la même manière... ?

La discussion entre les élus du mal et Mason résonne dans la maison :

— J'étais... porteur de deux gènes... C'est assez rare. Cela ne c'était même jamais produit. Mes deux grands parents maternels faisaient parties du même cercle. Ils ont apparemment tous les deux transmis leurs gênes à ma mère. Mais ceux de ma mère ne se sont jamais déclenchés, et elle me les a transmis tous les deux. C'était une erreur génétique ! Je ne le savais pas, avant que ma grand mère soit tuée par mon grand père, il y a presque un an... Le second gène s'est activé, et je faisais partie à nouveau du cercle...

— Et tu étais prêt à nous laisser perdre nos pouvoirs pour rester un an de plus !? aboie Juliette, tout en le giflant.

— Je...je ne savais... pas quoi faire, bégaye t-il.

— Il fallait venir nous voir plus tôt alors, nous, nous avons la solution ! s'exclame Shana.

— Emmenez les deux autres toujours attachées. Je veux que Sophie voit ça ! ordonne Romain.
Enzo et Shana s'approchent, et nous conduisent dans le salon, face à notre chef de cercle :

— Sophie, Métis, je suis désolé... panique Mason:

— C'est nous qui sommes désolées de ne pas avoir pu t'aider ! pleure Métis.

— Fin du moment émotion, début des choses sérieuses ! confirme Juliette.

— Sophie ! Il faut que tu saches que... commence Mason.

Mais l'énergie de Romain prend possession de sa victime et commence à détruire Mason.
Les larmes me montent au yeux :

— Arrête Romain !

Cependant il continue, et je sens son énergie augmenter, ce qui me fait tourner la tête. Mason use de ses dernière forces pour m'avertir d'un danger :

— Il y a un traitre, vous allez tous couler ! Je la soupçonnais depuis longtemps, faites attention à m...

L'énergie noire croît. Romain ne veut pas que Mason finisse sa phrase. Ce dernier se plie de douleur et hurle, et supplie son agresseur d'arrêter. Métis, traumatisée par la scène, vide toutes les larmes de son corps, alors que moi, l'énergie de Romain me rend malade et me fait perdre la tête et je tombe de sommeil...

— Sophie... me réveille une voix me paraissant lointaine.

Lorsque j'ouvre les yeux, j'aperçois Romain penché sur moi :

— C'est fini, lève toi et pars.

Je le regarde étonnée, et perdue :

— Mason est mort.

Mon cœur s'arrête, mon souffle se coupe. Je baisse légèrement la tête, et regarde en direction de la chaise où était Mason. Cette dernière est vide, et le corps d'un jeune garçon étendu sur le ventre attire mon attention. Ça ne peut pas être lui...

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Je ressens la peine et la douleur dans ses yeux. Je sais qu'elle m'en voudra pour toujours, mais j'étais obligé. Nous sommes sans pitié et c'est nécessaire. De toute façon l'équilibre lui même nous importe peu. Et je n'ai jamais rien compris à cela. Je me demande parfois si tout cela n'est pas que mensonge. Cependant la cérémonie d'Halloween est plus qu'importante. Nous ne voulons pas mourir dans la bataille qui opposera morts et vivants. Il fallait donc non seulement que je sauve le cercle noir, mais aussi que je me persuade de ce que je suis. Et j'en suis certain maintenant. J'ai beau éprouver un sentiment qui m'est presque inconnu pour Sophie, j'appartiens au mal. La voix dans ma tête me disant d'achever ce garçon avait raison. Et j'en avais envie plus que tout. Suis-je pour autant sadique ? Non, je suis seulement un démon à la recherche de pouvoir et de vengeance. Toutes les personnes prétendant me connaître se tromperaient certainement. Même Juliette ne sait rien de moi. Moi-même je ne sais pas qui je suis. Et j'ai besoin d'avoir des réponses, de trouver le vrai moi, celui qui dort paisiblement au fond de mon inconscient et qui n'attend que d'être réveillé. Je suis presque sûr de qui m'a fait ça. Je les rechercherai et je les tuerai. Pourquoi moi...? Pourquoi le « pauvre Romain Cleerz » ? Je n'étais qu'un enfant... Et que peut-il arriver de pire à un être aussi pur qu'un enfant ? L'abandon, l'oubli...