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Nous nous réveillons complètement déboussolés dans cette salle dont l'isolement permet pour mon plus grand regret d'étouffer nos hurlements.

Pendant que je dormais hier soir, épuisée par la torture, Métis, Jade et Hugo ont cherché les fameux papiers du cercle noir. Mais rien. À croire qu'en réalité nous cherchions pour rien.

Je me pose beaucoup de questions depuis hier à propos de Romain. Pourquoi a t-il menti à Juliette à mon propos ? En outre, il a tout fait pour qu' Enzo ne puisse pas lire mes pensées ! Est-il vraiment du cercle noir ? Ou est ce que c'est un canular... En attendant, je le remercie pour le sandwich qu'il m'a glissé dans la poche. Divisé en quatre, il ne restait pas grand chose, mais c'est toujours mieux que de rester le ventre vide.

Une chance pour nous que le sol soit fait de moquette, parce que la pièce n'est pas très grande, et elle est entièrement fermée de tous les côtés. Lorsqu'ils m'en ont sortie pour leur interrogatoire forcé, j'ai remarqué à quel point les murs étaient épais. Sûrement pour cela que le réseau ne passe pas.

Hugo n'a pas l'air très bien... Il doit certainement se sentir responsable :

— Sois content Hugo, comme ta prédiction te le montrait, nous avons trouvé la salle ! rigole Jade afin de détendre l'atmosphère.

Ce qui d'ailleurs ne fonctionne pas. Hugo n'est pas d'humeur à rire. Et en ce qui me concerne, je sais qu'à tout moment Enzo va arriver, et mon supplice va continuer.

La porte s'ouvre sur Romain seul :

— Allez Sophie, c'est l'heure ! Viens par ici qu'on rigole.

Au lieu de m'attraper par mes bras ligotés, il me soulève et me transporte sur son épaule comme un vulgaire sac. Une fois au salon, il me laisse tomber d'un coup au sol :

— Bon... Les autres vont bientôt arriver, mais ils m'ont demandé de m'occuper de toi en attendant leur retour. Et je compte bien en profiter...

— Pourquoi tu m'aides Romain ?

Il me regarde offusqué :

— Moi t'aider ? Ça va bien ! dit il en faisant les cent pas dans le salon.

Je sens que cela le met mal à l'aise. Même lui ne comprend pas son comportement :

— Romain... On sait très bien tous les deux, tu es en ce moment plus de mon côté que du leur.
Il s'arrête et s'agenouille devant moi pour être au même niveau :

— T'as raison Sophie ! Je t'aide et j'ignore pourquoi, d'accord ! Tout ce que je sais, c'est que c'est à cause de toi ! Je ressens des choses que je ne devrais pas ressentir ok ! Et ça, c'est depuis notre premier contact. Et je n'arrête pas d'y penser ! Je rêve chaque nuit que nos mains se frôlent une nouvelle fois et que nos énergies se mêlent.

Il pose sa main sur ma joue, créant ainsi un contact. C'est yeux changent de couleur et passent du vert au bleu :

— Et tu vois ça Sophie : Mes yeux ? Ils restent bleus ! Et cela n'a rien de normal, rien ! Tu ne peux même pas imaginer la force dont j'ai besoin pour que cela cesse, pour que je ne ressente plus cette irrésistible envie de t'embrasser !

Ses paroles me coupent la respiration. Comment un démon peut-il dire ça ?!

— Romain, regarde-toi ! tu es tout sauf une mauvaise personne !

— Tu te trompes Sophie ! dit-il, enlevant sa main. Tu es la seule et l'unique personne à avoir ce genre d'effet sur moi ! Tu ne pourras jamais remplacer cette haine, cette colère et ce mal que j'ai en moi. Et jamais je ne te laisserai faire !

La porte s'ouvre sur les trois autres membres du cercle noir. Mais Romain ne s'arrête pas pour autant. Il se met à chuchoter :

— Si c'est toi qui crée cela, cette connexion entre nous deux, je te conseille vivement d'arrêter. Parce qu'aussi étrange que cela puisse paraître, je suis pire que Juliette, pire....

Ses dernière paroles résonnent dans ma tête... Pourquoi croit-il que c'est de ma faute ? Je n'ai rien avoir avec tout cela...

— Il y a un problème ? demande Juliette, ayant surpris la fin de notre conversation

— Absolument pas, elle est prête à vivre son pire cauchemar...dit-il, me regardant sadiquement.

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16h07 : Même si cette pièce est bien isolée, nous entendons les cris de douleur de Sophie, ce qui rend nerveux Métis et Hugo. J'aimerais tellement faire quelque chose pour elle, mais je ne peux rien. Nous ne pouvons rien leur avouer. Ils iraient directement tuer Mason, sans même essayer de chercher une solution plus plausible. En tant qu'élus du bien, nous devons toujours tout faire pour éviter la mort.

Nous avons déjà failli avec Kelsey. Il est hors de question que cela se reproduise. Cependant, n'oublions pas que demain tout sera fini pour nous...

Sophie fait preuve d'un grand courage. Et je suis certaine qu'elle parviendra à bout de cette torture.

20h30 : C'est une blague ! Comment peuvent-ils être si fous... Sophie ne tiendra plus. Il faut leur dire la vérité...

22h48 : Cela fait deux heures, qu'avec Hugo et Métis nous essayons d'appeler le cercle noir. Mais ils ne nous entendent pas ! Sophie, tiens bon s'il te plaît...

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— Stop ! déclare Shana. J'ai faim. On va faire une petite pause.

— Bonne idée, allez la remettre avec les autres, exige Juliette.

Enfin... J'ai passé la journée à résister à chacune de leur capacité... A tour de rôle ils m'ont fait vivre un enfer! Et celui qui n'y est pas allé en douceur, c'est bien Romain ! Il a vraiment l'air de m'en vouloir. Et pourtant, je n'y suis pour rien. Qu'il aille se plaindre à Juliette. C'est à cause d'elle si je suis dans le cercle dorénavant. J'avais une vie totalement normale, et je ne m'en plaignais pas ! Je n'ai pas choisi cette vie, et si j'avais eu le choix, rien de cela ne se serait produit...

Enzo et Romain m'attrapent par les bras, et me balancent dans la salle vide. À peine la porte ouverte, Jade s'énerve :

— Vous rigolez là ! Cela fait trois heures qu'on crie à la porte et qu'on vous dit que nous allons tout vous dire !

— On a entendu ma jolie, mais c'était tellement marrant ! Hein Sophie ? ricane Romain.

— Mais maintenant, on vous écoute !
s'exclame Juliette, venant tout juste d'arriver.

Après une bonne heure d'explication, tous commencent à douter :

— Et comment peut-on être sûr que c'est vrai ? questionne Shana.

— Mais c'est facile ! Tu prends Métis et tu l'interroges. Elle n'est pas membre du cercle. En aucun cas elle ne pourra te résister ! s'exclame Juliette.

Une vague d'incertitude envahit la pièce :

— Et t'aurais pas pu juste le dire hier ? Au lieu de nous faire perdre du temps avec Sophie ? s'énerve Romain

— C'était tellement plus marrant avec Sophie en victime ! rit-elle.

Enzo prend Métis et la ramène dix minutes plus tard :

— Ce qu'ils disent est vrai ! Mason est né exactement à 5h21. On a intérêt à le trouver avant et à s'occuper de lui, affirme Enzo.

— Bien ! Merci de votre aide les amis, mais on va vous laisser ! annonce Shana.

— Qu'est ce que vous allez lui faire !? s'inquiète Jade.

— Bah tu crois quoi ? On va le tuer ! Il est hors de question qu'on perde tout pour ce pauvre idiot égoïste qui a tout fait pour garder ses capacités un an de plus.

— Vous ne pouvez pas faire ça ! Vous ne pouvez pas juste tuer chaque personne pour vous simplifier la vie !

— Vraiment Sophie... ? On va se gêner ! insiste Romain.

Ils referment la porte, et partent...

J-J

Pourquoi a-il fallu que Mason naisse le matin ! Il aurait pas pu naitre à 23h, non, c'était trop compliqué pour sa mère !

Le stress peut me faire dire des choses affreuses...

Nous n'avons pas le temps de nous reposer, et devons à tout prix sortir de là. On s'est déjà débarrassé des cordes avec lesquelles nous étions ligotés, mais le véritable problème est de savoir comment sortir d'ici.

Depuis qu'ils sont partis et qu'ils ont récupéré nos téléphones, nous perdons la notion du temps. Quels pilleurs...

Je pense qu'il doit être aux alentours de deux heure et demi.

Le premier endroit où les élus du mal iront est certainement au domicile de Mason. Mais il ne s'y trouve pas. Il avait prévu de passer la journée d'hier chez ses parents et d'y dormir. Nous avons donc une certaine avance sur eux.

— Il n'y aurait pas un passage secret dans la bibliothèque ? demande Hugo.

— Mais vraiment n'importe quoi... C'est pas l'un de ces films, où la bibliothèque s'ouvre, et que les héros trouvent le trésor enfoui depuis des siècles... répond froidement Jade.

— Si tu préfères, tu n'as qu'à aller taper et crier à la porte. Avec un peu de chance le verrou s'ouvrira ! s'énerve Hugo.

Jade le prend au mot et commence à hurler à l'aide.

Un quart d'heure plus tard, la porte s'ouvre enfin :

— Mais qu'est ce que vous faites là les enfants ? demande Mme Jameson.

Personne ne répond mais tous s'en vont en courant. Mais où était la grand mère de Juliette pendant tout ce temps ? Cela fait des heures que nous sommes ici !

Nous n'avons pas nos téléphones avec nous, on ne peut même pas prévenir Mason ! Nous décidons de nous séparer en deux groupes : Hugo et Jade partent à l'école et vont récupérer le numéro de Mason dans la salle du conseil. Ils l'appelleront ensuite depuis une cabine téléphonique afin de le prévenir. Pour ce qui est de Métis et de moi, nous devons trouver l'adresse des parents de Mason :

— Qu'est ce que tu proposes Sophie ? me demande Métis paniquée.

— Je ne sais pas du tout... Le cercle noir a forcément trouvé son adresse. Ou du moins, ils ne doivent pas en être bien loin. Il faudrait arriver à avoir toutes les informations qu'ils possèdent.

— Mais oui ! Sers toi de tes capacités !

— Je peux seulement rentrer dans l'esprit des gens et créer des illusions ! Je suis incapable de faire autre chose. Ce n'est pas mon pouvoir de lire dans les pensées !

— Je sais bien Sophie ! Mais souviens toi de ce que tu m'as dit à propos de Romain ! Il essaye sans arrêt de nouvelles choses, et ça lui permet d'agrandir son champ de capacité !

— Ce n'est pas de mon niveau Métis ! Romain est dans le cercle depuis presque un an !

— Tu as une autre idée ?

Je réfléchis, mais aucune solution ne me vient à l'esprit :

— Très bien, si tu n'en n'as pas, je te laisse faire, finit-elle par dire.

Métis a raison en fin de compte. Nous n'avons aucune autre solution.

Je me concentre sur Romain. Il doit déjà être loin, mais le fait que nos énergie soient liées, m'aide. Peu importe le lieu où il se trouve, je dois être capable de le retrouver. Enfin normalement... De toute manière, il n'y a pas d'autres moyens de parvenir à notre but. Alors plus le temps de réfléchir. Je m'imagine prendre possession de sa tête.

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Nous sommes partis de chez Juliette il y a une vingtaine de minutes déjà. Nous aurions pu gagner du temps mais tous les trois ne cessent de se plaindre : Enzo réclame la place de leader du cercle, Juliette et Shana qui se battent pour moi... De plus en plus n'importe quoi !

Après avoir perdu autant de temps, nous arrêtons une voiture et partons rendre une petite visite à Mason. Cela n'a pas été dur de trouver son adresse. Nous avons croisé un conducteur. Ivre certes, mais ce n'est qu'un détail. Nous n'avons eu qu'à le forcer à s'arrêter, et à le contraindre de nous emmener où nous le voulons. Je n'aurai aucun mal à lui faire oublier tout ça. Pouvoir entrer dans l'esprit des gens a de gros avantages. De plus, il faut impérativement qu'il n'ait aucun souvenir de nous. Nous devons rester inconnus de tous, personne ne doit connaître notre existence.

L'homme nous conduisant chez Mason s'appelle Jonathan Gord. Non pas que cela m'intéresse, c'est juste une garantie de pouvoir le retrouver s'il nous donnait une mauvaise adresse. Il ne sait pas où habite Mason. Mais il a travaillé pour son père il y a quelques années. C'est donc là-bas qu'il nous conduira. Vaut mieux ça que rien après tout !

Nous sommes tous les quatre entassés dans sa vieille Peugeot. Déjà que cela me rend dingue, j'ai un mal de crâne affreux qui commence. Comme si quelque chose... Ou quelqu'un essayait de rentrer dans ma tête...Sophie....