Vous autres qui craignez tant le temps êtes peut-être persuadés que la Mort est cruelle.
Quelle entité vous arracherait ainsi vos proches, vos biens et votre Temps si ce n'est qu'un infâme monstre sans cœur ni pitié ?

Pensez-vous réellement que le Temps que vous dépensez à vos vies si vaines vous soit donné par une quelconque providence, et que la Mort coupe le fil de votre Temps pour vous rompre ?

Ingrats que vous êtes, mes frères, car si la Faucheuse est bien responsable d'une chose, ce n'est pas de retirer votre Temps, mais de cesser de vous en offrir.
Voyez votre précieux Temps comme un sablier. Certains pensent qu'il coule à l'intérieur du sien du sable, quand d'autres voient en lui une poudre d'or aussi précieuse que volatile.
Mais qu'il soit de sable ou d'or, le Temps passe et le sablier se vide.

Qui donc donne le sable ? Qui donc peut vous faire don de l'or, si ce n'est que la Mort ?
La Tisseuse verse le précieux temps dans vos coupes, et chaque grain est un précieux cadeau qu'elle vous offre.

Ceux qui voient en ce cadeau du sable sont ceux qui voient la Mort comme la cruelle entité qui les prive de Temps, tandis que ceux qui tendent à y voir de l'or se soucient de chaque grain, en se désespérant à chaque chute.

Tous deux ont tort; car si la Mort, dans son infinie bonté, nous offre de son Temps, ce n'est ni pour se plaindre de ne plus en recevoir, ni pour espérer ne pas en manquer.

Usez de votre Temps comme d'un bien précieux, et remerciez la Mort de ce bienheureux présent.

Tempus Mors donus est.

Telle est la doctrine des Héritiers des Affres.