☽ 𝟏 ☾
Zoltar 2448 (an 0)
Ils se tenaient au plus haut de la terre, juste sous le ciel. Le vent glacé mordait leur nuque et mêlait leurs longs cheveux aux nuages. Leurs prunelles étincelaient, posées tout au loin.
Un rayon de soleil glissa des nuages. Son éclat miroita sur un point de l'horizon et ce fut le signal : Eli se laissa basculer dans le vide. Elle sentit son corps traverser les espaces, d'abord lentement puis de plus en plus vite. L'air hurla à ses oreilles. Les bras en croix, elle ferma les yeux et savoura cette sensation d'immortalité qui ne durait jamais que quelques secondes. Et enfin, lorsque la pression fut à son comble, elle ouvrit ses ailes d'ivoire.
Son geste découpa le vent. Les rafales s'engouffrèrent contre son ossature avec une telle puissance que toutes ses articulations en vibrèrent. Un oiseau malhabile se serait brisé. Mais Eli en profita pour se propulser plus loin encore : avec un sourire, elle redoubla de vitesse et observa son ombre filer sur les pentes montagneuses.
Ce sourire s'effaça cependant quand deux autres ombres se calèrent à la sienne. L'une était très grande, l'autre avait les ailes plus larges.
— Tu ralentis, lança Zecalion - son père.
— Je t'attendais, rétorqua-t-elle.
La troisième ange, Merops, émit un ricanement puis les dépassa tous les deux. Eli plongea plus bas pour récupérer de l'élan. Son nez se couvrit de givre. Ses sourcils gelèrent. Ses rémiges strièrent le vent dans son sillage.
Elle rasa le sol en soulevant la neige. Sur l'horizon, juché en haut d'une colline, la silhouette d'un homme se détachait sur l'écran pâle du matin. Il leva une aile pour indiquer la fin de la course. Eli se rua vers lui, pleine d'espoir. Il ne restait que quelques mètres...
Une salve d'air pétarada dans son dos. Dans un courant d'air ahurissant, Merops jaillit sur sa droite et découpa la ligne d'arrivée. Elle atterrit dans une pirouette, hurlant de joie. Eli n'eut pas le temps d'accepter sa défaite qu'une autre masse traversa le ciel au-dessus de sa tête : un ange brun pommelé de blanc, les ailes en w, qui remporta la seconde place d'un élégant virage.
Humblement, Eli ralentit la cadence. Helion, celui qui marquait l'arrivée, la réceptionna sans masquer son déplaisir.
— C'était lamentable.
Eli replia ses ailes, époussetant des plumes.
— Et ce n'était qu'un piqué, ajouta-t-il comme si, derrière eux, les cris de victoire de Merops n'étaient pas suffisants pour appuyer son propos.
— As-tu quelque à me dire que je ne sais pas ?
— Oui, intervint l'ange qui avait atterri deuxième : tu n'as aucune chance. Et il est grand temps que tu graves cela dans ta cervelle de cigogne.
La jeune femme ne prit pas la peine de se retourner. Elle ne connaissait que trop bien le visage froid de Marian, l'un des rapaces les plus prometteurs de sa famille. Il ne la regardait sûrement pas non plus, trop occupé à étirer ses ailes de balbuzard en repassant mentalement sa propre performance. Pour une fois - et cela Eli s'en délectait - il avait été battu par Merops. Sur de larges mètres.
Une rafale fit claquer leurs vêtements amples. Les grandes ailes d'aigle de Zecalion surgirent de sous la collines, déployées, et il termina la course en se posant avec toute la nonchalance de son âge. Il était vieux, Zecalion. L'aîné de sa génération. L'écart entre lui et les autres avoisinait plusieurs siècles. Ses chances de gagner n'avaient jamais dépassé le chiffre rond, mais participer le divertissait.
— Quel temps, mes aïeux ! On se croirait en plein été.
— Exactement, dit Helion. Eli avait toutes les conditions du monde pour faire mieux qu'hier, et elle fait pire.
Eli souffla du nez.
— Peut-on savoir pourquoi je reçois toutes les remarques désagréables alors que Marian s'est rétamé ?
À ces mots, Merops interrompit son chant de gloire et revint vers eux.
— Remarque pertinente. Pourquoi personne ne me félicite ?
— Parce qu'on en a marre de t'entendre crier, répliqua Helion. Et balancer toute son énergie derrière soi pour se catapulter, ce n'est pas de la plus grande élégance.
— Il te faut toujours un mois entier pour récupérer, après, remarqua Marian.
— Ah, cessez de grogner. J'ai gagné et puis c'est tout. En plus, il y a du soleil.
— Quel rapport ?
— Aucun. (Merops jeta une oeillade à Marian). Je suis juste d'excellente humeur. Pas vous ?
— Non ! répondirent en choeur Eli, Helion et Marian.
Merops fit la grimace.
— Je retourne au manoir, annonça Zecalion. Les autres ont besoin d'aide pour les préparatifs. Rafalda aimerait d'ailleurs que vous dressiez la table, ajouta-t-il à la ronde.
Ce soir se tenait la cérémonie du Zaöll* de Hadriel, le petit frère de Marian. À peine âgé de dix-sept ans, il constituait le plus jeune membre Catilinal à ce jour. Ses ailes d'épervier étaient arrivées à terme quelques semaines plus tôt, et il fallait officialiser l'affaire. Raison pour laquelle il n'avait pu se joindre à l'entrainement, aujourd'hui. Sa mère l'avait habillé du damalasâ, le tissu traditionnel qui devait comprimer l'empennage pendant une journée entière.
— J'y vais, fit Merops. J'adore voir l'autre idiot emballé comme une friandise.
Eli n'avait aucune envie de se retrouver coincée entre Helion le grincheux et Marian le bêcheur. D'un coup d'aile, elle rejoignit Merops.
— On fait la course ?
L'aiglonne rejeta ses boucles brunes derrière son épaule comme le voile d'une déesse.
— Perdre deux fois en une journée est mauvais pour le mental, ma chère. Mais c'est toi qui voit.
Sa remarque lui valut une rafale en pleine figure. Eli évita la réplique en ricanant, puis s'élança de la colline.
❄ ❄ ❄
On pourrait croire que l'ancestrale famille Catilinal, puissante dynastie qui régna sur la Cassandre pendant plus de mille ans, vivait recluse dans un somptueux palais. Un ancien château, tout du moins, exilé au fond des landes de neiges scintillantes. Mais la réalité était bien loin de ce fantasme...
Les dix descendants d'Adelaï* se nichaient dans ce qui ressemblait à une énorme botte flétrie. Cette botte se dressait au coeur des Mariones, territoire désolé de l'est séraphin, à moitié effondrée contre le flanc d'une montagne grise. Les relents du vieux chauffage crachotaient constamment vapeur et suie sur le paysage, de sorte que les flocons n'osaient même plus s'y déposer.
Trois vieilles tours composaient la Botte (prétendu manoir Catilinal). La première fréquentait assidûment la suivante, affalée dans un angle inapproprié ; la deuxième tenait l'équilibre en inclinant ses échauguettes dans l'autre sens, et la dernière, celle des réceptions, avait perdu la moitié de son toit. Il s'était envolé, un soir d'hiver, dans une rafale d'Yvar* particulièrement déterminée. Des ombrelles comblaient ci-et-là les trous entre les tuiles délavées.
La confusion avec une haute chaussure tenait du fait que les trois tours, dans leur savante décomposition, se dressaient au-dessus d'une longue bâtisse au sol. Elle faisait jadis office de ferme. Désormais, c'était la réserve personnelle de tante Rafalda - veuve du dernier empereur Catilinal, reconvertie en vieille ivrogne.
Eli suivit Merops et sa bonne humeur en direction de la tour centrale. Là, au neuvième étage, filtré à travers les couleurs rapiécées des vitraux, s'exhalait la chaleur d'un jeune feu. Tout le monde était debout. D'un air un peu grognon, un ange enrobé de tissu bleu des chevilles jusqu'au col ouvrit la fenêtre-balcon. La masse comprimée de ses ailes formait comme une grosse carapace dans son dos, ce que Merops lui fit remarquer en traversant le seuil.
— Salut le cafard !
Les yeux de l'épervier s'étrécirent.
— Oh non. Elle a gagné ?
— Oui, répondit Eli en se posant avec précaution sur la balustrade. Mais Marian pas, et pour ça je bois ce soir.
— S'il reste un peu de Zal, fit remarquer une vieille chouette qui jaillissait de la porte des cuisines. Hélion a terminé une bouteille, hier soir. Oh - Hadriel ! Tu as laissé oncle Bayar tout seul. Il bave maintenant, c'est fabuleux.
Eli regarda le dit-oncle, affalé au coin du feu. Le très vieil aigle n'était plus qu'un tas de rides amorphe, vaguement conscient de son environnement. Ses ailes fatiguées recouvraient le fauteuil comme une de ces affreuses couvertures grises, tricotées par ses tantes. Il avait manifestement essayé de jeter tout seul une bûche dans le feu. Le jeune épervier se précipita pour l'aider.
Dans ce joyeux désordre, le reste des anges qui étaient sortis ce matin se glissèrent un à un dans le salon. Ils s'ébrouèrent en projetant de la neige sur le tapis, puis le domestique - le dernier domestique, loyal sujet des Catilinal - apporta le plateau de Ronce*. Chacun se jeta sur une tasse et, pendant quelques instants bénis, un calme agréable régna dans le manoir.
Eli regarda l'horizon par la fenêtre. La bise était clémente, aujourd'hui, et quelques rayons jaunes se profilaient ci-et-là sur les collines. Pourquoi avait-elle été aussi lente, ce matin ? D'habitude, elle battait aisément Merops. Et parfois, seuls quelques pouces séparaient Marian et elle de la victoire... Elle, une cigogne. Contre deux aigles plus âgés, plus forts, et boursouflés d'orgueil.
— Tu n'étais pas si mauvaise, glissa une voix grave dans son dos.
Marian la rejoignit face à l'embrasure, Ronce à la main. Avec ses pommettes brutales, ses yeux gris pâles et ses larges épaules, le rival d'Eli avait tout de l'allure d'un futur monarque. Des perles de nacre ornaient ses mèches sombres, prêtes à s'assortir d'une couronne.
La jeune femme passa sur lui un regard froid.
— Épargne-moi ta condescendance.
— Je ne plaisante pas. Tu battrais beaucoup de gros oiseaux, sur Alat. Tu pourrais même battre Neridia.
Eli haussa un de ses sourcils de neige. Où voulait-il en venir ?
— Mais pas toi, c'est cela ?
— Non, répondit-il, un rictus au coin de la bouche. Bien sûr.
— Neridia n'a que huit ans, Marian. J'ai encore une décennie devant moi pour m'améliorer.
— Moi aussi. C'est pour cela que c'est inutile. Je serai toujours meilleur que toi, Eli. Merops aussi. Cesse de t'acharner, tu perds des plumes pour rien.
— C'est toi qui perd des plumes, à force de me servir le même discours, siffla-t-elle. Mes ambitions sont les mêmes que tout le monde, ici. Pourquoi cela t'ennuie à ce point ?
— Ce qui m'ennuie, c'est que tu sois dans mes pattes. Tu es faible. Tu n'évolue pas. Tu ne tire personne vers le haut.
Eli, habituée à la désobligeance dans cette famille, noya sa bile dans une nouvelle gorgée de Ronce. La boisson lui brûla les lèvres. Cela lui remit les idées en place.
— Je ne crois pas.
— Pardon ?
La cigogne pivota vers Marian, les ailes redressées.
— Je crois que tu mens. Ce qui t'ennuie, Marian, c'est que Helion croie plus en mes chances que les tiennes. Et tu ne supportes pas son favoritisme.
Un éclair traversa les yeux du rapace.
— Helion a perdu. C'est de sa faute, si nous avons été évincés du trône. Donc je me fiche de qui il préfère, cracha-t-il avec un peu trop de véhémence.
Mais Eli savait qu'elle avait touché juste. Retenant un sourire victorieux, elle planta Marian là et descendit pour dresser la table.
Le soir même, toute la famille d'exilés se réunit en haut de la troisième tour, celle qui n'avait plus tout son toit. La moitié du plafond était divisée en caissons, l'autre s'ouvrait sur les étoiles. Moult chandelles avaient été suspendus aux poutres arrachées et leur lueur se mêlait à celle, chatoyante, des voiles colorés qui traversaient le ciel. Il faisait froid, dans les Mariones. Mais c'était le seul endroit de Cassandre où l'on pouvait admirer des aurores nocturnes.
Eli, vêtue du traditionnel pantalon bouffant, observa la cérémonie avec une pincée au coeur. Son propre Zaöll avait été épouvantable. Contrairement au jeune Hadriel, qui exhibait désormais fièrement ses puissantes ailes d'épervier, elle avait eu honte de montrer les siennes. Car Eli était la seule à porter le plumage blanc, chez les Catilinal. Elle n'était ni aigle, ni épervier, ni balbuzard, ni même rapace. Ses ailes de cigogne avaient déçu tout le monde, à commencer par elle-même. Lorsque Zecalion, son père, avait déchiré son damalasâ il y a quarante ans de cela, libérant son empennage adulte, personne n'avait applaudi. Elle était la petite fille d'Adelaï, une harpie féroce, et elle n'était que cigogne.
Avec un frisson, Eli chassa la honte qui remontait en elle et rejoignit les festivités. Merops dansait près de la cheminée en agitant furieusement ses bras et ses seins, et Hadriel la suivait joyeusement. Les deux akila* brassaient l'air de leurs puissantes ailes sous l'oeil ronflant du vieux Bayar, sempiternellement assis dans le même siège. De l'autre côté, autour d'une table en acajou jadis récupérée du palais, Marian et sa mère s'affrontaient sur un plateau de Marée-Haute. La vue du balbuzard suffit à Eli pour saisir un verre de Zal et le descendre dans la seconde. Au fond, elle détestait ces cérémonies.
Requinquée, elle traversa la salle et décida d'aller s'asseoir près de sa grand-mère, Rafalda, et de sa mère, Siloë.
— Tu t'amuses, mon poussin ? lui dit gentiment Rafalda.
— Non.
La vieille femme tira aussitôt le petit chariot à côté du fauteuil. Sur un plateau d'argent, frappé du sceau impérial - un autre objet récupéré du palais - reposaient pas moins de six bouteilles de Zal. Eli échangea une regard avec sa mère : depuis combien de temps cachait-elle ce trésor, au juste ?
— Je savais que tu aurais besoin. Prends mon verre, tiens.
Eli prit le verre, embrassant les doigts de sa grand-mère au passage.
— Toi aussi, Siloë.
— Tu es fort généreuse, ironisa la mère d'Eli.
— Oui. Les étoiles m'ont parlé, cette nuit, et je veux que vous ayez l'esprit ouvert pour que je vous confie ce qu'elles m'ont dit.
Rafalda ferma les yeux d'un air solennel. Son visage prit la tournure de ce qui annonçait souvent une phase de délire absolu.
— Mes enfants, commença-t-elle - et Eli et sa mère souriaient déjà, le nez dans leur verre. J'ai rêvé, cette nuit, que je me trouvais à Nakre. Tout en haut du palais impérial. Et du haut de l'altioris des rois, je regardais...
— Par Alator, elle parle encore du palais ? intervint Zecalion. Maman, je t'en prie...
— Grand-mère parlait de son rêve, corrigea Eli en levant un doigt.
— Encore pire. Siloë, reprend-lui son verre. Et qu'est-ce que c'est que tout ce Zal ?
— N'y touchez pas ! s'écria Rafalda en plongeant vers le chariot. C'est à moi. Je l'ai moi-même acheté en Narbagne, il y a deux jours.
Les parents d'Eli levèrent les yeux au ciel. Sur le tapis, derrière eux, les autres continuaient de danser avec frénésie.
— Tu disais, grand-mère ? demanda Eli. Qu'est-ce tu as vu, du haut du palais ?
La vieille Rafalda cligna un instant des yeux, déboussolée.
— Ah ! Oui. Donc je me trouvais face à l'avenue des nuages, et je récitai une prière. Et face à moi, au très loin, tout au nord, de l'autre côté de Yakova, un éclair a traversé le ciel. Il n'y eut pas de bruit. Je n'entendis rien. Je vis, simplement.
— Mais qu'as-tu vu ? la pressa Siloë.
— Donne-moi ma bouteille.
Bon gré mal gré, la famille versa une énième rasade d'alcool à la grand-mère. Elle prit une gorgée bien large, soupira profondément, puis reprit :
— Quelque chose tombait du ciel.
Eli arqua un sourcil.
— Comment cela, tombait ? C'était un ange ?
— Ce n'était pas un ange.
— Une étoile ? proposa Zecalion.
— Pas une étoile non plus.
— Mais alors, quoi ?
Rafalda se pencha vers ses enfants et petits-enfants, l'oeil scintillant. Bizarrement, malgré le lourd parfum d'alcool qui accompagnait son haleine, Eli était pendue à ses lèvres. La grand-mère était superstitieuse, menteuse, et même à moitié folle. Ses histoires n'avaient jamais ni queue ni tête. Son rêve n'était d'ailleurs probablement rien d'autre qu'un commérage, écouté au marché de Narbagne. Mais Eli était intriguée, cette fois.
— Nul ne le sait, lâcha Rafalda.
Et elle se renfonça dans son fauteuil, ravie de son petit effet.
— Cela ressemblait à de la fumée lourde, précisa-t-elle. Petite et noire, traçant sa chute à l'encre. Quelque chose est tombé de l'Empyrée, et c'est tombé en Bahamine.
— Comment sais-tu que c'était en Bahamine ?
— Les Magdalenaz auraient récupéré cette chose. Enfin, à ce qu'il parait.
Un rire jaillit de la gorge d'Eli. Sa grand-mère ne se cachait même plus.
— Et qu'a-dit d'autre la cordonnière ? demanda-t-elle avec une moue.
— Que le château bahaminois est fermé depuis. Personne n'y rentre, personne n'en sort.
Rafalda reprit une autre gorgée. Zecalion décida alors que la fête était finie, en tout cas pour sa mère, et rangea les bouteilles de Zal. Cris et protestations retentirent dans le manoir tandis que la vieille séraphine était raccompagnée dans sa chambre.
Eli, quant à elle, termina son verre. Lorsque tout le monde fut couché, elle était encore dans la tour. Couchée sur le tapis, les cheveux détachés, elle observait les lumières vertes et bleues qui ondulaient dans le ciel. L'Empyrée était juste là, derrière ces voiles moirés. Rien ne pouvait tomber du ciel.
Mais tout peut y grimper.
Les voiles de lumières disparurent dans le ciel, et les étoiles se mirent à briller très fort. Eli ressentit une chaleur s'ouvrir en elle. Avait-elle trop bu ? Des picotements parcoururent ses membres. Elle se redressa, hébétée. Un vent nocturne lui ouvrit doucement les ailes. Transcendée, la cigogne récita une prière.
Alator, je gagnerai.
Je grimperai en haut d'Alat, et je toucherai ton ciel.
──────
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top