Chapitre 2

Vickie

C'est en sursaut que je me réveille à nouveau. Quelques secondes me sont nécessaires pour évaluer ma situation, et m'en rappeler le caractère désespéré.

Je me redresse doucement, courbaturée de partout d'avoir passé de longues heures allongée sur le côté, recroquevillée sur le sol dur. Le froid m'a envahie, et j'ai l'impression d'être gelée jusqu'aux os, que je ressens comme une mamie de quatre-vingt-dix ans.

— Bordel, gémis-je. C'est la merde.

Ai-je dormi deux heures ? Ou dix ? Allez savoir. Il fait nuit tout le temps, dans ce local.

Un gémissement retentit près de moi, et il me faut une demi-seconde pour me rappeler de l'existence de Keïlar, et de son état inquiétant. Oh merde, comment ai-je pu dormir sans m'en inquiéter plus tôt ?

— Eh ! lancé-je d'une voix cassée. Ça va ?

Il est assis dans sa cage, le regard tourné vers moi, je crois, si j'en juge par la silhouette floue qui se dessine dans les rayons faibles qui filent sous la porte. Et je soupire de soulagement, l'ayant imaginé agonisant, couché par terre.

Je racle ma gorge en attendant sa réponse, qui ne vient pas.

— Je suis désolé, lâche-t-il soudain. Je crois que j'ai bu le reste de l'eau.

— Ce n'est pas grave, réponds-je aussitôt, rassérénée de le voir capable de parler. Je te l'avais proposé, de toute façon.

Nouveau silence. Peut-être qu'il s'économise. Ou qu'il médite sur mon tutoiement soudain. A quoi bon continuer à le vouvoyer ? Je crois que les heures passées ici ensemble, et le peu de nourriture partagée nous ont assez rapprochés pour que j'arrête la distance que j'avais mise au départ entre nous.

Je m'apprête à répliquer quand la porte s'ouvre, pour la troisième fois, et que le même type entre dans notre geôle. Par instinct, je me roule en boule, persuadée que mon tour est venu, mais bizarrement, l'homme dépasse ma cage sans me prêter le moindre coup d'œil, et réitère les gestes de la veille : c'est Keïlar qui se voit obligé de le suivre, à nouveau.

— Eh ! Laissez-le ! Il n'est pas bien !

Vaine tentative : aucun regard dans ma direction, même pas une esquisse de geste. Je suis visiblement transparente.

La porte claque, et les heures m'engloutissent à nouveau. Mais je n'ai pas sommeil. J'ai sans doute trop dormi pour le peu d'activité physique octroyée par le lieu. Alors j'attends, le regard fixé sur le battant métallique.

Quand il s'ouvre à nouveau, je sursaute pourtant.

— Toi ! retentit la voix inhumaine de notre kidnappeur. T'es médecin, non ?

Hum. Que répondre ? En théorie, oui, en atteste mon badge qui indique ma qualité : docteur Viktoria Anderson. Evidemment, il n'est pas censé savoir qu'on attribue ce titre à n'importe quel étudiant ayant validé son doctorat, peu importe la matière. Et sur le coup, je décide de ne pas lui indiquer le contraire. Je ne sais pas ce qu'il veut, mais tout me paraît préférable que de rester encore cinq minutes de plus dans ma cage.

— Je suis médecin, affirmé-je.

Sans plus attendre, il se penche sur la serrure, déverrouille le cadenas et recule pour me laisser sortir. J'ai du mal. Mon corps, resté trop longtemps ramassé sur lui-même, me hurle sa douleur. Mes muscles tétanisés, et mes articulations mises à mal se détendent difficilement, et lorsque je m'engage dans le couloir, c'est recourbée comme une grand-mère aux pas hésitants.

— Avance ! grogne le garde en me donnant un coup de canon dans le flanc droit.

Je me retiens de lui répondre, me souvenant que je ne suis pas en position de force, hélas, et déplie mes pas du mieux que je peux.

Mes yeux me font mal, éblouis par une lumière trop vive que mes pupilles dilatées ont du mal à filtrer. Je tourne deux fois à gauche, puis une à droite, avant que l'homme me somme de m'immobiliser devant une porte rouge sang, dont le nom me fait plisser les yeux : « salle de prélèvements ».

Bordel, ils font quoi, là-dedans ?

Il me tire sur le côté, passe son index sur un capteur d'empreintes digitales, et une porte coulisse dans un bruit de respiration asthmatiforme. Puis il me pousse en avant, et je manque de trébucher alors qu'il referme derrière nous.

Et là, je me fige. Nous ne sommes pas seuls, loin de là. Un type en blouse, comme la mienne, penché sur une table d'auscultation, relève la tête dans ma direction. Mais ce n'est pas lui qui m'intéresse : c'est le patient, couché sur la table. C'est Keïlar. Enfin, j'imagine. Mais je reconnais aisément son profil et sa haute taille, bien qu'il soit allongé.

Nu comme un ver.

Oh merde. Par pudeur, je détourne les iris, mais le garde m'empoigne par l'avant-bras avant que je ne puisse faire un pas en arrière.

— Il a plein de fièvre, aboie-t-il. Fais quelque chose !

Mes yeux s'écarquillent de stupeur, puis reviennent vers l'homme allongé, qui n'a pas bougé d'un pouce. Je déglutis, partagée entre l'envie de hurler que je ne suis pas le médecin qu'ils croient, et le besoin de savoir s'il va bien. Et apparemment, ce n'est pas le cas. Ses paupières sont fermées, et la sueur qui recouvre son épiderme hâlé m'indique que sa fièvre n'a pas baissé, malgré ce que je pensais tout à l'heure.

— Il a combien ? demandé-je enfin.

Le type grogne, mais me tend un thermomètre frontal en soupirant.

— Il ne doit pas marcher, il indique 43° !

Je roule des yeux, en posant l'appareil sur la table d'examen. Ce truc ne me servira à rien, avec une valeur pareille ! Il serait déjà mort !

Je pose ma main sur le front de mon codétenu, et me retiens in extremis de la retirer : je ne sais pas si c'est parce que je suis frigorifiée, mais il est brûlant, à un point jamais ressenti chez personne de mon entourage. Même quand ma sœur a eu le covid, l'an dernier, je ne me rappelle pas qu'elle ait été aussi chaude.

Néanmoins, je maintiens mes doigts, et repousse une mèche de cheveux noirs vers l'arrière, pour dégager son front. J'essaie de faire abstraction de ce qui me dérange encore plus que sa nudité : les tubes de sang, nombreux, qui tapissent un chariot métallique juste à côté, les seringues dont l'infirmier s'est servi, et les différents instruments chirurgicaux qui semblent en attente d'utilisation. Mon cerveau carbure à tout vitesse, quand j'essaie de trouver une solution à ce carnage : je ne peux pas les laisser se servir de lui comme cobaye pour je ne sais quelle expérience scientifique !

Sous mes phalanges, un picotement étrange engourdit ma peau, mais je n'y prête plus attention, parce d'un coup, ses yeux s'ouvrent sur moi.

Nos iris s'arriment, et ma respiration se bloque, quand je me rends compte que je ne me suis pas trompée : les siens sont violets. Oh, pas de ces teintes à peine visibles, tirant sur le bleu. Un violet incandescent, presque irréel, de cette nuance appelée ultraviolet.

Je hoquette, et recule, mais je n'en ai pas le temps. Comme dans un rêve au ralenti, je le vois se redresser brutalement, me saisir sous les aisselles, et me plaquer contre le mur opposé. Comment a-t-il pu aller si vite ? En tout cas, je n'ai rien vu venir, et je me retrouve le dos contre la paroi, et Keïlar dressé de toute sa hauteur contre moi, me maintenant à la verticale, sans que mes pieds ne touchent le sol.

Pour autant, il ne me fait pas mal. Mais la détermination que je lis sur ses traits me fige sur place, et je déglutis en l'avisant. Son visage dur est si contracté qu'il a l'air figé dans un étrange rictus, comme s'il essayait de se retenir de faire quelque chose de terrible.

— Eh ! Mec ! Lâche-la ! gronde le type en blouse.

Il n'est pas médecin, peut-être infirmier tout au plus.

— Pourquoi tu veux qu'il la laisse ? s'insurge le garde en se marrant. Regarde donc l'effet qu'elle lui fait, à ton cobaye ! Il bande comme un cheval !

J'écarquille les yeux, mais ne peux m'empêcher de les baisser instinctivement. Bien mal m'en a pris, quand je me rends compte que le gars a raison. Non seulement son sexe est tendu dans ma direction, mais je crois n'en avoir jamais vu d'aussi imposant ! Il tape presque contre son ventre, tant il est raide, et un liquide s'en échappe déjà, comme s'il ne pouvait le retenir.

— Il faut la dégager de là, marmonne l'infirmier. Le chef a dit que...

— Nous devions faire toutes les expériences possibles sur lui, non ? termine notre geôlier. Et si on le laissait faire, juste pour voir s'il baise comme nous ?

Hein ? Comment ça, baiser comme nous ? Non seulement je ne comprends pas ce qu'il veut dire par là, mais je ne suis pas d'accord du tout ! Enfin jusqu'à ce que la bouche de Keïlar investisse la mienne sans sommation.

Et là, je déconnecte.

Bon sang, qu'est-ce qui m'arrive ? La sensation est juste divine et je ne cherche même pas à reculer, ni même à me dégager. Sa langue force la barrière de mes lèvres, trouve la mienne et entame une danse endiablée, que je ne cherche même pas à éviter.

A cet instant, mon corps se met à chanter au diapason du sien, et je me surprends à me frotter sans vergogne contre son torse, cherchant un contact que mes vêtements ne me permettent pas. Je grogne, énervée de cet amas de tissu inutile, quand j'entends soudain :

— Dis donc ! T'as vu ça ? Mais c'est qu'elle est partante pour se faire baiser ici devant nous, la petite doctoresse !

Les mots s'infiltrent entre mes neurones, et d'un coup, ma raison reprend le dessus. Putain, qu'est-ce que je suis en train de faire, là ?

Je me dégage d'un geste brusque, reculant mes lèvres, m'encastrant presque dans le mur pour mettre de la distance. Surpris, Keïlar fronce les sourcils, tandis que ses yeux se plissent d'incompréhension. Et puis, d'un coup, un éclair traverse ses iris et il secoue la tête comme s'il se réveillait d'un mauvais rêve.

— Viktoria ?

Mon nom, prononcé avec son accent si particulier, se meurt dans sa gorge. Il s'écroule à terre, sans coup férir, provoquant les cris de nos deux spectateurs.

— Eh ! crie le garde en se précipitant. Qu'est-ce qu'il a ?

— Je n'en sais rien ! crié-je en m'accroupissant à la vitesse de la lumière. Il... je...

Merde. Il n'est plus qu'une poupée de chiffons entre mes doigts, et je commence à paniquer sévèrement. J'évite de regarder son érection qui n'a pas l'air de vouloir s'apaiser et me concentre sur son visage, aux yeux désormais clos.

Et puis soudain, je hurle.

Se relevant à la vitesse de la lumière, Keïlar saisit l'arme du garde, le frappe à la tête tandis que le gars s'affaisse à son tour, dans les pommes. Je n'ai pas le temps de réagir qu'il réitère le geste sur l'infirmier, qui tombe à terre.

— Viens ! me murmure mon compagnon d'infortune. Il faut partir d'ici.

Il accompagne son ordre d'un ton sec qui s'accorde mal avec son état présent, et saisit ma main avec une force qui me fait froncer les sourcils : il est bouillant, comme ravagé par la fièvre.

— Est-ce que tu vas bien ?

— On n'a pas le temps pour ça, grogne-t-il, visiblement agacé. On doit trouver une issue. Je doute qu'ils soient les deux seules personnes dans ce complexe.

Je blêmis à ces mots, me rendant soudain compte de notre situation.

— Est-ce que tu sais où nous sommes ? demandé-je en jetant un coup d'œil aux deux hommes à terre. Et qui ils sont ?

— Non, me répond-il aussi sec. J'ai peut-être une vague idée, mais je n'en suis pas sûr. On ferait peut-être mieux d'y réfléchir plus tard ? Il me semble que l'urgence est de sortir d'ici, non ?

— C'est vrai, acquiescé-je. Mais... tu devrais peut-être trouver de quoi t'habiller, avant, non ?

Il grogne en baissant les yeux vers son corps nu, et je m'abstiens de lui faire remarquer que moi, ça ne me dérange pas tellement, en fin de compte, avant de me morigéner d'avoir eu une telle pensée. Mince, on est dans une situation plus que délicate, et moi, tout ce que je pense à remarquer, c'est qu'il est beau comme un dieu nordique !

— Fouille-les, m'ordonne-t-il. Ils doivent bien avoir des clés. Il faut qu'on ouvre cette porte.

Je le vois balayer la pièce des yeux, puis aller ramasser un tissu foncé, qu'il s'empresse d'enfiler. J'arque un sourcil, en me rendant compte qu'il s'agit d'une combinaison plutôt moulante, coupée dans un tissu assez bizarre, flexible mais ferme à la fois. Sa couleur noire aux reflets irisés me laisse à penser qu'il contient du métal, mais il paraît si élastique que j'ai un doute quand même.

— Il n'y a qu'une vieille clé rouillée, lui fais-je remarquer en brandissant l'objet. Je ne sais pas à quoi elle sert, mais pas à ouvrir toutes les portes, ça, c'est sûr. Il a déverrouillé celle-ci avec son empreinte digitale. Et de ce que j'ai vu dans le couloir, il y a un panneau numérique à l'entrée de chaque pièce.

Mon compagnon grogne, tout en terminant d'ajuster son vêtement, puis se met à fouiller sur le plateau métallique à roulettes, qui a servi à l'infirmier tout à l'heure.

— Eh ! m'écrié-je. Mais qu'est-ce que... ?

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase que Keïlar s'accroupit près du garde, saisit sa main droite et lui sectionne l'index d'un coup de scalpel. Je hurle, terrassée par la vision du sang qui s'écoule immédiatement pour former une flaque informe sur le béton brut de la salle.

— Oh mon Dieu, hoqueté-je, les mains sur la bouche. Comment as-tu pu...

— Tu veux sortir d'ici, ou pas ? gronde mon codétenu en se relevant.

Me surplombant de toute sa hauteur, il me toise, l'air hargneux de celui qui en a ras le bol de la situation. Je ne peux l'en blâmer, honnêtement, d'autant qu'il a l'air de prendre sur lui pour ne pas tomber dans les pommes : il a le teint pâle, malgré son hâle naturel, et transpire à grosses gouttes, sans doute sous l'effet de la fièvre qui perdure.

J'évite de regarder le doigt qu'il tient dans sa main, ferme les yeux et prends une inspiration forte.

— OK, tu as raison, réponds-je, vaincue. Allons-y.

A peine la porte ouverte, et nous nous élançons. Aucun de nous ne sait dans quelle direction aller. Ce complexe pourrait faire soixante mètres carrés ou cinq-cents que nous ne pourrions le savoir.

— Combien as-tu rencontré de personnes, ici ? demandé-je, dans son sillage.

— Seulement ces deux-là, me répond-il.

— Donc on peut espérer que l'endroit n'est pas hyper fréquenté, n'est-ce pas ?

— Effectivement, j'en suis arrivé à la même conclusion que toi. Mais reste sur tes gardes, on ne sait jamais.

Il a l'air bien plus calme que moi, comme s'il avait l'habitude de ce genre de situation. Moi, j'ai le cœur qui palpite à 130, et les jambes flageolantes qui menacent de céder à chacun de mes pas. Mais bon Dieu, qui est-il donc ? Il m'a indiqué sa qualité de client de mon entreprise, mais j'ai de gros doutes, maintenant que je vois avec quel flegme il avance, sûr de lui, aux aguets, le pistolet du garde à la main. Merde, je n'avais même pas pensé à le lui prendre, moi !

Ses yeux violets me troublent. Et je ne sais qu'en penser. Mais je remballe très vite mes mille et une questions, quand il nous parvenons enfin au bout d'un couloir, et qu'une porte blindée nous fait face.

Je détourne le regard quand Keïlar passe l'index sur le lecteur d'empreintes, et cesse de respirer quand la porte coulisse dans un bruit essoufflé. Je m'attendais à tout, sauf à ça : c'est l'extérieur. Il fait nuit, selon toute vraisemblance, mais impossible de se tromper : un vent froid nous accueille, dans un décor auquel je ne m'attendais pas. Un terrain gravillonné, mal entretenu, où poussent des mauvaises herbes que personne n'a plus enlevées depuis des lustres. Un lampadaire hors d'âge qui éclaire d'une lumière blafarde un bâtiment qui semble abandonné, même si nous savons qu'il sert encore. Et tout autour, un grillage de près de cinq mètres de haut, sur lequel sont agrafés, tous les dix mètres, des pancartes dont je ne peux voir le texte, puisqu'il est affiché à l'extérieur.

— Merde, soufflé-je en sortant prudemment. C'est quoi ce truc ?

J'avance doucement, avant de me rendre compte que Keïlar, lui, marche à pas assurés vers l'énorme portail métallique qui fait face au bâtiment.

— Eh ! Y a peut-être des caméras ! l'interpellé-je.

— Et ? me répond-il en prenant le cadenas entre ses mains pour l'examiner. On doit se barrer, au plus vite. Je te ferai remarquer que les deux mecs que j'ai assommés finiront par donner l'alerte, à un moment ou à un autre, et j'aimerais autant être loin d'ici. Donc on s'en va, et on avisera ensuite de comprendre le pourquoi du comment, non ?

Bon sang, il a raison, et j'abandonne mes cogitations stériles pour brandir la clé rouillée devant ses yeux. Il s'en saisit, l'enfonce dans le pêne, et déverrouille le portail en un tour à peine.

— C'est presque trop facile, susurré-je, troublée.

— Viens !

De mes états d'âme, Keïlar n'en fait grand cas. Il empoigne ma main de ses doigts toujours aussi brûlants, et commence à courir vers les arbres les plus proches, qui nous offrent un couvert appréciable.

Là, mes yeux s'écarquillent, quand je prends connaissance de la pancarte accrochée au grillage :

« Terrain militaire. Défense d'entrée ».

Hein ? C'est un bâtiment gouvernemental ? Mais... Je n'y comprends plus rien de rien. J'avais échafaudé mille hypothèses, mais pas celle-ci, et je stoppe net en en prenant connaissance.

— Mais c'est... Tu te rends compte ? C'est...

— Pas le temps, grogne mon compagnon d'infortune. Il faut qu'on se barre d'ici. C'est dangereux.

Il n'a pas tort, et son intervention a au moins le mérite de me faire redescendre sur terre. Alors je range mes interrogations dans un coin de ma tête, et j'emboite le pas à Keïlar, qui se pose beaucoup moins de questions que moi. Il trace à travers la forêt, de sa longue silhouette masculine et racée, dont je ne cesse d'admirer la musculature fine et sculptée.

Cet homme n'a pas l'allure d'un gars qui travaille dans les labos. Il est beaucoup trop affûté pour ça. Une alarme se déclenche dans ma tête, me mettant en garde contre lui. C'est louche tout ça, et je ne sais plus quoi penser.

Mais une chose est certaine : pour l'instant, je n'ai pas d'autre choix que de le suivre. Seule, je n'y arriverai pas. Mais je vais rester sur mes gardes. De son physique hors norme à ses yeux violets, de sa capacité à feindre l'évanouissement à sa facilité à se débarrasser de deux hommes pourtant armés, Keïlar est un mystère. Agréable à regarder. A embrasser aussi, mais ça, je préfère l'oublier pour l'instant.

Mon seul but, c'est de m'éloigner de l'endroit de notre détention. Pour aller où ? Aucune idée. Mais l'union faisant la force, je ne peux que rester avec lui. Pour l'instant.

Puis-je lui faire confiance ? Pas totalement. Il y a trop de zones d'ombres autour du grand brun. Et trop de pièces manquantes au puzzle pour me permettre de comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire de fou.

J'active le mode Prudence, et m'enfonce dans l'obscurité de la nuit, derrière un homme que je suis mais dont je ne connais rien.

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