Chapitre 15
Je ne sais pas pourquoi je suis là à attendre cet étrange garçon.
Il est très tôt, j'ai encore été réveillée par cet horrible cauchemar et je me rend compte maintenant que je n'aurai pas du me rendre à la fôret, il fait encore pratiquement nuit, le froid me transperce les os et ma rencontre de la dernière fois n'est surement pas là.
Je saute dans la neige. Mes chaussures font une grosse marque. Soudain je sens un souffle chaud sur mon oreille:
- Mia?
Je me retourne brusquement, quelqu'un était derrière moi, j'en suis certaine mais personne ne se trouve autour.
- C'est moi. répond-je
- Je savais que tu reviendrais.
- C'est toi. Tu m'as fait peur. Tu ne veux toujours pas te montrer?
- Non.
Malgré que sa voix soit sèche, je remarque un léger tremblement que je ne soulève pas.
- Tu es là tôt. constate-t-il
- Je n'arrive pas à dormir... mes cauchemars...
- Tu fais des cauchemars?
- Oui. À propos du Noir.
- Oh... je suis désolé.
- Arrête de t'excuser, tu n'y es pour rien.
- J'y suis pour quelque chose.
- C'est à dire?
- Tu sais que tu es trop curieuse comme fille? Tu devrais habiter à la grande ville. Elles sont toutes comme ça là-bas.
- Est-ce un compliment?
- Prend le comme tu veux. rit-il
Je souris. Son rire est plus aiguë que sa voix grave et est plaisant à entendre.
Je marche quelques pas et m'accroupis au niveau d'un terrier à renard. Cet animal ne fait pas exception à la règle, il passe son museau en dehors du trou et se laisse caresser. J'attire les animaux depuis toute petite. C'est comme ça que nous arrivions à chasser les lapins autrefois avec Paul et Théa.
- Tu es belle. mumure-t-il
Je rougis, il est le premier à me le dire. Il faut avouer que je ne me suis jamais trouvée belle. Banale surement oui...
Mes genoux se dérobent sous mon poids, mon corps s'allonge sur la neige.
- Décris-toi... j'avance
- Je ne...
- ... ou montre-toi.
- Tu es bien trop curieuse. répète-t-il. Je suis grand, je l'ai toujours été. Ma peau est trop pâle à mon goût. Mes cheveux sont bruns, assez longs, cela fait longtemps que je ne les ai pas coupé... Je n'étais pas comme ça... avant... Les gens tournaient toujours la tête sur mon passage. J'étais quelqu'un de très sociable, sur qui on pouvait compter. Garçon parfait, beau, gentil, charmeur, doué, intelligent, courageux. Tout le monde me regardait avec admiration.
J'essaye en vain de m'imaginer le garçon qu'il peut être. Sa description est intéressante, il m'intrigue vraiment... C'est malsain.
- Mais c'est du passé. Je ne suis plus et ne serai plus jamais cette personne là.
Du passé? Que veut-il dire par là?
Je m'apprête à lui poser la question quand...
- Mia? Tu es où?
Je me redresse avec hâte. C'est la voix de Paul.
- À côté du chêne! cris-je. Je ne bouge pas!
- Qui est-ce? me demande l'étrange garçon invisible
- Mon meilleur ami. Je peux te le présenter, il est adorable et...
- Hors de question, me coupe-t-il sèchement, c'est hors de question. Ne lui parle pas de moi.
La dureté dans sa voix me surprend. Il reprend soudainement sans que je n'ai le temps de lui demander ce qu'il se passe:
- Mais oui que fais-tu? Pourquoi restes-tu avec moi? Va le rejoindre! Va voir ton petit ami il est beaucoup plus intéressant et surement moins dangereux que moi!
Il a l'air furieux. Pourquoi? Je ne sais pas, ce n'est ni de ma faute ni de celle de Paul, alors pourquoi? Puis quels sont donc ses propos? Il n'est pas dangereux...
- Ce n'est pas mon petit ami... explique-je d'une voix tremblante pour contrer sa fureur.
- J'ai crus que tu étais différente des autres... lâche-t-il
Cette phrase me fait bizarre. Les pas de Paul se rapprochent.
Je veux lui dire que je ne suis pas comme les autres, que je suis moi et tout simplement moi.
Mais je sais qu'il a déjà disparu.
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