Chapitre 14
Je me réveille en sursaut, tirée de mon sommeil par ma jumelle qui me secoue par les bras. Je suis en nage et des larmes inondent de mon visage. Tout. Va. Bien. Je suis à la maison...
Je suis à la maison...
- Hé... dit Théa
Les frangins dorment, Maxime ronfle et Alban est recroquevillé sur lui-même, enroulé sous sa couverture. C'est sa position favorite mais j'ai toujours peur qu'il s'étouffe quand il fait ça...
- Ce n'est rien. chuchote-je. Vas te recoucher. Juste un cauchemar...
Par chance, ma sœur m'obéit et grimpe en haut du lit superposé qui est depuis longtemps notre lit à toutes les deux. J'entends les lattes grincer et voit le matelas s'alourdir. Chut... J'expire, inspire, tout est calme, je n'ai aucune envie de me rendormir...
C'est étrange rêve n'est pas nouveau, c'est le même depuis quatre jours maintenant, depuis la mort de Clara.
Le Noir m'obsède, il ne quitte pas mes pensées, j'ai l'impression qu'il s'immisce dans ma tête et c'est une sensation atroce.
Je baille silencieusement mais secoue la tête avec vigueur, je ne dois pas me rendormir.
La couverture, faites en peau de bête qui est aujourd'hui dans mon lit mais était avant en exposition pour un marchand ambulant, m'opresse. J'ai trop chaud, pourtant, je ne peux pas l'enlever de peur que le froid s'abatte sur moi.
Je rêve... que le Noir vienne me chercher. Je rêve... qu'il me capture pour me mener loin. Je rêve... que dans son repaire je retrouve toutes les femmes mortes à ce jour. Je rêve... de tous les corps empiler les uns par-dessus les autres. Je rêve... qu'il sent une odeur de moisi horrible qui me fait presque vomir. Je rêve... que tout d'un coup, un couteau se plante sur le haut de mon crâne et que je tombe... tombe... je vais rejoindre ma sœur... Un monstre poilus ris à gorge déployée. Je rêve... qu'un monstre poilus ris à gorge déployée. Je rêve...
Non ! Rien de tout ça n'est réel. Je suis à la maison, dans mon lit, entourée de ma famille et tout va bien. Tout. Va. Bien.
Je regrette le temps d'avant où nous étions petite avec ma jumelle et que nous allions courir après les lapins dans le village, les lapins que Mami Dani gardait sans aucune raison.
Ce temps est révolu, les lapins se sont enfuis, je croyais être heureuse mais réalise que non.
Rose a bien fait de s'en aller vers la grande ville. Même si elle ne m'attire pas, je me sentirais au moins là-bas en sécurité. Du moins... je crois. Rien n'est sûr après tout.
Quand le Noir se lassera d'être ici, il s'en ira peut-être bien là-bas et tout reprendra son cours normal ici. Il nous manque juste la date... mais son départ est imminent, je le sais, je le sens, je l'espère...
Soudain, Maxime crit. Je me précipite à son lit, le pauvre me regarde avec les yeux écarquillés:
- Clara, je veux Clara.
Ma gorge se fait sèche quand je lui répond :
- Rendors-toi et tu la verras Clara, dis lui que tu l'aimes... Souhaite lui d'être heureuse là où elle est.
Ces mots, je les prononce pour moi, je le sais.
Mon frère sourit et hoche la tête avant de se recoucher et de refermer ses petits yeux. Il remet sa tête sous sa couette et quelques minutes plus tard j'entends son petit ronflement régulier. Il s'est rendormi.
Je chasse le Noir de mon esprit et essaye de faire de même.
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