Je ne sais pas depuis combien de temps je suis assise là, recrovillée dans la neige.

Dix minutes? Une demie-heure? Deux heures peut-être même.

Les arbres m'engloutissent, j'ai bien fait de venir ici, ils me protègent.

Un mal de tête atroce m'a pris petit à petit, je secoue mes cheveux avec vigueur. Je suis folle, c'est, je pense, le mot le plus approprié pour me décrire en ce moment.

En fait, je ne sais pas non plus de quoi sont composer mes pensées. Mes larmes ont cesser de couler dès que j'ai quitté ma famille. Mais le poignard est toujours là, je le sens, il remue en moi, c'est une sensation horrible.

Je suis folle. Bon sang, mon coeur est trop fissuré! C'est atroce, ma soeur...

- Je te déteste le Noir! Je te hais tu m'entends!

Mon cri résonne et un lapin qui était assis non loin de moi décampe. Mes yeux transparaissent la colère, je le sais.

Tout à coup, un bruit.

Ma respiration reste saccadée mais je me lève brusquement en entendant de nouveau cet étrange crissement.

- Il y a quelqu'un? demande-je

J'ai la chaire de poule. Je suis la seule à m'aventurer aussi loin dans la fôret, il est peu probable que ce soit un bûcheron.

J'ai l'impression d'entendre un chuchotement et enfin, une réponse:

- Ainsi, tu haïs le Noir.

Je reconnais une voix masculine assez sombre et grave, elle reprend:

- Pourquoi? Que t'as-t-il fait?

Mes yeux me piquent. D'où sort-il? Il est indiscret, les rumeurs se répandent vite et qui qu'il soit je n'ai pas envie qu'il aille colporter des ragots à mon sujet.

Malgré tout, je répond:

- Il m'empêche de sortir... Il m'écarte de ma jumelle et... il a tué... ma petite soeur.

- Oh. Il n'est pas très... gentil. susurre-t-il

Je lève un sourcil. Non mais il se fout de moi? Après ma déclaration c'est la seule chose qu'il trouve à me répondre? Quel imbécil!

- C'est le moins qu'on puisse dire. réplique-je. Qui es-tu? Montre toi.

- Désolé mais je préfère garder l'anonymat.

Sa voix est tranchante. Que c'est étrange... aurai-je touché un point sensible?

- Tu es une habitante de ce village?

- Oui. Pas toi? insiste-je. Si ça se trouve, je te connais très bien.

- Je suis sûr du contraire.

- Si tu le dis.

Un silence s'installe mais pas du tout gênant. J'avance et recule en soufflant sur mes mains.

Nous sommes sortis tellement vite que je n'ai pas pris le temps d'attraper de vêtements. Maintenant, je regrette, le froid me transperce les os.

Mais il est hors de question que je rentre et pour une fois, personne n'est là pour m'y obliger.

- Comment t'appelles-tu? chuchote la personne toujours invisible à mes yeux mais que je suppose être un garçon.

- Mia.

- Mia? Je suis désolé pour ce qui arrive à ton village.

Il me surprend, en fin de compte, enfin une parole sincère...

- Moi aussi, j'en suis désolée. mumure-je

- Pas autant que moi, je peux te l'affirmer.

Je ne soulève pas sa remarque et doucement me rassois dans la neige. Je suis vraiment trempée et ne peut retenir les frissons qui me parcourent. En ouvrant la bouche, je constate que mes lèvres commencent à gercer, ce n'est pas le moment...

- Mia? Je pense que tu devrais rentrer.

Je me redresse d'un bon, comme si j'avais attendu, au fond de moi, que quelqu'un m'ordonne de partir et dit:

- Au revoir.

- Je serai là. Si tu veux parler... Je serai là. Et... si tu veux une information... j'ai 18 ans.

Contente de cette révélation, je part le sourire aux lèvres en me dépêchant, ce pourquoi je ne l'entend pas ajouter:

- Depuis trop longtemps...