Chapitre 1

Je me souvenais d'un homme que j'avais aimé. Il avait souvent dit de moi que j'étais une manipulatrice, que j'étais égoïste et qu'il lui semblait parfois que je n'avais pas de cœur. J'avais toujours nié, convaincue au fond de moi que je n'étais rien de tout cela. C'est vrai, du point de vue de ma famille et de mes amies, j'étais décrite comme douce, bienveillante et gentille. 

    La perception que j'avais de moi-même avait fini par changer ce jour où j'ai accepté ce poste dans les services de renseignement. Je touchais une part sombre de ma personne. Cette facette de moi m'excitait, me donnait envie de tout détenir, parfois de tout détruire tout en restant du côté des gentils comme on dit, même si évidemment, rien n'était aussi simple. Mes missions étaient claires sans pour autant être évidentes. Je devais me débrouiller pour rassembler des preuves afin de monter des dossiers avec pour but : nourrir les chefs d'inculpations qui pourraient être retenus contre nos cibles. 

    Mon portable sur la table de chevet indiquait sept heures pile du soir. J'avais réservé une chambre dans cet hôtel la veille lors de mon arrivée à Milan. La pièce était spacieuse, lumineuse et la décoration était raffinée. J'appliquai délicatement mon rouge à lèvre sur mes lèvres les yeux rivés sur mon reflet à travers le miroir. Une odeur de rose et de musc flottait dans la pièce. D'un mouvement, je détachai mes cheveux bruns qui retombèrent délicatement le long de mes épaules. Je vérifiai que je n'avais pas taché mes paupières de mascara puis glissai mon rouge à lèvre fétiche à l'intérieur de mon petit sac matelassée, une pièce de luxe que je m'étais offerte après mes premières missions d'infiltrations. J'étais très bien payée, le salaire comblait aussi les longs mois d'inactivités lorsque je devais faire profil bas, ne pas me faire remarquer pour que mon nom et mon visage ne ressorte pas trop et que cela ne devienne suspect. C'était un poste instable, je courrais de grands risques, mais je m'y étais faite à l'idée. De plus, ce travail, je l'avais accepté en connaissance de cause...

    Ce soir avait lieu l'une des fêtes les plus attendues de l'année. Elle se déroulait chez le grand-père paternel d'Alessandro Giacomo, l'homme qui m'intéressait. Nous avions déjà été présenté l'un à l'autre par des contacts à Londres l'hiver dernier. Le feeling était plutôt bien passé malgré le caractère assez froid et fermé de l'homme. Il était âgé de trente-deux ans. Ce qui m'avait le plus interpellé chez lui avait été son regard. Un regard franc et sombre, qui semblait tellement vous sonder l'âme que j'eus peur que ma couverture ne soit grillée avant même le commencement de ma mission.

    Mon taxi attendait devant l'hôtel. J'attachai la lanière de mes chaussures à talons et quittai la chambre avec confiance après avoir vérifié que mon invitation se trouvait bien à l'intérieur de mon sac. C'était une petite carte, pouvant faire penser à une carte de visite, mais propre aux Giacomo. Sobre et discrète. 

         La voiture s'avança sur une longue et large allée bordée de lumière. Une ribambelle de voitures de luxe nous devançait. Mon cœur se mit à battre un peu plus fort dans ma poitrine. À travers la vitre tintée, je reconnaissais déjà certains visages. La berline ralentit et j'ouvris la portière. 

    Le premier de mes talons se posa sur le sol et la brise fraîche de la nuit vint caresser mes jambes puis mon visage comme pour m'accueillir et me préparer à me jeter dans la gueule du loup qui m'attendait, avide. 

    Le manoir était immense et paré de nombreuses sources de lumière. Des fleurs fraîches débordaient des vases. Le champagne pétillait dans les flûtes qui tintaient. Les invités étaient tous d'une certaine classe, d'un certain prestige. Une partie de l'élite milanaise était rassemblée ici ce soir. 

Le liquide dorée s'épanouit sur ma langue tandis qu'une douce musique parvenait à mes oreilles. Il y avait un orchestre dont les notes du violon m'enveloppèrent et me fixèrent en cet endroit.

Je les observais, le cœur léger. C'était sublime, presque émouvant. 

- Giulia, dit une voix féminine derrière moi.

À l'entente de mon prénom, je me retournai. 

Selena Giacomo me fit face. La cousine d'Alessandro Giacomo. 

    La jeune femme me prit chaleureusement dans ses bras visiblement heureuse de me voir. Nous nous étions rapprochés lors de vacance à Cannes et à Ibiza. Nous ne nous étions pas croisés là-bas par hasard. Mes supérieurs m'avaient indiqué ces destinations afin de créer un premier lien avec la famille. 

Selena avec son caractère extravertie, solaire et quelque peu naïve s'était retrouvée être la candidate idéale pour m'ouvrir les portes à l'empire Giacomo. Outre l'aspect professionnel, cette fille était touchante et dotée d'une réelle bienveillance. En dehors de cette mission, nous aurions pu être de grandes amies. Je l'appréciais réellement. Je lui rendis son étreinte.

- Comment vas-tu ? Je suis si contente que tu sois venue, tu n'imagines pas à quel point, me dit-elle en me fixant de ses grands yeux verts.

- Je vais bien, le vol a été un peu long, mais je me suis bien reposée depuis hier. Et toi ?

- Je suis un peu stressée concernant les préparatifs du mariage, j'ai la sensation d'être dépassée. Je t'avoue que je ne dors pas très bien en ce moment.

- Quand tout cela sera passé ce week-end, tu seras beaucoup plus apaisée, tu pourras tout relâcher. En attendant, fais confiance en l'organisatrice, il faut que tu apprennes à déléguer et que tu profites.

Elle fit une petite moue et me sourit avant d'acquiescer.

- Tu as totalement raison Giu. Je vais essayer, et à mon avis le fait que tu sois ici va beaucoup m'aider.

    Selena me prit par la main et m'emmena sur la grande terrasse qui donnait une vue imparable sur la ville. Je reconnus sa mère au loin, la tante d'Alessandro. 

C'était une grande femme, d'un charisme et d'une élégance rare. Sa robe de grand créateur semblait avoir été créé pour elle. Son visage rayonnait. Grazia m'ouvrit ses bras lorsqu'elle me vit et me fit une bise chaleureuse. La bague sertie de diamant sur sa main brillait contre sa coupe de champagne.
- Tu es d'une beauté Giulia.
- Je vous retourne le compliment Grazia.
- Comment vas-tu depuis Londres ?
- Je vais bien merci, j'ai un peu voyagé, je suis rentrée en Italie, j'ai passé quelques jours à Palerme puis je suis repartie et me voilà de nouveaux.
À leurs yeux, j'étais une héritière qui ne savait plus où se sentir chez elle. Cette affirmation n'était pas complètement un mensonge. J'étais réellement une héritière, cependant pas de plusieurs millions, quelques biens ici et là qui m'assuraient une certaine qualité de vie en plus de mon travail.

Mon attention fut attirée par une présence sur cette terrasse qui semblait surpasser toutes les autres. Alessandro posa son regard sur moi et une traînée de frissons dévala ma peau à ce contact distant. Cet homme m'effrayait. Mais la raison de ma venue ici devait surpasser mes craintes, je ne pouvais simplement pas plaider la peur auprès de mes supérieurs. Je pris une profonde inspiration de façon imperceptible et détourner mes yeux de sa personne. Il ne devait pas comprendre qu'il me déstabilisait, cela n'en serait que plus difficile pour moi.




L'INTÉGRALITÉ DE CETTE HISTOIRE EST DISPONIBLE SUR AMAZON KINDLE SOUS LE NOM D'AUTEUR DE CAMILLA SERRA.
SEUL QUELQUES CHAPITRES SERONT PUBLIÉS SUR WATTPAD.

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