Point De Vue : Light

Je ne m’arrête de courir que lorsque que je me retrouve devant la porte fermée de la chambre d’hôpital. Ma main reste suspendue au-dessus de la poignée de porte, guettant le moindre bruit à l’intérieur. Je n’entends qu’un murmure de mélodie. Je colle ma tête pour reconnaître la chanson, mais c’est impossible. Je remarque juste que Tisia chante en anglais. Et super bien. Je reste planté là, à écouter ses mélodies jusqu’à ce que j’entende un soupir et une voix qui s’élève.

- Tu comptes rester derrière cette porte encore longtemps ?

Je recule de stupeur, avant de secouer la tête et de rentrer. Tisia est seule, allongée sur son lit au-dessus des couvertures. Elle fixe le plafond. J’ordonne l’insonorisation des murs et je m’approche doucement, puis m’assois sur une chaise à côté de son lit. Mais elle se relève et recule au bord du lit, en tailleur, pour me faire signe de me mettre en face d’elle. J’hésite puis quand je la vois froncer les sourcils et s’impatienter, je grimpe alors sur le lit et m’assois dans la même position qu’elle. Elle me fixe pendant quelques secondes et déplace son regard sur mes bras et mes mains. Elle hausse les sourcils et attend une explication.

- Ah, euh… J’avais besoin de me défouler un peu ...

- Un peu ?

Je baisse le regard pour moi aussi analyser mes plaies et les traces de poussière sur mon corps. 

- Ok, beaucoup ... Mais je suis là maintenant non ?

La belle brune lève les yeux au ciel et détourne la tête. Personne ne dit mot pendant quelques secondes, mais je la vois hésiter à me dire quelque chose. J'approche ma main blessée de son bras, pour l'inciter à me parler. Mais elle le retire vivement et me fixe avec un regard noir.

- Et tu étais où hier ? Et avant-hier ? Dis-moi donc Light, tu étais où ces trois putain de derniers jours pendant que tout le monde s'inquiétait pour toi ? Pendant que moi, j'étais morte d'inquiétude pour toi sans pouvoir bouger de cette foutue chambre cauchemardesque ?

Je la vois me fixer quelques secondes, avant de détourner le regard et de jurer. Je murmure un simple désolé en regardant mes doigts. Elle soupire et m’ignore en continuant de fixer la fenêtre. La tension entre nous est montée d’un seul coup et j’ai du mal à assimiler ce qu’il se passe. Mais je relève la tête et prends son visage entre mes mains pour la forcer à me regarder.

- Je suis désolé. Dis- je d’une voix plus forte.

Je déplace mes mains derrière sa nuque et l’enlace en disant la même chose. Ma brune se laisse faire tandis que je me répète à voix haute. Lentement, ses bras tremblantes m'enlacent aussi, alors que j'approche mes lèvres de son oreille et lui chuchote de nouveau mes excuses. Tisia gémit en me répliquant qu'elle craint trop les chatouilles à cet endroit et je souris contre son oreille. Je déplace mes lèvres encore et l'embrasse sur la joue, puis sur le coin des lèvres. Je me répète encore et encore. 

Et enfin, je l'embrasse sur la bouche en murmurant une dernière fois mes mots. Ses bras délaissent mon dos et se faufilent dans mes cheveux décoiffés.

Je l'entends vaguement activer le verrouillage des portes. Et alors, il n'y a plus rien autour de nous deux. Plus rien. Plus de disputes, plus de blessures, plus de guerres, plus de Ghost.

Juste nous deux.

Lorsque je ressors de la chambre après mettre fait hurler dessus pour aller soigner mes blessures, je tombe nez à nez avec toute l'équipe. Angel sursaute et me fixe comme si j'étais un revenant. Je lui souris et m'enfuis rapidement pour éviter leurs questions. J'entends Derek et Etan me courir après, tandis que les filles me hurlent des insultes. Je ricane en continuant de m'enfuir. 

Ils m'ont manqué eux aussi.

Quelques jours après / Point De Vue : Derek

Tisia s'est parfaitement rétablie mais ni elle, ni Light ne veux nous dire ce qu'il s'est passé pendant que nous n'étions pas là. Nous avons tout de même continué des missions pendant que Tisia se reposait et que Light avait interdiction d'en faire une, à cause de ses blessures. La difficulté s'est encore accrue mais nous n'avons pas rencontré de nouveaux clones.

Nous sommes dans ma chambre et depuis maintenant deux heures, Angel et Arianne font encore un interrogatoire. Light est sur son ordinateur et ne répond même pas tandis que Tisia essaye désespérément de changer de sujet.

- Ça fait du bien de partir à nouveau à l'action avec vous !

- Tu seras prête pour la mission de cet après-midi quand même ? Demandais-je.

- Évidemment !

- Ok. Bon, Light tu la surveilleras quand même, au cas où.

- Je n’ai pas besoin d'un baby-sitter, hein ... Dit-elle, un rictus aux lèvres.

- Je m'occuperais bien de toi, petit bébé. Répliqua-t-il en se tournant vers nous.

- Bon, je vous brieferais après, il faut que j'aille voir le général pour le plan en détail.

Je me lève tandis qu'Angel et Arianne reposent de nouvelles questions à Tisia. Celle-ci ricane et se lève aussi en prétextant rattraper ses entraînements. Light retourne travailler sur son ordinateur et Etan et les filles imaginent tous les scénarios possibles. Oui, Etan s'y est mis aussi.

Lorsque j'arrive dans le bureau du général, on élabore l'opération directement.

- Toi et ton équipe, vous serez parachutés ici.

Il me montre l'hologramme d'un avion suspendu en l'air au-dessus d'un immense entrepôt. 

Vous n'avez qu'à vous appropriez les prototypes d'armes afin que nos ingénieurs puissent les rétro-ingénériser . Là, c'est l'usine avec l'entrepôt. Occupez vous seulement de l'entrepôt, c'est là que tout est placé. D'après nos information, il ne devrait pas y avoir grand monde.

Je hoche la tête. Le général continue en m'expliquant comment scanner les gros prototypes et où déposer les petits afin qu'une autre équipe vienne les récupérer. Il me prévient que cela risque d'être long, alors il faut qu'on soit le plus discret possible. Je souris et hoche la tête, tout en m'éloignant pour sortir. J'ouvre la porte et au moment de quitter la pièce, je dis :

- Vous savez bien que j'ai l'équipe la plus discrète, voyons.

Je l'entends soupirer avant que la porte ne se ferme. Lorsque je vais chercher les autres à l’endroit où je les ai laissé, je remarque qu’il ne reste que Light, qui travaille encore sur son ordinateur.

- On part dans 15 minutes mec.

Il hoche la tête et referme son portable. Je le laisse se changer rapidement et ensemble, nous rejoignons les autres dans la salle d’équipement. 

Lorsque nous sommes dans l’aérocoptère, je donne les directives à chaque personne de mon équipe. Tous acquiescent, et la cabine redevient silencieuse, hormis les échanges de nos deux pilotes. Quand nous survolons enfin notre objectif, nous sortons l’un derrière l’autre et nous nous laissons tomber la tête la première, les bras le long du corps et les pieds joints afin d’être le plus aérodynamique possible. J’ordonne une formation Diamant, avec Arianne et moi en pointe. À quelques secondes de notre impact avec le toit, Arianne décoche une flèche insonorisante et je fais de même avec une flèche explosive. On traverse alors le trou et atterrissons tous au milieu du hangar.

Aucune alarme, aucune machine, aucune sécurité.

Juste d’immenses et innombrables étagères formant un labyrinthe géant. Je répartis mes coéquipiers sur les différentes zones. En quelques longues et ennuyantes minutes, tout est scanné. J’embarque avec moi une MP9 qui tient sur ma cuisse. Je demande alors notre extraction, mais un autre ordre me parvient à la place. 

- Cette base doit nous appartenir, renforts dans 15 minutes. Veuillez localiser les ennemis et en éliminer le plus possible jusqu’à l’arrivée des renforts.

Je disperse rapidement mon équipe sur des postes anti-aériens. Je m’approche lentement de l’entrée et remarque deux gardes. Je tranche la gorge du premier et enfonce une lame dans l’estomac du second. Le premier tombe, genoux en avant. Le deuxième titube et j’en profite pour lui perforer le torse. Une fois au sol, je les scanne au cas où, puis je place une pastille de C4 sur leur dépouille. En me propulsant, j’atterris devant d’autres gardes. L’un d’eux me voit arriver et balance son poing en direction de ma tête. Mais Light sort de nul part et le pousse violemment sur le sol. J’en profite pour en égorger un autre, tandis que mon ami prend son P90 et le mitraille violemment en ricanant. Il s’attaque au troisième en lui tordant le bras. Je découpe un autre robot puis aide Light à faire de même avec le sien, calmement. Je lui explique lentement comment tordre et démembrer le robot, même si Light sait exactement comment faire. Mon ami suit mes gestes avec une lenteur effroyable alors que le robot se tord dans tous les sens à cause de la douleur. Une fois le robot à terre et décomposé en milliers de pièces, je le scanne et fais de même pour ses collègues à terre. Je dépose une autre pastille. Et nous nous écartons tranquillement. Tisia me dit qu’elles ont aussi placé toutes leurs bombes. J’entends vaguement Angel faire une blague. Je leur donne une position pour nous rejoindre. J’essaie de communiquer avec Etan mais celui ne répond pas. Light le repère quelques secondes après, en train de s’amuser avec un robot. Mon ami sort une MSG90, vise en direction d’Etan et tire. Ce dernier hurle de peur dans son micro avant d’insulter Light de tous les noms possibles.

- Bordel t’aurais pu me tuer, connard !

- Je sais parfaitement viser, idiot. Je te rappelle que les armes, c’est mon domaine. 

Nous nous rejoignons tous et j’active le déclenchement des pains de C4. Un feu d’artifice explose au milieu de la base. Tisia sautille sur place en applaudissant tandis qu’Angel et Arianne se tapent dans les mains. Light pose son coude sur Tisia tandis qu’Etan et moi débattons sur lequel d’entre nous en a éliminé le plus. Une chose est sûr, les renforts viendront pour rien.

Lorsqu’une dizaine d’avions débarquent au niveau de l’entrepôt, seul un démon de fumée noir leur est visible. Certains imaginent le pire. L’élite s’est-elle fait abattre ? Ont-ils échoués ? Pourtant, en atterrissant, des ombres dansent au milieu des cadavres. Les silhouettes éclatent de rire et se rapprochent des soldats. 

- Eh bah ! Vous en avez mis du temps ! Vous n’avez plus qu’à repartir !