Le type est arrivé en titubant, demandant à tout bout de champ "hé toi, il vient quand le bus?" d'une voix rauque, à chaque passant.

Le type s'était assis sur le banc en plastique gris de l'arrêt de bus.

Le type n'avait pas l'air très bien.

Le type avait des marques rouges sur le visage, les yeux bouffis, injectés d'un carmin vif.

Le type avait une chemise blanche à moitié ouverte, mal boutonnée, qui laissait apparaître un torse peu poilu.

Le type s'était recroquevillé sur le banc, sans dire un mot, et un long filet de sang dégoulina de son nez.

Le type sortit un mouchoir froissé de sa poche de veste élimée; il commença à cracher des glaires rougeoyantes sur le sol.

Le type pissait littéralement le sang.

Le type se leva, titubant, et entra dans le bus qui arrivait, en trébuchant.

Le type se tenait debout au milieu de l'allée cahotante et regardait autour de lui d'un air patibulaire.

Le type, sans crier gare, sortit une bouteille de vin à moitié vide, qu'il porta avidement à ses lèvres, tout en faisant tomber son béret de sa tête et s'agiter son collier dent de requin.

Le type avait une veille radio portative accrochée à sa ceinture, d'où s'échappait une musique étrange, ponctuée de grésillements, friturée, pleine d'interférences.

Le type, après avoir jeté un dernier coup d'œil glacial, à faire frissonner le plus hardi, sur l'intérieur du véhicule, s'en détourna, et les portes se refermèrent derrière lui.

Le type, je ne l'ai jamais revu, et je me suis imaginée nombre de choses sur ce qui avait bien pu lui arriver.

Le type était visiblement bien étrange...

(en un sens, dites-lui merci, c'est surtout grâce à lui que j'ai commencé ce recueil)