Prologue: Le monde n'est pas tendre avec les femmes
TRIGGER WARNING
Cette dark romance contient des scènes de sexe, de la violence,et aborde des sujets très sensibles.
– Ji-won, réveille-toi.
J'ouvre péniblement les yeux. J'ai mal partout, surtout au visage, et je me tourne dans mon lit avant de grimacer. L'anesthésie que je me suis injectée en cachette ne fait plus effet.
À tout juste 17 ans, je viens de subir une chirurgie réparatrice parce que je ne suis pas assez jolie pour correspondre aux normes que ma famille et ma future belle-famille se sont fixées.
L'opération s'est déroulée en trois étapes : les chirurgiens ont bridé mes yeux, ajouté une double paupière, puis ils ont affiné mon menton.
Ils se sont ensuite attaqués à mon nez. Quand mon visage, qui est gonflé, douloureux, sombre à certains endroits et plus clair à d'autres, aura cicatrisé, les chirurgiens s'attaqueront à la mammoplastie.
Je ne crois pas être en mesure d'en supporter davantage. Mais les médecins ont affirmé à mes parents que le corps humain est programmé pour supporter la douleur alors...
– Park Ji-won !
La voix retentit à nouveau, c'est sûrement ma mère ou l'une de mes sœurs. Si je continue d'ignorer, elle va partir. Je n'ai pas la force de me lever. Mon lit en plumes est tellement doux, j'ai l'impression d'être absorbée par le matelas.
– Très bien, reste là. J'ai cru que tu voulais reprendre ta vie en main, mais visiblement, je me suis trompée.
Je me lève brusquement. La voix, avec cet accent particulier, a réussi à percer la brume de douleur. Je reconnais Park Ji-a, ma tante, le mouton noir de la famille. Elle a été déshéritée quand elle a épousé un Américain, malgré l'opposition de mes grands-parents.
Je lui ai envoyé plusieurs lettres, car chez moi tous les téléphones sont sur écoute, mais jamais je n'aurais pensé qu'elle viendrait.
Je me mets à genoux sur le lit, d'abord interdite, avant de me jeter dans ses bras. Je grimace lorsque mon visage sensible frotte contre son ventre.
– Tante Ji-a !
– Ne m'appelle pas comme ça, je me sens vieille. Pour toi, je suis Ji-a. Laisse-moi te regarder.
Elle pose une main précautionneuse sur mon menton, avec douceur.
– Regarde ce qu'ils ont fait de ton beau visage. Je l'avais dit, la première fois que mon frère est venu avec ta mère dîner chez mes parents, j'ai senti que c'était une vraie garce. Comment a-t-elle pu te faire subir ça à tout juste 17 ans ?
– J'aurai 18 ans dans deux jours.
– Oui, et alors ? C'est une raison de modifier ton visage à ce point ? Parle-moi de cette union.
– Il s'appelle Tang Su-Jung. Il a 23 ans, il est en fac de droit.
– Les Tang, les géants du pétrole ?
Je hoche la tête avant de grimacer. Cela fait une semaine que j'ai subi ces différentes opérations, et ça fait toujours aussi mal.
– Tu l'aimes ?
À toute autre personne, j'aurais répondu un énorme oui. « Tu l'aimes, oui, tu veux changer ton visage, oui, tu veux augmenter tes seins, oui. » Mais Ji-a est la seule personne en qui j'ai confiance. J'avais 12 ans quand elle a été bannie de la famille. Je suis la seule qui a continué à la voir en cachette jusqu'à ce que mes parents l'apprennent et me l'interdisent définitivement.
– Non, je ne veux pas de ça. Je ne veux pas être sa fiancée. Mais je ne voulais pas non plus de cette opération, alors...
– Pour l'opération, il est trop tard pour te morfondre. Espère juste qu'ils ont fait un bon travail. Mais pour le reste, je suis là maintenant. Lève-toi, nous n'avons pas de temps à perdre.
Perplexe, je la regarde traverser ma chambre, dans son tailleur Chanel vintage, pour aller dans mon dressing. Elle saisit une petite valise et commence à y mettre des vêtements décontractés, des chaussures et des sous-vêtements.
– Ji-a, qu'est-ce que tu fais ?
– Il n'est pas question que tu épouses Tang Su-Jung. Il est gay, et ses parents veulent le marier pour qu'il ait une couverture sociale. Et tes parents veulent te marier parce qu'ils sont cons. Tu vas partir.
– Partir ?
– Oui, lève-toi et aide-moi. Cherche ce que tu veux emporter.
– Mais...
– Quoi ?
– Où est-ce que j'irai ?
– Le plus loin possible de la Corée. Tes parents sont assez puissants pour te retrouver où que tu te caches dans ce pays.
Quitter Incheon ? J'ai toujours pensé à m'échapper de cet arrangement, mais jamais en quittant mon pays. Je sais, c'est un peu comme vouloir le beurre et l'argent du beurre. Mais j'ai ma vie ici, des amis, certains membres de ma famille avec qui je m'entends très bien. Mon école.
Que vais-je faire ailleurs ?
– Mais...
Un soupir soulève la poitrine de Ji-a, moulée dans un chemisier en soie.
– Écoute, jeune fille. Décide-toi. Je n'ai pas que ça à faire. Si tu as trop peur pour prendre ta vie en main, je ne peux rien faire pour toi.
– Je n'ai pas peur. Mais que vais-je faire ailleurs ?
– Vivre. Manger ce que tu veux. Faire de la chirurgie seulement si tu en as envie. Te marier avec qui tu auras choisi. Être libre. Je te donne 5 minutes pour réfléchir. Tu fais ta valise ou tu restes ici.
– 5 minutes de réflexion pour toute une vie ?
– C'est plus que tes parents et ta future belle-famille ne te donneront jamais.
Ces dernières paroles font circuler une dose d'adrénaline en moi. Ji-a a raison, je ne peux pas rester ici et être une marionnette à leur solde.
Je pénètre à mon tour dans le dressing et commence à choisir ce que je vais emporter. Je prends quelques objets de valeur.
– Écoute-moi très bien, je ne me répéterai pas. Un ami de mon mari a un jet privé. Il quitte la Corée dans une heure pour aller en Italie. Il a accepté de te prendre, mais écoute bien, c'est un homme dangereux. Dès que l'avion aura atterri, prétexte que tu vas aux toilettes ou ailleurs, et fuis. Dans l'avion, ne bois rien, ne mange rien. Ne lui parle pas. Ça devrait aller, je lui ai dit que tu ne parles pas un mot d'anglais. Tiens, dans ce sac, il y a de l'argent et mon numéro de téléphone. Dès que tu arrives, achète-toi un téléphone et contacte-moi. Je te ferai un virement pour t'aider à survivre les premiers mois. Je connais aussi des amis dans le milieu qui peuvent te faire de faux papiers, mais le traitement de princesse, c'est fini. Tu seras maîtresse de ton destin. Tu sais ce que ça veut dire ? Travailler pour survivre, payer les factures. Je ne doute pas que tu y arriveras. Tu dois être forte, le monde n'est pas tendre avec les femmes.
– Je ferai de mon mieux. Mais comment va-t-on quitter la maison ? Il y a une fête en bas.
Ma mère m'a interdit de sortir parce qu'elle ne voulait pas que ses invités sachent que sa fille a eu recours à la chirurgie esthétique. Depuis le début de l'été, je ne quitte la maison que pour aller à l'hôpital. Pour tout le monde, je suis en vacances aux États-Unis.
– Tu sembles oublier que j'ai habité dans cette maison. Ne t'inquiète pas, je connais un chemin. Habille-toi chaudement, nous devons y aller.
Je hoche la tête avec détermination avant d'enfiler un jean et un haut à manches longues. Je passe par-dessus un pull à capuche gris, trop grand pour moi, mais c'est parfait. Je mets ensuite des lunettes sombres pour cacher mes yeux bouffis.
– Je suis prête, je déclare après avoir enfilé mes chaussures et bouclé ma valise.
Ji-a me tend le sac contenant l'argent et mes papiers.
– N'oublie pas ce que je t'ai dit, c'est très important. Dès que l'avion atterrit, fuis !
– Pourquoi ?
– Roman n'est pas quelqu'un de recommandable. Il est impliqué dans plusieurs affaires illégales. Bon, allons-y avant qu'il ne décide de partir sans toi.
Ma tante prend ma valise et sort de la pièce. J'hésite un instant en regardant autour de moi. Je vais quitter ma zone de confort pour suivre un homme que je dois fuir dès que l'avion aura atterrit.
L'Italie ? J'ai beaucoup entendu parler de ce pays, mais comment vais-je m'en sortir ? Je ne connais personne là-bas, je ne parle même pas la langue. Toute ma vie, je n'ai jamais travaillé. Tout m'a toujours été servi sur un plateau d'argent, et je dois avouer que ce confort me plaît. Être riche, c'est pouvoir vivre sans se soucier des difficultés, profiter de ses loisirs sans jamais penser aux contraintes du quotidien.
Mais en quittant le manoir familial, je quitte absolument tout. Mes vêtements et mes bijoux hors de prix, mes voitures de luxe, et mon compte en banque bien garni. Adieu, la vie de princesse. Est-ce que je suis vraiment prête à laisser tout cela derrière moi ? Et pourquoi ? Une aventure pleine d'incertitudes ? Une vie où je devrai, pour la première fois, me débrouiller seule ?
Je ressens une vague de panique. C'est tellement effrayant de quitter tout ce que je connais, tout ce qui a fait mon quotidien jusqu'à maintenant. Je m'étais toujours dit que le luxe était un droit acquis, mais maintenant que je suis confrontée à l'idée de tout perdre, je me rends compte que ce n'était qu'une illusion.
Et pourtant... si je reste, je serai piégée dans une vie qui n'est même pas la mienne, façonnée par les attentes de ma mère, de ma famille, et de cet homme que je ne connais même pas. Est-ce vraiment ce que je veux ? Est-ce que le luxe vaut la peine de sacrifier ma liberté ?
Je me rappelle les mots de Ji-a : "Le monde n'est pas tendre avec les femmes. ."
Peut-être que c'est là l'occasion de découvrir qui je suis vraiment, sans le poids de cette vie dorée mais oppressante.
Ji-a t-elle ressenti la même chose quand elle à quitter la vie au seins de la jet-set ?
Je commence à penser que ce n'est peut-être pas une bonne idée... mais rester ici non plus. Ma mère m'a forcée à subir de la chirurgie pour plaire à un homme qui, de toute façon, ne me regardera jamais.
Ji-a a raison, j'aurai bientôt 18 ans, je dois prendre ma vie en main. Je sors de ma chambre et remarque qu'elle m'attend devant la porte.
– Prête ?
– Oui.
C'est le signal que ma tante attendait pour traverser le couloir à pas rapides, sans vaciller une seule seconde sur ses talons hauts. Cinq minutes plus tard, nous pénétrons dans la bibliothèque.
– Qu'est-ce qu'on fait là ?
Elle ne répond pas, se dirigeant plutôt vers l'étagère qui supporte de vieux livres reliés de cuir. Elle tire sur l'un d'eux et... l'étagère s'écarte dans un bruit sourd. Un passage secret ! Je croyais que ce genre de chose n'existait que dans les films !
J'habite cette maison depuis toujours et je n'ai jamais eu connaissance de cet endroit.
– Je ne suis pas surnommée "la honte de la famille" pour rien, déclare ma tante avec un clin d'œil. Quand j'ai rencontré mon mari et qu'il était clair que personne ne voulait de lui, j'ai dû faire preuve d'ingéniosité pour le voir. J'ai trouvé ce passage complètement par hasard. Fais attention, c'est sombre et les escaliers sont très glissants.
– Tu devrais enlever tes chaussures, alors.
– Jamais de la vie.
Je lève les yeux au ciel. Il faut vraiment être folle pour porter des chaussures aussi hautes juste pour l'esthétique. Je pénètre dans le passage. Ji-a avait raison, c'est tellement sombre que je ne la vois plus. Elle me prend la main et commence à avancer.
Je pousse un soupir de soulagement lorsque nous arrivons enfin à l'extérieur. Le passage débouche sur l'arrière de la maison, où la voiture de Ji-a nous attend.
– J'ai peur.
– Tu as bien raison d'avoir peur. Mais tu dois apprendre à surmonter ce sentiment. Je ne peux que t'aider à prendre conscience que ta vie t'appartient. Rien ne sera facile, tu devras te battre pour mériter chaque petite victoire.
– Viens avec moi. Je déteste ce ton implorant dans ma voix.
– Je ne peux pas, chérie. Si je disparais, ils sauront que c'est moi. Mais n'oublie jamais ce que je t'ai dit : le monde n'est pas tendre avec les femmes. Et porte toujours des talons. Ce sont des armes très efficaces.
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Coucou les amies !!
Bon on attendant que Riccardo arrête de courir et que je termine la correction des chapitres sur la suite de l'histoire sur Luca. Je vous partage le prologue sur le parrain.
Le dernier tome de la saga.
N'hésite pas à me dire ce que vous pensez votre avis compte beaucoup pour moi.
Sauf la tienne DjeynabeSy5 😑😑
Bonne soirée ! 🖤
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