Tony Rivera


Une bouteille de bière à la main, je suis debout près de la fenêtre. L’immeuble dans lequel je loue un appartement fait face au sien. Je peux l’observer à loisir quand elle déambule dans sa cuisine en petite tenue, comme en cet instant.

J’ai toujours été d’une curiosité maladive. Quand j’ai été assez grand pour comprendre qu’on me destinait à une vie dans l’ombre faite de sang, j’ai décidé de prendre en charge ma scolarité. Père ne voyait pas d’importance que j’aille à l’école, ça ne me servirait à rien disait-il. Je suis le bras armé de la future pieuvre, rien de plus. Je suis celui qui se tapis dans l’ombre, celui qui élimine les ennemis. Mais je n’étais pas d’accord, même un bras armé a besoin d’aiguiser son esprit.

Mon désir de prouver à mon paternel que j’étais capable d’être autre chose qu’un tueur m’a permis de m’intéresser à un nombre incalculable de choses : j’ai appris à lire tout seul, avant de m’intéresser aux mathématiques, à la physique, puis à la chimie. J’ai d’ailleurs brûlé une grange lors d’une expérience vue dans un livre. Après cet accident, je me suis désintéressé de la chimie pour m’intéresser à la philosophie puis à la psychologie.

Pendant que je satisfaisais ma curiosité, père avait engagé un psy pour m’étudier moi, comme un vulgaire rat de laboratoire.
Aussi loin que mes souvenirs remontent, ces moments dans ma chambre à étudier étaient les meilleurs de mon adolescence, puis elle gâchait tout en ouvrant la bouche, constamment saoule, constamment de mauvaise humeur. Mais quand je débarquais dans son champ de vision, c’était pire. Elle disait que j’avais le sourire du diable, le sourire de mon monstre de père. Quand elle ne m’ignorait pas, elle m’enfermait dans le sous-sol pour ne plus me voir. Et quand je me mettais à pleurer parce que j’étais le seul à être traité ainsi pendant que Gia était traité comme un roi, sa colère redoublait et elle sortait la ceinture en cuir. Elle détestait que je me compare à Giacome encore plus qu’elle ne me détestait.

Les coups ne me faisaient jamais rien, et je n’avais rien contre la cave. Le problème, c’était le manque de lumière qui m’empêchait d’étudier et qui me laissait en proie à la voix, cette voix qui me poussait à faire du mal, à me débarrasser de la source du problème. Dans la cave, il faisait une chaleur étouffante et la faible luminosité créait des ombres. J’avais constamment l’impression qu’il y avait des entités avec moi qui me chuchotaient des choses que des oreilles juvéniles n’étaient pas censées entendre.
Des choses que le cerveau d’un enfant n'était pas censé comprendre.

Je ne les ai jamais écoutées jusqu’au jour où ma génitrice a décidé de quitter la maison avec son fils préféré. Ce jour-là, je n’en ai absolument aucun souvenir. Tout ce que je sais, c’est que la voix a pris le dessus.

Père s’est rendu compte de tout le potentiel que j’aurais pu avoir comme « Made man », mais Pedro, qui à l’époque était mon garde du corps, l’a convaincu de me confier à un foutu toubib. Si père était contre, il a fini par accepter quand j’ai eu une quinzaine d’années. Il était curieux de savoir ce qui se passait dans la tête de son fils taré, je présume.

Il m’a confié au docteur Lincolm. Je me rappelle encore de cette odeur de Javel qui semblait imprégnée aux murs, de la couleur blanche immaculée de ma cellule, de taille moyenne avec un lit aux draps verts. Ma cellule était à côté de celle d’un homme d’une soixantaine d’années qui passait son temps à hurler. Il me donnait des envies de meurtre ; j’avais constamment envie de tapisser les murs de son sang, de serrer sa gorge jusqu’à voir la vie s’échapper de ses yeux. Mais les rares fois où j’ai eu une ouverture pour m’en prendre à lui, les membres du personnel me tombaient dessus et m’administraient un tranquillisant.

Le docteur Lincolm me recevait deux fois par semaine dans son bureau, une énorme pièce aux murs blancs. Tout un pan du mur était occupé par des livres, des trophées et des diplômes. Une baie vitrée me permettait de voir certains patients déambuler dans la cour avec une insouciance utopique, car il y avait des gardes à chaque coin prêts à administrer leurs tranquillisants avec plus de facilité qu’un prêtre ne lance de l’eau bénite.

Le docteur Lincolm était un homme petit au ventre bedonnant qui portait constamment un pantalon de toile et une chemise amidonnée, par-dessus laquelle il passait une blouse aussi blanche que le peu de cheveux qui lui restaient.

Dans cet hôpital, je m’étais fait des compagnons plus âgés que moi, qui savaient comment fonctionnait le toubib. Ils m’ont appris comment me tenir face à lui, quoi répondre quand il me posait certaines questions, quoi dire pour mériter le droit de sortir dans la cour, ou même pour avoir une permission de rendre visite à ses proches.

Tromper le médecin a été un jeu d’enfant avec mon QI de 144. J’étais plus intelligent que la moyenne et je le fascinais. Je pouvais presque voir ses yeux briller quand j’entrais dans son bureau. Pour lui, j’étais un rat de laboratoire et il prendrait plaisir à disséquer mon cerveau. Le docteur était censé comprendre et guérir ma psychopathie. À la place, j’ai compris certains rouages de son métier et je me suis perfectionné dans l’art du mensonge. Je pouvais vous faire croire que votre mère est morte alors même qu’elle est devant vous.

Au bout de six mois, le toubib a jugé que j’étais apte à sortir. Il a écrit sur mon dossier :
Riccardo Gaviere est

schizophrène-paranoïde. Trouble de la personnalité type passif-agressif. Sociopathe.

Il a également écrit que j’étais: certes malade mentalement, mais rattrapable.

Que si on s’y prenait vite et bien, je pourrais être soigné.

Riccardo Gaviere est psychotique, confus, incapable de fonctionner. Il est paranoïaque, surtout envers les femmes. Sa mère est la véritable coupable. La haine qu'il lui voue est le principal declancheur. Il représente un danger pour lui-même et surtout pour les autres. Il faudra plus de temps pour le guérir, mais il est rattrapable. D’une intelligence hors du commun, il pourra être un atout pour notre société s’il évolue dans un environnement favorable.

J’avais entendu le docteur Lincolm dire à mon géniteur le jour où il était venu me chercher. Mais père n’avait pas de temps à perdre. Il m’a fait sortir de l’hôpital en promettant que je viendrais une fois par mois.

Je fais craquer ma nuque avant de glisser une cigarette entre mes lèvres. De l’autre côté, la fille au bracelet de cheville est en train de vider un pot de pesto sur ce qui semble sans aucun doute être des pâtes dans une casserole sombre. Je grimace. L’Italien en moi a envie de lui tirer une balle dans la tête. Je ne supporte pas ceux qui n’ont aucun respect pour les pâtes et le pesto industriel est une abomination.

Cette fille me fascine. Cette fascination m’a poussé à la suivre partout comme un foutu chien. Elle m’a également poussé à entrer par effraction dans un appartement libre en face du sien et d’y élire domicile. Je n’arrive pas à me l’expliquer, mais elle est devenue ma nouvelle obsession.

Mais la voix de ce maudit docteur Lincolm n’arrête pas de revenir dans ma tête.

Il est paranoïaque envers les femmes, incapable de fontionner…

J’ai beau avoir grandi et avoir plus de maîtrise sur mes pulsions qu’à l’époque, je suis toujours un danger. Ça ne me dérange pas de tuer, mais quand je vois cette fille, je ne pense pas à la mort et au sang. Non, je pense à des choses bien plus dangereuses pour elle comme pour moi.

Père a l’habitude de dire que les sentiments sont pires qu’un revolver. Ils vous transpercent aussi efficacement que le meilleur flingue russe et vous laissent complètement démuni.
je le suis en ce moment. Être attiré de la sorte par une femme ne me plaît pas. Il y a beaucoup de choses dans ma vie qui échappent à mon contrôle, mais j’ai toujours contrôlé avec une certaine fierté les sentiments que m'inspirent les femmes.
Personne, surtout pas une inconnue aussi belle soit-elle, ne devait avoir ce contrôle sur moi.

Elle s’installe sur son bureau et commence à manger après avoir lancé une série. Je soupire et me passe une main sur le visage. Dans le mouvement, je fais tomber la bouteille de bière qui était sur le bord de la fenêtre. Elle sursaute quand elle se brise en atteignant le sol et regarde dans ma direction. Je me dépêche de me cacher. Si nos yeux se croisent, je ne pourrai pas résister.
Je ferai mienne cette étudiante qui n’a pas la moindre idée du danger qui la guette. Elle reste immobile quelques secondes comme si le bruit venait de l’au-delà avant de se lever. Elle se dirige vers sa fenêtre pour s’assurer qu’elle n’a pas rêvé. Caché derrière les rideaux en mousseline, je l’observe. Elle porte un short en coton et un débardeur qui met en valeur sa poitrine généreuse et sa taille fine. Elle a de longs cheveux bruns bouclés dont les bouts sont plus clairs, encadrant un visage à l’ovale parfait.

Après avoir repéré la bouteille, elle fronce les sourcils et regarde dans ma direction.

– Hey vous, votre clope est en train de cramer les rideaux.

Putain, quel con. Je m’éloigne des rideaux, mais ma cigarette a déjà laissé une trace sombre.

– Merci, ai-je répondu après une certaine hésitation. Je veux qu’elle retourne à son repas mais en même temps, je ne veux pas qu’elle bouge.

Visiblement, elle s’ennuie. Plutôt que de retourner à son activité précédente, elle s’adosse à la fenêtre et commence à parler.

– Vous êtes nouveau, cet appartement n’était pas habité. Un sourire étire mes lèvres. Elle se dévisse presque le cou pour tenter d’apercevoir à qui elle parle, mais je reste obstinément caché.

– En quelque sorte. Elle pose son coude sur le bord de la fenêtre avant de prendre son menton dans sa paume.

– En quelque sorte ? Assez bizarre comme réponse. Vous vous plaisez bien dans l’appartement ?

– J’ai une belle vue.

– Quoi ?

Elle grimace en regardant autour d’elle. Il n’y a rien de beau, pour être honnête, juste deux vieux immeubles antiques qui se font face.

– Vous trouvez ça beau ?

– La beauté est un terme subjectif.
– En effet, on dit que la beauté se trouve dans l’œil de celui qui regarde.

– Pas forcément, mais un cœur pur a tendance à tout embellir.

– C’est vrai. Une autre citation : la beauté est le plus grand fléau de notre monde, elle nous empêche de voir qui sont les vrais monstres. Pas mal hien ?

Tiens, cette citation serait une idée parfaite pour un tatouage. Qui de mieux qualifié pour avoir cette phrase sur la peau qu’un monstre.

– Vous ne devriez pas boire et fumer en même temps, c’est très mauvais pour la santé.

– Et vous ne devriez pas être à l’université à cette heure-ci. ? Elle écarquille les yeux avant de se redresser, visiblement vexée.

– Ouais, mais le prof est malade. Après, j’ai cours d’espagnol, c’est sans importance.

– J’ai l’impression que tu ne donnes de l’importance à aucun de tes cours.

– Mais pas du tout ! D’ailleurs, de quoi vous mêlez-vous et pourquoi ne sortez-vous pas de ce rideau ? Vous l’avez encore cramé.

Je retire ma clope de mes lèvres et la jette à travers la fenêtre.

– Il y a des cendriers pour ça, vous savez ! C’est des gens comme vous qui causent des feux de forêt. Vous êtes le fléau de l’environnement.

– Tu es sacrément bavarde, on te l’a déjà dit ?

– Mais pas du tout. Je suis juste sociable. D’ailleurs, vous avez un accent très particulier. Vous venez d’où ?

– Désagréable ?

– Non, j’adore, il est sexy. Non, je veux dire pas mal. Un sourire étire mes lèvres.

– Comment tu t’appelles ? À travers le rideau, je la vois froncer les sourcils.
– Sarah.

Elle ment, j’en suis persuadé.

– Bon, eh bien, bienvenue dans le voisinage. Elle s’écarte de la fenêtre et tire ses rideaux.

Je quitte le restaurant ce soir-là, l’humeur sombre. Pas à cause de la petite serveuse imprudente qui m’a remis à ma place avec des phrases tirées tout droit d’un bouquin de philosophie et m’a arrosé le pantalon avec du champagne , mais à cause d'Adrian Jr. Non seulement ce connard veut nous la mettre à l’envers en nous facturant des prix bien trop chers, mais en plus de ça, il n’a pas arrêté de regarder Gayle. Et je sais, pour avoir appris en quoi consistent la plupart de ses business, qu’il va tenter de la kidnapper.

Une fille comme elle aura beaucoup de succès dans n’importe lequel de ses bordels, mais vu la façon dont il la regardait, il compte bien l’avoir avant de la laisser à ses clients. Je l’ai vu coller une puce sur l’un des billets de 50 qu’il a laissés sur la table comme pourboire. Il compte la suivre et la kidnapper dans un lieu tranquille. S’il pense que ça sera aussi facile, il se met le doigt dans l’œil, ce bâtard.

Selon les ordres de la pieuvre, je dois tuer Adrian Jr parce qu’il pose beaucoup trop de problèmes. À cause de lui, les négociations stagnent depuis une dizaine de mois, et il menace de sceller l’accord avec la Sacra Corona Unita si nous ne lui donnons pas la somme qu’il réclame. La Cosa Nostra ne peut pas se permettre que ses rivaux aient plus de pouvoir.

J’allais le tuer parce que c’était nécessaire, mais maintenant que j’ai une motivation personnelle, je vais y prendre beaucoup de plaisir.
Je ne l’ai jamais été, mais je me rends compte qu’avec cette petite serveuse qui vient à peine de se rendre compte de mon existence, je suis d’une possessivité maladive.

Je la suis à distance, les mains enfoncées dans les poches, alors qu’elle emprunte une rue qui passe par la Maison Carrée. La nuit est très calme, j’ai croisé à peine trois personnes depuis que je la file. Je veux m’assurer qu’elle rentre chez elle en sécurité, puis j’irai régler son compte à Adrian Jr.

Un sans-abri se relève quand il la remarque, mais un coup d’œil de ma part et il se recroqueville sur lui-même. C’est fou qu’elle ne se rende pas compte de ma présence. Je la trouve bien sereine pour une fille qui arpente seule les rues au milieu de la nuit. Elle traverse la route sans même attendre que le feu passe au vert. C’est un truc typiquement français, ça, qu’il y ait de la circulation ou pas.

Je fronce les sourcils quand elle s’arrête près du petit Domino’s Pizza. Elle regarde à gauche et à droite. Si elle avait regardé derrière, elle m’aurait repéré. Gayle range ses écouteurs dans sa poche puis retient sa poitrine dans ses mains avant de se mettre brusquement à courir.

Qu’est-ce qui lui a pris ? J’étais tellement concentré sur elle que je ne remarque que tardivement la voiture qui est en train de manœuvrer pour prendre la route. De là où je suis, je ne peux pas voir la plaque, mais je suis persuadé que c’est Adrian Jr. Gayle n’est plus qu’un point dans l’obscurité. Elle est rapide et pas aussi inconsciente que je l’ai d’abord cru.

Je décide de prendre le raccourci qui coupe par l’université. Si c’est Adrian, je le prendrai à revers.
Quand j’arrive dans la longue rue faiblement éclairée, la voiture sombre est garée. Adrian Jr est descendu mais son chauffeur reste sur place.

Je laisse échapper un juron en remarquant que la serveuse est encore là. Mais qu’est-ce qu’elle fiche accroupie au milieu de la rue ? Elle ne remarque même pas le fauve qui s’avance derrière elle.

Je m’approche de la voiture. Son homme de main est confortablement installé, observant son boss. Il a eu la bêtise de baisser la vitre. Je règle le silencieux et franchis la distance avant de me camper devant lui. Il a le temps d’écarquiller les yeux avant que je ne lui tire une balle dans la bouche, évitant ainsi qu’il ne donne l’alerte.

J’entends un cri, celui de Gayle, suivi par les miaulements d’un chat. Il s’est mis à l’étrangler, mais ça ne dure pas longtemps. Elle reprend le contrôle de la situation et repousse Adrian.

Je charge mon arme. Putain, les choses n’étaient pas censées se passer comme ça. Je ne veux pas tuer Adrian devant elle, je ne veux pas lui laisser un tel traumatisme, même si personnellement je m’en moque. Malheureusement, tout le monde n’est pas comme moi. Il y a quelque chose de bizarre dans la façon dont Adrian Jr bouge, c’est comme s’il ne contrôlait pas son corps.

Je pointe mon arme dans sa direction quand il sort un couteau de boucher. Gayle réussit à rouler sur le côté avant que la lame ne la touche, elle se brise sur le sol. Elle en profite pour frapper Adrian au ventre puis, profitant de la situation, elle lui enfonce un couteau à la clavicule. Je baisse mon arme. Cette fille est une putain de guerrière. Un énorme sourire étire mes lèvres, c’est la première fois que je ressens une si grande fierté devant qui que ce soit.

Elle récupère le chat et réussit, avec beaucoup de mal, à ouvrir la porte avant de disparaître. Cette fille est une putain de reine.

Adrian, partiellement avachi contre une moto qui est tombée durant la lutte, cherche à se redresser. Je le rejoins en quelques enjambées et lui enfonce ma botte sur le front. Il pousse un grognement en atterrissant une seconde fois contre la bécane. Je m’accroupis devant lui.

– Salut Adrian.

Il met quelques secondes à reprendre ses esprits. Ses yeux s’écarquillent quand il me reconnaît. Ils sont complètement dilatés, cet idiot est défoncé, pas étonnant qu'il se soit fait avoir aussi vite.

La lueur d’espoir qu’il a eue en me voyant disparaît quand j’appuie sur la lame, l’enfonçant davantage dans sa clavicule.

– Jawad n’est pas loin, il est parti collecter quelques filles.
Dit-il ça pour m’effrayer ? Je plisse les yeux en souriant.

– Quel dommage, j’aurais voulu prendre mon temps avec toi. Si ce Jawad doit venir, alors il faut que je me dépêche. Je ne peux pas prendre le risque que le bras droit d'Adrian Leblanc me voie. Je me lève en extirpant mon couteau de ma poche.

– Avec les salutations de la pieuvre.

Je l’égorge d’un mouvement rapide.

Je m’éloigne quand les phares d’une voiture commencent à éclairer la rue.

Present

J’ai voulu Gayle à la seconde où je l’ai vue, quelque chose en elle m’a captivé. Mais jamais je ne me serais approché d’elle, je suis beaucoup trop malade pour espérer quoi que ce soit de bien, je détruis tout avec ma foutue paranoïa. Pourtant, après ces quelques mots échangés à l’abri derrière des rideaux, j’ai perdu la tête, je la voulais tellement que j’en devenais malade. Quand Leblanc l’a kidnappée, je me suis juré de la faire sortir de là. Je ne pouvais pas les tuer et me mettre la pieuvre à dos, ce marché était beaucoup trop important pour nos affaires. J’avais juste décidé de la faire sortir du manoir et de la protéger sans jamais interférer dans sa vie. Pourtant, quand elle a tenu ma main dans la sienne qui tremblait, quand elle m’a fait confiance à moi pour éteindre la musique, j’ai envoyé valser toutes mes bonnes résolutions. Elle serait à moi et je la protégerais de tous les dangers, de moi y compris si c’était nécessaire.

Je me retourne sur le côté après avoir écrasé ce qui reste de ma clope contre le mur.

– Putain, il faut que je sorte d’ici !

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