Tommaso


La nuit tombée, je me glisse au volant de ma voiture. Les rues dans les quartiers défavorisés de l'île me donnent toujours envie de vomir.
Des sans-abri, des dealers, des camés, des alcooliques. Le vice est à tous les coins de rue. Je m'arrête à un feu rouge et un groupe de filles en profite pour traverser la rue. Leurs vêtements dévoilent plus qu'ils ne cachent, elles parlent beaucoup trop fort, elles rient encore plus fort. Encore des chattes en chaleur dont le seul but est d'attirer l'attention.

Je me détourne avec dédain, résistant à l'impulsion de presser l'accélérateur et de foncer sur elles, de les renverser d'un seul coup comme un vulgaire château de cartes. Heureusement, le feu passe au vert et je continue à conduire.
Je ralentis quand je la repère sur le trottoir. Petite, avec des formes pulpeuses. Elle a de longs cheveux bruns bouclés et des yeux de la même teinte qui lui mangent tout le visage. De loin, elle ressemble à Gayle, c'est renversant. Elle porte un short blanc et un haut sans manches de la même teinte qui met en valeur sa peau couleur caramel. Je fais des appels de phares, sa copine et elle tournent la tête dans ma direction. Mais c'est la blonde qui se dirige vers moi, elle est jolie. Je prendrais plaisir à la dresser, à voir l'humanité quitter ses yeux bleus, mais ce n'est pas elle que je veux. Quand elle se penche pour me parler, je baisse la vitre, je sors un billet que je lui tends.

– Je veux ta copine.

Elle fait la moue, une lueur de mécontentement passant dans ses iris.

– Tu es sûr ? J'ai plus d'expérience.

Elle prend le billet, le sent avant de le fourrer dans son décolleté.

– Certain.

– Tu ne sais pas ce que tu rates, mignon.

La blonde s'éloigne en roulant des hanches, histoire de me montrer un aperçu de ce que je manque. Elle échange quelques mots avec la fille aux cheveux bouclés. Je l'ai repérée un soir au hasard et depuis, je ne pense qu'à elle. Je vais enfin pouvoir assouvir mes pulsions. Il n'y a aucune importance si sa copine m'a vu. Des prostituées disparaissent chaque jour et la police ne prend jamais ce genre d'affaires au sérieux.

– Salut.

Je sors de la voiture pour lui permettre d'escalader le siège conducteur et de s'asseoir sur le siège passager. De plus près, je me rends compte qu'elles ne se ressemblent pas tant que ça. Cette fille a les yeux profondément enfoncés dans ses orbites, son maquillage bon marché n'arrive pas à masquer ses cernes, sa bouche est beaucoup trop grande comme si elle avait eu recours aux injections. Elle doit avoir la vingtaine, mais semble plus âgée. Je suis en présence d'une personne à peine sortie de l'adolescence qui a vu le pire du monde.

J'appuie sur le bouton pour déverrouiller la porte. Ma voiture est une deux-portes, ce qui est pratique quand je prends mes futures victimes en auto-stop. Elle agit comme une véritable prison. Quand elles sentent le danger et qu'elles essaient de sortir, j'aime voir la peur sur leur visage quand elles se rendent compte que la seule issue se trouve à côté de moi. Je tire mon pull pour masquer l'érection que me causent ces pensées.

– Je suis Lolita.

Elle ment, je le sens, mais ça n'a aucune importance.

– Billy.

Je mens également en utilisant le nom de l'homme qui a détruit la vie de ma sœur.

Elle tortille une mèche de ses cheveux autour de son doigt en faisant une énorme bulle avec son chewing-gum. Elle éclate de rire enfantin quand la bulle éclate.

– Il faut qu'on parle de ce que je fais et ce que je ne fais pas. Et le plus important, c'est le prix.

Je hoche la tête, ce qui l'encourage à parler. Elle radote durant tout le trajet. Je serre tellement fort le volant que mes jointures blanchissent, je transpire, je tremble. Je suis au bord de l'explosion, mais je ne peux rien faire sans l'avoir préparé. C'est un sacrifice au Seigneur après tout, je dois faire tout comme il faut. Il ne faut pas qu'elle ait peur de moi. Il y a une croyance qui dit qu'avant de sacrifier un mouton, il ne faut jamais lui montrer le couteau sinon la viande ne sera pas tendre.

Je me gare sur le parking de l'immeuble où je loue un appartement.

– Tu vis ici ?

Je hoche la tête.

– Attends, nous n'avons pas parlé du temps que ça prendra.

– Toute la nuit.

– Ça va te coûter cher.

– L'argent n'est pas un problème.

Un sourire étire ses lèvres botoxées. On pénètre dans l'immeuble avant de grimper les marches. Heureusement que j'habite au premier étage, je ne suis pas quelqu'un de très sportif.

– Sympa la baraque. Laisse-moi deviner, tu es mariée, tu as des enfants ? Ta femme est partie en vacances avec les gosses et tu veux te payer du bon temps ?

Je retire ma veste et la jette sur le canapé.

– Non.

Elle bat des paupières, ses faux-cils sont si longs qu'ils projettent des ombres sur ses pommettes.

– Tu n'es pas très bavard, pas de problème. Par quoi allons-nous commencer ?

Elle s'avance et saisit déjà ma ceinture, son regard effronté plonge dans le mien.

– J'aimerais que tu prennes un bain, que tu te débarrasses de ce maquillage.

Elle fronce les sourcils.

– On ne m'avait jamais demandé ça.

– Ton prix sera le mien. Tu trouveras tout ce qu'il te faut dans la salle de bain.

Lolita me suit du regard amusé, je lui indique la salle de bain où elle disparaît après un commentaire sur la taille impressionnante de ma chambre. Je pose une robe blanche sur le lit. C'est un modèle en coton qui descend jusqu'aux pieds, doté de manches longues et d'un décolleté sage.

Je commence à réchauffer le dîner que j'avais préparé avant de sortir. Je dresse rapidement la table, je sors même une bouteille de mon meilleur vin et des fraises. Je veux qu'elle se sente bien, qu'elle mange à sa faim, que cette nuit soit aussi spéciale pour elle qu'elle l'est pour moi.

– Ton shampooing au citron sent divinement bon.

Je me tourne vers Lolita, sans son maquillage et ses vêtements vulgaires, elle ressemble presque à un ange. Ses cheveux humides virent presque au noir et la robe lui va bien. J'ai l'impression d'avoir Gayle en face de moi, même si soyons honnêtes, la beauté de cette dernière est difficile à égaler.

– Tu as faim ?

Elle avise la table parfaitement dressée et une étrange émotion passe dans ses yeux.

– Je suis affamée.

J'acquiesce, je lui tire la chaise avant d'aller m'asseoir en face d'elle.

La table ronde n'est pas très grande.

– Alors c'est ça ton fantasme ?

– Quoi ?

Je fourre un morceau de poulet dans la bouche. Elle rit, en rejetant légèrement la tête en arrière.

– Tu sais, cette illusion de normalité, c'est comme si toi et moi on était un couple banal qui dîne après une longue journée de travail. Peut-être que tu n'as jamais eu une famille normale et que tu en rêves.

Je me lève pour remplir son verre.

– Désolé, j'aime bien analyser les gens. Je voulais être psy, tu sais ?

– Pourquoi avoir choisi la prostitution ?

– Je ne l'ai pas choisie. Tu crois vraiment qu'on choisit ce genre de vie ? Mon père devait beaucoup d'argent à un mec, comme il n'arrivait plus à rembourser ses dettes, il a décidé de nous offrir, ma sœur et moi, en échange. Oh… je suis désolée, mes histoires ne vous intéressent pas.

– Si, au contraire, continuez.

Elle sourit sincèrement ravie et commence à me parler d'elle, de sa famille. Elle me parle même de sa vie dans la rue, des clients qui sont gentils avec elle, de ceux qui abusent d'elle et partent sans payer, de ceux qui refusent de mettre des préservatifs, de ceux qui se permettent de la frapper. Elle me parle de la méchanceté de certaines filles qui volent ses clients, de son maquillage, de ses vêtements...

Je l'écoute patiemment, me forçant même à rire de certaines anecdotes qu'elle juge drôles.

– Ça fait longtemps que je n'ai pas aussi bien mangé.

– J'en suis heureux.

– Oh, je vais vous aider à débarrasser, je vais même faire la vaisselle. C'est la moindre des choses.

– Non, ne t'inquiète pas. Tu peux t'asseoir et profiter du vin. J'ai une femme de ménage qui s'occupe de ce genre de choses.

Elle acquiesce avant de prendre place sur le canapé.

Je vide le reste du dîner dans la poubelle avant de ranger la vaisselle sale. Je le ferai plus tard. J'ai des choses plus importantes à faire cette nuit.

Lolita regarde une émission, dès qu'elle me voit, elle sourit. Parfait, j'ai réussi à la mettre en confiance. Je prends place à côté d'elle sur le canapé.

– Je n'ai pas arrêté de parler de moi durant le dîner, parlez-moi de vous.

Elle fait courir ses doigts élégants le long de mon avant-bras, de manière presque affectueuse.

– Il n'y a rien à dire. Je suis américain et je travaille comme comptable.

– Vous avez eu une enfance normale ?

J'entends encore les cris que poussaient mon père bourré quand il rentrait à la maison, les hurlements de ma mère quand il s'en prenait à elle. Ou quand il s'en prenait à moi. Les bruits que faisaient les animaux avant de crever et le miaulement d'agonie qu'a poussé le chat de la voisine juste avant que l'eau ne remplisse la machine.

Je souris à Lolita qui me regarde avec des yeux agrandis.

– Oui, j'ai eu une enfance paisible. Mon père était comptable, j'ai décidé de suivre sa trace et ma mère était une parfaite femme au foyer épanouie.

– Ça doit être bien.

– Oui.

– Assez parler. Vous ne me payez pas pour ça.

Elle se lève, passant la main sur sa robe. Je m'installe plus confortablement sur le canapé avant d'ordonner :

– À genoux.

Elle s'exécute sans broncher et cela excite mon désir.

– Défait ma ceinture. Ses mains se mettent à l'œuvre avec dextérité. Je récupère le cuir et l’enroule autour de son cou avant de sceller la boucle comme un collier pour chien.

– Sors ma queue et prends la dans ta bouche.
– Oui.

Son obéissance sans faille fouette mon excitation. Elle libere ma bite de son gang de tissus avant d'ouvrir grand la bouche et de commencer a me succer. Je tire sur le cuir, resserrant l'étreinte autour de son cou, mais elle ne s'arrête pas. Elle creuse les joue, en parfaite experte, elle fait des merveilles avec sa langue, je bascule les hanches butant au fond de sa gorge. Elle a un haut le cœur, mais je l'empêche de s'éloigner. Je serre la ceinture plus fort, cette fois l'alarme s'allume dans sa tête car elle commence a manquer d'air, elle se recule, privant mon sexe de la chaleur de sa bouche. Un grognement de frustration m'échappe, je bondit sur elle et la pousse sur le parquet, je me mets à l'étrangler.

Lolita plonge ses yeux effrayés dans mon regard fou rempli d'excitation.

Je serre de plus en plus fort la privant d'air, elle se debat mais elle n'a aucune chance face à moi. Elle prend enfin conscience que je suis l'un des psychopathe dont elle parlait au dîner. Elle regrette, elle doit se dire: si j'avais su, jamais je ne serais monté dans sa voiture. Elle aimerait retourner en arrière et faire les choses autrement mais il est trop tard. Surtout, surtout elle se demande pourquoi, pourquoi je lui fais ça ? Qu'a t-elle fait pour mériter ça ?
Comment réagirait-elle si elle apprenait qu'elle n'a absolument rien fait ? Elle était juste au mauvais endroit au mauvais moment ? Ses mains, lâchent mes poigner, retombent mollement sur le sol.
Elle est enfin morte. J'aurais pu lui tirer une balle ou simplement utiliser un couteau. Mais je veux que son corps soit intact. Je retire la ceinture de son cou avant de la jeter à travers la pièce. Je sors ensuite la bague de Franco que je glisse à son doigt. Je souri, satisfait, elle lui va comme un gant.

Je la souleve et la porte dans la chambre. Je la pose délicatement sur le lit avant de remonter sa robe.
Elle est encore chaude, l'adrénaline coule encore dans ses veines. C'est le meilleur moment pour les prendre, elle va me donner toute cette énergie du dessespoire. Je tire sur ses jambes avec de m'enfoncer en elle.

Morte, elle est encore plus belle. Elle a un tatouage à la hanche, un papillon. Lolita si elle avait eu la chance de naître dans une famille normale serait sûrement devenue une charmante petite dame. Une mère extraordinaire, une femme stupide certainement, naïve elle aurait pardonner toute les infidélité parce que le divorce lui ferait trop peur. Je pilonne furieusement le cadavre, mes bourses se contractent et je hurle le nom de Gayle juste avant de me vider en elle.

Je m’effondre sur le corps inerte à bout de souffle.

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