Stella

22 heure 34 

Flash Info

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Mesdames et messieurs, bonsoir. Nous nous permettons d'interrompre votre programme quotidien pour parler des incendies qui ravagent le nord de l'île et qui prennent pour cible plusieurs clubs privés soupçonnés par les autorités d'être des bastions d'activités criminelles...

Je saisis la télécommande pour baisser le son, sans pour autant éteindre l'écran géant qui prend presque tout le mur de ma chambre. Sur les images des drones de la presse, on y voit LE POINT l'un des clubs privés de la Cosa Nostra, qui fait aussi office de quartier général, partir en fumée. L'image est remplacée toutes les 5 secondes par d'autres, mais dans le même thème, montrant juste des clubs différents, tous appartenant à la Cosa Nostra.

Les pompiers, qui selon la presse, ont été appelés par une septuagénaire qui occupe un logement social à quelques mètres de là, ont maîtrisé l'incendie. Mais ils sont arrivés trop tard : c'était une opération éclair lancée durant la réunion dans le Nevada. Mes hommes ont bloqué toutes les issues, enfermant les quelques personnes qui se trouvaient dans LE POINT. Ils ont ensuite découpé les tuyaux qui contrôlaient l'arrivée du gaz. L'explosion a tué toutes les jeunes recrues qui se trouvaient à l'intérieur. Le bilan fait état d'une cinquantaine de morts. Malheureusement, dans les autres clubs, il n'y eut aucun mort du côté des pieuvres, juste des civils qui profitaient de leur samedi tranquille.

Je me penche sur ma coiffeuse pour saisir mon blush. 50 nouvelles recrues, ce n'est pas mal, mais ce ne sont pas les bonnes personnes.

– Stella, ton rendez-vous est arrivé. Je regarde une dernière fois mon reflet dans le miroir. Je porte une robe portefeuille rouge et des bottes en cuir Armani. Mes cheveux sont retenus au sommet de mon crâne en un chignon compliqué, et j'ai agrémenté mon look avec des bijoux en diamant.

– Conduis-le dans mon bureau.

– En fait...

– Dépêche-toi. Je hurle à l'intention de Julio. Il soupire et sort de la chambre en marmonnant. J'ajoute une touche de parfum avant de sortir à mon tour. C'est une journée historique : j'ai réussi à faire venir Gieusé Gaviera. Si la grande pieuvre qui fait trembler toute la Sicile s'est déplacée, ça ne prouve qu'une chose : à quel point il est effrayé par mon pouvoir et ce que je suis capable de faire. Ils ne nous prenaient pas au sérieux jusqu'à l'attaque qui visait le fils du consigliere deux jours plus tôt. Maintenant, il ne peut plus faire comme si je n'existais pas. L'heure est grave, et il le sait.

Je n'avais pas prévu de m'en prendre à lui, surtout pas dans le Nevada durant la réunion des plus grandes familles. Mais j'ai vu une occasion, je l'ai saisie, et j'ai eu le résultat que j'espérais. Nous allons parler d'égal à égal. Connaissant la pieuvre, il va essayer de m'intimider, mais il perd son temps. J'ai une liste de conditions, et je ne céderai pas d'un pouce tant que chacune d'elles ne sera pas remplie.

L'homme posté devant la porte du bureau s'écarte pour me laisser entrer. Je fronce les sourcils de surprise. Ce que j'attendais n'est pas ce qui se trouve dans la pièce. Cassandre se détourne de la porte-fenêtre qui donne sur le balcon où elle était postée pour me faire face avec un énorme sourire. Elle porte une robe blanche qui lui arrive jusqu'aux genoux et un manteau de la même teinte, beaucoup plus long. Ses cheveux sombres sont attachés en un chignon haut et elle a agrémenté son look de créoles et d'escarpins aussi rouges que son rouge à lèvres. À côté d'elle, il y a Bran, le fidèle compagnon de la pieuvre, mais ce dernier est nulle part.

– Stella, je suis contente de te voir.

– Je crains que ce bonheur ne soit pas partagé. Où est votre chef ?

Cassandre hausse un sourcil. Dans ses yeux bridés, je distingue le même orgueil qui définit les gens de cette famille : cette condescendance, ce mépris constant, comme si le monde devait se mettre à leurs pieds. Je vois rouge. Qu'une ancienne pute ose me regarder de haut, c'est inadmissible. Elle passe la main sur son ventre arrondi sans arrêter de me juger du regard. Dans le bureau, il y a une longue table entourée de plusieurs sièges. Elle s'installe au centre de la table, les coudes posés sur le bois de chêne, elle croise ses doigts et y pose le menton.

– Je n'ai pas toute la soirée. Prends place !

Je serre les dents. Comment ose-t-elle venir chez moi et s'adresser à moi comme si c'était elle qui avait le pouvoir ? Je prends place à l'autre bout de la table, lui faisant face. Bran reste debout juste derrière elle. Je me sens désavantagée, mais j'ai demandé à Julio, qui est désormais mon bras droit, de se tenir loin du bureau durant l'entrevue ; je n'avais pas envie de passer pour une femme qui a besoin d'être protégée par un homme.

– Qu'est-ce que ça signifie ? J'ai pourtant été claire lors de mes instructions : je voulais voir la pieuvre et je me retrouve avec ses larbins.

– Nous n'avons pas de larbins au sein de la Cosa Nostra. Tu veux diriger ? Apprends à parler avec classe. Tu as demandé une entrevue, mais on ne t'a jamais dit avec qui tu la ferais quand on a accepté.

– Je voulais la pieuvre ! Je répète en détachant chaque syllabe, la tête légèrement penchée en avant.

– Mais tu m'as moi !

– Si je voulais une pute, je m'en paierais une.

Cassandre a un sourire narquois, pas le genre de réaction que j'attendais. Elle cherche à m'énerver ? Si c'est ça, elle est sur la bonne voie.

– Trésor, tu n'as pas les moyens de te payer une femme comme moi. Bon, je n'ai pas que ça à faire. Je suis venue négocier une reddition.

Je prends exactement la même posture qu'elle. Je ne dois pas oublier que j'ai l'avantage ; j'ai brûlé trois de leurs plus prestigieux clubs, et en cet instant même, mes hommes sont armés jusqu'aux dents, prêts à passer à l'offensive.

– Je ne compte rien négocier. Je vous ai déjà soumis mes conditions. Je veux que vous me livriez Riccardo Gaviera et Gayle Attal, morts ou vifs. Sinon, les attaques contre les membres de la Cosa Nostra continueront. Mes hommes s'apprêtent en ce moment à faire une descente dans les rues. Chaque personne ayant une pieuvre comme tatouage sera tuée : vos collecteurs, les racketteurs en passant par vos putes qui sillonnent les rues, tous seront abattus. Chaque jour, je tuerai une pieuvre jusqu'à ce que Riccardo et sa femme se rendent.

Cassandre fait la moue. Elle fait signe à Bran en levant sa main aux doigts fins manucurés de noir. Je remarque qu'elle porte une bague au pouce. C'est la célèbre bague en or en forme de tête de mort ayant appartenu à Aura Gaviera. J'ai entendu dire que c'est la pieuvre en personne qui a donné cette bague à Cass. Gieusé Gaviera est connu comme un homme impitoyable, pourtant, dans son organisation, il n'a jamais hésité à placer les femmes au premier plan. Moi, j'ai dû tuer tout le monde pour avoir un semblant de reconnaissance qui me revenait de droit.

– Guerre de gang tu voulais, guerre de gang tu auras, déclare Cassandre. Bran pose sur la table un ordinateur qu'il ouvre devant moi. Je les regarde avec méfiance avant de me concentrer sur l'écran du MacBook sur lequel est affichée une vidéo.

– Je t'en prie, tu peux la regarder. Elle raille à nouveau.

J'appuie sur play. Au début, je ne comprends absolument rien, mais à mesure que les secondes s'écoulent, je reconnais la grande salle à manger de la maison de Joanna, mon ex-belle-mère. La salle est pleine à craquer, je reconnais quelques visages. Des membres de ma famille, mes oncles, mes tantes, mes cousins, mes cousines, mais aussi l'ancien underboss de papa, son consigliere, et son capot, plusieurs soldats dont le vieux André qui est installé près de la cheminée. Il y a même des associés.

Je ne comprends rien. Que font tous ces gens chez Joanna alors que je les voulais au QG ? Surtout, pourquoi ne suis-je pas au courant de cette rencontre ? Cette garce de Johnna profite de son deuil pour s'attirer la sympathie des membres de l'organisation ? Si ça se trouve, elle cherche à me renverser. Je me glace soudain ; si elle réussit à les convaincre que je suis celle qui a tué mon père, je perdrais tout, surtout qu'André et certains de mes cousins sont persuadés que la mort des frères de mon père, paix à leurs âmes, n'est pas un accident. Ils sont peut-être tous en train de conspirer pour que je meure.

– Qu'est-ce que ça signifie ? Je demande sèchement. Comment avez-vous réussi à obtenir ces images ?

– C'est pourtant évident : les membres les plus importants de ton organisation dans la même pièce, et me demander comment j'ai obtenu ces images, c'est insulter mon intelligence. Bien, comme je te l'ai dit, je suis venue négocier une reddition, ta reddition.

À la suite de sa phrase, j'éclate de rire.

– Tu te crois maligne ? J'ai toutes les cartes en main, dis-moi pourquoi je voudrais abandonner ? Si tu veux la fin des conflits, tu sais ce que tu as à faire. Livrez-moi...

– Oui, oui, ça va, je risque d'accoucher prématurément si j'entends encore ces conditions. Mais laisse-moi te dire quelque chose. Riccardo, que tu es si obsédée de voir mort, a rendu une petite visite à ta belle-mère. Joanna a été très loquace sur la façon dont tu t'es débarrassée de ton père et de ton frère. Un coup de maître, je te l'accorde. Faire porter le chapeau à la Cosa Nostra pour légitimer ta guerre ? J'adore !

Mais en tuant son fils, tu as rendu ta belle-mère très instable. Riccardo avait pour but de la tuer, mais on a décidé de procéder autrement. Bran, faites venir l'enfant.

L'homme de main hoche la tête avant de se diriger vers la sortie, ses grandes jambes avalant la distance. Je ne comprends plus rien. Mais je ne laisse rien paraître ; ils veulent juste me faire perdre mes moyens, c'est tout. Cassandre, adossée au siège, ne me quitte pas des yeux ; elle semble vouloir lire en moi. Pour ma part, je n'ai qu'une seule envie, faire disparaître son sourire suffisant à jamais. Bran revient, et j'ai un hoquet en reconnaissant la petite fille dont il tient la main. C'est ma demi-sœur, la fille de Joanna.

Mais qu'est-ce qu'elle fabrique ici ?

– Ça te surprend de la voir ? Riccardo l'a kidnappée et a donné 24 heures à Joanna : soit elle réussit à réunir les membres les plus importants de ton organisation, soit la gamine meurt. Je dois avouer que ta belle-mère m'a impressionnée.

Merde ! Je serre mes poings pour les empêcher de trembler. Il faut que je reste calme. J'avale difficilement ma salive en regardant la petite fille blonde qui a pris place sur les genoux de Cassandre. On a le même sang, mais je ne sais même pas comment elle s'appelle. J'aurais dû la tuer. Si j'avais su que mes ennemis réussiraient à l'utiliser ainsi contre moi, je l'aurais tuée.

Je suis sûr que Joanna a réussi à les faire venir en disant qu'elle avait des révélations à faire sur moi. Ils me détestent tellement qu'ils n'ont pas vu le piège.

– Quand bien même, elle prendra la décision de sauver sa fille. Il y a plus de 50 personnes dans cette salle à manger, des soldats surentraînés, une femme comme Joanna n'a aucune chance d'y arriver.

– Ce n'est pas Joanna qui va les tuer. Sa seule mission était de nous servir ce beau monde sur un plateau d'argent.

La vidéo continue de tourner ; on y voit tout le monde manger avec appétit. Joanna discute activement avec l'ancien underboss, alors je comprends, cette garce !

Je me précipite vers la sortie, il faut que je l'arrête, mais je ne pourrai jamais arriver à temps, ils sont déjà en train de manger. Je titube sur mes talons jusqu'à la porte, ni Cass ni Bran ne font un geste pour m'arrêter, et je comprends bien vite pourquoi. J'ai un hoquet en trouvant trois hommes, chacun portant un AK-12. Et ce ne sont pas mes hommes !

Je recule sous la surprise et le choc. Le garde que j'avais chargé de rester devant la porte est mort ; il est couché sur le ventre, une jambe légèrement repliée, et son sang s'écoule sur le sol.

– Oh j'ai oublié de te prévenir. Tu ne peux pas sortir, mes hommes ont tué les quelques gardes que tu avais laissés ici. Je dois dire que tu m'as facilité la tâche, en envoyant tout le monde sur le terrain.

– Julio... Je marmonne sans être capable de terminer ma phrase. Il m'avait prévenue, il m'avait dit de garder au moins 20 soldats avec moi, mais je ne l'ai pas écouté. Je pensais que l'important était de mobiliser tout le monde pour les attaques de rue.

– Julio ? questionne Cass d'un ton condescendant. Peu importe, il est mort. Tu es seule désormais.

Seule ? C'est ce que je voulais. Je voulais avoir du pouvoir, être seule à prendre des décisions, que seule ma voix compte. Mais maintenant, cette solitude a un goût amer. Les choses ne devraient pas se passer comme ça. C'est moi qui ai lancé l'offensive, j'avais toutes les cartes en main.

Je suis désormais seule, tenue en otage dans ma propre maison. La moitié des membres de mon gang est en train de se remplir le ventre de poison, l'autre moitié attend mes directives pour lancer l'offensive contre les membres de la cosa nostra.

Mais comment pourrais-je les contacter ? Je suis persuadée que Bran me tuera au moindre mouvement suspect.

– Tu es toute pâle, constate Cass. Tu ferais mieux de t'asseoir avant de t'évanouir. Tu vois, durant un conflit, on a beau faire tous les plans possibles et imaginables, tout ne se passe pas toujours comme prévu. Ton erreur, c'est d'avoir sous-estimé tes adversaires. C'est terminé.

Bon sang. Mon cœur bat trop vite, ce n'est pas bon signe. Il faut que je me calme.

J'ai des différends avec chacune des personnes dans cette salle à manger, mais ça n'en reste pas moins les membres de mon gang. Ils faut que j'intervienne avant qu'il ne soit trop tard. Mais comment sortir d'ici.

– Vous êtes là pourquoi ? Pour me tuer ? Cass ne répond pas, ce qui augmente la tension dans mon corps.

– Même si vous me tuez, ça ne changera rien, vous ne ferez qu'énerver mes hommes encore plus.

– Tes hommes ne feront rien si tu ne donnes pas le signal et je ne compte pas te laisser donner le signal.

– Tu crois vraiment avoir pensé à tout ? Tu te trompes, ce n'est pas moi qui dois donner le signal mais Tommaso Dominguez.

– Tu penses vraiment pouvoir faire confiance à un homme qui a trahi sa propre organisation ? Dominguez ne suit que ses propres ambitions, il t'a utilisée depuis le début. C'est lui qui a tué Franco.

– Non, c'est faux ! C'est Gayle qui a tué Franco, je suis persuadée.

– Crois ce que tu veux, de toute façon ça n'a plus aucune importance. Tu as signé la fin de ton organisation quand tu as décidé de forger une alliance avec cet homme, il ne viendra jamais t'aider. Une guerre, Stella, ça ne se gagne pas avec des armes mais avec des alliances, des alliances avec les bonnes personnes. Pendant que tu étais occupé à brûler nos clubs et à tuer nos recrues, j'ai réussi à convaincre trois des organisations qui soutenaient ton père de se rallier à nous, tu n'a plus aucun soutien. C'est terminé !

– Je détruirai ces traîtres dès que j'en aurai fini avec vous.

Je ne fais pas confiance à Tommaso, mais on poursuit le même objectif. S'il ne donne pas le signal, tout ce que j'ai fait n'aura servi à rien.

Je prends une profonde inspiration. Qu'aurait fait maman à ma place ? C'est la femme la plus forte que j'ai connue.

Elle trouvait toujours des solutions pour chaque problème que la vie mettait sur son chemin. Qu'aurait-elle fait dans cette situation ?

En tout cas, elle ne serait pas restée assise devant ses ravisseurs à se poser des questions. Son mariage avec papa était un vrai calvaire, mais elle est restée pour moi parce qu'elle savait qu'un divorce m'aurait fait perdre tous mes privilèges.

Maman, papa n'arrête pas de dire que je ne suis pas belle, que personne ne voudra de moi pour forger des alliances.

Ignore-le, Estrella, ton père est un idiot. Brosse tes cheveux, porte tes plus beaux vêtements, sois propre, surtout sois maligne, ton intelligence t'ouvrira toutes les portes. Même celles que ton père va s'évertuer à fermer.

Respire, Estrella. Respire. Je glisse la main sur mon genou, jusqu'à ma botte. Mon calme revient miraculeusement quand je touche la manche de mon couteau.

Papa avait l'habitude de dire qu'à défaut d'être belle, je devrais au moins être capable d'utiliser des armes.

Il n'y a pas de héros pour les filles moches, Estrella, tu dois être l'héroïne de ton histoire ou tu seras morte.

Il m'a répété ça toute mon enfance. Être intelligente, réfléchir vite et agir encore plus vite.

Je tire sur la manche d'un coup sec et l'extirpe du cuir de ma botte. Je le lance en direction de Bran, j'ai le temps de voir l'arme blanche se planter dans sa pomme d'Adam. Je récupère mon sac et je cours sans hésitation en direction de la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Ma demi-sœur se met à pleurer, j'entends Cass la consoler tout en s'inquiétant pour Bran mais je n'ai pas le temps de regarder derrière moi.

– Tu te trompes, Cassandre, je hurle, ce n'est pas terminé, ça ne fait que commencer, et regarde le ciel, chaque nouvelle étoile qui apparaîtra sera l'âme d'un membre de la Cosa Nostra.

J'ouvre la porte-fenêtre et je saute du balcon au moment où les gardes postés devant la porte pénètrent dans la pièce.

Un hurlement de douleur s'échappe de mes lèvres, ma chute était brutale et je crois que je me suis cassé la cheville.

Je me redresse et m'éloigne du balcon à quatre pattes en regardant derrière moi. L'un des hommes avec un AK-12 me vise.

Bordel, ça urge, cheville foulée ou pas, il faut que je me casse au plus vite. La douleur me vrille le cerveau, me faisant transpirer en plein hiver comme si j'étais dans le désert ! Je récupère mon sac qui est tombé un peu plus loin et commence à courir en direction du garage.

Mais je ne suis pas assez rapide avec ma cheville douloureuse, l'une des balles me touche au bras. Je pousse un hurlement avant de serrer les dents. Bon sang, en voilà une putain de sensation qui ne m'avait pas manqué.

Je presse le pas, réussissant à zigzaguer pour éviter les projectiles.

Rien ne se passe comme prévu, mais tant pis, même s'ils me découpent en mille morceaux, je ne mourrai pas avant Riccardo et cette pimbêche de Gaye.

Je fouille dans mon sac. Merde, je n'ai pas pris mon putain de téléphone, mais au moins j'ai mes clés de voiture. Je trottine jusqu'à ma masarati

J'ai un soupir en m'installant derrière le volant.

– Il faut que je m'occupe de cette blessure. Je vérifie dans la boîte à gants si mon gun est toujours là avant de prendre un couteau sous le siège.

Je déchire ma robe, je vais me servir du lambeau de tissu pour bander ma blessure. Dans la boîte à gants, je déniche une bouteille d'alcool, je ne sais même pas qui a mis ça là, c'est sûrement Franco. Je l'ouvre et en prends une bonne gorgée avant de vider tout le contenu sur ma blessure, pas sûr que ça m'aide étant donné que la balle est toujours à l'intérieur mais c'est mieux que rien.

Je n'ai pas le temps de bander ma blessure que j'entends des bruits de pas. Bordel, ces maudites pieuvres. Je démarre, un mec se place devant ma voiture, il y a un autre derrière, les deux me braquent.

Reste calme, Estrella, la panique est ta pire ennemie !

– Descendez de là et tout ira bien, intime celui qui est devant moi. Je serre les dents tant pour irradier la douleur provenant de mes blessures que ma rage. J'écrase brusquement les pédales, le moteur vrombit, et la voiture échappe à mon contrôle, j'ai un soubresaut quand elle fonce de toute sa puissance sur le type devant moi, il écarquille les yeux et tente de fuir, mais trop tard, je pousse un hurlement en le percutant. Je réussis à contrôler la puissance du bolide, juste à temps avant de rencontrer le mur. Le deuxième tire dans ma direction, explosant le rétroviseur gauche.

Quand j'amorce une marche arrière, j'entends un craquement horrible, comme le bruit de la chair qui est écrasée. Bordel, j'ai dû rouler sur le type de la Cosa Nostra qui avait glissé sous ma bagnole après sa chute.

Je m'en inquiéterai plus tard, je me baisse pour ne pas prendre une balle tout en gardant les mains sur le volant, je fais vrombir le moteur en faisant marche arrière et je vire pour sortir du parking à toute vitesse.

Soit je suis une sacrée veinarde, soit ils ont reçu l'ordre de ne pas me tuer. Ils me veulent vivante !

Ma respiration ne se calme que quand je suis enfin loin. Je viens de fuir ma propre maison la queue entre les jambes, mais je n'ai pas dit mon putain de dernier mot. Au moins, j'ai réussi à tuer deux de leurs hommes ! Et pas n'importe lesquels, Don Gieusé sera anéanti par la mort de Bran. Et ça ne fait que commencer.

Une fois en ville, je repère une fille qui marche seule près de la jetée. Je me gare sur le bas-côté et me dirige vers elle en clopinant, la main refermée sur le canon de mon gun.

– Ton téléphone, donne-le-moi.

– Quoi ?

– Ton téléphone ! je crache en agitant mon arme devant son minois effrayé. Elle fouille dans la poche de son sweat à capuche et en sort une vraie antiquité que je lui arrache des mains.

– C'est quoi le code ?

– 123450

Je le tape en me dirigeant vers la voiture. Je démarre aussitôt alors que la fille hurle pour alerter les passants qu'on vient de la racketter.

Putain, elle va alerter les keufs pour un malheureux iPhone 6 ?

Je compose le numéro de Tommaso, mais ça sonne dans le vide. Bordel, pourquoi il ne décroche pas, qu'est-ce qu'il fabrique ? Il était censé s'occuper de capturer la future pieuvre et je n'ai toujours aucune nouvelle.

Je réessaie plusieurs fois. Toujours rien.

– Merde, merde, merde ! je hurle en tapant ma tête contre le volant avant de me reprendre. J'appelle l'un de mes soldats. Heureusement, il décroche à la première sonnerie comme s'il n'attendait que ça.

– Tiago, c'est moi. Vous êtes prêts ?

– Oui, on attendait le signal.

– Changement de programme, ils nous ont tendu un piège. Tiago, rendez-vous tous dans la résidence de mon père. Dernière chose : celui qui tuera Riccardo Gaviera aura une prime de 20 millions d'euros. N'oubliez pas de le dire à tout le monde ; il ne doit pas sortir vivant de la villa.

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